La Russie post-soviétique en quête d’identité et de puissance
Un article sur la Russie co-écrit par Amandine Dusoulier et Mykhaïlo Sergieivskyi dans le cadre du dossier thématique « Trente ans après, le pluralisme dans l’espace postsoviétique »
Introduction
La chute de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) le 25 décembre 1991 représente la fin d’un régime long de près de 70 ans[1]. Dans l’imaginaire collectif occidental, il n’est pas rare d’associer effondrement de l’URSS et fin de la Guerre froide. Cette façon de considérer les deux événements est pourtant incomplète. En effet, cette dislocation a également été à l’origine de basculements locaux et régionaux. Bien que l’effondrement du régime soviétique ait mis fin au conflit mondial entre les blocs de l’Est et de l’Ouest, il a provoqué la disparition du modèle politique, économique et idéologique d’une société tout entière[2].
Alors qu’un éventail de nouveaux États voit le jour à travers l’Europe de l’Est, le Caucase et l’Asie centrale, la République Socialiste Soviétique Fédérative de Russie laisse place à la Fédération de Russie. Or, dès sa création, elle doit faire face à de nombreux défis internes comme une hausse de la corruption et de la criminalité[3] et une crise des valeurs morales[4].
Lors de son arrivée au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine entreprend d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie à double volet[5]. D’une part, la Russie se dote d’une nouvelle identité nationale dont l’objectif est d’unifier le peuple russe divisé. Elle développe d’autre part une politique étrangère – en accord avec ladite identité – visant à défendre ses intérêts dans sa sphère d’influence, à remettre en cause l’ordre sécuritaire post-soviétique en Europe et à restaurer la grandeur russe sur la scène internationale[6]. Cela passe par son intervention militaire dans plusieurs États appartenant à son « étranger proche[7] » (blijnéié zaroubiéjé[8]) [1]. Nous reviendrons sur les cas de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud et de la Crimée. Pour réaliser ces tâches colossales, le président russe peut compter, en particulier, sur le soutien de l’Église orthodoxe qui « sert de levier à Vladimir Poutine, à l’intérieur, pour mobiliser autour de lui, et pour défendre les intérêts de la Russie à l’extérieur[9] ».
I. Définition d’une identité nationale post-soviétique
Depuis plusieurs siècles, intellectuels et dirigeants s’interrogent sur l’identité russe, en raison notamment de son pluralisme religieux et ethnique[10]. L’effondrement de l’Union soviétique a affecté sans conteste cette identité nationale qui s’est retrouvée au cœur des débats[11]. En effet, au lendemain de la « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle[12] », la société russe a été traversée par des lignes de fracture idéologiques, religieuses, ethniques et morales. Nombre de Russes se sont alors tournés vers l’Église orthodoxe considérée comme un symbole de la culture et de l’histoire nationales ainsi qu’une autorité morale[13]. Comme le premier président de la Fédération russe Boris Eltsine, Vladimir Poutine a fait de l’Église orthodoxe un levier d’influence interne et externe[14]. En plus de s’appuyer sur cette institution, Poutine a décidé de créer un mythe identitaire russe unificateur. Selon André Filler, professeur à l’Institut français de Géopolitique, ce mythe repose sur quatre piliers : le territoire, la mémoire, l’État et le culte de l’altérité[15].
Un territoire stratégique
Concernant le paramètre territorial, l’URSS (22 millions de kilomètres2)[16] se voit amputée de larges portions de son territoire suite à l’indépendance des anciennes républiques soviétiques[17]. Or, tout comme l’URSS, la Russie forme un continuum territorial à cheval sur l’Asie et l’Europe. Cela fait d’elle une « charnière stratégique[18] » à défendre, coûte que coûte, sur les scènes régionale et internationale.
Une histoire unificatrice
L’histoire occupe une place importante dans l’identité nationale de la Russie. Rejeter les passés tsariste et soviétique ainsi que les laborieuses premières années de transition n’est pas l’option retenue. Au contraire, Poutine en propose un récit positif dans lequel les épisodes unificateurs sont glorifiés et les ruptures minimisées, et les autorités exaltent en particulier la Deuxième Guerre mondiale. En revanche, ces mêmes autorités évitent de s’appesantir sur les précédentes campagnes de répression, telles les purges staliniennes. Dans le même ordre d’idées, le pouvoir limite la publicité autour de certaines commémorations (par exemple, le centenaire de la Révolution d’octobre 1917) susceptibles de rappeler l’opposition du peuple russe au régime en place[19]. Cette instrumentalisation de la mémoire vise à renforcer le patriotisme et l’unité nationale[20].
Un État central
La fin de l’ère soviétique implique que la Russie ne joue plus son rôle « de coordinateur et d’ordonnateur de la coexistence du même ensemble spatial », dont « la tâche [est] d’assurer l’uniformisation de l’espace impérial où ils [les Russes] servent, tout comme à l’époque tsariste mais à une échelle plus grande encore, de vecteur de l’uniformisation normative de la périphérie[21] ». Afin de pallier ce changement de paradigme, Vladimir Poutine place l’État au centre d’un nouveau modèle, fondé sur l’unité du pouvoir et du peuple russes[22]. Notons que cette approche stato-centrique se retrouve dans la Stratégie de sécurité nationale russe de 2015. La sécurité de l’État y est placée au sommet des priorités, bien avant celle de l’individu[23]. Poussant sa réflexion plus loin, Poutine s’inspire de la pensée de divers auteurs parmi lesquels Gleb Pavlovski. Ce dernier propose une vision organiciste de l’État qui donnerait naissance à un « Leader-Sauveur, juge et bourreau réunis en une seule personne, sévère mais juste, toujours à l’écoute de ses administrés (qu’il « entend » et « comprend »), toujours poursuivant des objectifs nationaux ambitieux, assez proches de ceux de l’URSS, mais libérés de l’idéologie marxiste contraignante. […] Et sous sa férule protectrice, le peuple russe à genoux se relève et se transforme de femme battue en chevalier épique (bogatyr’)[24] ».
