Au terme de sa visite en Centrafrique, Adama Dieng, Conseiller Spécial du Secrétaire général de Nations Unies pour la prévention des génocides, a condamné les atrocités qui ont cours dans le pays. Il met en garde les groupes armés et hommes politiques auteurs ou complices d’actes de violences ou des pillages et la rhétorique qui incite à la haine ethnique et religieuse.
A l’heure du passage du Secrétaire Général des nations unies en Centrafrique, la MINUSCA semble dépassée par l’ampleur de la crise. Cette visite du « monsieur génocide » des nations unies et sa prise de position en conférence de presse témoignent de la volonté des nations unies à jouer un rôle déterminant vers l’apaisement et la réconciliation nationale
La bataille identitaire source d’atrocités criminelles décriées en Centrafrique
La « centrafricanité » des peuls et des musulmans est rejetée par de nombreux Centrafricains, hommes politiques et responsables religieux qui les qualifient de Tchadiens ou de Nigériens. Certains services publics tels que l’établissement des pièces d’identification et des actes de naissance leurs sont refusés et l’idée d’améliorer leur inclusion dans le processus de sortie de crise n’arrange pas une frange importante de la majorité présidentielle.
Aussi, Le harcèlement des peuls et des musulmans de Centrafrique par les milices armées sape les efforts de réconciliation nationale mis en œuvre par les acteurs nationaux et internationaux. Le ciblage systématique de ces derniers par plusieurs attaques et des scènes de pillage semblables à celles observées en 2013 a refait surface, multipliant le nombre de déplacés et de réfugiés musulmans. De nombreuses pertes en vies humaines et en biens matériels ont été enregistrées au sein de cette communauté. Les Nations Unies et de nombreuses organisations humanitaires ont souligné leur inquiétude face à cette situation qualifiée de « volontés de nettoyage à base ethnique et religieux ».
Des populations prises en otage par les groupes armés en Centrafrique
La situation sécuritaire à l’intérieur du pays demeure préoccupante. Les conflits armés entre milices qui se livrent une bataille rude pour le contrôle des ressources et des territoires tendent à se généraliser à l’ensemble du pays. L’argent du diamant de sang et d’autres ressources financières générées par les conflits autour de la transhumance transfrontalière nourrit la course aux armements et les recrutements de mercenaires. L’armement acquis par les milices permet à leurs leaders de contrôler de vastes territoires, de tenir les populations pillées en respect et de nourrir des ambitions politiques.
Adama Dieng a voulu toucher du doigt ces réalités et effectuer des consultations sur les voies de sortie de crise. Après un échange avec le Président de la République, des membres du gouvernement et le Président de l’Assemblée Nationale, il est allé à la rencontre des populations de l’arrière pays et notamment ceux de la localité de Bria, qui a connu des violences intercommunautaires tout comme Bangassou et plusieurs autres localités du pays. Adama Dieng a également échangé avec des représentants des groupes armés, des acteurs politiques, des leaders religieux et communautaires, des représentants de la société civile et des médias.
Image : Central African Republic: Torn Apart by Violence, HCR / S. Phelps / Décembre 2013, Flickr, CC BY-NC 2.0