Fiche récapitulative
- Public : lycéens, jeunes adultes, étudiants. - Pays : États-Unis, Oklahoma, années 1950-1970 - Sujets traités : Native Americans du XXe siècle, Contre-cultures des années 1960-1970 aux Etats-Unis, condition de la femme et de la femme indienne dans les années 1950-1970. |
Joy Harjo est née en 1951 à Tulsa, Oklahoma, d’une mère cherokee, et d’un père creek, d’une lignée de guerriers et de chefs déportés dans l’Ouest dans les années 1830.
Après le lycée, J. Harjo intègre l’ Institute of American Indian Arts du Nouveau-Mexique, où elle étudie la peinture et le théâtre, et poursuit en Master aux Beaux-Arts de l’Iowa et à l’Anthropology Film Center de Santa Fe. Auteure et artiste accomplie, elle enseigne aujourd’hui la littérature amérindienne à l’Université d’Illinois et a été nommée “poète lauréat” des Etats-Unis pour la période 2019-2021, titre honorifique attribué pour la première fois à une amérindienne.
Joy Harjo revient sur son enfance, son adolescence et sa vie de jeune femme amérindienne dans l’Amérique des années 1950-1970 - avec tous les changements sociaux, culturels et religieux que cette époque implique - ainsi que les difficultés rencontrées dans sa cellule familiale (alcoolisme de son père, la violence de son beau-père, …). Sa curiosité, l’art et les mots la sauvent en lui permettant de devenir une femme libre, courageuse, qui perpétue l’histoire des siens tout en s’inscrivant dans les contre-cultures des années 1960-1970. Tout au long de l’ouvrage, rêves, comptines, et mythes ponctuent le récit autobiographique de façon poétique et inspirée, où le point de vue de l’enfant est souvent privilégié.
Dans son enfance et adolescence, Joy Harjo est confrontée au racisme, au sexisme, et se trouve tiraillée entre ses apprentissages scolaires (donc chrétiens) et ses racines amérindiennes et les mythes qui y sont associés. Ses parents étant issus de lignées des « Cinq Tribus civilisées » (appelées ainsi par les Occidentaux pour avoir adopté beaucoup de coutumes occidentales), il est intéressant de constater que cet héritage l’aide à adopter une vision curieuse et plurielle du monde. Ce récit autobiographique évoque également les querelles persistantes entre les différentes tribus indiennes au sein même de Institute of American Indian Arts, alors même que ces étudiants suivaient la mode vestimentaire et les goûts musicaux de l’époque, propres aux différents mouvements étudiants des contre-cultures.
Pour aller plus loin dans l’histoire amérindienne, lire le premier chapitre d’Une histoire populaire des Etats-Unis d’Howard Zinn, consacré à la colonisation britannique sur les terres indiennes. Pour celles et ceux qui souhaiteraient lire un ouvrage moins spécialisé : Les guerriers silencieux. Journaux Apaches, écrit par l’anthropologue Grenville Goodwin et son fils Neil Goodwin en 2018, nous plonge dans une incroyable aventure où plane l’ombre des Chiricahuas, derniers guerriers insaisissables, vivant encore cachés dans la Sierra Madre du nord du Mexique.
Par Charlotte Kockmann