Une double logique d’altérité
L’altérité est une autre facette de cette identité nationale. Elle se traduit notamment par la production d’un discours de différentiation vis-à-vis de l’Europe (et plus largement, de l’Ouest), à savoir l’Autre[25]. Selon le chercheur Iver Neumann, la Russie a construit un narratif à partir de sa relation conflictuelle avec l’Occident. Dans ce contexte, l’État occupe un rôle central encadrant le débat public par l’utilisation de la censure, l’investissement dans certains journaux et chaînes d’informations et la sélection des participants à ce débat. Par ce biais, il est donc en mesure d’orienter les représentations véhiculées dans le pays et au-dehors. Au cours des siècles, le Kremlin a privilégié deux représentations auxquelles la population russe peut s’identifier. Le premier modèle remonte à la période impériale. L’Empire tsariste se targuait de représenter à lui seul la « véritable Europe ». Le reste du continent européen se serait détourné, au XIXe siècle, des valeurs portées par les anciens régimes. Il aurait ensuite échoué à adopter les valeurs socialistes, à la différence de la Russie. Durant la Guerre froide, un second modèle est proposé. Il repose sur l’antagonisme systémique entre l’Est et l’Ouest, deux adversaires que tout oppose. Andrei P. Tsygankov, spécialiste de la politique étrangère russe, suggère l’existence d’un troisième modèle tiré des propos de Vladimir Poutine, qui déclare en 2005 que la Russie « était, est et sera, bien entendu, une puissance européenne majeure[26] ». Bien qu’il dise soutenir des valeurs comme la démocratie, les droits de l’homme, la justice et la liberté au même titre que l’Europe, Poutine entend conserver une liberté d’action[27], en tant que « civilisation « euro-orientale[28] » . Créé par plusieurs de ses partisans, ce terme est porteur de trois idées principales :
1) les pays euro-orientaux comme la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie partagent avec l’Europe les principes de l’économie de marché et d’une classe moyenne croissante ;
2) la stabilité politique doit être maintenue dans l’espace euro-oriental pour assurer le développement de l’économie locale et la modernisation sociale ;
3) les transformations internes aux pays de ladite zone exigent la défense de la souveraineté nationale et des ressources locales contre des tentatives d’exploitation externes.
Cette dichotomie entre le « Soi » et l’« Autre » n’empêche pourtant pas la Russie d’interagir avec divers États européens selon une logique de « conflit /coopération »[29], qui prévaut également dans les rapports entre la Russie et certaines des anciennes républiques soviétiques. Les relations russo-ukrainiennes sont à cet égard fort intéressantes : alors que la Russie considère l’Ukraine comme faisant partie du Russkiï Mir (« monde russe » [30]), le gouvernement pro-occidental de Kiev s’y oppose vivement et met ainsi en échec la doctrine poutinienne prônant l’unité du « monde russe »[31]. Elle est d’autant plus difficile à accepter que le Kremlin place l’Ukraine au centre de cet espace.
La Russie post-soviétique s’est également construite autour de son altérité vis-à-vis de l’islam. Son imaginaire sécuritaire repose sur plusieurs événements historiques, à commencer par « la plus grande calamité de l’histoire de la Russie[32] », le joug mongol entre 1237 et 1552, qui aurait, ainsi, participé à la construction de ce modèle de pensée. Pour la chercheuse Shireen Hunter, l’islamisation mongole du khanat [2] de Kiptchak (la Horde d’Or) au XIVe siècle aurait entraîné une assimilation des musulmans à des ennemis, des envahisseurs[33]. Cet épisode aurait également encouragé l’expansion russe à travers le Caucase et l’Asie centrale dès le XVIe siècle, pour contrôler ces régions majoritairement musulmanes et endiguer la menace de l’islam. Mais au XIXe siècle, les troupes tsaristes se sont heurtées à une violente résistance des combattants de l’imam Chamil dans le Nord-Caucase[34] et le bilan humain très lourd de ce conflit a marqué l’imaginaire russe. Un siècle plus tard, le Caucase du Nord a, une nouvelle fois, figuré à l’agenda des préoccupations russes avec les deux guerres de Tchétchénie (1994-1996 et 1999-2009)[35]. L’émergence de chefs islamistes locaux et leur recours aux attentats pour s’affranchir du Kremlin ont fait ressurgir les préjugés attachés à l’islam. Ce passif a développé, chez nombre de Russes ethniques, une « conscience collective monoethnique et monoculturelle[36] ».
