La vie devant soi

La vie devant soi
Auteur: Romain GARY
Publication: 1975
Pays: France
Pages: 273
Editeur: Folio
Langue: Français
Compte rendu de l'oeuvre:

La vie devant soi

Fiche récapitulative

-          Public : Tout public

-          Pays concerné : France

-          Thématique : Racisme

 

L'auteur

Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, est né à Vilnius en 1914 et est arrivé en France à l’âge de 14 ans avec sa mère. Il a fait des études de droit à Paris et s’est engagé en 1938 dans l’aviation. En juin 1940 il rejoint les Forces aériennes françaises libres et prend le pseudonyme Gary comme nom de résistant. Il est décoré chevalier de la Légion d’honneur à la fin de la guerre et commence une carrière diplomatique. Il publie alors son premier roman, L’éducation européenne, et continue de publier jusqu’à sa mort. Il reçoit le Prix Goncourt pour Les racines du ciel en 1956 et, deux décennies plus tard, en 1975, il reçoit un deuxième Goncourt pour La vie devant soi, sous le pseudonyme Emile Ajar. L’œuvre de Romain Gary est particulièrement marquée par les souvenirs de la Seconde Guerre mondiale et du génocide juif, mais également par la quête d’identité.

 

Résumé

La vie devant soi, publié sous le pseudonyme Emile Ajar, touche à ces thématiques. Le roman est écrit à la première personne : Momo, jeune maghrébin âgé de 14 ans, y raconte sa vie, au cœur de Belleville, chez Madame Rosa, une vieille femme juive, malade, qu’il accompagne jusqu'à la fin de sa vie. Cette dernière a connu Auschwitz, puis, à Paris, s’est prostituée et a ensuite ouvert une pension clandestine destinée à recevoir les enfants de prostituées qui ne pouvaient s’en occuper. Momo est l’un d’entre eux mais ses parents sont absents, ne reviennent pas le chercher, et il reste chez Madame Rosa plus longtemps que les autres. Il nous fait part de son quotidien dans un quartier particulièrement cosmopolite, de sa relation avec Madame Rosa et avec les voisins et autres personnages du quartier.

 

Approche du pluralisme culturel et religieux

Cet ouvrage traite avec humour et dans une langue particulièrement belle la question du pluralisme culturel et religieux. Le point de vue narratif choisi permet d’exposer de manière naïve et tendre des considérations parfois violentes ou des réalités abruptes. Tout d’abord, l’environnement géographique témoigne d’un pluralisme paisible. Momo nous explique au début du roman qu’ « il y avait beaucoup d’autres Juifs, Arabes et Noirs à Belleville » et la suite du texte fait état d’une solidarité et d’échanges culturels entre les communautés: on fait ainsi appel à Monsieur Waloumba et à des rites camerounais pour aider Madame Rosa à chasser les mauvais esprits.

La relation entre Momo et Madame Rosa, au centre du roman, fait état de ce pluralisme : Madame Rosa élève Momo en musulman, l’oblige à faire le ramadan et l’incite à lire le Coran, tandis que Momo aide Rosa à se cacher dans « son trou juif » et déploie ses forces pour organiser un voyage en Israël pour elle. Les personnages secondaires du roman sont également particulièrement intéressants et souvent présentés au prisme de leur identité plurielle, à l’instar de Monsieur Hamil qui apprend à Momo l’arabe, à lire le Coran, lui parle des Saints musulmans et qui connaît également parfaitement l’œuvre de Victor Hugo. Il finit, en vieillissant, par confondre le Coran et Les Misérables : « il les connaissait par cœur en petits bouts et il parlait comme on respire mais en faisant des mélanges ».

 

Pour aller plus loin

Si l’écriture d’Emile Ajar et les thèmes abordés dans La vie devant soi vous plaisent, la lecture de L’Angoisse du roi Salomon, qui évoque la rencontre entre Jean, un jeune chauffeur de taxi, et Salomon, un vieil homme juif qui héberge chez lui l’association « SOS Bénévole », devrait vous faire vibrer également.

Par Louise Sineux

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