Début octobre, une attaque contre des policiers a fait 17 morts à Mocimboa da Praia, dans le nord du Mozambique. Les victimes sont au nombre de 14 chez les assaillants (sur 30 individus au total), deux policiers et un chef traditionnel.
Les assaillants sont de jeunes hommes musulmans de la province de Cabo Delgado. Ceux-ci appartiendraient à une secte qui refuse de payer l’impôt à l’État et réclame des écoles et hôpitaux séparés des institutions publiques. Le groupe, nommé Al-Chabab, viserait l’application de la Charia, dans une province à majorité musulmane. Le Mozambique est dans l’ensemble un pays à forte majorité catholique.
Incertitude sur le motif : révolte sociale ou percée de l’islamisme ?
Les intentions des assaillants lors de l’attaque contre des policiers ne sont pas claires. Ils n’auraient pas de liens avec l’extrémisme islamiste ailleurs en Afrique (notamment les Chebab de Somalie). Certes, la police mozambicaine a d’abord parlé d’attaque « islamiste », avant de se rétracter par la voix de son porte-parole, Inacio Dina. Celui-ci a déclaré que les attaquants s’étaient vu promettre un pécule en échange de cette tentative de déstabilisation des forces de sécurité. Pour autant, il n’est pas certain qu’il s’agisse d’une simple attaque de bandits.
Le Mozambique est fier de la bonne entente entre ses communautés religieuses. Néanmoins, l’islam, présent depuis des siècles, reste minoritaire et est principalement pratiqué dans le nord du pays. Par ailleurs, le pays est régulièrement en proie à des dissensions à caractère ethnique. S’ajoute une situation économique et politique qui n’offre aucune perspective à la population, notamment à la jeunesse.
Le nord du Mozambique, près de la frontière avec la Tanzanie, est très riche en gaz et en pétrole, ce qui a attiré plusieurs grands groupes du secteur. Cependant, les populations locales se sentent flouées et n’ont pas bénéficié des retombées de l’exploitation des hydrocarbures.
L’observateur Eric Morier-Genoud considère qu’il faut prendre cette affaire au sérieux, sans exagérer la menace islamiste dans le pays. À l’inverse, Alex Vines de l’institut Chatham House n’y voit qu’un problème de manque d’avenir de la population locale.
Image : By A Verdade from Maputo, Moçambique – Mocimboa_da_Praia_10, CC BY 2.0,