L’association Rural Youth Development Council (RYDEC) a réuni des jeunes camerounais anglophones et francophones, le 4 mars 2018 à Bafoussam, ville capitale de la région de l’Ouest du Cameroun, limitrophe aux deux régions anglophones en crise depuis octobre 2016. L’objectif des organisateurs de la rencontre était de faciliter les échanges sur la diversité culturelle au Cameroun, d’identifier les menaces à la coopération interculturelle et à la cohésion sociale dans le pays ainsi que d’identifier les voies de sortie de crise.
L’association Rural Youth Development Council est une organisation de jeunes basée dans l’ouest du Cameroun. Elle s’est donné pour mission de sensibiliser, former et lier les jeunes camerounais ruraux du pays pour faire d’eux des acteurs de la transformation de leurs propres communautés. Njunkou Emmanuel Florian, coordinateur des programmes au sein de cette organisation justifie l’engagement de RYDEC dans le contexte de la crise anglophone en ces termes : « La rencontre entre les différences crée des difficultés et il faut être outillé pour surmonter ces difficultés et les transformer en opportunités. Il est donc important de générer et accroître l’engagement et la détermination des jeunes à agir pour le renforcement de l’entente interculturelle au regard de l’actualité. ».
Un atelier pour la réconciliation et la promotion de la diversité culturelle
L’atelier de Bafoussam, organisé sous le thème « culture et diversité » a permis à 17 jeunes anglophones et francophones, leaders d’association, journalistes étudiants et promoteurs de la paix d’affiner leur compréhension de la culture, d’explorer la diversité culturelle du Cameroun et de développer un agenda pour la promotion de la coopération interculturelle et de la cohésion sociale dans leur pays.
Au terme de la rencontre, les jeunes participants ont souligné « l’importance et l’urgence du travail pour la promotion de la coopération entre jeunes des différentes sphères culturelles du Cameroun pour affronter ensemble les défis de paix, de justice sociale et d’équité entre les citoyens camerounais ». Ils se sont promis d’investir dans :
- La promotion de l’éducation au respect de la diversité
- La création au sein de leurs communautés respectives d’un environnement favorable à l’entente interculturelle dans les situations d’incompatibilité
- La promotion du théâtre comme outil de communication interculturelle et de sensibilisation contre la fragmentation sociale
Un atelier symbole de la volonté de la société civile de mettre fin aux tensions dans les régions anglophones du pays
La crise anglophone, qui a resurgi dans les régions anglophones en octobre 2016 sous fond de revendications sociales conduites par les enseignants et avocats anglophones, prend une nouvelle tournure au lendemain de l’arrestation, puis de l’extradition au Cameroun des leaders du mouvement sécessionniste de l’« Ambazonie ». On enregistre de nombreux cas d’enlèvement dont ceux du sous-préfet de Batibo, du délégué régional des affaires sociales pour la région du Nord-Ouest, et d’autres fonctionnaires du service public et d’entreprises exécutant des projets de développement dans les régions anglophones. Les nouveaux foyers de tensions se localisent dans les départements de la Momo, région du Nord-Ouest, et du Lebialem, région du Sud-Ouest. La multiplication d’enlèvements, facilités par l’utilisation des motos, avait conduit à une interdiction temporaire de l’activité des taxi – motos dans certains départements.
La nomination de trois ressortissants des régions anglophones lors du réaménagement du gouvernement survenu le 2 mars 2018, les consultations entreprises par le ministre de l’administration territoriale auprès des chefs traditionnels, des associations de moto taxis et d’enseignants ainsi que les nouveaux appels au dialogue lancés lors de ses déplacements témoignent d’une volonté d’aboutir à une situation d’apaisement dans les régions anglophones.
Image: Bafoussam, By Alexandre Fernandez, 20 juin 2007, Flickr CC BY-NC-SA 2.0.