6 idées clés de l’enquête
Autolimitation de la liberté de conscience et de religion dans la sphère privée
Les Libanais enquêtés ont déclaré s’autolimiter dans l’expression de leurs convictions religieuses lorsqu’elles diffèrent de celles de leur entourage proche. Certains évoquent la fidélité à une transmission, le respect d’un héritage. D’autres s’expliquent par la crainte et la pression sociale, et disent vouloir éviter à leur famille la honte. Pour d’autres enfin, c’est le moyen de conserver des relations apaisées.
Religion et violence : un lien fort dans la conscience collective
Les données existantes témoignent de faits de violence sporadiques en raison de la religion ou des convictions. Si presque tous les Libanais enquêtés ont dit n’en avoir jamais été victimes, beaucoup ont cependant fait part de craintes de violences et de conflits. L’éventualité d’être soi-même victime est assez partagée, sous différentes formes, témoignant d’une relation forte entre religion et violence dans la conscience collective. Il est important de noter que cette peur de la violence religieuse n’est pas fantasmée ou infondée, mais est basée sur des événements significatifs de violence à connotation inter-sectaire qui se sont produits non seulement pendant les années de guerre, mais qui continuent à se répéter jusqu’à aujourd’hui, le tout sans aucune responsabilité significative ou contrôle de l’État.
Les actions collectives plébiscitées, mais les initiatives interreligieuses boudées
Si l’engouement pour les actions collectives, c’est-à-dire trans-confessionnelles, est presque unanime, les enquêtés ont marqué une grande réserve quant aux initiatives délibérément interreligieuses. Celles-ci sont perçues comme superficielles, institutionnelles et réservées à une certaine élite. Pour un certain nombre de Libanais enquêtés, participer à ce genre d’initiative est aussi un luxe, dans un contexte de crise économique et de déclassement. En revanche, les concerts, festivals, ou encore les manifestations, sont valorisés comme événements créateurs de liens.
Éducation à la pluralité : Écart entre ce que l’on connaît des autres et ce qu’ils connaissent de nous
Beaucoup des Libanais enquêtés ont déclaré avoir des connaissances sur les autres religions, les avoir apprises à l’école ou dans l’entourage familial. La plupart considèrent en revanche que les personnes d’autres communautés ne connaissent pas ni ne s’intéressent à leur propre religion. L’éducation à la pluralité est à repenser à la lumière de ce différentiel entre la première déclaration et la perception suivante.
Une grande habitude de la mixité, mais une mixité partielle et des interactions superficielles
Lorsque les enquêtés parlent des différences qui les entourent, celles-ci sont nombreuses et concernent les pratiques plutôt que les croyances. Quand ils viennent pointer des différences visibles, beaucoup ajoutent qu’ils n’en comprennent pas les raisons. Ils côtoient donc des différences, expriment à l’enquêteur qu’ils ont des interrogations et qu’elles restent en suspens. Les interactions ne semblent pas aller jusqu’à approfondir ces différences.
La diversité au Liban : entre fierté, résignation et défi politique
L’enquête révèle des perceptions variées des Libanais envers la diversité de leur pays. Certains la considèrent comme une richesse et une opportunité, tandis que d’autres, ambivalents, estiment qu’elle est positive sous certaines conditions. Une majorité perçoit cette diversité comme une réalité imposée et inévitable, et une minorité la voit comme une malédiction ingérable politiquement. Malgré les difficultés et les blocages politiques, la plupart des Libanais expriment une fierté pour cette diversité culturelle et religieuse unique, la considérant comme un patrimoine immatériel précieux, bien que lourd à porter.