Sauver le monde en partageant des salades de pommes de terre. Tel est l’objectif de la « Journée de la Société ouverte », organisée en Allemagne pour la seconde fois le 16 juin 2018. Alors que l’Allemagne est divisée sur sa politique d’accueil des réfugiés, cette initiative propose aux citoyens et citoyennes de partager un repas et une soirée avec leurs voisins, d’où qu’ils viennent.
La Süddeutsche Zeitung rapporte ces faits sous la plume d’Hannah Bleitzer, et insiste sur le partage et la (ré)conciliation dans une Allemagne divisée.
Une société divisée
Cette journée a lieu dans un contexte de tension assez vive. La vice-présidente du Bundestag (assemblée parlementaire) reçoit en effet des menaces de mort de la part de l’extrême-droite, alors que la CDU (Union chrétienne-démocrate d’Allemagne) et la CSU (L’Union chrétienne-sociale en Bavière), pourtant en accord depuis 1976, se déchirent sur la politique d’accueil des réfugiés. La CSU concentre sa parole publique sur les musulmans d’Allemagne, en insistant sur les « racines chrétiennes » du pays. Le ministre de l’intérieur Horst Seehofer avait ainsi lancé son mandat en mars 2018 en déclarant : « l’islam n’appartient pas à l’Allemagne ». Dans le même temps, le ministre-président bavarois annonçait l’apposition de crucifix à l’entrée de tous les bâtiments publics du Land.
A l’opposé de ces débats, qui restent pourtant au centre de l’actualité du pays, de nombreuses initiatives pour une société ouverte ont été lancées. Elles sont principalement soutenues par le programme « Demokratie leben ! » du Ministère de la Famille, des Seniors, de la Jeunesse et des Femmes.
La diversité comme richesse
L’initiative « Die offene Gesellschaft », lancée en 2017, en fait partie, et a pour but de contrer ce mouvement de division. Il s’agit de réunir tou.tes les Allemand.es autour d’un repas, sans accorder d’importance à leur religion, leur opinion politique, leur origine, ou leur âge. Les participants souhaitent parler positivement de ce qui se passe en Allemagne. Ils veulent renvoyer l’image de voisin.es et de citoyen.nes qui s’entraident et qui se parlent. En encourageant la création d’espaces d’échange partout en Allemagne (et pas seulement à Berlin, où l’initiative est née), les initiateurs souhaitent dépasser les débats habituels emplis de colère et de haine qui « rendent fous ». Sur les questions migratoires comme religieuses, ils insistent sur le besoin de tolérance pour atténuer les divisions. Sans définir précisément ce qu’est une société ouverte, ils souhaitent simplement parler avec des gens qu’ils ne connaissent pas, autour de 460 tables installées dans tout le pays.
Image : Tempelhofer Feld, by Sebastian Michalke, Flickr, CC-BY-SA-2.0