La menace islamiste aux portes de l’Asie centrale postsoviétique
Depuis que le président américain Joe Biden a annoncé officiellement le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, les puissances étrangères et leurs concitoyens présents sur place ont préparé leur départ. Toutefois, prenant tout le monde de vitesse, les talibans ont surpris en reprenant le contrôle du pays dès le 15 août 2021, alors que les chancelleries occidentales ne l’envisageaient pas avant la fin de l’année. Depuis lors, Afghans et ressortissants étrangers sont prêts à tout pour fuir le nouveau régime avant le 31 août [1]. En attestent de nombreux témoignages et scènes de panique relayés par la presse et les réseaux sociaux. Dans ce contexte, il peut être intéressant d’apporter un éclairage sur les préoccupations que suscite le départ des troupes américaines dans le chef de certains États. Nous traiterons en particulier du cas de la Russie inquiète des possibles conséquences du retrait américain en Asie centrale postsoviétique.
Après avoir temporairement délaissé les pays ex-soviétiques d’Asie centrale [2] à la suite de la chute de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), Moscou s’est employé à redéfinir ses relations avec son « étranger proche » (blijnéié zaroubiéjé) [3]. Dans cette perspective, de nombreux accords ont été conclus dans les domaines militaire, économique et politique. Depuis lors, la Russie reste attentive aux évolutions régionales. Or, selon un article publié par Reuters, les autorités russes craignent que le retrait américain d’Afghanistan n’engendre une menace islamiste sur son flanc méridional.
Afin de comprendre la volonté russe de défendre cette région contre une telle menace, il importe de revenir sur le passé unissant la Russie et les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale. Analyser la place de l’islam dans l’espace centrasiatique nous paraît également essentiel. Nous présenterons, enfin, la position ambivalente de Moscou face à la situation actuelle. Grâce à ces éléments, nous pourrons mieux saisir les risques pour les intérêts russes de la récente disparition de la République islamique d’Afghanistan.
La conquête tsariste de l’Asie centrale
Enclavée entre les empires tsariste, ottoman, perse, indien et chinois, l’Asie centrale [4] a été au cœur d’un vaste jeu d’influence au cours des derniers siècles. Dans ce contexte géopolitique complexe, le régime tsariste s’impose et entreprend la conquête de ce territoire dès le XVIe siècle. Toutefois, ce n’est que deux siècles plus tard qu’il enregistre des avancées notables. Elles se sont concrétisées sous la houlette du tsar Pierre Le Grand.
Désireux de développer l’activité commerciale russe, le tsar voit dans l’Asie centrale une source de débouchés. La découverte de gisements d’or et la culture du coton [5] dans la région de l’Amou-Daria renforcent aussi son intérêt. La chercheuse Hina Khan estime que les Russes se considéraient à l’époque comme les dignes successeurs des envahisseurs mongols. C’est pourquoi ils se sont évertués à occuper les mêmes espaces que leurs prédécesseurs.
Les défis de l’Asie centrale
La conquête de ces étendues sauvages ne se fait pas sans peine. En effet, les troupes impériales font face à de nombreuses difficultés. Ainsi, aux obstacles naturels (montagnes, déserts, etc.), s’ajoutent des tribus hostiles dont certaines ne reconnaissent que la souveraineté ottomane. Pourtant, la politique tsariste vise autant à s’enrichir qu’à maintenir la paix dans la région. Dans ce but, les autorités russes n’interviennent que peu dans les affaires locales, mais exercent un contrôle ferme. Le but de la manœuvre est d’empêcher toute puissance, interne ou externe, d’interférer, a fortiori de s’imposer.
Face à l’impérialisme tsariste, l’attitude des dirigeants centrasiatiques est mitigée. La plupart y voient une opportunité de résoudre certains problèmes politiques. Citons, par exemple, les luttes intestines, les soulèvements populaires et les guerres contre d’autres empires (en particulier, ottoman et séfévide). Du côté de la population, les réactions alternent davantage entre soumission passive et résistance virulente au pouvoir impérial.
L’Asie centrale sous le joug soviétique
Première Guerre mondiale : la révolte gronde
À la suite de la Révolution bolchevique d’octobre 1917, le « Turkestan russe » [6] est intégré dans le nouveau système politique russe. Toutefois, ces changements ne s’opèrent pas sans heurt. Pour comprendre la problématique, la littérature académique établit un lien avec le contexte international de l’époque. Depuis 1914, l’Europe est déchirée par la Première Guerre mondiale. Le jeu des alliances contraint l’Empire tsariste à entrer en guerre dès l’été 1914. Afin de soutenir l’effort de guerre, les autorités russes lancent une mobilisation générale. Elle concerne tant le matériel, le bétail, les ressources financières que les hommes. Ainsi, en vertu du décret impérial du 7 juillet 1916, la mobilisation de 250 000 hommes d’origine non russe âgés de 19 à 43 ans est requise pour compenser les pertes humaines. À l’annonce de ce décret en Asie centrale, les populations colonisées (inorodtsy ou « allogènes ») expriment une vive opposition.
