Dans un article paru dans Urbi et Orbi Africa, le premier site francophone dédié à l’actualité religieuse du continent africain, Thierry Brésillon – journaliste indépendant basé en Tunisie – parle d’un « clash » entre une boite de nuit et le gouvernement tunisien à cause d’un DJ qui aurait « remixé » l’appel à la prière la nuit de vendredi 31 mars. Comme reporte le journaliste, un DJ britannique qui avait été invité pour la soirée dans une boite de nuit de la ville de Hammamet (célèbre destination touristique), aurait choisi de jouer l’appel à la prière dans l’un de ses mix, ce qui aurait provoqué la réaction d’une partie des présents. Cette affaire a pris de l’ampleur suite à la publication de la vidéo de cet épisode sur internet. Le gouverneur de Nabeul a choisi de fermer la boite de nuit à titre préventif ainsi que de poursuivre l’organisateur, le DJ et le gérant pour « atteinte aux bonnes mœurs et outrage publique à la pudeur ».
En effet, bien que la Constitution de 2014 garantisse la liberté de culte et de conscience (article 6), l’Etat est aussi désigné en tant que protecteur du sacré (article 6). Cette controverse avait fait la une des journaux tunisiens en 2012-2013. Depuis la révolution des médias, blogueurs, et artistes tunisiens s’étaient vus condamner pour atteinte aux bonnes mœurs.L’épisode le plus célèbre est celui qui avait eu comme protagoniste la chaîne tunisienne Nessma TV suite à la projection du film d’animation Persepolis. Cette chaîne avait été accusée « d’offense aux cultes religieux », « d’outrage public à la pudeur » et « d’atteinte aux bonnes mœurs et à la morale publique » pour des scènes où le personnage principal discute avec Dieu (représenté comme un vieil homme barbu), ce qui est interdit par la religion musulmane. Le 3 mai 2012, le patron de la chaîne avait été condamné à une amende de 2400 dinars (environ 1200 euros).
Image : Old City Hammamet, By Mahdi Chaker – Own work, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=28656644