L’Indonésie a connu un nombre moins important de violations de la liberté religieuse en 2017. C’est la conclusion tirée par l’Institut Setara dans le Rapport 2017 sur la liberté religieuse et les minorités religieuses en Indonésie publié lundi 15 janvier. L’Institut voit dans cette baisse des actes d’intolérance religieuse, un « progrès ».
L’Institut Setara est une organisation non-gouvernementale indonésienne qui promeut « la démocratie, les droits humains et en particulier la liberté religieuse » [1] en Indonésie. Créé en 2005, l’Institut s’inscrit en réponse à la montée du fondamentalisme religieux dans le pays. Il vise à contrer par la recherche et la collection de données, les velléités d’exclusion des groupes radicaux et des chantres de la violence interreligieuse. Chaque année, un rapport dresse l’état des lieux du pluralisme religieux dans le pays, en se basant sur les rapports d’ONG, organisations de la société civile et institutions nationales et régionales.
Des chiffres encourageants pour la liberté religieuse
Le Rapport 2017 sur la liberté religieuse et les minorités religieuses en Indonésie dénombre 155 incidents en 2017, contre un total de 208 pour l’année 2016. Par ailleurs, 201 incidents d’intolérance religieuse ont été rapportés en 2017. L’année passée, 270 avaient été dénombrés dans le rapport. Ces chiffres demeurent relativement hauts, démontrant la persistance de tensions intercommunautaires et interreligieuses importantes dans le pays. Toutefois, pour l’Institut Setara, « la baisse du nombre de violations de la liberté religieuse et d’actes d’intolérance doit être vue comme un progrès ».
Atteindre « la diversité dans l’unité »
Promouvoir la tolérance religieuse est un objectif affiché de la présidence de Joko ‘Jokowi’ Widodo. Dans ses vœux pour les célébrations chrétiennes de Noël, le président a ainsi tweeté : « A tous les chrétiens d’Indonésie, je vous souhaite une belle célébration de Noël. La diversité religieuse en Indonésie est une bénédiction pour nous tous ».
Pour autant, les organisations de la société civile ne manquent pas de rappeler que de nombreux efforts restent à fournir en vue d’atteindre la « diversité dans l’unité » que promeut le Pancasila (philosophie d’Etat) indonésien. Ainsi, des condamnations extensives pour blasphème se multiplient envers les différentes communautés religieuses. Celles-ci sont permises par des lois héritées de la colonisation néerlandaise, et dont les termes vagues permettent une interprétation large par les juges. Ces derniers peuvent ainsi exercer leur arbitraire contre les minorités religieuses. Ainsi, l’ancien gouverneur chrétien, Ahok, a été condamné pour blasphème, après qu’il ait considéré qu’il n’était pas mauvais pour un musulman de voter pour un non-musulman.
Par ailleurs, les chantres d’un islam rigoriste qui considèrent la vaccination comme non halal freinent les efforts de lutte contre la recrudescence de diphtérie dans le pays.
Promouvoir la tolérance au-delà de la sphère religieuse
Enfin, en marge de la seule sphère religieuse, les revendications indépendantistes en Papouasie Occidentale conduisent à des abus policiers. Les communautés LGBT sont encore aujourd’hui discriminées, victimes de raids policiers de plus en plus fréquents. Dans la province autonome d’Aceh, gouvernée par la charia, l’homosexualité est même condamnée à la flagellation publique.
Pour que le rapport que publiera l’Institut Setara l’année prochaine annonce lui-aussi un progrès, il s’agira désormais de faire entendre les voix des promoteurs de la tolérance en Indonésie, en ligne avec les missions de l’Observatoire Pharos.
Image : By billyhalim, Pixabay, CC0 Creative Commons
[1] Présentation officielle des missions de l’Institut Setara sur sa page Twitter : https://twitter.com/SuaraSETARA