Inquiétudes des Nations Unies au sujet des violences ciblant les civils et les religieux / Nouvelles révélations sur les violations de droits de l'homme / Victoire du RDPC aux élections régionales / Impact de la crise anglophone sur les relations intercommunautaires au Cameroun
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 15 décembre 2020
 
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L’ONU s’inquiète des violences commises à l’encontre des civils et des religieux au Cameroun au moment de la  commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme. Cette commémoration a donné l’occasion de revenir sur la situation des droits de l’homme dans le pays. Entre 2016 et 2020, la situation s’est considérablement dégradée avec l’escalade de la violence dans les Régions anglophones, les exactions de Boko Haram dans la Région de l’Extrême-Nord et l’emploi de la méthode forte par Yaoundé pour contrer les manifestants du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). De nombreuses exactions survenues dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont été exposées cette semaine dans divers rapports qui dénoncent des exactions contre les populations civiles non armées dont les enseignants, les apprenants et les religieux. Les arrestations et emprisonnements jugés illégaux ou encore le défèrement de civils devant la justice militaire y sont également rapportés.
L’opposant Maurice Kamto, le leader du MRC sort de « l’assignation de fait à résidence » au lendemain des élections régionales remportées par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir. Pour ses partisans, les conseils régionaux n’apportent pas une solution aux crises en cours dans le pays. Le RDPC qui remporte les élections dans les Régions anglophones sera aux commandes de l’effectivité du statut spécial accordé au Nord-Ouest et au Sud-Ouest. Dans ces régions, la crise qui dure depuis 2016 donne naissance à des affrontements intercommunautaires. Dans les revendications d’un cessez-le-feu dans ces régions des coalitions intercommunautaires et interrégionales se créent et se renforcent mais les concessions accordées par le gouvernement depuis 2016 inspirent de nouvelles formes de replis identitaires.
Des réfugiés centrafricains installés au Cameroun depuis près de sept ans ont débuté leur voyage retour vers la Centrafrique à l’approche des élections présidentielles.

The UN is worried about violence against civilians and religious leaders in Cameroon as we commemorate International Human Rights Day. This commemoration provided the opportunity to review the human rights situation in the country. Between 2016 and 2020, the situation deteriorated considerably with the escalation of violence in the Anglophone regions, the atrocities of Boko Haram in the Far-North region and the repression method by Yaoundé to counter the demonstrators from the Cameroon Renaissance Movement (CRM). Numerous abuses that have occurred in the North-West and South-West regions have been exposed in various reports denouncing abuses against unarmed civilian populations including teachers, learners and religious leaders, arrests and imprisonment deemed illegal and the trial of civilians before military courts.
Opposition leader Maurice Kamto, the leader of the CRM, is coming out of "de facto house arrest" following the regional elections won by the ruling Cameroonian People's Democratic movement (CPDM). For its supporters, regional councils do not provide a solution to the ongoing crisis in the country. The CPDM which won the elections in the Anglophone regions will be in charge of the implementation of the special status granted to the North-West and South-West. In these regions, the crisis that has lasted since 2016 gives rise to inter-community clashes. In demands for a ceasefire in these regions, inter-community and inter-regional coalitions are being created and strengthened, but the concessions granted by the Government since 2016 inspire new forms of identity crisis.
Refugees from the Central African Republic who have been living in Cameroon for nearly 7 years have started their return journey to the Central African Republic in the run-up to the presidential elections.

 
 

L'info phare - Source institutionnelle

 
 

L’ONU s'inquiète des violences ciblant les civils et les religieux au Cameroun.

L’Envoyé spécial de l’ONU pour l’Afrique centrale déplore la poursuite des violences dans trois des dix Régions du Cameroun à savoir le Nord-Ouest, le Sud-Ouest et l’Extrême-Nord. Il s’indigne également du fait que la nouvelle vague de violence cible désormais les civils non armés dont les élèves, les enseignants et les religieux. En effet, aux mois d’octobre et de novembre, plusieurs attaques ont ciblé des écoles, faisant des victimes parmi des apprenants et des enseignants. Plusieurs enseignants et religieux dont le cardinal Christian Tumi avaient également été enlevés, puis libérés quelques jours après. Alors que les acteurs sociaux au Cameroun et la communauté internationale appellent à un cessez-le-feu et à la fin des atrocités dans les zones en crise, le dialogue de sourds entre groupes armés séparatistes et le gouvernement se poursuit.

The UN worries about violence targeting civilians and religious in Cameroon.

