Le gouvernement birman a annoncé le retour en Birmanie d’une première famille de Rohingyas, réfugiée au Bangladesh depuis plusieurs mois. L’ONU et les ONG estiment à 700 000 le nombre de Rohingyas installés dans des camps précaires au Bangladesh. Ce premier retour soulève donc de nombreuses interrogations quant au sort qui sera réservé à l’ensemble des Rohingyas réfugiés au Bangladesh. Ceux-ci ont fui le déchaînement de violences commises en grande partie par l’armée birmane depuis de nombreux mois et principalement depuis la fin du mois d’août.
Une forte inquiétude des organisations internationales quant à un potentiel retour
Les ONG ne semblent pas vraiment rassurées par ce qui pourrait être interprété comme un geste positif du gouvernement birman en faveur des réfugiés Rohingyas. En effet, le représentant en Asie de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Andrea Giorgetta, y voit un leurre plutôt qu’une volonté d’apaisement. Par ailleurs, Phil Robertson, le directeur adjoint de la division Asie à Human Rights Watch, a enjoint l’ONU à ne pas perdre de vue les causes principales qui ont mené à cette grave crise humanitaire. Il pointe du doigt l’exclusion à la citoyenneté birmane à laquelle font face les Rohingyas et leur condition d’apatrides.
Sur le terrain, les ONG s’inquiètent des conditions dans lesquelles les centaines de milliers de réfugiés vont pouvoir être accueillis à leur retour en Birmanie. Bien que le gouvernement birman affirme travailler à l’amélioration du processus de rapatriement, les ONG dénoncent un grand manque de préparation. Des centaines de villages rohingyas ont été brûlés et rasés. Les reconstructions à venir sont donc colossales. En outre, une grande partie de la population birmane, influencée par le nationalisme bouddhiste, est hostile au retour des Rohingyas. Ceux-ci sont souvent dépeints dans les médias et sur les réseaux sociaux du pays comme des terroristes islamistes et des criminels.
Le double jeu du gouvernement birman
Il semble, alors, que le gouvernement birman soit pris entre deux feux. D’un côté, il ne peut ignorer les pressions de la communauté internationale pour régulariser la situation d’urgence dans laquelle se trouve les Rohingyas. De l’autre, il connaît et alimente dans une large mesure les préjugés de l’opinion publique sur cette ethnie de confession musulmane.
Le gouvernement birman a, par ailleurs, signé un accord avec le gouvernement bangladais en janvier dernier dans lequel il se donne deux ans pour le rapatriement des réfugiés Rohingyas, mais les conditions de mise en oeuvre restent encore confuses. En affirmant que cette famille provenait du Bangladesh, le gouvernement s’est attiré les critiques affirmant qu’il ne s’agit pas de la réalité et que cette famille n’a jamais été dans les camps de réfugiés bangladais.
Image : Rohingya, Burma. By United to end Genocide, Flickr CC BY-NC-ND 2.0