Tim Farron, le leader du parti britannique des Libéraux-Démocrates, a démissionné de ses fonctions le 14 juin 2017. Au lendemain des élections générales qui ont vu une amélioration spectaculaire des scores de son parti, ce Membre du Parlement britannique a jugé que sa foi chrétienne devenait incompatible avec ses responsabilités auprès des LibDem.
Lors de la récente campagne électorale, Tim Farron a voulu mettre l’accent sur le côté anti-Brexit de son parti. Mais l’attention du public s’est principalement concentrée sur ses croyances religieuses, ce qui a notamment posé problème lorsqu’il lui a été demandé s’il considérait la sexualité homosexuelle comme un péché. Dans la déclaration qui a suivi sa démission, Tim Farron explique qu’il ne veut pas à nouveau voir son parti pris pour cible sur des sujets sociétaux aussi brûlants que l’homosexualité, et ce tout particulièrement à l’approche des négociations sur le Brexit. Le parti doit en effet apparaître uni et ne pas effrayer les Travaillistes avec qui les Libéraux-Démocrates seront appelés à coopérer. Farron affirme qu’en tant que libéral, il défend les droits et libertés de chacun et n’a aucune intention d’imposer des vues personnelles issues de sa religion. Mais il constate que, malgré sa bonne volonté, il existe toujours une suspicion, une confusion que le public fait entre ses convictions personnelles et ce qu’il veut de meilleur pour la société britannique. « Nous nous trompons si nous pensons que nous vivons déjà dans une société tolérante, libérale » a-t-il fait remarquer.
Dans une société qui n’est pas régie par le principe de laïcité, la question de la foi des représentants politiques reste un sujet qu’il n’est pas tabou de poser sur la table. Dans le cas de Tim Farron, il est regrettable qu’un leader qui, en l’espace de deux ans, a su redresser un parti en perdition et doubler son nombre d’adhérents, voit ses convictions politiques questionnées sur la base de sa religion. Il n’existe aucune contradiction fondée entre sa foi et ses convictions politiques. Au contraire, puisqu’il défend les libertés individuelles – dont la liberté de croire -, il devrait être le premier à en bénéficier. Démissionner à un moment aussi stratégique pour son parti est une décision courageuse : il se sacrifie pour laisser aux Libéraux-Démocrates toutes leurs chances de peser dans les débats des les cinq prochaines années. Quoiqu’il en soit, Tim Farron laissera à son successeur un parti en pleine ascension et en excellente posture pour les négociations à venir sur le Brexit.
Image : Flickr – David Spender