Vladimir Poutine a cependant compris l’enjeu que représentait le soutien des régions périphériques (particulièrement, musulmanes) pour la stabilité de son pouvoir face à la baisse de popularité du parti présidentiel Russie Unie dans les grandes villes[37]. Il peut ainsi compter, par exemple, sur l’allégeance du leader tchétchène Ramzan Kadyrov qui se présente comme un de ses fervents partisans. Ces régions prennent en outre une part active dans la promotion et l’institutionnalisation des valeurs conservatrices par le gouvernement[38]. En échange d’un tel soutien, Moscou a accordé à l’islam, au même titre que l’orthodoxie, le statut de religion traditionnelle et lui a octroyé, par conséquent, des droits supplémentaires[39]. Notons, toutefois, que l’État russe souhaite conserver un certain contrôle sur l’islam pratiqué sur son territoire. C’est pourquoi il veille à assurer une éducation religieuse prônant un islam russe patriotique[40].
On observe aussi ce souci d’un rapport apaisé avec l’islam sur la scène internationale. Bien que la Russie ait pris part à la guerre globale contre le terrorisme lancée au lendemain du 11 septembre 2001[41], il apparaît que « la nouvelle approche du Kremlin repose sur la conviction implicite que la menace islamiste en Russie ne peut être combattue efficacement que par une politique de la main tendue au monde islamique. La volonté russe de conciliation avec l’Iran, le Hamas et la Syrie vise ainsi à contrebalancer les erreurs commises par les nations occidentales dans la région […] et à trouver une issue à la logique de confrontation intercivilisationnelle[42]». En agissant ainsi, la Russie souhaite également servir ses ambitions internationales puisqu’elle « a pris le parti de contrecarrer la puissance américaine en mettant en place une politique de coopération avec les pays musulmans, qui s’appuie sur les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, majoritairement musulmanes, mais aussi sur les pays du Moyen-Orient qui constituent des partenaires incontournables […][43]».
Une identité nationale forte comme levier d’influence
Une telle identité nationale vise un usage tant interne qu’externe. Chargée de rétablir « un patriotisme étatique[44]», cette identité s’inscrit également dans la volonté de Vladimir Poutine de restaurer « une Russie-grande puissance (Derjava)[45] ». La professeure Myriam Désert estime que cette ambition permet d’unir l’opinion publique russe autour d’un objectif commun , comme en témoigne cet extrait d’une déclaration citoyenne : « Qu’est-ce qui peut réunir les vrais patriotes de la Russie ? Uniquement une GRANDE IDÉE, la prise de conscience qu’il faut restaurer l’union volontaire et honnête des peuples de Russie. Voilà ce qui peut réunir tous les patriotes de Russie, qu’ils soient rouges ou blancs, de gauche ou de droite, russes par la naissance ou par l’esprit, athées ou croyants. Une union de vivants, pas de morts. Il faut arrêter de berner les Russes avec les chimères du nationalisme et de la vraie province russe, il faut restaurer dans la conscience de chaque Russe, de chaque citoyen de Russie l’esprit de grande puissance (derjavnyj dukh), la sensation d’être citoyen d’un grand pays qui doit être restauré. S’il y a un point d’intersection de toutes les forces politiques et religieuses, de toutes les composantes nationales-ethniques (natsional’nyj), ce ne peut être que le rapport à l’URSS, quel que soit le nom qu’on lui donne, Russie ou Union Soviétique, qui doit être restauré comme patrie[46] ».
II. Restaurer la grandeur et l’influence de la Russie sur la scène internationale
La chute de l’Union soviétique a profondément déstabilisé l’État russe. Après deux mandats présidentiels, Boris Eltsine – affaibli par la maladie et les problèmes judiciaires – démissionne en faveur de son dauphin Vladimir Poutine. Dès son arrivée au pouvoir, celui-ci s’emploie à redresser et à stabiliser la situation politico-économique de la Russie en plein marasme[47]. Confronté à une dépression économique, le nouveau président doit en outre faire face à un endettement important auprès de créanciers internationaux[48]. En alliant choix macroéconomiques et augmentation des exportations énergétiques, Poutine parvient finalement à restaurer les systèmes économique et politique russes. Cette tâche accomplie, il opère une « remise en cause conceptuelle[49] » de la conduite de la politique étrangère. Afin d’en cerner les tenants et aboutissants, il nous semble opportun de revenir sur la conception des relations internationales selon la Russie, les débats entourant sa nouvelle politique étrangère et les outils de sa mise en œuvre.
Les fondements de la politique étrangère russe
Après le tournant de 1991, Moscou souhaite rejoindre la communauté occidentale à tout prix. L’Ouest émet plusieurs conditions telles la révision de son indépendance stratégique et sa reconnaissance de la situation géopolitique post-soviétique. Cependant, la campagne aérienne de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de juin 1999 en Serbie pousse Moscou à revoir sa position [3]. Au risque de mettre en péril son ambition d’être traitée sur un pied d’égalité, la Russie affiche alors sa méfiance, héritée d’« une peur de l’encerclement et de l’invasion[50] » très ancienne [4], devenue syndrome de la forteresse assiégée[51]. Pour sa part, Fiodor Loukianov, politologue et rédacteur en chef de la revue Russia in Global Affairs, avance que « l’explosion de la Yougoslavie et l’élargissement de l’OTAN ont diffusé chez les Russes un sentiment d’impuissance face au remodelage de l’Europe géré par l’Occident selon ses propres critères […][52] ».
