L’apparition, en 2012, de groupes armés djihadistes a mis en exergue le rôle politico-social de l’islam au Mali. Dans un rapport publié en juillet 2017, l’International Crisis Group analyse les interactions entre élites politiques et mouvements islamiques, revisite les fragmentations qui les traversent et les enjeux liés à la « régulation de la religion ». La religion occupe de plus en plus une place prépondérante dans la sphère publique au Mali et les leaders religieux ont vu leur pouvoir se conforter. On assiste à une influence du religieux sur la vie politique au Mali. Les leaders politiques, religieux et de la société civile appellent à une meilleure régulation de la sphère religieuse.
Notons que si tous s’accordent sur le danger de l’influence du religieux sur le politique, la stratégie à mettre en œuvre pour cette régulation oppose les leaders « malékites » et « wahhabites » (deux classifications dont les auteurs tempèrent la pertinence dans le contexte malien). Si Pour les malékites, c’est à l’État de procéder à la régulation de sphère religieuse, les wahhabites quant à eux voient cela comme une intrusion de l’État dans les affaires religieuses. La faiblesse de l’État malien et le manque légitimité entravent toute intervention de régulation par l’État central. Il serait donc judicieux que l’État central travaille en synergie avec les leaders religieux à redéfinir le rôle des leaders religieux pour une société de paix et les accompagner dans l’accomplissement de leur mission sociale.
La collaboration entre l’État et les leaders religieux pourrait notamment être axée sur l’éradication des enseignements intolérants et fondamentalistes, et le renforcement de la formation des imams. Les leaders religieux pourraient véritablement contribuer auprès de l’État malien à la lutte contre la propagation des idéologies extrémistes et de l’extrémisme violent.
Image : By Ruud Zwart, CC BY-SA 3.0