Le samedi 2 février 2019, à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de la vie consacrée, les évêques gabonais ont exprimé leur inquiétude face à la dégradation de la situation politique et socio-économique du pays. Réunis en session ordinaire à Moanda dans le diocèse de Franceville (province du Haut-Ogooué), ils ont attiré l’attention des autorités sur les difficultés que rencontre le pays depuis 2015.
Un gouvernement politiquement affaibli
Sur le plan politique, les évêques catholiques ont fait part de leur inquiétude face à une restriction « des libertés ». Par ailleurs, ils dénoncent « l’absence de vérité et de transparence » et le « durcissement de la politique partisane ».
En effet, depuis l’hospitalisation à Riyad du président gabonais Ali Bongo, le 24 octobre 2018, le pays connaît un regain de tensions. Pour la deuxième fois de son histoire, le 7 janvier dernier, le gouvernement a été victime d’une tentative avortée de coup d’Etat. En effet, cinq militaires de la garde présidentielle gabonaise avaient appelé au micro de la radio d’Etat au soulèvement populaire et à la formation d’un Conseil National de restauration.
Le 24 février 2019, après plusieurs mois de convalescence au Maroc et pour la deuxième fois depuis son hospitalisation, le président gabonais est de retour à Libreville. Ses rares apparitions ne cessent d’alimenter les rumeurs sur son état de santé. Les voix s’élèvent pour dénoncer son incapacité à gouverner le pays, provoquant de vives tensions au sein de la classe politique.
Une nette détérioration de la situation socio-économique
Secoué par une crise socio-économique depuis plusieurs années, les évêques catholiques dénoncent également la corruption endémique qui frappe le pays. L’évêque du diocèse de Mouila, président de la Conférence épiscopale du Gabon, Mathieu Madega Lebouakhéan, a notamment déploré « l’accaparement des deniers publics par une minorité des personnes localisées au cœur du pouvoir ». Les évêques fustigent la baisse du pouvoir d’achat qui contribue à un appauvrissement de la population. Malgré cela, un petit nombre s’enrichit bien souvent «sans être inquiété » estiment-ils.
Ce morcellement de la société est dû à un « égoïsme grandissant » pour les évêques catholiques qui appellent au renforcement de l’unité nationale. Souvent accusés par les opposants au régime d’une trop grande proximité avec la famille Bongo, cette prise de parole traduit une véritable prise de conscience de l’Eglise et sa volonté d’œuvrer pour la réconciliation nationale.
Image : Eglise Saint Michel de Nkembo, Libreville, Gabon par Vincent Vaquin. Wikicommons CC BY-SA 3.0