Le lundi 30 avril 2018, le président de l’Autorité Palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a présenté à Ramallah (ville en Cisjordanie où siègent les institutions de l’AP) une « leçon d’histoire » selon ses termes. En effet, lors d’une session exceptionnelle du Conseil National Palestinien (Parlement en exil du peuple palestinien), il a tenu un discours dont les tenants étaient issus de théories conspirationnistes antisémites.
L’antisémitisme et le négationnisme au cœur du conflit israélo-palestinien
L’objectif de ce discours était de nier tout lien entre le judaïsme et cette terre trois fois sainte. Mahmoud Abbas s’est, dès lors, inscrit dans la continuité de sa thèse publiée en 1984 : « De l’autre côté : La relation secrète entre le nazisme et le sionisme ». Celle-ci mettait en lumière la théorie d’une coopération entre les leaders sionistes et le régime nazi et également l’exagération des six millions de Juifs décédés lors de l’Holocauste. Ce lundi 30 avril, le président de l’AP a également nié la cause antisémite de la Shoah (catastrophe en hébreu) pour la remplacer par le « comportement social » des Juifs puis il a démenti le lien historique du peuple juif avec la Terre d’Israël.
La création d’Israël, « un projet colonial qui n’avait rien à voir avec le judaïsme » selon Abbas
Tandis que les Juifs qui s’installent en Israël disent faire leur Alyah (littéralement « ascension »), c’est à dire qu’ils considèrent « revenir en Terre Sainte », Mahmoud Abbas s’est attaqué à ce lien existant entre la religion juive et le territoire d’Israël/Palestine. Il a exposé un premier point démontrant que les Juifs ashkénazes (Juifs de l’Europe occidentale, centrale et orientale) descendent des Khazars (peuple semi-nomade turc d’Asie centrale) et n’ont donc « aucun lien historique » avec Israël (propos inspirés de la théorie du romancier juif Arthur Koestler dans La Treizième Tribu). Pour appuyer son propos, il a expliqué dans un second point le rôle crucial des occidentaux dans la création de l’Etat d’Israël notamment le Britannique Lord Balfour (à l’origine de la Déclaration Balfour de 1917 promettant la création d’un Etat juif). Il a, dès lors, conclu qu’il s’agissait uniquement d’un projet colonial et européen n’ayant pas de lien direct avec le judaïsme. Ces propos, loin d’aller dans le sens du dialogue, semblent amener à plus de divisions encore.
Un discours dans la réciprocité des propos des Israéliens à l’égard des Palestiniens
Les institutions politiques et juridiques israéliennes sont également loin de promouvoir une égalité réelle entre la majorité juive et la minorité arabe du territoire (1/5ème de sa population est arabe mais a choisi de prendre la nationalité israélienne en 1948). Ces derniers sont pourtant considérés comme une cinquième colonne en puissance, un danger pour Israël, et ne cessent de subir discriminations et inégalités. Le drapeau israélien frappé de l’étoile de David, ignorant ainsi une minorité marginalisée, n’en est que le reflet. De même, la loi du retour de 1950, Alyah, qui permet à tout Juif d’immigrer en Israël, ne prend pas en compte les revendications des Palestiniens. Pour ces derniers, désormais « réfugiés », le « droit au retour » accordé par la résolution 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies (11 décembre 1948) reste un point crucial du conflit israélo-palestinien.
Image : Президент Государства Палестина Махмуд Аббас во время встречи с Президента России Владимиром Путиным, par Пресс-служба Президента России, Wikimédia Commons, CC BY 4.0