Le Brésil est sur la sellette de la Cour Inter-américaine des droits de l’Homme pour avoir omis de traiter le phénomène grandissant de l’intolérance religieuse. Selon le ministère des droits de l’Homme, un acte d’intolérance religieuse a lieu toutes les quinze heures dans le pays. Ces actes vont de l’insulte aux menaces de mort et violences physiques. Les principales victimes sont les fidèles de religions d’origine africaine, en particulier les religions Umbanda et Candomblé.
Sur cette question, le site internet UOL, média le plus consulté au Brésil, interroge l’avocat Hédio Silva Junior, professeur à l’Université Catholique de Sao Paulo. Selon lui, ce problème traduit le mal plus profond qu’est celui du climat de haine qui règne aujourd’hui dans le pays-continent. C’est à mettre en lien avec la haine raciale, qui aboutit chaque jour à l’assassinat de jeunes Noirs, ou encore aux discriminations envers les homosexuels et les femmes. Les victimes de ce climat sont principalement les populations les plus défavorisés et les minorités.
Ignorance des autorités
D’après l’avocat, le rôle des autorités publiques dans l’existence de climat est évident. A force d’ignorer le problème, elles ont favorisé l’émergence de ce discours. En effet, il est à ce jour présent dans l’ensemble de la société, de l’école aux médias en passant par le parlement. De même, bien que l’Etat brésilien soit laïc, certains politiques tendent à donner la priorité à la religion en laquelle ils croient. Par exemple, à Sao Paulo, plusieurs responsables ont été condamnés pour avoir détourné des fonds publics au profit de l’organisation « Marche pour Jésus », une association évangélique.
Cette inégalité accable un peu plus les religions d’origine africaine. Ces dernières ne disposent pas de la même capacité d’organisation que les religions traditionnelles, le catholicisme ou le protestantisme évangélique. Elles peinent donc à faire valoir leurs droits. Une sanction de la Cour Inter-américaine des droits de l’Homme pourrait les aider dans leurs revendications. Ceci étant, il est difficile d’imaginer un changement de climat au Brésil, tant la situation économique et politique est compliquée.
Image : Lançamento de Projetos de Política de Promoção da Igualdade Racial, By Elói Corrêa/SECOM, CC BY 2.0