La localité de Bangassou est située à 470 km à l’Est de Bangui. Elle vit au rythme de violences perpétrées depuis le mois de mai par les troupes anti-Balaka disant défendre les populations chrétiennes et des groupes d’autodéfense qui la contrôlent. Les forces en présence, les cibles visées, les techniques utilisées et la violence des attaques font craindre un scénario typique du cauchemar de 2013.
Jeune Afrique revient sur la situation déjà décriée par les troupes de la MINUSCA qui subissent le harcèlement des groupes armés qui ont multiplié des attaques dans cette localité frontalière de la République Démocratique du Congo depuis le mois de mai 2017.
Musulmans et peuls sont ciblés
Les récentes attaques des groupes armés ont surtout ciblé les populations musulmanes peules et arabes. En réaction à ces attaques, le personnel d’une mission humanitaire chrétienne aurait été pris pour cible. De nombreux enlèvements, séquestrations et actes de pillages et ont été signalés. Des maisons ont de nouveau été incendiées. L’intervention du cardinal Dieudonné Nzapalainga, qui s’est rendu auprès des milices deux mois plus tôt pour négocier un retour au calme, s’est avérée infructueuse. Depuis, les principales voies d’accès à la localité ont été sabotées par les milices. Désormais, des jeunes musulmans se sont rassemblés pour opposer une résistance aux groupes armés.
Avant les attaques de ces derniers jours, un bilan faisait état de plus d’une centaine de morts parmi les populations civiles et 3 000 réfugiés selon la Croix Rouge centrafricaine. Ce bilan a évolué avec le regain de violences de ces derniers jours et risque de s’alourdir encore plus si un retour au calme n’intervient pas.
Le harcèlement des personnels humanitaire et des nations unies a amené l’ONU à relocaliser son agence de Bangassou à Bangui. Les Casques bleus accusés par de nombreux centrafricains de ne rien faire pour arrêter les violences ont enregistrés plusieurs pertes parmi leur rangs dans les combats qui les ont opposés à ces groupes armés. Suite à ces événements, un renforcement des effectifs de Casques bleus dans la région est envisagé selon la MINUSCA. Une nouvelle embuscade tendue à la MINUSCA par une milice le 25 juillet a fait deux victimes parmi les Casques bleus du contingent marocain.
Image : Mission d’établissement des faits relativement aux violations des droits de l’homme à Bangassou, MINUSCA, CC BY-NC-ND 2.0