Les personnages de Bir Baskadir : une incarnation de la diversité turque
La série Bir Baskadir a connu un succès fulgurant en Turquie comme à l’étranger dès sa sortie en 2020. Les épisodes nous emmènent dans une société stambouliote multiforme où les destins d’une dizaine de personnages aux antipodes les uns des autres sont intimement liés. Bien que centrée sur Istanbul, la série représente plus largement les défis sociétaux auxquels fait face la Turquie tout entière. Article à retrouvé dans le dossier cinéma !
Grâce à une grande variété de personnages, la série Bir Baskadir transporte les spectateurs dans une société turque plurielle sur les plans religieux et social, et rappelle la singularité d’une Turquie immense et complexe. Le titre de la série est évocateur puisqu’il fait écho à la chanson populaire d’Ayten Alpman « Memleketim » avec les paroles « Bir baskadir memleketim » qui signifient « Ma patrie est unique en son genre ». La chanson fait allusion aux différents coups d’État militaires qui ont rythmé l’histoire du pays.
Meryem, symbole d’idées conservatrices
Le premier épisode de la série introduit le personnage principal, Meryem, une femme pieuse et dévouée. Elle travaille en tant que femme de ménage et prend soin de son frère autoritaire et de sa famille. Meryem consulte Péri, une psychiatre, pour obtenir de l’aide concernant ses évanouissements récurrents, qui surviennent chaque fois que le mot « mariage » est mentionné. La première séance de thérapie révèle une Meryem mal à l’aise, face à cet exercice absolument nouveau pour elle. Ni son environnement, ni son entourage ne l’ont jamais encouragée à échanger à propos de ses propres émotions, surtout auprès d’une inconnue.
Un monde régi par la religion et les traditions
Au fil de la séance, qui occupe une grande partie du premier épisode, il apparaît que Meryem vit dans un monde régi par la religion et les traditions. Elle utilise un vocabulaire religieux, tel que « que Dieu le protège » ou « descendant du Prophète », et croit en la destinée plutôt qu’en sa propre volonté : « C’est le destin qui décidera ». Influencée par les mœurs religieuses, le mariage reste, pour elle, un objectif que toutes les femmes rêvent d’atteindre. À l’inverse, les relations éphémères et leurs conséquences lui paraissent scandaleuses. Cet échange démontre l’importance du mariage et de l’engagement au sein des familles turques les plus pieuses, même s’il s’agit également dans la plupart des familles laïques, du seul moyen acceptable de vivre avec son conjoint et de quitter le nid familial.
Un univers dominé par les hommes
Une autre dimension frappante de la vie de Meryem est qu’elle évolue dans un monde dominé par les hommes. Elle vit sous l’autorité de son frère Yasin, s’occupe de sa famille à temps plein : elle cuisine, fait le ménage, joue le rôle de soutien psychologique auprès de sa belle-sœur. La jeune femme ne proteste pas face aux ordres et aux menaces proférés par son frère. Elle trouve néanmoins un espace d’émancipation grâce à son travail de femme de ménage chez Sinan. Ce dernier semble n’avoir que très peu de considération pour elle. Il lui permet toutefois de sortir de son rôle de femme au foyer et de gagner son propre revenu.
Une troisième figure masculine entérine la mainmise des hommes sur sa vie : le hodja, figure religieuse qui exerce une grande influence sur le village où vit Meryem. Forcée par son frère, cette dernière doit se confier au hodja à propos des différents aspects de sa vie, parfois à contrecœur. Elle devra ainsi s’ouvrir sur l’une de ses rares activités par laquelle elle exerce une sorte de liberté : les séances de psychiatrie avec Péri.
En somme, l’existence de Meryem questionne la place des femmes au foyer dans la société turque. Par quel biais peuventelles espérer s’émanciper quand la société dans laquelle elles évoluent ne leur laisse pas le choix et la possibilité de le faire ? La série apporte une réponse puisque, au long des épisodes, il est donné au spectateur de suivre l’émancipation progressive de Meryem. Elle devient plus autonome, maîtresse de ses choix, et moins influencée par les figures masculines dominantes.
