Fiche récapitulative
- Public : à partir des études supérieures - Pays concerné : France - Thématiques : Cohésion sociale |
Jérôme Fourquet est analyste politique, expert en géographie électorale et directeur du département opinion à l’IFOP (Institut d’étude opinion et marketing).
L’essai dresse le constat du phénomène d’« archipelisation » de la société française, soit un processus de dislocation de grands liens matriciels ferments de la cohésion sociale française. L’axe principal qui structurait la France jusqu’aux années 1970 se délite avec l’étiolement de la matrice catholique et socialiste républicaine. L’essai fait l’analyse de ce phénomène en se penchant sur la mutation du système de valeurs des Français. L’archipelisation remet en question le mythe d’une nation unie et indivisible sans communautés distinctes au sein d’une même société. L’auteur décrit plusieurs phénomènes qui participent à ce processus : l’affaiblissement de l’Église catholique comme force structurante, détricotage du maillage culturel de la gauche sociale, la sécession des élites, l’affirmation de certains groupes ethnoreligieux comme communautés culturelles distinctes, la réémergence des particularismes régionaux, la persistance de particularités culturelles issues de l’immigration, la raréfaction des lieux de brassage sociaux, l’autonomisation des catholiques par rapport au reste de la société.
L’essai s’appuie sur l’analyse de données statistiques issues notamment de la base de données de l’IFOP et les données départementales de l’INSEE, avec de nombreux sondages, cartographies, anthroponymies, monographies de terrain.
Le livre interroge le mode de vivre-ensemble interculturel dans une société nominalement laïque. Il aborde la question du pluralisme sous l’angle du questionnement et sur le décalage du modèle sociétal projeté par l’idéal républicain, soit le rassemblement autour de valeurs civiques et l’évolution culturelle réelle de la cohésion sociale française désormais marquée par un caractère plus profondément multiculturel.
Les données statistiques mises à la disposition du lecteur permettent à celui-ci de suivre aisément les phénomènes censés témoigner d’une fragmentation de la société d’un point de vue holistique tels que l’endogamie ou la survivance de prénoms à consonance étrangère. Le livre permet ainsi une revue efficace des évènements passés des dernières décennies. Cependant, l’ouvrage se voulant apolitique, l’auteur se refuse à attribuer quelques conséquences potentielles aux mutations qu’il observe que celles-ci soient positives ou non.
Les Révolutions françaises, 1962-2017 de Jean-François Sirinelli consacré aux tendances systémiques politiques, morales ou technologiques qui ont modelé la France d’aujourd’hui permet de prendre de la distance par rapport aux phénomènes de société observés dans l’Archipel français et de remettre celles-ci en contexte.
Par Léonard Martorello.