D’après l’historienne Cloé Drieu, cette contestation repose sur trois éléments. Tout d’abord, le décret dont il est question intervient en plein ramadan dans une région où la population locale est majoritairement musulmane. En outre, elle n’a jamais dû remplir d’obligations militaires particulières. Enfin, l’ordre de mobilisation est lancé en été alors que les travaux agricoles battent leur plein dans les champs de coton et de céréales. Or, ces travaux mobilisent déjà une importante main-d’œuvre. Dans ce contexte, l’Asie centrale est secouée par de violentes révoltes. Durement réprimés par les troupes russes, ces soulèvements populaires ont coûté la vie à près de 270 000 Kazakhs, Kirghizes, Tadjiks, Turkmènes et Ouzbeks.
Retour au calme et reconnaissance culturelle
À la fin de la Première Guerre mondiale, Moscou entend reprendre la main sur la région. Toutefois, il n’a qu’une faible influence sur ses habitants de la périphérie. Les Russes sympathisent donc avec des membres de l’intelligentsia locale, même si peu d’entre eux sont des communistes convaincus. En 1921, le pouvoir central soviétique commence à appliquer une politique de « korenizatsiya » (indigénisation) en Asie centrale. Cette mesure consiste, d’une part, à promouvoir des non-Russes à des postes élevés au sein du Parti communiste, des syndicats et du gouvernement. D’autre part, ce dernier encourage la reconnaissance des cultures nationales des peuples constitutifs de l’URSS.
Dans cette logique, 14 Républiques socialistes soviétiques (RSS) voient le jour entre 1924 et 1936, dont cinq en Asie centrale. Il s’agit des RSS du Kazakhstan, du Kirghizistan, d’Ouzbékistan, du Turkménistan et du Tadjikistan. Cette autonomie leur sera des plus bénéfiques. Le spécialiste Alexander Morrison affirme ainsi que « le système soviétique n’est pas qu’une poursuite du colonialisme russe sous une autre forme. En Asie Centrale il s’agissait d’un régime de modernisation qui a fait d’une colonie culturelle et politique non assimilé à l’Empire tsariste, les États-nations que nous connaissons aujourd’hui » [the Soviet system […] was not simply a continuation of Russian colonialism in another form. In Central Asia, it was a radically modernizing regime that transformed what had been a culturally and politically unassimilated colony of the Tsarist Empire into the nation states we know today »].
L’Asie centrale postsoviétique face au fondamentalisme islamique
Malgré l’indépendance de ces anciennes républiques soviétiques, la Russie continue à les surveiller. Dans quel but ? Parce que ces États sont situés le long du flanc sud de la Russie considéré comme son « soft underbelly » (ventre mou). Tenant compte de ces considérations géopolitiques, la Fédération russe s’évertue à y maintenir son influence et à évincer toute autre puissance ambitieuse.
Ceci étant, une autre problématique préoccupe actuellement les autorités russes. Il s’agit de l’islamisme radical et de sa potentielle propagation à travers l’Asie centrale. En provenance d’Afghanistan, ce phénomène pourrait, à terme, atteindre la Russie [7]. En effet, selon Moscou, les républiques centrasiatiques seraient trop fragiles pour endiguer une vague islamiste.
Origines et répression de l’islam dans l’espace centrasiatique
Présent en Asie centrale depuis le VIIe siècle, l’islam s’est progressivement imposé à travers la région. L’avènement de l’État soviétique entrave, cependant, son épanouissement en raison de son athéisme affirmé. À son arrivée au pouvoir, le régime bolchevique réorganise la société centrasiatique en tenant compte de cet aspect. Parmi les mesures adoptées, citons l’exclusion des musulmans de la vie politique et l’interdiction de la loi islamique. De telles décisions provoquent l’ire de la communauté musulmane.
Menés par le mouvement des Basmatchis entre 1919 et 1924, les musulmans centrasiatiques se soulèvent contre le pouvoir soviétique. Mais le temps et de multiples difficultés sapent les efforts et la résistance s’essouffle inexorablement. S’appuyant sur ce phénomène et sa supériorité militaire, l’Armée rouge parvient à restaurer son autorité. Toutefois, afin d’asseoir sa victoire, Moscou accepte de faire certaines concessions à la résistance. L’exemption de taxes, l’assouplissement de restrictions agricoles et l’abrogation des politiques anti-islamiques en sont quelques exemples.
