Sur l’initiative d’Ofer Zalzberg, analyste pour Israël et la Palestine auprès de l’International Crisis group, une délégation de la droite religieuse israélienne s’est rendue en Irlande du Nord et en République d’Irlande. Ce voyage d’étude, proposé par l’organisation britannique Forward Thinking, a pour but de permettre à des parties en conflit de tirer des enseignements de l’équilibre que sont parvenus à trouver les belligérants nationalistes et unionistes. C’est l’occasion pour Ofer Zalzberg de rappeler, dans cet article publié dans le journal en ligne spécialisé sur la région du Proche et du Moyen Orient, Orient XXI, l’importance d’inclure tous les acteurs d’un conflit dans la processus de paix, y compris les plus intransigeants.
Le sionisme religieux en Israël : un groupe influent exclu du processus de paix
Intransigeants, les religieux sionistes le sont souvent lorsqu’il s’agit du partage de la « Terre d’Israël » avec les Palestiniens. Ils militent pour un « judaïsme normatif » (Alain Dieckhoff), autrement dit pour que toutes les règles de la Torah soient respectées à la lettre. La plupart d’entre eux pensent donc que la totalité de ce territoire, défini dans la Torah comme s’étendant d’une partie de la Jordanie à la Méditerranéenne, doit appartenir exclusivement aux Juifs. Depuis une trentaine d’années, et surtout depuis le début des années 2010, cette droite religieuse est très influente en Israël. Elle représente aujourd’hui environ 15 % de la population et 20 % des représentants élus à la Knesset (assemblée nationale), où ils se répartissent entre trois formations : le Foyer Juif, l’Unité de la Torah et le parti Shas.
Malgré leur importance numérique, ce courant a été jusqu’à présent tenu à l’écart des négociations destinées à trouver un accords de paix israélo-palestinien. Pour Ofer Zalzberg, c’est une erreur et il serait au contraire pertinent de discuter avec eux, afin de trouver un compromis. En suscitant ce voyage en Irlande du Nord, l’analyste a en effet pu constater que ces religieux sont prêts à accepter certaines concessions et que leur intransigeance est plus due à leur ignorance de certaines réalités qu’à une indépassable fermeture d’esprit : et pour cause, certains ne sont jamais sortis d’Israël et ne sortent que rarement de leur Yechivah (centre d’étude de la Torah).
« Annihiler l’identité nationale palestinienne » ou rechercher le compromis ?
Parmi les sionistes religieux israéliens, certains prônent un « transfert » des Palestiniens hors de la « terre d’Israël » tandis que d’autres accepteraient que les palestiniens restent, mais au sein d’un Etat juif. Ils auraient alors des « droits égaux, à l’exception du droit de vote », réservé aux juifs. Selon Ofer Zalzberg, ce voyage a permis aux plus radicaux de ce groupe de religieux de se rendre compte qu’une solution plus douce était non seulement possible, mais pouvait être favorable aux Juifs eux-mêmes, et qu’il était préférable de rechercher une solution intermédiaire et de compromis. Même ceux qui continuent à prôner le « transfert » des Palestiniens admettent qu’il serait plus efficace de reconnaître l’identité palestinienne afin de faciliter la marche vers la paix.
Image : Mur de séparation à Jérusalem-Est, Par W. Robrecht, Wikimedia, CC BY-SA 3.0