Le bilinguisme dans la douleur / Rentrée scolaire dans l'incertitude pour les jeunes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest / Manifestations séparatistes du 1er octobre 2020 / Bilan mitigé du Grand dialogue national
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 08 octobre 2020
 
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Avec la rentrée scolaire au Cameroun, des questions se posent sur son effectivité dans les Régions anglophones. Même si plusieurs dirigeants de mouvements séparatistes se sont prononcés en faveur de la reprise dans les Régions anglophones, l’environnement sécuritaire n’y est pas favorable. Plusieurs personnes estiment que le système éducatif hybride actuel ne favorise pas l’égalité entre les francophones et les anglophones. Les séparatistes armés ont imposé un boycott scolaire dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-Ouest depuis 2017 usant d’assassinats ciblés d’enseignants et de représailles sur les élèves. Ils soutiennent que le système éducatif actuel contribue à une assimilation et à une francisation des Camerounais d’expression anglaise.
Un an après la tenue du Grand dialogue national dans le but de trouver des solutions durables à la crise anglophone, les premiers bilans sont réalisés mais le conflit armé se poursuit. Dans la Région de l’Extrême-Nord, la Force Multinationale Mixte travaille à renforcer la synergie avec les forces nationales qui la composent. Elle dénonce des complicités entre les communautés locales dans la Région de l’Extrême-Nord et les combattants du groupe Boko Haram.

With the start of the school year in Cameroon, questions arise about its effectiveness in the Anglophone regions. While several separatist leaders support school resumption in the Anglophone regions, the environment is not secured enough to favour resumption in these regions. Many believe that the current hybrid education system does not promote equality between Francophones and Anglophones. Armed separatists have imposed a school blackout in the North West and South West regions since 2017 through targeted murder of teachers and retaliation on learners. They argue that the current education system contributes to the assimilation and French domination of English-speaking Cameroonians.
One year after the holding of the Major National Dialogue with the aim of finding lasting solutions to the Anglophone crisis, the first assessments are made but the armed conflict continues. In the Far North region, the Multinational Joint Force prepares to strengthen synergy with its national components. It denounces links between local communities in the Far North region and Boko Haram fighters.

 
 

L'info phare : Source médiatique

 
 

Cameroun : le bilinguisme dans la douleur.

Mille jours après la proclamation unilatérale de l’indépendance de la république virtuelle d’ « Ambazonie », France 24 revient sur la situation dans les Régions anglophones. Dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, l’insurrection armée s’est transformée en guérilla et des échanges de tirs entre combattants séparatistes et forces de défense se poursuivent malgré une baisse d’intensité.
Les populations retournent progressivement dans leurs villages et reprennent leurs activités bien que très timidement. Le conflit a déplacé près d’un million et demi de personnes. La moitié de cette population de personnes déplacées se trouve au Nigeria  et l’autre moitié se retrouve dispersée dans les villes et villages des Régions limitrophes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Dans la Région de l’Ouest limitrophe au Nord-Ouest par exemple, le sultan roi des Bamoun a  mis à disposition 800 mille hectares de terrain du domaine coutumier pour faciliter l’accueil des personnes déplacées internes de la crise anglophone.
Dans les Régions anglophones, l’armée camerounaise dit mener un double combat. Le premier combat étant celui d’assurer la sécurité des personnes et des biens, condition d’une reprise des activités à l’arrêt depuis près de trois ans. Le deuxième est celui de regagner la confiance des populations traumatisées, piégées au milieu des affrontements et premières victimes collatérales de la lutte armée.

Cameroon: Bilingualism in Pain.

France 24 re examines the situation in the Anglophone regions 1000 days after the unilateral proclamation of the independence of the virtual republic of "Ambazonia". In the North West and South West regions of Cameroon, the armed insurgency has turned into guerrilla warfare and clashes between separatist fighters and the defence forces continue despite a decline in intensity.
The populations are gradually returning to their villages and resuming their activities although very timidly. The conflict has displaced nearly 1.5 million people. Half of this displaced population is located in Nigeria and others are dispersed in towns and villages in the bordering regions to the North West and South West. In the West region bordering the North West, for example, the Sultan King of the Bamoun made available 800,000 hectares of land in the customary domain to host internally displaced persons from the Anglophone Crisis.
In the Anglophone regions, the Cameroonian army says it is fighting a double battle. The first battle is to ensure the safety of people and their property, a condition for the resumption of activities that have been shut down for nearly three years. The second battle is confidence building among traumatized populations, trapped in the midst of confrontations, and the first collateral victims of the armed struggle.