The UN Special Envoy for Central Africa deplores the continuing violence in three of Cameroon's ten regions, namely the North-West, the South-West and the Far-North. He is also outraged that the new wave of violence is targeting unarmed civilians, including students, teachers and clerics. Indeed, in the months of October and November, several attacks targeted schools, claiming victims among learners and teachers. Several teachers and religious, leaders including Cardinal Christian Tumi, were also kidnapped, then released a few days later. As social actors in Cameroon and the international community call for a ceasefire and the end of atrocities in crisis areas, the dialogue between armed separatist groups and the government is still awaited.

 
 

Source médiatique

 
 

Cameroun : Nouvelles révélations sur les exactions dans les Régions anglophones depuis 2016.

Des universitaires britanniques et canadiens ont publié huit nouveaux rapports sur des atrocités commises dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. Ces rapports documentent et exposent des faits recensés ces quatre dernières années et déterminent la responsabilité des forces de défense et des groupes armés séparatistes, tous auteurs de violations des droits de l’homme dans ces régions.

En effet, à mesure que l’on avance depuis 2016, on note une « détérioration des méthodes meurtrières » qui suscite chaque fois l’indignation au Cameroun et au sein de la communauté internationale.

Cameroon: New revelations on the abuses in the English-speaking region since 2016.

British and Canadian researchers have released eight new reports on atrocities committed in the North-West and South-West regions since 2016. These reports document and set out facts gathered over the past four years and determine the responsibility of the defence forces and armed separatist groups perpetrating human rights violations in these regions.

In fact, as we move forward since 2016, there has been a "deterioration of murderous methods" which each time arouses indignation in Cameroon and within the international community.

 
 

Maurice Kamto libre après la levée du Blocus autour de sa résidence.

Le dispositif créé autour de la résidence de Maurice Kamto a été levé deux jours après les élections régionales dont il a contesté l’organisation avec ses partisans. Avec le démantèlement du dispositif placé autour de sa résidence depuis le mois de septembre, le leader  du MRC est désormais libre de ses mouvements mais sa situation « continuera de faire l’objet d’un examen attentif » selon le gouvernement camerounais cité par le journal Le Point. Les contestations post-électorales lui avaient déjà valu une arrestation et un emprisonnement en 2019.

Maurice Kamto free after the lifting of the Blockade around his residence.

The blockade created around the residence of Maurice Kamto was lifted two days after the regional elections, which he contested with his supporters. With the dismantling of the blockade around his residence since September, the leader of the CRM is now free to move around but his situation “will continue to be closely examined” according to the Cameroonian government quoted by ‘’Le Point’’ newspaper. The post-election challenges had already earned him an arrest and imprisonment in 2019.

 
 

Premières élections régionales remportées par le RDPC.

Organisées le 6 décembre dernier, les premières élections régionales du Cameroun ont été largement remportées par le parti au pouvoir. Neuf régions sur les dix que compte le pays seront dirigées par ce parti qui a également remporté les élections dans les Régions anglophones. La responsabilité de la mise en œuvre du statut spécial des Régions anglophones revient donc au RDPC. Les positions sont divergentes sur l’impact que ces élections peuvent avoir sur la crise socio politique que traverse le pays. Alors qu’elles marquent une nouvelle avancée vers la décentralisation prévue dans la Constitution de 1996 et vers l’effectivité du statut spécial accordé aux Régions anglophones lors du Grand Dialogue National de 2019, ces élections sont critiquées par l’opposition. Le MRC émet des doutes sur son potentiel et le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN) estime que le RDPC grand vainqueur n’a pas joué « franc jeu ». Les chefs traditionnels pour leur part perçoivent leur participation à ces élections et leur représentation au sein des conseils régionaux comme une lueur d’espoir pour les zones rurales souvent oubliées dans la prise de décision.

First regional elections won by the CPDM.

Organized on December 6, Cameroon's first regional elections were largely won by the ruling party. Nine of the ten regions in the country will be led by this party which also won the elections in the Anglophone regions. Responsibility for the implementation of the special status of these regions therefore returns to the CPDM. Divergent positions arise on the impact these elections can have on the socio-political crisis the country is experiencing. While the elections mark a further step towards the decentralization provided for in the 1996 constitution and towards the effectiveness of the special status granted to the Anglophone regions during the Major National Dialogue of 2019, these elections are criticized by the opposition. The CRM has doubts about his potential and the PCRN believes that the overwhelming CPDM has not played "fair game". Traditional leaders see their participation in these elections and their representation in regional councils as a beacon of hope for rural areas often neglected in decision-making.

