Contre l’indignation sélective des Européens, le député européen portugais Paulo Rangel (groupe PPE) a signé une deuxième tribune sur le Mozambique dans les colonnes du quotidien Público. C’est l’une des voix politiques qui a le plus agi, depuis des mois, pour mettre la crise mozambicaine au cœur des préoccupations de l’Union européenne.
Des actions de plaidoyer auprès des institutions européennes
En avril 2020, le Conseil de l’Union européenne a publié ses « conclusions » sur la situation globale au Mozambique. Le Cabo Delgado y était évoqué.
En juillet, le député a soulevé la question auprès de la commission des affaires étrangères du Parlement européen. Puis, en août 2020, Paulo Rangel écrivait une tribune dont le titre était « Minsk, Beyrouth. Quid de Pemba ? Et du Cabo Delgado ? Et du Mozambique ? ». À l’époque, il relevait l’incohérence des Européens qui s’indignaient à raison de la répression à Minsk et pleuraient avec Beyrouth, mais détournaient les yeux de la situation au Cabo Delgado.
Le 17 septembre 2020, le Parlement en plénière a adopté la Résolution 2020/2784 sur la situation au Mozambique. Pendant le débat, Paulo Rangel a rappelé les souffrances endurées par la population, dans un pays déjà très faible économiquement. Il a répété les chiffres du conflit : plus de 1 500 morts et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Des prises de position dans les médias pour sensibiliser la société civile
Le 17 novembre, il a publié à nouveau une tribune. Il rappelle que « les vies noires [ne] comptent » pas que quand elles sont menacées par des policiers blancs. Le silence assourdissant des États européens et de la société civile est pour lui la preuve d’une indignation sélective. C’est aussi la preuve que les manifestations récentes, bien que légitimes, ne s’intéressaient pas réellement à la dignité des personnes, mais à la dimension politique du combat dans les sociétés occidentales. Pour Paulo Rangel, toutes les vies comptent. À raison, la société s’indigne des attaques à motif racial. Mais les vies de chrétiens ou de musulmans pacifiques, assassinés en raison de leur foi par des personnes de même couleur qu’eux, comptent aussi.
Le député s’indigne également du fait que seuls certains députés européens portugais ont fait pression pour que la situation ne passe pas inaperçue. Le gouvernement portugais l’a timidement évoquée. De même, l’Italie reste silencieuse. Or, d’après Paulo Rangel, ce pays devrait se sentir proche des Mozambicains. En effet, l’Italie avait été un artisan des négociations de paix qui ont mis fin à la guerre civile, en 1992.
Image : L’hémicycle du Parlement européen, Bruxelles, 2015 (auteur : Treehill) CC-BY-4.0