 
 

Source Médiatique

 
 

Rentrée scolaire dans l’incertitude pour une partie des élèves des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

La rentrée scolaire  s’est ouverte le 5 octobre dernier. Avant cette ouverture, plusieurs dirigeants de mouvements séparatistes s’étaient prononcés en faveur d’un retour à l’école dans l’ensemble des deux régions en crise depuis 2016.  Un tel positionnement aura-t-il un réel impact sur le terrain ? Difficile de l'affirmer au regard des divisions et des divergences d’opinions au sein des mouvements séparatistes. La prolifération des groupuscules armés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les activités de prédation qu’ils multiplient sèment le doute sur le contrôle que les dirigeants séparatistes  en exil exercent sur les « Amba Boys », les combattants armés. Même si certains sont désormais favorables à un retour à l’école dans les Régions anglophones, l’effectivité de ce retour résidera plus dans la capacité du Cameroun à reconstruire les écoles détruites pendant les trois dernières années, l’assurance de la sécurité autour des établissements, des enseignants et des élèves. Une assistance d’urgence sera également nécessaire pour faciliter l’accès à l’éducation pour les enfants qui ont perdu leurs parents ou ceux dont les parents ont tout perdu dans la crise. Aussi, il faudra vaincre la peur des représailles au sein de la population témoin de la violence des groupes séparatistes sur les enseignants et les élèves.

Back to school uncertain for some of the learners in the North West and South West regions.

School re opened on October 5th. Before this re opening, several separatist leaders had spoken out in favour of a return to school in the two regions in crisis since 2016. Will such a positioning have a real impact on the ground? Difficult to say, given the divisions and differences of opinion within the separatist movement. The proliferation of armed groups in the North West and South West regions, and the predatory activities they multiply, sow doubt on the control that the separatist leaders in exile exercise over the "Amba Boys", the armed combatants. Even if some separatist leaders are now in favour of a return to school in the Anglophone regions, the effectiveness of this return will lie more in Cameroon's ability to rebuild the schools destroyed during the last three years, and assure security around schools, teachers and learners. Emergency assistance will also be needed to facilitate access to education for children who have lost their parents or those whose parents have lost everything in the crisis. Also, it will be necessary to overcome the fear of retaliation within the population that witnessed the violence of separatist groups on teachers and learners.

 
 

Un an après le Grand dialogue national : un bilan mitigé

Tenu entre le 30 septembre et le 4 octobre 2020, le Grand dialogue national se proposait de trouver des solutions durables au conflit armé dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un an plus tard, certaines recommandations ont été mises en œuvre mais les affrontements armés se poursuivent. Alors que la partie gouvernementale estime qu’à l’issue des élections régionales du 6 décembre 2020 les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest pourront bénéficier des retombées du statut spécial de leurs Régions, plusieurs partis de l’opposition ont conditionné leur participation aux élections régionales à un cessez-le-feu dans les Régions anglophones.

Major National Dialogue: mixed results a year later.

Held between September 30 and october 4, 2020, the Major National Dialogue aimed at finding lasting solutions to the armed conflict in the North West and South West regions. A year later, some recommendations have been implemented, but armed clashes continue. While the Government believes that at the end of the regional elections of December 6, 2020, the populations of the North West and South West will be able to fully benefit from the special status of their regions, several opposition parties conditioned their participation to the regional elections to a ceasefire in the English-speaking regions.

 
 

1er octobre : des manifestations de groupes séparatistes enregistrées dans les Régions anglophones.

