L’organisation International Crisis Group déplore le meurtre du conseiller d’Aung San Suu Kyi, U Ko Ni, le 29 janvier dernier. International Crisis Group est une organisation indépendante oeuvrant à la prévention du déclenchement des guerres et cherchant à construire la paix par l’élaboration de mesures politiques appropriées. Selon elle, le meurtre d’U Ko Ni est la preuve que le pays a un besoin urgent d’unité. Elle estime en effet que la Birmanie doit combattre toutes les formes de discours haineux. Le pays doit également lutter contre les crimes motivés par la haine contre certaines ethnies ou religions.
U Ko Ni était un grand défenseur de la démocratie et un expert en droit constitutionnel. Musulman dans un pays à majorité bouddhiste, il était considéré par beaucoup de Birmans comme un symbole de tolérance. Il revenait d’un voyage officiel en Indonésie, dont le but était de partager les expériences sur les tensions interreligieuses.
Cet assassinat intervient dans un contexte de tensions religieuses grandissantes en Birmanie. Les musulmans de l’Etat de Rakhine sont particulièrement touchés par cette montée de violences. En octobre 2016, des attaques meurtrières contre des gardes-frontières dans l’Etat de Rakhine ont entraîné une réponse militaire extrêmement brutale contre la population rohingya.
De façon plus générale, International Crisis Group remarque que le sentiment anti-musulman, exacerbé par un nationalisme bouddhiste virulent, est toujours très fort dans le pays. Les discours de haine interreligieuses sont également très présents sur les réseaux sociaux. Les conditions semblent donc réunies pour faire craindre la commission d’autres crimes tel que celui d’U Ko Ni.
Par conséquent, l’organisation recommande la mise en place d’une enquête sérieuse et transparente sur les circonstances du crime. Elle demande également à ce que des sanctions soient prises contre ceux qui propagent des discours de haine et qui mettent gravement en péril la stabilité du pays.
Image : Shannon Holman