Renaissance postsoviétique de l’islam
Amorcé dans le sillage de la perestroïka (reconstruction) de Gorbatchev, un renouveau religieux s’observe à travers l’espace ex-soviétique. En Asie centrale et ailleurs, il se traduit par un retour aux normes et valeurs de l’islam. Plusieurs facteurs expliquent un tel phénomène. Tout d’abord, le mécontentement populaire face aux politiques des nouveaux gouvernements. Alors que certains d’entre eux prônent l’adoption d’un modèle proche de celui de la Russie, la jeunesse s’inspire davantage des États arabes. Par ailleurs, le vide politique et religieux concomitant à la chute de l’URSS favorise le succès de l’islam, religion dominante en Asie centrale.
À cela s’ajoute l’arrivée de nombreux fondamentalistes musulmans facilitée par la porosité des frontières entre l’Afghanistan et l’Asie centrale. Progressivement, un vaste réseau de madrasas [8] s’est formé dans la région. Notons que l’Iran et la Turquie ont participé à l’accélération de ce phénomène. Ces États ont instrumentalisé l’islam de manière à renforcer leur influence régionale. Il importe néanmoins de préciser que l’extrémisme islamiste n’a pas suscité un engouement unanime dans les républiques centrasiatiques. Ainsi, à la différence du Kazakhstan et du Kirghizistan, l’Ouzbékistan [9] et le Tadjikistan [10] se sont montrés plus réceptifs à l’islamisation.
L’islam face à Daech
Ces dernières années, le discours de l’État islamique [11] a séduit nombre de Centrasiatiques. En 2017, le Soufan Group évaluait leur nombre à près de 5 000. La majorité d’entre eux serait de nationalité ouzbèke [12]. Comme souvent, leur départ pour la Syrie et l’Irak serait motivé par le chômage, l’extrême pauvreté et la gouvernance défaillante en Asie centrale.
La chercheuse Hélène Thibault nuance néanmoins ce tableau : « […] les habitant·e·s d’Asie centrale ont vu de près le désastre chez leur voisin du sud, l’Afghanistan, et ne désirent pas l’implantation d’un État islamique. Elles et ils voient l’Afghanistan comme un échec. […] l’Asie centrale ne semble pas être un territoire en voie de radicalisation. On ne peut nier qu’il existe une résurgence de l’islam depuis la chute de l’URSS en Ouzbékistan, au Kirghizistan et au Tadjikistan, mais celle-ci s’inscrit plutôt dans une démarche identitaire, modérée et pacifique ».
La stratégie russe sur son flanc méridional
À la différence des autorités américaines et européennes, le retour au pouvoir des talibans ne semble pas alarmer, pour l’instant, la Russie. En atteste le maintien de sa mission diplomatique en Afghanistan malgré le changement de régime. Comment comprendre cet état de fait ? Il serait lié aux garanties que les talibans ont données à Moscou en juillet 2021. Ces derniers se sont, en effet, engagés à poursuivre leur combat contre les groupes terroristes islamistes comme Daech. En outre, leurs actions en Afghanistan ne devraient pas nuire aux intérêts de leurs alliés régionaux.
Malgré ces gages de confiance [13], le Kremlin se montre prudent. Dans cette logique, il n’a pas encore reconnu le nouveau gouvernement taliban. En revanche, s’il respecte les engagements susmentionnés, la Russie sera probablement disposée à envisager une telle reconnaissance. Rappelons aussi que les talibans demeurent inscrits sur sa liste des organisations terroristes interdites depuis 2003.
La Russie a, par ailleurs, décidé de procéder à la sécurisation des frontières entre l’Afghanistan et certaines de ses anciennes républiques soviétiques limitrophes [14]. C’est le cas au Tadjikistan et en Ouzbékistan. Pour ce faire, Moscou y mène d’importants exercices militaires ces dernières semaines. Les scénarios testés visent à empêcher l’infiltration de groupes terroristes via la frontière afghane. Les autorités russes ont également annoncé une augmentation des livraisons d’armes à leurs alliés centrasiatiques. Cela étant, l’expérience amère de la Russie en Afghanistan l’encourage à éviter un règlement militaire de la situation. Comportant moins de risques, le recours à la voie diplomatique est privilégié.
Selon le spécialiste Wolfgang Richter, cette stratégie duale a un double objectif. D’une part, conclure un accord avec les talibans de manière à éviter qu’ils apportent leur soutien à des émules d’Al-Qaïda en Asie centrale. D’autre part, renforcer les capacités centrasiatiques en cas d’incidents à leurs frontières.
