De nombreux signaux d’alerte d’un génocide imminent en Centrafrique sont lancés par de nombreux médias et des organisations humanitaires depuis quelques semaines. La violence tend à se généraliser à l’ensemble du pays déjà contrôlé à 80 % par les groupes armés. La configuration que prend ce regain de violences pourrait être précurseur d’un nettoyage à base ethnique ou religieux.
Jeune Afrique revient sur les développements de ces dernières semaines.
Des volontés d’épuration ethnique et religieuse
La tournure que prend la crise centrafricaine devient de plus en plus inquiétante. Les civils sont pris pour cibles du simple fait de leur appartenance religieuse ou ethnique. A Bangassou, des milliers de musulmans et Peuhls sont encerclés par des milices Anti-Balaka qui disent défendre les chrétiens. La survie de ces personnes est menacée. Selon Najat Rochdi, représentante spéciale adjointe pour la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et coordonnatrice humanitaire en Centrafrique, les volontés de massacre à base ethnique et religieuse sont une réalité en Centrafrique. On note également une escalade du discours de haine qui tend à gagner les cercles d’influence et certaines hautes personnalités.
Une nouvelle escalade de violences
Depuis le mois de mai dernier, on note une montée des violences en Centrafrique avec la naissance de nouveaux foyers de tension à Bria, Bangassou, Gambo, Zemio. La configuration actuelle du conflit mérite bien une attention particulière. Une action urgente est nécessaire pour contrôler les flammes qu’alimentent les conflits intercommunautaires. Comme résultat, le nombre de déplacés internes et de réfugiés centrafricains croit de façon exponentielle et se rapproche plus des tueries de 2013 que d’une accalmie.
L’Etat presqu’impuissant face à une situation humanitaire des plus préoccupantes
Déjà impuissante face à l’activité des milices dans plusieurs régions du pays, le gouvernement centrafricain doit désormais gérer les nombreux déplacés internes et les civils coincés dans les conflits dans plusieurs localités. Près de la moitié de la population dépend de l’aide alimentaire pour survivre. Pris pour cibles, de nombreux humanitaires ont déserté certaines régions. Selon Stephen O’Brien, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires humanitaires, les Nations Unies devraient redimensionner les effectifs de la MINUSCA pour mieux répondre à ce nouveau défi.
Image : Seized Ammunition in Bria, Central African Republic, United Nations Photos, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0