Afin de changer cet état de fait, Vladimir Poutine et ses conseillers choisissent d’orchestrer le grand retour de leur pays sur la scène internationale. Portés par une « conviction messianique[53] », ils se fixent trois objectifs : restaurer la grandeur russe, reprendre le contrôle sur l’espace ex-soviétique et faire de la Russie une puissance mondiale de premier ordre. Le multilatéralisme est invoqué, mais sans plus, car « pour la Russie, le multilatéralisme n’est pas une fin en soi, mais un instrument devant lui permettre de conserver un statut ou de retrouver de l’influence, voire de (re)devenir un pôle d’influence[54] » ; sa mise en œuvre est en fait subordonnée aux intérêts nationaux russes [5][55], et peut se traduire par une participation active aux activités des organisations régionales et internationales. Mais à terme, un monde multipolaire [6] devrait se substituer au monde unipolaire post-soviétique, organisé autour des États-Unis et dans lequel la Russie n’est qu’une puissance de seconde zone. Cette nouvelle approche est présentée au reste du monde lors de la Conférence de Munich en février 2007[56]. Fustigeant les États-Unis et l’OTAN, le président Poutine clarifie alors trois points cruciaux :
1) la Russie se relève et reprend des forces ;
2) les critiques relatives aux lacunes de la démocratie russe ne sont que des tentatives pour empêcher la Russie de prendre sa place légitime dans le monde multipolaire ;
et 3) l’Occident est faible et divisé[57].
La déclaration de Vladimir Poutine confirme, si besoin est, que les Russes sont de retour sur l’échiquier international.
Le monde académique se penche, depuis plusieurs années, sur les raisons expliquant la politique étrangère russe du XXIe siècle, et les experts se répartissent en deux camps. D’un côté, ceux qui considèrent que nous assistons à une résurgence d’une « géopolitique à l’ancienne[58]» : la Russie pratiquerait ainsi une politique révisionniste dont le but serait de renégocier le statu quo post-Guerre froide afin de reconstruire une entité semblable à l’URSS, en démantelant une par une les normes dudit statu quo plutôt que d’affronter directement l’Ouest. D’un autre côté, certains spécialistes comme Kari Roberts soutiennent que la politique étrangère de Poutine s’inscrirait plutôt dans la continuité du sens donné à l’identité russe[59], fortement conditionnée par les relations que Moscou entretient avec l’Ouest : l’Occident serait en partie responsable du comportement russe car des actions comme l’élargissement de l’Alliance atlantique constitueraient des provocations, et auraient incité la Russie à proposer une alternative au contrôle occidental des affaires européennes et plus largement internationales.
Le soft power russe comme instrument d’influence
Comme nous le verrons dans le chapitre suivant, la Russie use de son « hard power » pour se faire respecter des autres puissances et mener à bien ses projets, notamment dans son « étranger proche ». Au cours des dernières années, Moscou s’est ainsi fait remarquer par ses interventions militaires décrites comme limitées et opportunistes[60]. Parmi elles, la Géorgie en 2008 et l’Ukraine en 2014. À ces opérations militaires conventionnelles, s’ajoutent des actions de type hybride (entre autres, des cyberattaques et des campagnes de désinformation) menées, par exemple, dans les pays Baltes[61] [7]. Mais il faut également compter avec la diplomatie publique/culturelle russe (« soft power ») active à travers le monde[62]. Considérée comme un « outil intentionnel de politique étrangère pour atteindre certains objectifs » au même titre que les interventions militaires et « une extension de la diplomatie traditionnelle[63] », cette diplomatie s’appuie sur un éventail d’instruments d’action parmi lesquels les agences culturelles[64].
Selon la spécialiste Marlène Laruelle, le soft power russe s’articule autour de deux axes diplomatiques publics : un premier dit classique dirigé par des instances étatiques et un autre par des acteurs para-étatiques (fondations, célébrités, oligarques et médias tels Russia Today et Sputnik) étroitement liés aux institutions gouvernementales[65]. Ces acteurs para-étatiques agiraient, toutefois, de façon relativement autonome. Leur mission commune est de promouvoir une image positive de la Russie à l’étranger en usant du micro-ciblage [8]. Pour y parvenir, ces divers acteurs s’appuient sur quatre aspects : l’histoire et la culture de la Russie, son héritage soviétique, son statut de « joker » sur la scène internationale ainsi que sa gouvernance et son idéologie politique actuelles. La stratégie consistant à mettre en avant l’histoire et la culture russes cible prioritairement les Russes établis à l’étranger. Ceux vivant dans « l’étranger proche » peuvent choisir d’être rapatriés (via le programme d’État dédié aux compatriotes, lancé en 2006) ou de demeurer dans leur pays d’accueil où ils bénéficient d’un soutien culturel (et politique) du gouvernement. Pour les Russes installés ailleurs (Europe, Amérique, etc.), les choses sont quelque peu différentes : le lien avec leur pays d’origine étant plus distendu, ils sont encouragés à cultiver leur « russité[66] » en investissant en Russie et en participant à des activités culturelles[67]. La Fondation Russkiï Mir, l’Agence fédérale pour la Communauté des États indépendants, le secteur de la coopération humanitaire internationale (Rossotrudnitčestvo) et la diaspora russe (qualifiée de « compatriotes[68] ») occupent un rôle non négligeable dans cette stratégie.