Conclusion
Liées par un passé pluricentenaire, la Russie et les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale entretiennent des relations étroites. Après la chute de l’URSS, ces républiques ont emprunté des trajectoires variées. Certaines d’entre elles ont notamment fait le choix d’accorder une place centrale à l’islam. « Marqueur de l’identité collective », l’islam a participé à la construction de leur nouvelle identité nationale. Pourtant, au cours des années 1990, ce renouveau religieux suscitait déjà des craintes dans le chef de la Russie. Traumatisé par les guerres tchétchènes, le Kremlin ne souhaite en aucun cas voir un nouveau vivier islamiste se développer sur son territoire après le départ des Américains d’Afghanistan. C’est pourquoi il se dit prêt à contribuer à la sécurisation des frontières entre l’Asie centrale postsoviétique et l’Afghanistan. La promesse talibane d’empêcher l’utilisation de leur pays comme base arrière terroriste n’y changera rien.
Notes de bas de page (1-7)
[1] Lancées en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, les opérations militaires américaines doivent prendre fin avec le retrait des dernières troupes le 31 août 2021.
[2] Les anciennes Républiques socialistes soviétiques d’Asie centrale sont le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan et le Tadjikistan.
[3] Évolutif, le concept d’« étranger proche » fait partie des principes caractérisant la diplomatie russe, en particulier entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Ce terme se réfère aux pays que la Russie considère comme de « faux » étrangers puisqu’elle entretient d’importants liens historiques, politiques, sociaux, culturels et économiques avec eux. Il se compose de 14 anciennes républiques soviétiques.
[4] Généralement, le terme « Asie centrale » qualifie l’espace s’étendant de la mer Noire à la Grande muraille de Chine. Dans le cadre de cet article, notre intérêt se limite aux ex-républiques soviétiques susmentionnées.
[5] Au XVIIIe siècle, l’importation de coton américain est fortement perturbée par la guerre d’indépendance qui sévit dans les futurs États-Unis. Pour pallier cela, la Russie se tourne vers les champs de coton centrasiatiques.
[6] Terme utilisé pour désigner l’Asie centrale sous domination tsariste.
[7] Déjà à la fin des années 1970, l’URSS s’inquiétait d’une possible influence néfaste sur sa population musulmane (50 millions de personnes à l’époque) qui succède à la victoire des mouvements révolutionnaires islamiques en Iran et Afghanistan. Cela explique l’invasion de l’Afghanistan par l’Armée rouge en décembre 1979. Aujourd’hui, peuplés majoritairement de musulmans, le Tatarstan et le Bachkortostan sont les territoires les plus susceptibles d’être affectés par cette montée du fondamentalisme islamique. En attestent notamment les attaques de l’été 2012 au Tatarstan.
Notes de bas de page (8-14)
[8] Établissement islamique d’enseignement sunnite (traditionaliste).
[9] Pendant des siècles, les villes ouzbeks de Boukhara et de Samarkand ont été des carrefours culturels et religieux entre l’Orient et l’Occident. Bravant les diktats soviétiques, les écoles coraniques sont restées ouvertes. L’opposition anticommuniste s’est organisée au sein de plusieurs d’entre elles. Aujourd’hui, la scène politique comprend des partis islamiques tels les partis Erk et Hizb Ut-Tahrir.
[10] Se composant de 85 % de musulmans sunnites pour 10 % de chiites, le Tadjikistan est un État qui accorde une place importante à l’islam autant dans la société qu’en politique. C’était particulièrement le cas dans les années 1990. Aujourd’hui, les autorités russes craignent que la crise afghane ne provoque une vague de réfugiés. Parmi ceux-ci, des membres de groupes extrémistes comme l’État islamique pourraient s’infiltrer. Afin de sécuriser au mieux sa frontière, le Tadjikistan a rappelé 20 000 réservistes début juillet 2021.
[11] Le groupe terroriste est également connu sous son acronyme arabe Daech signifiant « État islamique en Irak et au Levant ».
[12] D’après le chercheur Daniel Pasquier, le ralliement du Mouvement islamique d’Ouzbékistan à Daech en août 2015 n’est pas étranger à ces chiffres. Ce mouvement est une organisation terroriste liée à Al-Qaïda et aux talibans.
[13] La prudence de la Russie n’est sans doute pas étrangère au fait que selon le chercheur Nicolas Gosset, les talibans ont pour habitude de trahir leurs promesses.
[14] Cette décision s’inscrit notamment dans le cadre des accords signés entre les membres de l’Organisation du Traité de sécurité collective. Elle regroupe la Russie, l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan. Pilotée par la Russie, cette alliance militaire assure la protection de ses membres contre toute agression extérieure depuis 2002.
Image : Madrasa Mir-i Arab à Boukhara (Ouzbékistan), Wikimédia, 2015, CC-BY-4.0