Peri, une femme libérée profondément sceptique vis-à-vis du religieux
En contraste avec Meryem, se dresse un personnage totalement opposé : la psychiatre Peri. Son personnage est froid et tiré à quatre épingles. La première séance de thérapie pose les bases de la série, révélant une pluralité de points de vue entre les deux femmes sur des sujets aussi controversés que la religion, le statut social et les figures au pouvoir.
Une fracture entre religieux et laïcs
Péri est riche, éduquée, attachée à la laïcité. Elle habite dans l’hyper-centre d’Istanbul, tandis que Meryem vit dans une banlieue reculée. Rapidement, Peri montre des signes de condescendance lorsque Meryem évoque le hodja. Le spectateur perçoit ici une première fracture entre religieux et laïcs au sein de la société turque. La suite de la série confirme cette impression. En effet, Peri a elle-même recours à une psychiatre pour faire face à sa colère et son incompréhension envers les femmes religieuses et voilées comme Meryem : « Je ne peux pas les comprendre », dit-elle.
Elle prend progressivement conscience de ses propres ressentiments à l’égard des femmes voilées en Turquie. Ainsi, dans le deuxième épisode, elle révèle avoir refusé de poursuivre une thérapie avec une patiente voilée l’année précédente, et envisage également de mettre fin à la thérapie de Meryem en raison d’un « contre-transfert ». Partie étudier à l’étranger, elle mentionne son choc culturel lors de son retour en Turquie, en évoquant les 20 ans de pouvoir du parti politique (AKP) en place. Elle se montre intolérante envers les religieux, déclarant que « ces gens sont fous », et considère les femmes voilées comme anormales.
La série joue finement avec les interdits puisque Péri critique le pouvoir de manière subtile sans nommer concrètement une quelconque personnalité politique. La mère de Péri partage cette désapprobation avec dédain : « C’est la nouvelle mode, toutes les soirées sont remplies de femmes voilées ». Elle critique sans vergogne la femme de ménage voilée travaillant chez eux. Elle l’appelle par exemple par le prénom de la précédente femme de ménage, voilée elle aussi. Le spectateur comprend peu à peu que les réactions de Péri ne sont que le miroir des réactions brutales de sa mère. Le positionnement de Péri et de sa mère à propos du port du voile rejoint les débats brûlants au sein de la société turque.
En 1976, l’autorisation pour les filles d’étudier dans les écoles religieuses Imam Hatip, initialement réservées aux hommes souhaitant devenir imam, a mis le port du voile au centre du débat. 8 ans plus tard, des revendications de la population conduisent à l’autorisation tion du voile, jusqu’ici totalement interdit, au sein des universités par décision du Conseil national des universités. En 1998, un nouveau décret vient interdire le voile sur les campus universitaires.
En 2010, l’AKP déjà au pouvoir depuis 2002 bannit cette interdiction. L’année 2013 marque l’entrée du voile au Parlement, et les premières députées voilées entrent dans l’hémicycle. L’année 2016 voit l’autorisation du port du voile au sein de la police, suivie d’un véritable tournant le 22 février 2017 : les femmes peuvent désormais porter le foulard islamique dans l’armée — bastion emblématique de la laïcité voulue par Mustafa Kemal. Ces tergiversations révèlent la complexité de la laïcité turque et mettent en évidence les tensions entre islamistes et kémalistes dans le pays.
Les sœurs ennemies
Les croyances et les idées de Gülbin et de sa sœur Gülan, deux autres personnages de la série sont en opposition. Gülbin incarne la femme émancipée et laïque. Elle fréquente Sinan, l’employeur de Meryem, sans chercher à construire une relation durable avec lui. Sa sœur, Gülan, est quant à elle présentée comme une bourgeoise de l’AKP (parti nationaliste) qui finance de manière excessive les mosquées tout en contribuant au maintien au pouvoir des membres du gouvernement.
