Le quotidien britannique The Guardian relate ici les conditions de travail des ouvriers des ranchs brésiliens, proches de l’esclavagisme moderne. L’exemple choisi est l’élevage de Cassio Vieira, aujourd’hui poursuivi par la justice brésilienne pour esclavagisme. Dans son exploitation, les ouvriers travaillaient sept jours sur sept, sans repos, avec un salaire très inférieur au minimum légal. De plus, étant obligé de vivre sur la ferme, ils étaient logés par leur employeur, qui leur réservait un traitement inhumain. Ils n’avaient accès ni à l’eau potable ni à l’électricité, et s’ils osaient se plaindre, Cassio Vieira menaçait de les tuer. Les ouvriers ont indiqué à l’inspecteur du travail en charge de l’enquête qu’ils avaient tous une dette envers Casso Vieira, raison pour laquelle ils avaient accepté ce travail. Situé dans un coin reculé de l’Etat du Pará, les autorités ont mis près de deux jours pour atteindre le ranch. Cette localisation est un autre facteur qui décourageait les travailleurs de s’échapper.
Impunité et avenir menacé
Cette situation n’est pourtant pas anodine au Brésil, bien que les lois anti-esclavagistes soient parmi les plus strictes au monde. L’ONG Walk Free estime à 160 000 le nombre de travailleurs pris dans une forme d’esclavagisme. En décembre dernier, Brasilia a d’ailleurs été condamné par la Cour Interaméricaine des Droits de l’Homme à payer 4,5 milliards d’euros à 128 anciens travailleurs sauvés de l’esclavage. Peu de propriétaires recourant à ces pratiques sont présentés devant la justice, car il est facile de contourner la loi et les travailleurs redoutent les conséquences d’une dénonciation auprès des autorités. Seules les ONG tentent ainsi de lutter contre ce phénomène.
En outre, les perspectives d’amélioration sont très minces. Le Brésil est en effet le deuxième pays mondial en termes d’élevage bovin, ce qui rend le lobby de cette industrie extrêmement puissant. Selon Andre Campos, journaliste spécialisé dans ce domaine, le lobby opère actuellement pour réduire le nombre de situations considérées par la loi brésilienne comme de l’esclavage. L’avenir des ouvriers des ranchs brésiliens est donc toujours plus menacé.
Image : Agencia Brasilia, Flickr, CC BY 2.0