Situé à l’Est de la République Démocratique du Congo et réputé pour avoir servi de berceau aux nombreuses milices d’autodéfense qui ont plongé cette partie du pays dans une instabilité chronique, le Nord Kivu connait depuis quelques mois l’activisme d’un nouveau groupe armé dénommé les « Corps du Christ ».
C’est sous la direction du pasteur David Maranata que cette secte millénariste s’est transformée en milice armée tout en se donnant pour objectif de s’attaquer au système politique actuel pour le substituer par un nouvel ordre théocratique.
En prenant pour cible les casques bleus de la Monusco, l’armée et la police congolaise, les Corps du Christ entendent répliquer face aux bavures des forces armées congolaises et protester contre le système Kabila qui a perdu toute légitimité à leurs yeux.
La milice locale aux pratiques mystiques combinées à une rhétorique populiste nourrit manifestement un projet national comme en témoignent les symboles nationaux qu’elle s’est dotée, le travail de séduction permanent des populations et l’alliance avec d’autres chefs de guerre, dont le très recherché Muyisi Ousama à la tête des Maï-Maï Mazembe, pour conquérir la capitale Kinshasa.
Cependant dans un contexte politique tendu où le régime en place essaye de se maintenir malgré la fin légale du mandat présidentiel, on est bien en droit de se demander s’il n’y a pas derrière l’émergence de ces groupes une manœuvre politique pour différer la date des élections.
Nonobstant les soupçons de collusion de ce groupe armé avec le pouvoir central, les Corps du Christ offrent un cas d’école pour comprendre comment dans un pays peu diversifié du point de vue confessionnel, le religieux demeure un ressort facilement mobilisable par les entrepreneurs politiques pour atteindre leurs objectifs.
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