Gülbin lui reproche de chercher à flatter le pouvoir, ce qui est source de conflits entre les deux sœurs. Un jour, Gülan, la plus conservatrice des deux sœurs, pleure en voyant un enfant syrien frapper à sa porte alors qu’elle est dans sa voiture. Cette scène peut être interprétée comme un message sur l’humanité commune qui transcende les frontières ethniques et culturelles. Cela peut également être considéré comme une prise de conscience de la souffrance et de l’injustice subies par les Syriens, provoquant une remise en question de la position politique et sociale hostile aux réfugiés de Gülan.
Le tabou de l’origine kurde
Les Kurdes constituent la plus grande minorité ethnique du pays, et ils subissent la répression de l’État depuis de longues années. Sujet douloureux en Turquie, il surgit lors d’une dispute entre les deux femmes. L’évocation est abordée au prisme d’un souvenir vécu par la mère des deux sœurs à Tatvan. Celle-ci aurait été battue et forcée à quitter sa ville natale pour venir s’installer à Istanbul.
On comprend alors que les deux femmes sont d’origine kurde, alors que seuls leurs parents laissent transparaître leurs origines, qu’elles s’attachent à cacher : la mère porte le voile kurde blanc avec de la dentelle, tandis que le père récite des chants kurdes en guise de prière. Cette famille incarne la migration forcée des années 1990.
À cette période, le pouvoir militaire turc oblige les villageois kurdes, chaldéens et assyriens du Sud-Est à quitter leurs terres, souvent par la force, en brûlant des villages entiers sous couvert d’une menace indépendantiste armée incarnée par le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan. De nombreux Kurdes ont dû se résoudre à quitter leurs villages pour s’installer à Istanbul.
Des représentations variées de la masculinité
Sinan, le Stambouliote émancipé
Sinan incarne l’homme stambouliote riche, athée et émancipé. Il vit dans un appartement moderne, spacieux, avec des couleurs mates et monochromes. Cette décoration contraste nettement avec la petite maison de campagne dans laquelle vit Meryem, ou encore la maison du hodja : ici, les pièces sont petites, avec de bas plafonds, la décoration est chargée avec de gros rideaux, de la dentelle et des meubles en bois. La série fonctionne ainsi en miroir et met en avant les contrastes à tous les niveaux entre les riches et les pauvres, les religieux et les laïcs, les citadins et les ruraux, jusqu’à l’intérieur des foyers.
Yasin, le chef de famille religieux et autoritaire
Yasin incarne le patriarche de sa famille, composée de sa femme, de ses deux enfants et de sa sœur Meryem. C’est un homme dur, aigri et très conservateur. Sa routine consiste à respecter les cinq prières quotidiennes de l’islam. Il est autoritaire avec Meryem et sa femme. Cette dernière est en proie à une profonde dépression après un viol qui la tourmente constamment. Un jour, elle oublie comment prier correctement, ce qui provoque la consternation de Yasin. Toutefois, si le religieux occupe une place importante au sein de la famille, notamment à travers les prières, il est intéressant de constater que Ruhiye (la femme de Yasin) ne porte pas le voile islamique et se couvre la tête de manière plutôt traditionnelle, en laissant dépasser quelques mèches de cheveux, pour retourner dans son village natal uniquement.
Ancien soldat, Yasin travaille dans une boîte de nuit, un environnement en opposition avec ses croyances, où les jeunes s’amusent et boivent de l’alcool. Lorsqu’il surprend la fille du hodja qui a une relation avec une autre femme, il ne peut le supporter et devient alors violent envers elles. Il aimerait sans doute pouvoir exercer un autre métier, mais la conjoncture économique l’en empêche.