Le 1er octobre, le mouvement séparatiste anglophone observe ce qu’il considère être l’indépendance de la république virtuelle d’ « Ambazonie », l’État dont rêve les dirigeants des mouvements séparatistes. Le 1er octobre dernier, des images de certains rassemblements  marquant la célébration de l’indépendance ont été partagées sur les réseaux sociaux. Aussi, dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, on a noté l’affichage par endroits des drapeaux bleu et blanc de l’ « Ambazonie ».
Le 1er octobre 1961 est une date historique au Cameroun. Elle marque la fin de la tutelle britannique et le rattachement du Cameroun Occidental au Cameroun Oriental indépendant un an plus tôt. Elle est le point de départ de la réunification du Cameroun couronnée en 1972 par l’unification politique réalisée grâce au référendum du 20 mai 1972. Les trois dernières années, la date du 1er octobre a été marquée par des affrontements violents entre les groupes armés séparatistes et les forces de défenses. Cette année, le 1er octobre avait des allures de ville morte, une bonne partie de la population ayant choisi de se confiner, pour éviter d’être confondue avec les militants séparatistes.

October 1 : demonstrations by separatist groups recorded in the Anglophone regions.

On October 1, the Anglophone separatist movement observes what it considers to be the independence of the virtual republic of "Ambazonia", the state that separatist leaders dream of. On October 1, images of some rallies marking the celebration of independence were shared on social media. Also, in the North West and South West regions, the blue and white flags of "Ambazonia" were noted in some places.

October 1, 1961 is a historic date in Cameroon. This date marks the end of British trusteeship in Cameroon and the reunification of Western Cameroon, current North West and South West regions, to Eastearn Cameroon independent earlier in 1960. It is the starting point of the Cameroon's reunification crowned in 1972 by the political unification achieved through the referendum of May 20, 1972. For the past three years, the date of October 1 has been marked by violent clashes between armed separatist groups and the defence forces. This year, October 1 looked like a dead city, with much of the population choosing to confine themselves to avoid being mistaken for separatist activists.

 
 

Lutte contre Boko Haram : La Force Multinationale Mixte (FMM) prépare une nouvelle stratégie.

Lors d’une visite à Maroua dans la Région de l’Extrême-Nord du Cameroun, des responsables militaires des pays qui composent la FMM s’estimaient prêts à renforcer la synergie entre les forces nationales des États du Bassin du Lac Tchad et les forces de la FMM. Au Cameroun, les derniers bastions du groupe Boko Haram se localisent dans les petits villages des monts Mandara où les combattants de la secte exploitent leur proximité ethnique et culturelle avec les populations locales. Les chefs militaires justifient la survie du groupe par la complicité entre ses combattants et les communautés locales. La victoire sur  le groupe Boko Haram résultera donc d’une stratégie qui prend en compte une analyse de la dimension ethnoculturelle de la crise.

Fight against Boko Haram: The Multinational Joint Force (MJF) is preparing a new strategy.

During a visit to Maroua in the Far North region of Cameroon, military officials from the countries that make up the MJF felt ready to strengthen the synergy between national forces of the Lake Chad Basin States and the forces of the MJF. In Cameroon, the last strongholds of the Boko Haram group are located in the small villages of the Mandara Mountains where the sect's fighters exploit their ethnic and cultural proximity with the local populations. The military leaders justify the survival of the group by the complicity between its fighters and local communities. The victory over Boko Haram will therefore result from a strategy that takes into account analysis of the ethno cultural dimension of the crisis.

 
 

Source religieuse

 
 

Religion, tradition et spiritualité autour des rites funéraires du peuple « Vuté ».

Le peuple « Vuté » constitue l’un des nombreux groupes qui peuplent le Cameroun. Les manifestations qui suivent la perte d’un membre de la communauté « Vuté » allient la tradition et les pratiques des religions révélées. La Croix Africa revient sur les rites funéraires de ce peuple de la Région du centre du Cameroun et présente ce qui s’apparente à du syncrétisme.

Religion, tradition and spirituality around funeral rites among the ‘’Vute’’ people.

The ‘’Vute’’ people are one of the many groups that inhabit Cameroon. The gathering following the dead of a member of the ‘’Vute’’ community combine the tradition and practices of revealed religions. ‘’La Croix Africa’’ looks at the funeral rites of this people of the central region of Cameroon and presents what is akin to syncretism.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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