Depuis plusieurs années, de nombreux scandales de détournement d’argent ont fait surface dans les rangs les plus élevés de la communauté bouddhiste en Thaïlande. Au début du mois de mai, la junte militaire au pouvoir a décidé de lancer une opération de « nettoyage » des monastères, dont la crédibilité a largement souffert de ces révélations. 45 monastères ont déjà été touchés par la série d’arrestations, et une dizaine de moines a été placée en détention.
Plusieurs dizaines d’officiels du Bureau national du bouddhisme impliqués
L’organe gouvernemental en charge du Sangha, la communauté monastique comprenant 300 000 moines dans le pays, est le Bureau national du bouddhisme. Des dizaines de ses employés ont été impliqués dans ces scandales, ainsi que trois membres du Conseil suprême du Sangha. L’agence d’information « Eglises d’Asie » explique le mécanisme des détournements : « Des officiels du Bureau national du bouddhisme versaient des sommes, prélevées sur le budget, aux abbés supervisant différents temples pour des projets de construction ou éducatifs, et ces abbés renvoyaient la majeure partie de l’argent public alloué sur les comptes bancaires personnels de ces officiels. »
Un manque de transparence évident
Cependant, selon le Sangha Act régulant les monastères, les abbés distribuent les donations à leur convenance. Ils sont, en principe, censés mettre en place un comité de gestion et envoyer des rapports financiers annuels au Bureau national du bouddhisme. En réalité, les membres du comité ne sont pas tant choisis sur la base de leurs compétences que de leurs liens avec les abbés. De plus, le Bureau national du bouddhisme n’est pas en mesure de demander des audits indépendants, et les rapports ne peuvent être rendus publics.
Le soutien de la population civile aux opérations de lutte contre la corruption
Dans l’ensemble, une grande partie des Thaïlandais soutient la police dans son opération de transparence, dans le but de mettre fin à ces pratiques. Pour un montant de 3,2 milliards d’euros par an, les donations personnelles des fidèles aux temples dépassent de loin les fonds publics. Certains observateurs, notamment médiatiques, demandent ainsi d’aller plus loin dans cet effort afin de mettre en place un plus grand contrôle de la gestion des fonds.
Image : Wat Niwet Monks, By Mark Fischer, CC BY-SA 2.0