Les deux hommes décrits précédemment sont aux antipodes l’un de l’autre et évoluent dans des sphères sociales et religieuses bien différentes, l’un étant athée, l’autre, musulman pratiquant. Ces deux figures ne sont pas caricaturales dans la société turque et existent véritablement. Elles questionnent sur les types de masculinité présents en Turquie et sur leur rapport au religieux dans un État au monde paradoxalement laïc et musulman.
Ali Sadi Hodja, une autorité religieuse apaisée au service des villageois
En Turquie, le hodja est généralement le chef de la mosquée. Dans les villages, il occupe une place importante et se positionne en confident et conseiller. Ali Sadi Hodja est tendre, à l’écoute et disponible. Les habitants du village de Meryem se soumettent naturellement à son autorité. Il vit de manière modeste avec sa femme et sa fille. Meryem va le consulter à plusieurs reprises et se confie à lui. Elle est d’ailleurs très mal à l’aise à l’idée de lui mentir.
Le hodja a un véritable pouvoir et une responsabilité auprès des habitants. Même après avoir perdu son épouse, il se déplace dans la famille de Yasin pour le consoler lors de la disparition de sa femme. À l’image d’un prêtre ou de personnages charismatiques, sa présence adoucit les corps et les esprits : « Il m’a touché, je me suis senti mieux », déclare Yasin. Il est intéressant de constater l’évolution du personnage face aux choix de sa fille, Hayrunissa.
Cette dernière s’émancipe des aspirations religieuses de ses parents en refusant de porter le voile à Konya, une ville conservatrice où elle étudie, et assume ouvertement d’écouter de la musique étrangère. Le hodja touche le spectateur par son intelligence et sa sensibilité, puisqu’il accepte que les sensibilités religieuses de sa fille soient différentes des siennes. Son personnage évolue au cours de la série et laisse transparaître une certaine flexibilité concernant la religion. À plusieurs reprises, ce chef religieux ne retient pas ses larmes, brisant le stéréotype bien ancré selon lequel les hommes ne pleurent pas.
Des rapports de classes visibles jusque dans les objets du quotidien
Le pouvoir fédérateur de la culture
Bien que les personnages de la série soient extrêmement différents les uns des autres, ils regardent tous une série télévisée dans laquelle Melisa, un autre personnage de la série, joue. Cette série réussit à fédérer les masses autour de thématiques sensationnelles telles que l’amour, la corruption et les crimes. Melisa ressent un certain malaise face à sa popularité lorsqu’elle est sollicitée pour prendre des photos avec ses fans. Elle qualifie la série avec mépris comme étant « pour la populace, les gens d’Anatolie ». Cette phrase, empreinte de condescendance, dévoile la perception qu’ont certains Stambouliotes, et plus généralement les habitants des grandes villes, des gens d’Anatolie.
Cependant, son mépris s’oppose à la popularité de la série, regardée par toutes les classes sociales. Par exemple, la mère de Peri, habituellement difficile à convaincre, ne tarit pas d’éloges à propos de la série et admire les talents de la jeune actrice. Une scène montre Meryem et Sinan regardant le même programme à la télévision, bien qu’ils vivent dans des contextes très différents. Meryem est dans sa modeste maison de campagne avec sa belle-sœur, tandis que Sinan est dans son grand appartement moderne, seul. Cette scène soulève des questions sur le pouvoir unificateur des médias et la façon dont ils peuvent rassembler des personnes d’origines et de classes sociales différentes autour d’une même expérience culturelle.
L’alimentation comme marqueur social
Dans le troisième épisode, la dichotomie entre Peri et Meryem se remarque à travers la nourriture. Péri est végétarienne et fait très attention à son alimentation, refuse de manger du gluten (ce qui paraît difficile dans un des pays où l’on consomme le plus de pain au monde) et pratique le yoga. Elle ne s’autorise pour ainsi dire aucun excès. Au contraire, Meryem parle longuement de nourriture, de ce qu’elle cuisine pour sa famille mais surtout pour Sinan, son employeur.
