Le 24 juillet dernier, des membres du gouvernement de la Ligue Nationale pour la Démocratie, dont la conseillère d’Etat et ministre Daw Aung San Su Kyi, se sont rendus dans l’Etat Kachin afin de rencontrer des représentants de l’église baptiste. Ensemble, ils ont abordé différents sujets tels que : la situation des déplacés internes, la recrudescence des affrontements entre l’armée birmane et les milices ethniques rebelles du Kachin, ou encore la lutte contre le trafic de drogue et les industries extractives illégales dans la région.
Cet échange entre Aung San Su Kyi, entourée de ses conseillers, et les autorités chrétiennes de l’Etat Kachin démontre une volonté de la part du gouvernement d’élargir ses soutiens auprès des institutions religieuses minoritaires du pays.
Recrudescence des combats entre l’armée birmane et l’Armée Indépendante du Kachin
Cette rencontre intervient quelques jours après le début d’une nouvelle offensive de l’armée birmane (Tatmadaw) contre l’Armée Indépendante du Kachin (Kachin Independent Army – KIA) dans certains districts du Kachin afin de reprendre le contrôle d’exploitations minières illégales. Le Tatmadaw avait ainsi distribué par hélicoptère le 13 juillet dans les zones visées des tracts ordonnant à la population locale de quitter la zone immédiatement, sans quoi ces derniers seraient considérés comme des rebelles du KIA.
Cette offensive avait été décidée par l’armée de façon unilatérale, sans accord ni consultation préalable avec les autorités civiles du gouvernement. En effet, la constitution de 2008 ne prévoit pas de mécanismes de contrôle des autorités civiles sur l’armée, conférant ainsi une importante autonomie décisionnelle au Tatmadaw dans la conduite d’opérations militaires sur le territoire national.
Les négociations de paix au point mort
Conjuguée à l’augmentation du nombre de déplacés internes dans la région, cette nouvelle offensive de l’armée birmane a eu pour effet de relancer les critiques des habitants du Kachin à l’égard du gouvernement actuel. Alors que la NLD avait fait de la réconciliation nationale et de la paix ses principales promesses électorales, les négociations de paix n’ont que peu progressé depuis leur arrivée au pouvoir en janvier 2016. En effet, le gouvernement n’a pas réussi à convaincre les groupes armés ethniques non signataires de l’accord de cessez le feu – dont le KIA – de rejoindre la table des négociations. Or, il semble primordial pour le gouvernement d’avoir le soutien des populations locales pour faire pression et réussir à convaincre le KIA de signer l’accord de cessez le feu et de participer aux négociations de paix.
Dans cet Etat où la communauté chrétienne constitue la plus importante minorité religieuse, l’Eglise est largement implantée et conserve une influence certaine sur la population. Pendant les décennies de dictature militaire, les institutions ecclésiastiques ont su délivrer des services de base aux habitants que l’Etat ne fournissaient pas.
Image: By Sam Cooley, Own work, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons