Au Brésil, la Fundação Nacional do Índio (FUNAI), organe du ministère de la Justice qui s’occupe de protéger et de promouvoir les droits des indígenas, les populations indigènes, traverse une situation extrêmement délicate. Responsable pour près d’un million de personnes, l’institution est la cible des conservateurs. Le gouvernement a également divisé son budget par deux. Mais ce n’est pas la seule préoccupation. Une commission a été créée au congrès pour s’attaquer au pouvoir de la fondation. Dominée par des parlementaires liés au surpuissant lobby agricole, elle a pour objectif de poursuivre en justice des membres de la FUNAI, et de réduire sa capacité à instaurer de nouvelles réserves.
The Guardian, journal britannique de centre-gauche, nous révèle ainsi que cette commission a produit un rapport de 3 385 pages incriminant la fondation. Cette dernière aurait ainsi attribué des terres à des tribus sans pour autant qu’elles y habitent, selon ce rapport. En outre, il accuse la FUNAI d’être la marionnette de lobbys extérieurs, notamment écologistes, et de ne pas subvenir correctement aux besoins des populations indigènes. Les populations indigènes étant fortement dépendantes des aides de l’Etat, leur baisse entraîne de fait une aggravation de leurs conditions de vie.
Pouvoir démesuré
Depuis la destitution de Dilma Roussef et la prise du pouvoir de Michel Temer, la politique brésilienne a pris un tournant conservateur. Au sein du congrès national, le lobby agricole, connu sous le nom des ruralistas, est très influent. Lié aux parlementaires chrétiens évangéliques et au lobby de l’armement, il insiste pour que les indigènes abandonnent leurs terres et participent à la production agricole en Amazonie. Depuis peu, la direction de la FUNAI est d’ailleurs choisie par un parti évangélique conservateur proche du président Temer.
Un rapport de l’ONU produit en juin a dénoncé cette situation. Reprochant la diminution des droits de populations indigènes, de plus en plus victimes mortelles du conflit pour la propriété des terres. Selon la Comissão Pastoral da Terra de Balsas, organisation humanitaire à but non-lucratif, 37 personnes ont été tuées lors des cinq premiers mois de l’année 2017. Soit 8 de plus que l’an dernier à la même période.
De même, leur habitat est menacé. La situation environnementale, également dénoncée dans le rapport de l’ONU, est effectivement critique. Le gouvernement continuant d’attribuer des terres à des entreprises de bûcheronnage. Le président Temer souhaite aussi libéraliser l’industrie minière en Amazonie. Selon Tercio Ambrizzi, professeur à l’université de Sao Paulo, ces actes pourraient conduire au non-respect de l’accord de Paris sur le climat. Au Brésil, les droits des populations indigènes et l’environnement sont donc l’objet de tous les périls.
Image : Mídia Ninja – CC by-SA 2.0