Ce dernier gaspille pratiquement tout ce que Meryem lui cuisine sauf le fameux gâteau à l’orange dont il « raffole ». La cuisine de Meryem est familiale et gourmande mais ne semble pas convenir aux Turcs plus « occidentalisés ». Peri refuse les börek à la viande préparés par Meryem prétextant que son éthique de travail l’en empêche. Le spectateur y voit en réalité un dégoût généralisé concernant Meryem, jusqu’à sa cuisine.
Le café crée également une rupture entre tradition et modernité. Sinan et Peri boivent du café filtré par une cafetière à piston. Meryem leur donne des conseils quant à l’utilisation mais pour elle, il ne fait aucun doute que le meilleur café est le café turc. Les cafés branchés et occidentalisés ont fleuri dans les villes comme Istanbul et Ankara, on y voit d’ailleurs assez rarement du café turc sur les menus, remplacés par des cafés latte ou des cappuccinos. L’ouverture de ces cafés n’a pas d’impact sur la consommation du café turc dans d’autres lieux mais montre simplement le poids de la modernité sur les traditions.
Le voile comme outil d’affirmation de son identité
La série présente une large diversité de personnages qui apportent une idée de l’hétérogénéité de la société turque. Ainsi, plusieurs types de voiles sont portés par les différents personnages féminins en Turquie. Cet accessoire constitue une véritable affirmation identitaire et personnelle. Le voile des teyze (tantes) est porté dans les villages ou à la maison pour faire le ménage. À plusieurs reprises dans la série, Meryem arbore un voile lorsqu’elle travaille en faisant le ménage chez son employeur Sinan.
Ruhiye, la belle-sœur de Meryem, porte le voile traditionnel de manière décontractée, car des mèches de cheveux dépassent. Il semblerait qu’elle ne le porte pas au quotidien, mais pour aller dans certains endroits plus conservateurs. Ce voile est surtout porté par les personnes âgées dans les villes d’Anatolie. Une brève apparition du voile kurde, porté par la mère de Gülbin, démontre que malgré la répression dont elle a été victime, celle-ci conserve une tradition sacrée et ne renie nullement ses origines. Ce voile est plutôt fin, discret, blanc et orné de dentelle. Les voiles islamiques, hidjab, portés par Meryem et la sœur de Gülbin sont imprimés, colorés et satinés, parfaitement attachés autour de la tête, ne dévoilant aucune mèche de cheveux. Hayrunissa porte elle aussi ce voile lorsqu’elle retourne au village vivre avec sa famille.
Conclusion
En conclusion, la série Bir Baskadir fait le portrait d’une Turquie aux multiples visages, multiculturelle. Succès populaire comme la plateforme Netflix en a l’habitude, cette réussite omet un aspect fondamental en Turquie : la politique. Légèrement abordée au cours de la série, elle reste uniquement traitée en surface. Chaque personne reste à sa place sans remettre en cause à un seul moment son rôle dans un État pourtant autoritaire et liberticide. Si Bir Baskadir a provoqué de vives réactions chez les plus conservateurs, le régime n’y a vu aucune menace directe, jugeant acceptable cette œuvre politiquement correcte. Une série, qui selon les partis d’opposition, n’a pas osé franchir le dernier pas, celui de la critique.
Bibliographie
Etna Özbek (2021), Nosema, 30, VOSTF, NB&C, Documentaire disponible sur la plateforme Mubi
Herve, E. (2020). La question kurde en Turquie : un enjeu à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières. Observatoire Pharos.
Lachambre, R. (2018). L’objectif de « génération pieuse » d’Erdoğan et les écoles imam hatip ;Observatoire Pharos.
Göztepe, E. (2005). La guerre du foulard. Outre-Terre
Image : Couverture de Bir Baskadir, avec la permission de Netflix