Début octobre, le premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga (SBM) s’est rendu dans le centre du pays pour apaiser les tensions communautaires autour de Mopti.
Dépôt d’armes d’un groupe armé dogon et négociation d’un processus de DDR
La région avait été particulièrement touchée par les affrontements entre Dogons et Peuls depuis l’été 2017. SBM a d’abord assisté au dépôt d’armes par le chef d’état-major de Danan Ambassagou, un groupe armée dogon accusé d’avoir mené des exactions contre les Peuls au début de l’été. Suite à un entretien à huit-clos, le premier ministre a fait savoir que certains combattants bénéficieraient d’un programme de Démobilisation, Désarmement, Réinsertion (DDR) tandis que d’autres bénéficieraient de financements d’activités génératrices de revenus (AGR). Il s’agit d’une aide pour les jeunes combattants afin de faciliter leur retour à la vie civile.
Accord de paix et renouveau du dialogue
Le premier ministre s’est ensuite rendu dans plusieurs villages autour de Mopti et dans le cercle de Koro où il s’est entretenu avec les chefs dogons et peuls. Son but était de réaffirmer l’accord de paix conclu entre ces deux communautés. Signé le 28 août suite à une médiation effectuée par le Centre pour le Dialogue humanitaire (HD). Cet accord ambitieux souhaitait mettre fin aux conflits agro-pastoraux dans le cercle de Koro. Sans surprise, le document pointait le vol du bétail, les pillages ainsi que les conflits autour de l’accès à l’eau comme étant les principales sources de tensions. Les chefs de villages des deux communautés s’engageaient à condamner tout les actes de violence susceptibles d’être commis par l’un de leurs membres, mais aussi à privilégier le recours aux usages traditionnels de médiation. Enfin l’accord prévoyait la mise en place de sanctions pour les parties qui y dérogeraient.
De fortes dénonciations qui expliquent la venue du premier ministre
Pourtant, si l’ensemble des parties étaient enthousiastes à sa signature, l’accord est aujourd’hui sous les feux de nombreuses critiques venues des deux communautés. Pour Dana Ambassagou, le groupe d’auto défense dogon précédemment cité, les populations sont toujours en proie à l’insécurité face au regain d’activités de groupes armés. Pour Abdoul Azziz Diallo, président de l’association Tabikal Pulaaku, très importante dans le pays mais non associée à la négociation, l’accord manque de garantie alors même que la communauté peule est toujours victime d’attaques.
La méfiance semble régner de nouveaux entre les communautés. C’est au milieu de ces nouvelles tensions que le premier ministre est venu s’entretenir avec les différentes parties. Il a évoqué le soutien de l’Etat au processus de paix et a entendu les griefs des deux camps. Pour l’instant, celui-ci n’a annoncé aucune mesure pour renforcer la sécurité ni pour tenter d’enrayer les conflits trop fréquents autour des ressources ; deux thèmes qui étaient pourtant centraux lors des négociations de l’accord.
Image : Nomadic Mali people, By Direct Relief. Flickr BY-NC-ND 2.0