L’Ukraine a notamment été concernée par cette dernière, en particulier les populations de Crimée et de l’Est du pays où les fondations et médias russes véhiculent, depuis des années, l’idée qu’elles font partie du « monde russe »[69]. À noter que « durant toutes les années d’indépendance de l’Ukraine, l’Église orthodoxe d’Ukraine du patriarcat de Moscou (EOU-PM) a été utilisée par les dirigeants russes comme un instrument d’influence et de propagande[70] » visant à y renforcer l’influence russe. L’Église orthodoxe russe a ainsi pour mission de créer un « sentiment religieux fraternel[71] » parmi les populations orthodoxes ; elle use en outre d’un discours légitimant la politique étrangère russe. Pour illustrer notre propos, nous pouvons faire référence à l’intervention russe au Moyen-Orient qualifiée par l’archiprêtre Vsevolod Tchapline, ancien directeur du département synodal pour la coopération entre l’Église orthodoxe russe et la société, de guerre sainte[72]. Ce type de discours a aussi pour avantage de donner une dimension spirituelle aux opérations militaires russes au Moyen-Orient.
L’héritage soviétique est un autre aspect instrumentalisé par le Kremlin pour développer son soft power. Il s’agit de rétablir le contact avec des mouvements de gauche. En Europe, cela concerne notamment Die Linke (Allemagne) et La France insoumise (France). Toutefois, Marlène Laruelle nuance l’efficacité de la manœuvre : Moscou et la gauche européenne partagent des avis similaires sur certains sujets (hostilité vis-à-vis de l’OTAN et rejet du développement néolibéral de l’Union européenne au mépris des États-nations), mais leurs points de vue divergent sur les questions sociétales. Alors que la gauche occidentale est favorable à des avancées en la matière, ce n’est pas le cas de la Russie avec son « conservatisme moral[73] ». Quant à la figure de « joker » ou de « franc-tireur[74] » de la Russie sur la scène internationale, centrale dans la culture soviétique et plus tard russe, elle permet à Moscou de se positionner sur l’échiquier mondial. Le professeur Viatcheslav Morozov estime que « la Russie n’a pas la capacité de transformer le système international dominé par l’Occident. Le déstabiliser de l’intérieur est plus abordable et répond à la fois à ses préoccupations sécuritaires et à sa volonté d’asseoir son statut[75] ». En outre, nombre de Russes sont convaincus que « la démocratie libérale ne parvient pas à garantir l’ordre social, et que l’ordre mondial libéral n’est ni juste, égalitaire ou authentiquement universaliste[76] ». Enfin, l’idéologie portée par le Kremlin repose sur le conservatisme moral, le souverainisme et les valeurs illibérales[77]. En prônant les valeurs traditionnelles de la famille (notamment, lors de sa campagne présidentielle de 2012)[78], Vladimir Poutine est parvenu à obtenir le soutien de l’Église orthodoxe de Russie et de milieux conservateurs – parfois puissants – à travers le monde. Dans un autre registre, le concept de souverainisme conteste le système mondial dominé par les États-Unis et défend la souveraineté nationale en rejetant les institutions supranationales : le modèle de l’État-nation serait le seul à offrir aux citoyens la possibilité d’exprimer leurs souhaits par voie électorale. Dans le domaine économique, le protectionnisme a les faveurs poutiniennes. Avec une vision essentialiste de la nation, le souverainisme porte également l’idée que le multiculturalisme et les droits des minorités sont contraires aux valeurs « authentiques » de l’Europe[79]. Les nationaux l’emportent sur les minorités, réduites à un statut de citoyens de seconde catégorie, et diverses discriminations affectent nombre de minorités en Russie notamment religieuses. En 2017, des parlementaires du Conseil de l’Europe ont dénoncé cet état de fait dans une déclaration commune selon laquelle « des mouvements évangélistes, luthériens, baptistes, pentecôtistes, méthodistes, presbytériens, musulmans, hindous, bouddhistes et scientologues, ainsi que d’autres, ont été visés. Certains de leurs membres ont été soumis à une mesure de détention provisoire, sur la base de la loi de 2002 relative à l’extrémisme, alors qu’en réalité ils sont détenus simplement pour leurs activités et convictions religieuses pacifiques[80] ». Enfin, l’établissement croissant de régimes illibéraux ou autoritaires donne à Moscou – partisan de ce type de gouvernance – l’opportunité de leur proposer divers services comme des investissements locaux et l’envoi de matériel et de conseillers militaires.
La Russie dans son « étranger proche » : son potentiel militaire en action
Les « petites guerres victorieuses » [9] font partie des instruments de la stratégie déployée par le Kremlin pour imposer la nouvelle conception de son identité. Elles lui permettent, entre autres, de détourner l’attention des citoyens des problèmes que rencontre l’État russe en interne et d’asseoir son autorité face à l’Occident. Cette stratégie à des fins multiples semble avoir été mise en œuvre à plusieurs reprises au cours des dernières années.
