Le Bureau de liberté de religion (BLR, en fonction de 2013 à 2016) fut une agence du ministère canadien des Affaires étrangères, initée par le gouvernement conservateur de Stephen Harper (2006-2015). Face aux restrictions de la liberté de religion déplorées à travers le monde, ainsi qu’aux conflits attisés par un rejet de la diversité religieuse, le gouvernement canadien souhaitait, par ce bureau, faire de la défense de la liberté de religion une priorité pour la politique étrangère du Canada.
La défense de liberté de religion comme outil de soft power canadien ?
Le BLR revendiquait l’expérience canadienne de respect du pluralisme culturel et religieux ainsi que des libertés et des droits fondamentaux. C’est à ce titre que le BLR a été présenté comme une « tribune qu’utilise le Canada pour condamner les violations flagrantes de la liberté de religion et y réagir, et pour dénoncer les actes de violence perpétrés contre les défenseurs des droits de la personne ainsi que les attaques contre les lieux de culte partout dans le monde » (brochure de présentation officielle).
En tant que vecteur de projection du Canada sur la scène internationale, il y a derrière ce bureau toute une réflexion à mener sur le rôle que le Canada a pu s’imaginer tenir dans le monde, par la promotion de ses valeurs et plus particulièrement la liberté de religion. Comment donc le gouvernement de Stephen Harper a-t-il appréhendé la défense de la liberté de religion comme une priorité de sa politique étrangère ?
Cette note propose quelques éléments de réponse sur la base d’une analyse de la place réservée à la liberté de religion dans l’histoire et le droit du Canada, ainsi que de la vision de la liberté de religion qui se dégage du discours gouvernemental.
En résumé…
Le Bureau de liberté de religion a reçu un accueil mitigé et n’a pas vraiment pu laisser sa marque dans les esprits, comme dans l’histoire du Canada. Il a également suscité beaucoup d’interrogations alimentées en particulier par les craintes d’une orientation idéologique et partiale de la défense de la liberté de religion. C’est avant tout la primauté accordée à la liberté de religion sur les autres libertés et droits fondamentaux qui a concentré les questions principales. Dans le cas canadien, ce choix d’orientation s’explique aussi bien par une « hiérarchie matérielle » des droits et libertés fondamentaux – la liberté de religion occupant une place toute particulière dans l’histoire et le droit – que par une interprétation gouvernementale teintée d’une idéologie moralisatrice.
Télécharger la note
Image : The Lester B. Pearson building, 125 Sussex Drive, Ottawa, Ministère des Affaires étrangères. By Peregrine981, CC BY-SA 3.0