Fiche récapitulative : Les porteurs de lumière. Nahal Tajadod
- Public : À partir du lycée - Zone géographique : Perse, du II au VIIème siècle. - Thématique : Communauté chrétienne orientale |
Née à Téhéran en 1960, Nahal Tajadod grandit dans une famille d’érudits iraniens qui l’initie très tôt au soufisme. De cette enfance, elle garde une affection particulière pour les poètes mystiques tels Roumi ou Shams de Tabriz, auxquels elle a consacré plusieurs romans. Ces fictions historiques narrent, dans une approche originale, à la fois la vie et l’œuvre de ces monuments de la pensée persane. Par sa connaissance du monde chinois, Nahal Tajadod a retracé à travers ses écrits académiques et littéraires les routes de diffusion des différentes fois répandues en Chine depuis l’ouest, l’Inde et la Perse.
À travers une grande fresque historique, l’auteure dépeint l’éclosion et le développement d’une église chrétienne dans l’empire des Sassanides, derniers monarques à avoir régné sur la Perse préislamique. Légèrement romancé pour le bien de la lecture, le livre se présente sous la forme d’une chronique historique. Le lecteur suivra les tribulations de ces premiers chrétiens d’Orient aux cours de pages riches en péripéties ; il s’attachera au sort de personnages historiques divers : missionnaires, catholicos, empereurs romains ou prophètes assassinés. Tantôt lumineux, tantôt tragiques, les retournements de fortune de cette communauté suivent de près les accessions au trône impérial et les relations fluctuantes entre l’Occident byzantin et l’Orient perse. Si l’Histoire chrétienne de l’Iran est aujourd’hui largement méconnue, l’auteure parvient à la faire entrer en résonnance avec notre époque par l’évocation de thèmes devenus aujourd’hui par trop familiers tels le fanatisme, l’esprit d’intolérance né de l’union entre Etat et religion, ou le prosélytisme. En effet, les adeptes de cette Eglise d’Orient seront les premiers missionnaires chrétiens à implanter des communautés en Inde et dans la Chine des Tang.
L’ouvrage de Nahal Tajadod se lit comme une chronique romanesque grâce à un style littéraire épuré transformant le récit de faits lointains en une fresque sociale vivante, redonnant la parole à des personnages de l’Antiquité tardive. C’est en effet la société du Moyen-Orient ancien qui se ranime sous la plume de l’auteure. Une société traversée par de nombreux antagonismes (chrétiens contre zoroastriens, nobles contre paysans, Romains contre Perses) et disputée entre deux pôles civilisationnels entre lesquels les Chrétiens servent de trait d’union. Plus encore, c’est l’opposition séculaire entre l’Orient et l’Occident qui se détache en filigrane du livre.
M.-L. Chaumont, La Christianisation de l’Empire iranien. Des origines aux grandes persécutions du IVème siècle, Louvain, 1988.
Par Léonard Martorello.