C’est le cas, par exemple, en Abkhazie, région séparatiste de Géorgie. Ses velléités indépendantistes provoquent l’éclatement d’un conflit opposant le pouvoir central géorgien et les Abkhazes entre 1992 et 1993, avec la participation du voisin russe favorable, officieusement, à l’indépendance abkhaze. Outre les fournitures de matériel militaire, la Russie compte plusieurs ressortissants parmi les combattants du côté abkhaze[81]. L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch rapporte ainsi que de nombreux Russes (notamment des Tchétchènes) – sans aucun lien apparent avec la Géorgie ou l’Abkhazie – prennent part aux combats[82]. Selon plusieurs témoignages, un nombre non négligeable d’entre eux seraient des combattants entraînés et rémunérés par Moscou. Après des affrontements meurtriers et l’exode de près de 250 000 Géorgiens, un cessez-le-feu est signé en 1994[83]. Le conflit reprend en août 2008 et s’étend à l’Ossétie du Sud, et la Russie reconnaît alors la souveraineté de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud malgré l’opposition de Tbilissi[84]. Cette décision a pour avantage de permettre Vladimir Poutine de justifier le maintien de ses troupes sur le sol de ces États indépendants de facto, ce qui lui permet tout à la fois d’assurer la surveillance des activités de rebelles tchétchènes et d’empêcher la Géorgie de rejoindre les rangs de l’OTAN[85]. Alors que le processus de règlement avec la Serbie, certes incomplet, avait donné lieu à six ans de laborieuses négociations avec la participation de Moscou, le professeur Pierre Jolicoeur estime pour sa part que « l’intervention russe en Géorgie est clairement une réplique à l’affront du Kosovo : si le Kosovo peut déclarer son indépendance avec l’aval des pays occidentaux, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie peuvent à leur tour déclarer leur indépendance en bénéficiant du soutien russe. Toute contestation de la part des pays occidentaux ne peut que mettre en évidence le double discours de ces derniers[86] ». Quelques années plus tard, c’est au tour de l’Ukraine d’être confrontée à la Russie. En 2014, cette dernière envahit et annexe la péninsule criméenne[87]. À cela s’ajoute son soutien militaire aux forces séparatistes pro-russes du Donbass, qui se proclament « Républiques populaires de Donetsk et Lougansk ».
Ces deux interventions ont un point commun des plus dérangeants, à savoir l’argument de la défense des populations russes et russophones menacées de répression[88], qui suscite de nombreux doutes. D’autres explications voient progressivement le jour : la volonté de la Géorgie et l’Ukraine de s’éloigner de Moscou en entamant un rapprochement avec l’Ouest, et la promesse reçue, au sommet de Bucarest de mai 2008, de pouvoir adhérer un jour à l’Alliance atlantique. Cette nouvelle attitude de Moscou sonne le glas de son assentiment vis-à-vis de la politique otanienne de la « porte ouverte » [10][89] ; il s’agit de « tenter d’enrayer l’affaiblissement de ses positions et défendre ses intérêts dans ce qu’elle considère être sa sphère d’influence [l’ex-espace soviétique][90] », d’après la spécialiste Anne de Tinguy. Pour ce faire, Pierre Jolicoeur estime que Poutine « […] doit accomplir deux tâches. Il doit restaurer la crédibilité de l’armée russe comme force de combat, du moins à l’échelle régionale, et prouver aux États de « l’étranger proche élargi » [11] que les garanties de sécurité occidentales, même celles offertes par l’OTAN, ne signifient rien face à la puissance de la Russie[91] ». En conséquence, « la Russie est désormais prête à peser de tout son poids sur ses partenaires[92] », faisant craindre le pire aux pays concernés, en particulier ceux abritant des minorités russes et russophones ou des bases militaires russes sur leur territoire, ou encore ceux pris au piège de la dépendance énergétique.
Conclusion
Le bouleversement historique de décembre 1991 contraint la Russie à définir une nouvelle identité nationale. Face à une société ébranlée par les ruptures inhérentes à la chute du régime soviétique, le président Poutine propose une identité nationale neuve[93]. Bien qu’elle ne guérisse pas les blessures du passé, cette identité vise à unifier les Russes autour d’une histoire, d’une culture, de valeurs et d’ambitions communes. Parmi elles, nous retrouvons la volonté poutinienne de restaurer le statut de grande puissance de la Russie sur la scène internationale. Cet objectif prend les allures d’une promesse que le président n’hésite pas à réitérer lors de sa prestation de serment de 2018 : « Je ferai tout pour augmenter la puissance, la prospérité et la gloire de la Russie[94] ». Dès lors, tous les moyens – qu’ils soient politiques, économiques, militaires, culturels, religieux ou diplomatiques – sont susceptibles d’être mobilisés pour faire de cette aspiration une réalité.
Notes
[1] Évolutif, le concept d’« étranger proche » fait partie des principes caractérisant la diplomatie russe, en particulier entre la fin des années 1990 et le début des années 2000. Ce terme se réfère aux pays que la Russie considère comme de « faux » étrangers puisqu’elle entretient d’importants liens historiques, politiques, sociaux, culturels et économiques avec eux. Il se compose de 14 anciennes républiques soviétiques.
[2] Région dirigée par un khan (chef suprême tribal nommé par ses guerriers).
[3] Le Kremlin s’est fermement opposé à cette intervention. Toutefois, son refus n’a pas été pris en compte par l’Alliance atlantique.
[4] La Russie a subi plusieurs invasions à travers son histoire. Parmi elles, on compte l’invasion des troupes mongoles au XIIIe siècle, la campagne de Russie de Napoléon 1er en 1812 et l’opération « Barbarossa » lancée par l’Allemagne nazie le 22 juin 1941.
[5] Sa souveraineté nationale ne pourra jamais être attaquée et aucune forme d’ingérence – qu’elle soit politique, judiciaire ou humanitaire – ne sera tolérée.
[6] Vladimir Poutine présente l’avènement de la multipolarité comme l’opportunité de créer un nouveau système mondial basé sur la coopération et le respect mutuel. L’idée est de convaincre le reste du monde que la Russie est un partenaire raisonnable et fiable.
