Pas moins de 30 000 personnes ont participé, le dimanche 8 octobre, à un grand rassemblement à Jérusalem, dans le Parc de l’Indépendance. Cet événement venait clôturer une « marche pour la paix » menée à travers les Territoires palestiniens et Israël pendant deux semaines, par des milliers de femmes israéliennes et palestiniennes d’appartenances politiques diverses, mais résolues à exiger un accord de paix.
Le journal catholique français La Croix revient sur cette initiative de l’association israélienne Women Wage Peace, qui organise chaque année ce genre de manifestation, depuis sa fondation en 2014.
Une initiative consensuelle mais à l’impact limité
Comme le souligne Samy Cohen, chercheur au Centre de recherches internationales de Sciences Po (CERI), les revendications affichées pendant cette marche étaient délibérément consensuelles. Il s’agissait d’exiger une relance du processus de paix, en cherchant à toucher le plus de femmes possible. Cela a permis de rassembler 30 000 personnes, ce qui n’est pas négligeable dans un contexte où l’opinion publique israélienne n’est que peu mobilisée sur la question de la paix. Pour autant, Samy Cohen précise que ce ne sera pas suffisant pour faire bouger les choses et rappelle que dans les années 1980, les manifestations pour la paix rassemblaient plusieurs centaines de milliers de personnes.
Un événement qui met en exergue les divisions palestiniennes
Dans un contexte de rapprochement entre les frères ennemis de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du Hamas, cette marche pour la paix a paradoxalement ravivé les tensions. En effet, si les premiers ont salué l’initiative, le Hamas ainsi que la branche palestinienne du mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) ont pour leur part condamné cette démarche qui participe selon eux de la « normalisation » des relations avec Israël.
Les femmes : promotrices de paix dans le conflit israélo-palestinien
Les femmes israéliennes et palestiniennes jouent un rôle majeur pour la promotion de la paix entre les deux nations. Ce rôle s’est notamment affirmé lors de la première intifada (1987-1993), au lendemain de laquelle a été créé le plus important groupe féminin pour la paix israélien, les Femmes en noir (Nashim Be-Shador en hébreu), composé aussi bien de Palestiniennes que d’Israéliennes. Ces femmes, issues de tous bords politiques, se réunissent tous les vendredi afin de demander la fin de l’occupation. De nombreuses autres initiatives israéliennes, palestiniennes, mais aussi issues de la communauté internationale, ont ainsi permis aux femmes vivant dans ce conflit de se défaire de leurs tropismes nationaux – notamment en refusant d’incarner un idéal national considéré comme dangereux – et de pallier leur exclusion récurrente de la table des négociations.
Notons qu’il existe également depuis le début du conflit de nombreux mouvements féministes nationalistes, à la fois palestiniens et israéliens.
Image : Mur de séparation à Jérusalem-Est, Par W. Robrecht, Wikimedia, CC BY-SA 3.0