 
 

Les réfugiés centrafricains regagnent progressivement leur pays.

Une première vague de réfugiés du camp de Gado Badzéré sont retournés dans leur pays après plusieurs années de séjour au Cameroun. Sur les 27 000 réfugiés centrafricains vivant dans ce camp près de 2 000 d’entre eux sont candidats à un retour volontaire dans leur pays à l’approche des élections présidentielles. L’initiative pour un retour volontaire des réfugiés centrafricains dans leur pays avait été critiquée dès son annonce. Des analystes soupçonnaient une volonté d’expulsion contraire aux engagements du Cameroun à l’international. S’il n’est pas question d’expulser les réfugiés centrafricains du Cameroun ou de s’investir dans leur rapatriement, les responsables du système des Nations Unies au Cameroun affirment vouloir faciliter ces retours dans le « respect du droit de retour chez soi des réfugiés ».

The Central African refugees are gradually returning to their country.

A first wave of refugees from the Gado Badzere camp returned to their country after several years of stay in Cameroon. Of the 27,000 Central African refugees living in this camp, nearly 2,000 of them are candidates for voluntary return to their country in the run-up to presidential elections. The initiative for the voluntary return of Central African refugees to their country had been criticized as soon as it was announced. Analysts suspected a desire to break Cameroon's international commitments. While it is not an initiative to expell the Central African refugees from Cameroon or to invest in their repatriation, the officials of the United Nations system in Cameroon affirm that they facilitate these returns while "respecting the refugees’ right of return to their homes.”.

 
 

L'info phare - Source institutionnelle

 
 

Cameroun : détentions arbitraires et tribunaux militaires, dernier épisode de la répression contre les opposants.

Dans une déclaration sur le Cameroun, l’ONG Amnesty International présente « le dernier épisode de la répression du gouvernement camerounais contre les voix dissidentes ». Plusieurs personnes arrêtées dans le cadre des manifestations du mois de septembre sont toujours détenues. Certaines d’entre elles sont déférées devant les tribunaux militaires. L’organisation évoque également des violations du droit à la liberté de réunion et de manifestation pacifique au Cameroun.

Cameroon: arbitrary detentions and military courts, last episode of the repression against opponents.

In a statement on Cameroon, Amnesty International presents "the latest episode in the Cameroonian government's crackdown on dissenting voices". Several people arrested in connection with the protests in September remain in detention. Some of them are referred to military courts. The organization also refers to violations of the right to freedom of assembly and peaceful demonstration in Cameroon.

 
 

L'info phare - Source Pharos

 
 

La crise anglophone influence les rapports interculturels au Cameroun.

Dans une analyse de la crise anglophone accordée à l’Observatoire Pharos, Joseph Léa Ngoula conclut que la crise anglophone a un impact négatif sur les relations intercommunautaires au Cameroun. Si « ’la crise anglophone n’est pas un conflit qui oppose les anglophones aux francophones »,  elle inspire d’autres formes de replis identitaires et génère des tensions entre les communautés occupant les régions anglophones mais ayant des positions contraires sur la crise. Le ciblage des communautés bororos par les groupes armés séparatistes dans la Région du Nord-Ouest est un exemple qui illustre les violences intercommunautaires dans le cadre de la crise anglophone. Les Bororos, éleveurs installés dans les régions anglophones depuis la période coloniale refusent d’apporter un soutien humain, matériel et financier aux combattants séparatistes depuis le début de la crise. Le mouvement 10 millions de nordistes semble avoir été inspiré par la crise anglophone, les concessions du pouvoir de Yaoundé aux Régions anglophones suscitant les convoitises d’autres groupes.

The Anglophone crisis influences intercultural relations in Cameroon.

In an analysis of the Anglophone crisis granted to the Pharos Observatory, Joseph Léa Ngoula concludes that the Anglophone crisis has a negative impact on inter-community relations in Cameroon. While ‘’the Anglophone crisis is not a conflict between Anglophones and Francophones’’, it inspires other forms of identity withdrawal and generates tensions between the communities occupying the Anglophone regions but having opposite positions on the crisis. The targeting of Bororo communities by armed separatist groups in the North West region is an example that illustrates inter communal violence in the context of the Anglophone crisis. The Bororo, pastoralists living in the Anglophone regions since the colonial period, refuse to provide human, material and financial support to separatist fighters since the start of the crisis. The 10 Million Northerners Movement appears to have been inspired by the Anglophone crisis, with Yaounde’s concessions of power to Anglophone regions arousing the greed of other groups.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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