Joacine Katar Moreira est la première femme noire candidate en position éligible sur la liste d’un parti politique portugais.
Une candidate dans un parti jeune
Le parti Livre (« Libre »), fondé en 2014 par l’historien et ancien député européen Rui Tavares, présente une liste pour les législatives européennes qui se tiennent du 23 au 26 mai 2019. Le parti se dit « de gauche libertaire, écologique et cosmopolite ». Les candidats sont choisis par un vote. Rui Tavares est lui-même tête de liste, Joacine Katar Moreira est en deuxième position. À noter que le Portugal connaîtra aussi en octobre des élections législatives nationales. Pour ce deuxième rendez-vous électoral, la candidate sera tête de liste à Lisbonne.
Femme, noire et diplômée, mais pas seulement
La candidate, fraîchement entrée en politique, est originaire de Guinée Bissau. Elle est arrivée au Portugal à l’âge de huit ans. Elle est aujourd’hui chercheuse-enseignante en Développement et Études africaines, à l’Institut universitaire de Lisbonne. À 36 ans, Joacine Katar Moreira est également présidente de l’Institut de la femme noire (Inmune, Instituto da Mulher Negra), créé fin 2018.
La candidate se présente comme une militante. Les thèmes qui lui tiennent à cœur sont les droits des minorités, l’anti-racisme et l’écologie. Elle milite « pour une Europe humaniste ». Les questions touchant les femmes et les personnes de couleur lui sont proches. Elle entend bien sûr porter leurs voix au sein des organes législatifs. La candidate veut notamment promouvoir l’image de femmes migrantes diplômées et sorties des rôles subalternes qui « font partie de l’image habituelle que l’on a des noires ». Pour autant, elle refuse l’étiquette de défenseur des femmes noires. Ses préoccupations couvrent en effet toutes les minorités (hommes/femmes, origines ethniques, orientation sexuelle…).
Le choix d’un parti encore marginal
Le parti Livre, qui a rejoint le groupement trans-européen Printemps Européen, a peu de chance d’obtenir beaucoup de députés à Bruxelles. Lors des dernières élections, en effet, il avait recueilli moins de 3 % des voix. Un résultat insuffisant pour faire élire un candidat. Le parti espère monter en puissance cette année. Le pari n’est pas gagné, dans un pays où 50 % des électeurs n’est pas sûr de se rendre aux urnes et où le paysage politique est resté quasi inchangé en 45 ans de démocratie.
Image : Portuguese Parliament building front fachade, by Andrés Monroy-Hernández, Wikicommons CC BY-SA 2.0