[7] Après des cyberattaques dirigées contre les institutions gouvernementales baltes, les provocations russes à leur encontre n’ont cessé de s’intensifier. À tel point qu’en 2014, l’OTAN a décidé d’élaborer une stratégie de dissuasion sur son flanc est en réponse à l’hostilité russe. Ces interventions semblent s’inscrire dans l’actuelle doctrine stratégique de la Fédération de Russie, connue sous le nom de « doctrine Gerasimov » (du nom du chef de la Défense russe, le Général Valery Gerasimov).
[8] Tactique de marketing. Dans le cas présent, cette méthode consiste à identifier les publics susceptibles d’être réceptifs aux discours russes et à s’adresser directement à ces groupes.
[9] Traduction de l’expression traditionnelle russe désignant un conflit militaire externe qui détourne l’attention de l’électorat des problèmes internes. Elle a été utilisée pour la première fois en janvier 1904 par Viatcheslav Plehve, ministre de l’Intérieur de l`Empire tsariste.
[10] La stratégie de la « porte ouverte » repose sur l’idée que l’OTAN autorise l’entrée de nouvelles démocraties dont l’adhésion servirait les intérêts otaniens.
[11] L’« étranger proche élargi » englobe 14 anciennes républiques soviétiques et les ex-États satellites d’Europe orientale et centrale.
Sources
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[4] LIKHACHEVA A., MAKAROV I. et MAKAROVA E., “Post-Soviet Russian identity and its influence on European-Russian relations”, European Journal of Futures Research, n° 4, 2015, numéros de page non communiqués.
[5] DUSOULIER Amandine, « Le « retour » de la Russie en Afrique subsaharienne : sécurité et défense au service de la politique étrangère de Vladimir Poutine », Institut Royal Supérieur de Défense, Focus Paper n° 39, juillet 2019, pp. 5-10.
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[9] BRET Cyrille, « L’Église orthodoxe est un « levier d’influence » qui sert Vladimir Poutine dans sa « stratégie de division de l’Europe », Franceinfo, 18 octobre 2018.
[10] MARKOVA Maria, “The Political Use of Soviet Nostalgia to Develop a Russian National Identity”, E-International Relations, juin 2020, p. 1.
[11] Ibidem.
[12] LOUKIANOV Fiodor, « La Russie, une puissance révisionniste ? », Politique étrangère, vol. 2, été 2015, p. 11.
[13] HAMANT Yves, « Le nouveau rôle de l’Église orthodoxe russe », La Revue russe, n° 11, 1997, p. 29.
[14] BRET Cyrille, op.cit.
[15] FILLER, André, « L’identité nationale russe : anatomie d’une représentation », Hérodote, n° 138, troisième trimestre 2010, pp. 94-108.
[16] FACON Isabelle, Russie : les chemins de la puissance, Paris, Artège, 2010, p. 52.
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[18] GOMART Thomas, « Politique étrangère russe : l’étrange inconstance », Politique étrangère, vol. 5, 2007, p. 55.
[19] KASTOUÉVA-JEAN Tatiana, KONKKA Olga, KOPOSOV Nikolaï et al., « Mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans la Russie actuelle », Ifri (Russie.Nei.Reports), n° 31, juin 2020, p. 11.
[20] Ibid., p .10.
[21] FILLER, André, loc.cit., pp. 98-99.
[22] Ibid., p. 106.
[23] SHCHELIN Pavel, “Russian National Security Strategy: Regime Security and Elite’s Struggle for ‘Great Power’Status”, Slovo, vol. 28, n° 2, printemps 2016, p. 86.
[24] FILLER, André, loc.cit., p. 104.
[25] RESENDE Erica, “The identity/alterity nexus in international relations: two cases of encounter with difference”, Revue Civitas, août 2020, pp. 239-241.
[26] POUTINE Vladimir, Discours intitulé « Annual Address to the Federal Assembly of the Russian Federation », Kremlin (Moscou), 25 avril 2005.
[27] GOMART Thomas, loc.cit., p. 53.
[28] TSYGANKOV Andrei P., “Self and Other in International Relations Theory: Learning from Russian Civilizational Debates”, International Studies Review, vol. 10, n° 4, décembre 2008, p. 772.
[29] NITOIU Cristian, “Still entrenched in the conflict/cooperation dichotomy? EU-Russia relations and the Ukraine crisis”, European Politics and Society, vol. 18, n° 2, 2017, p. 148.
[30] DOLYA Anna, « L’Église orthodoxe russe au service du Kremlin », Revue Défense nationale, n° 5, 2015, p. 75.
[31] KUZIO Taras, “Five reasons why Ukraine rejected Vladimir Putin’s “Russian World” ”, Atlantic Council, 26 mars 2021.
[32] COURCHESNE Catherine, « La double identité nationale russe envers l’islam et ses incidences sur la politique internationale de la Fédération de Russie » (mémoire), Université de Québec à Montréal, mai 2008, p. 2.
[33] HUNTER Shireen, Islam in Russia, Qantara.de, 3 août 2006.
[34] DUSOULIER Amandine, « Revendications nationales et islamisme en Tchétchénie », Observatoire Pharos, 22 janvier 2021.
[35] HALBACH Uwe, “Islam in the North Caucasus”, Islam et politique dans le monde (ex-)communiste, n° 115, juillet-septembre 2001, numéros de page non communiqués et DUSOULIER, Amandine, loc.cit., 22 janvier 2021.
[36] COURCHESNE Catherine, op.cit., p. 21.
[37] LARUELLE Marlène, « L’islam de Russie Équilibrer sécurisation et intégration », Ifri (Russie.Nei.Visions), décembre 2021, pp. 20-21.
[38] Ibid., p. 21.
