Le 29 janvier 2018, le ministre camerounais des Enseignements secondaires lançait la semaine nationale du bilinguisme sous le thème : « Le bilinguisme : socle de l’unité nationale et du vivre ensemble ». Ce thème est évocateur des défis d’intégration nationale et de vivre-ensemble harmonieux auxquels les Camerounais anglophones et francophones sont confrontés actuellement.
Le quotidien Cameroon Tribune revient sur l’activité de lancement de la semaine nationale du bilinguisme qui s’est achevée le vendredi 2 février 2018 par l’organisation d’activités culturelles dans l’ensemble du pays.
Si le bilinguisme est un des atouts majeurs qui assurent la fréquentabilité accrue du Cameroun et la double ouverture des Camerounais sur le monde, il est très peu pratiqué par une majorité de citoyens. La proximité entre francophones et anglophones au quotidien et au sein des établissements scolaires bilingues n’a pas favorisé la pratique du bilinguisme qui demeure beaucoup plus un exercice scolaire. L’exploitation de l’opportunité que représente cet héritage bi-culturel s’intègre difficilement dans les habitudes au sein des familles ou dans les milieux professionnels, a constaté le ministre lors du lancement de la semaine nationale du bilinguisme.
Par des activités culturelles, les jeunes Camerounais ont présenté leur volonté de vivre ensemble dans un Cameroun « uni dans toute sa diversité linguistique, ethnique et culturelle ». Cette vision se heurte à des défis pressants.
L’escalade de la violence dans les régions anglophones
La vie des Camerounais francophones et anglophones est rythmée par la crise anglophone qui a resurgi en octobre 2016. Depuis cette période, les régions anglophones du pays ont connu des vagues de violence dont le pic peut être situé entre septembre et novembre 2017. Les revendications de rues et les opérations « ville morte » cèdent progressivement la place aux affrontements armés. Les forces de maintien de l’ordre postées aux différents points stratégiques des villes et villages en crise sont harcelées par les activistes pardois armés qui n’hésitent pas à ouvrir le feu. Les affrontements de ce type, survenus dans la région du Nord–Ouest, dont ceux du quartier Nkwen dans la ville de Bamenda le 1er février 2018 ont entraîné plusieurs pertes civiles et militaires.
L’arrestation des leaders sécessionnistes renforce l’incertitude
L’arrestation des leaders du mouvement sécessionniste dit de l’« Ambazonie » en République fédérale du Nigeria et leur extradition au Cameroun à la fin du mois de janvier ouvrent une nouvelle ère à la crise anglophone. Les populations des deux régions continuent de vivre dans la peur et l’incertitude et de nouveaux affrontements ont éclaté entre forces de maintien de l’ordre et les activistes se revendiquant de la branche armée du mouvement sécessionniste. Certains hommes d’affaire nigérians ont quitté ces régions par peur d’éventuelles représailles de la part des sécessionnistes dont les leaders ont été extradés au Cameroun.
Image : Progressive Comprehensive High School Mankon, Bamenda, Cameroon, By Alberto Vaccaro , Audience, CC BY 2.0.