[39] Ibid., 23.
[40] LARUELLE Marlène, loc.cit., pp. 25-26.
[41] POKALOVA Elena, Intervention lors d’une conférence intitulée « Russia’s War against Terror: the North Caucasus and Beyond », Woodrow Wilson Center (Washington D.C.), 5 octobre 2015.
[42] TSYGANKOV Andrei P., « La Russie et le Moyen-Orient : entre islamisme et occidentalisme », Politique étrangère, vol. 1, printemps 2013, p. 87.
[43] HILGEMANN Fred, « La Russie soigne ses musulmans », Regard sur l’Est, 15 janvier 2008.
[44] DESERT Myriam, « Être patriote dans la Russie postsoviétique », Critique internationale, n° 58, 1er trimestre 2013, p. 53.
[45] Ibid., p. 70.
[46] DESERT Myriam, loc.cit., p. 70.
[47] RUCKER Laurent, « La politique étrangère russe », Le Courrier des Pays de l’Est, n° 1038, septembre 2003, p. 24.
[48] GOMART Thomas, loc.cit., p. 54.
[49] RUCKER Laurent, loc.cit., p. 25.
[50] GOMART Thomas, loc.cit., p. 53.
[51] FACON Isabelle, op.cit., p. 53.
[52] LOUKIANOV Fiodor, loc.cit., p. 14.
[53] FACON Isabelle, op.cit., p. 54.
[54] RUCKER Laurent, loc.cit., p. 26.
[55] RUCKER Laurent, loc.cit., p. 28.
[56] POUTINE Vladimir, Discours prononcé à l’occasion de la Conférence sur la sécurité de Munich, Munich, 10 février 2007.
[57] BAEV Pavel K., “Tenth Anniversary of Putin’s Munich Speech: A Commitment to Failure”, Eurasia Daily Monitor, vol. 14, n° 17, numéros de page non communiqués.
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[65] LARUELLE Marlène, « Soft power russe. Sources, cibles et canaux d’influence », Ifri (Russie.Nei.Visions), n° 122, avril 2021, pp. 5-6 et DOUGHERTY Jill, “Russia’s “Soft Power” Strategy” (mémoire), Georgetown University, novembre 2013, 111 p.
[66] LARUELLE Marlène, loc.cit., p. 15.
[67] Ibidem.
[68] DOUGHERTY Jill, loc.cit., p. 42.
[69] DOLYA Anna, loc.cit., p. 75.
[70] Ibid., p. 76.
[71] LARUELLE Marlène, loc.cit., p. 15.
[72] ARMSTRONG, Martin, « Implication de la Russie en Syrie : un acte approuvé religieusement », Middle East Eye, 13 octobre 2015.
[73] LARUELLE Marlène, loc.cit., p. 6.
[74] Ibid., p. 19.
[75] MOROZOV Viatcheslav, “Why Russia’s Strategic Deception Is Popular: The Cultural Appeal of the Trickster”, PONARS Eurasia Policy Memo, n° 554, décembre 2018, numéros de page non communiqués.
[76] LARUELLE Marlène, loc.cit., p. 19.
[77] Ibid., p. 16.
[78] LIIK Kadri, “What does Russia want?”, European Council on Foreign Relations, 26 mai 2017.
[79] LARUELLE, Marlène, op.cit., p. 18.
[80] European Interreligious Forum For Religious Freedom, « Des parlementaires de 14 pays demandent à la Russie de protéger les minorités religieuses », European Interreligious Forum For Religious Freedom, 13 octobre 2017.
[81] JOLICOEUR Pierre, « L’Abkhazie à nouveau dans la tourmente », Points de mire (Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité), vol. 2, n° 8, octobre 2001, p. 1.
[82] JOLICOEUR Pierre, loc.cit., 2001, p. 1 et Human Rights Watch, “Georgia/Abkhazia: Violations of the Laws of War and Russia’s Role in the Conflict”, Human Rights Watch Arms Project, vol. 7, n° 7, mars 1995, p. 50.
[83] Human Rights Watch, loc.cit., p. 43.
[84] THOREZ Julien, « Géorgie-Ossétie-Russie. Une guerre à toutes les échelles », EchoGéo (Sur le Vif), février 2019, p. 3.
[85] JOLICOEUR Pierre, loc.cit., 2001, p. 2.
[86] JOLICOEUR Pierre, « L’intervention russe en Géorgie et le jeu d’équilibre des puissances », Points de mire (Centre d’études des politiques étrangères et de sécurité), vol. 9, n° 7, septembre 2008, p. 2.
[87] ARMANDON Emmanuelle, « L’annexion de la Crimée par la Russie : un premier bilan », Annuaire français de Relations internationales, vol. 16, 2015, p. 219.
[88] Ibidem.
[89] ASMUS Ronald D., op.cit., p. 115.
[90] DE TINGUY Anne, « La Russie et le monde : les ondes de choc de la crise en Ukraine », Annuaire français de Relations internationales, vol. 16, 2015, p. 136.
[91] JOLICOEUR Pierre, loc.cit., 2008, p. 2.
[92] DE TINGUY Anne, loc.cit., p. 136.
[93] GEIFMAN Anna et TEPER Yuri, « Russia’s New National Identity under Putin’s Regime », The Begin-Sadat Center for Strategic Studies, 29 décembre 2014.
[94] AFP, « 4e mandat pour Poutine, qui vient de prêter serment au Kremlin », La Libre, 7 mai 2018.