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L’annonce des échanges du mois d’août entre les leaders séparatistes emprisonnés à Yaoundé et des représentants du Gouvernement avait suscité beaucoup d’espoir au sein de la population camerounaise et parmi les analystes de la crise anglophone. Cette lueur d’espoir se dissipe avec l’opération militaire lancée par l’armée pour « sécuriser la ville de Bamenda » en réponse aux nouvelles attaques organisées par des combattants séparatistes contre des civils et des membres des forces de défense. Si le Gouvernement multiplie des initiatives en faveur de la paix dans les régions anglophones, cette opération montre qu’il n’est pas prêt à céder à la demande de retrait des forces de défense dans les régions en crise, une des conditions posées par les séparatistes pour entrer en négociation. Les récentes attaques de groupes séparatistes dans la ville de Bamenda et d’autres localités des Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest n’encouragent pas une telle démarche. Au contraire, elles ont attiré la première opération militaire spéciale depuis le début de la crise anglophone en 2016. Alors que le Gouvernement dit attendre une réponse favorable des groupes séparatistes à l’ensemble d’initiatives prises depuis 2016 en réponse à la crise en cours, les groupes séparatistes rejettent en bloc ces initiatives qu’ils qualifient de « mesures cosmétiques destinées à les distraire ». Ils se disent prêts à engager des négociations si celles-ci sont organisées selon leur format, hors du Cameroun, facilitées par un médiateur international, après une amnistie totale des leaders séparatistes et une libération de l’ensemble des prisonniers de la crise anglophone. Le Gouvernement de son côté s’oppose toujours à une internationalisation de ce qu’elle considère être un problème qui relève de la seule compétence du Cameroun et des Camerounais.
Dans la Région de l’Extrême-Nord, de nouvelles attaques de combattants de Boko Haram ont fait des victimes parmi des civils et les membres des forces de défense. Dans cet environnement sécuritaire, les organisations de la société civile multiplient des initiatives en faveur de la déradicalisation et la promotion de la cohésion sociale dans les zones touchées par les conflits armés.
Sur le plan politique,alors que les élections régionales sont annoncées pour décembre 2020, l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) est accusée d’ethnicisme et perd plusieurs de ses cadres.
The announcement of the August exchanges between separatist leaders imprisoned in Yaoundé and Government officials had raised much hope among the Cameroonian population and among analysts of the Anglophone crisis. This glimmer of hope is dissipated with the military operation launched by the army to "secure the city of Bamenda" in response to new attacks organized by separatist fighters against civilians and members of the defence forces. If the Government is multiplying initiatives in favour of peace in the English-speaking regions, this military operation shows that the Government is not ready to give in to the demand for the withdrawal of the defence forces in the regions in crisis, one of the conditions set by the separatists to participate in any negotiations. Recent attacks by separatist groups in the city of Bamenda and other localities in the North-West and South-West regions do not encourage such a move. On the contrary, it attracted the first special military operation since the beginning of the Anglophone crisis in 2016. While the Government says it expects a favourable answer from the separatist groups to all the initiatives taken since 2016 in response to the ongoing crisis, the separatist groups reject the whole of these initiatives, which they qualify as “cosmetic measures intended to distract them”. They say they are ready to start negotiations only if they are organized according to their format, outside Cameroon, facilitated by an international mediator, after a total amnesty of the separatist leaders and the release of all prisoners of the Anglophone crisis. The Government is still opposed to an internationalization of what it considers to be a problem that falls under the sole jurisdiction of Cameroon and Cameroonians.
In the Far-North Region, further attacks by Boko Haram fighters have left civilians and members of the defence forces dead. In this security environment, civil society organizations are multiplying initiatives in favour of de-radicalization and the promotion of social cohesion in areas affected by armed conflicts.
At the political level and while the regional elections are announced for December 2020, the Democratic Union of Cameroon (CDU) is accused of ethnicism and loses several of its executives board members.
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L'info phare : Source médiatique
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Cameroun : l'impasse se poursuit entre les séparatistes et Yaoundé.
Les négociations sont à l’arrêt entre Gouvernement et groupes séparatistes mais l’analyste Christopher Fomunyoh présente les conditions pour des négociations fructueuses. Si l’engagement du Gouvernement aux échanges initiés au mois d’août par l’Église catholique témoigne d’une volonté de Yaoundé de trouver une solution négociée à la crise qui secoue les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il estime que celui-ci devrait affirmer publiquement sa volonté de négocier. Ceci devrait favoriser un climat de confiance et permettre de créer une base solide pour les échanges. En attendant que cela soit fait, l’environnement devrait permettre d'envisager une sortie de crise, notamment par rapport au lourd bilan humain et humanitaire, au coût élevé des opérations militaires, au coût économique de la crise sur les populations et à la pandémie de COVID-19. Les appels à une cessation des hostilités adressés par la société civile sont ignorés. Les divisions au sein de mouvement séparatiste et la méfiance entre les parties n’encouragent pas une évolution de la situation.
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Cameroon : gridlock continues between separatists and Yaounde.
Negotiations between Government and separatist groups are at a standstill, but the analyst Christopher Fomunyoh sets out the conditions for successful negotiations. If the Government's commitment to the exchanges initiated in August by the Catholic Church testifies Yaounde's desire to find a negotiated solution to the crisis which is shaking the North-West and South-West Regions, he believes that it should publicly state its willingness to negotiate. This would foster trust-building and help create a solid basis for exchanges. Until this is done, the environment should impose an end to the crisis, considering the heavy human and humanitarian toll, the high cost of military operations, the economic cost of the crisis on populations and the COVID-19 pandemic. Civil society calls for a cease fire are ignored. Divisions within the separatist movement and mistrust between the parties do not encourage further development.
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L’armée camerounaise intervient dans une opération pour sécuriser la ville de Bamenda.
Pour répondre à une nouvelle vague de violences ayant causé la mort de deux personnes dont un civil et un membre des forces de défense, l’armée camerounaise a lancé l’opération ‘’Bamenda clean’’ pour sécuriser la ville. Cette opération s’est soldée par de nombreuses arrestations et l’élimination de ‘’Mad dog’’ un combattant séparatiste ayant organisé des actes de violence ciblant des civils et des militaires. La population se dit inquiète de la situation très tendue dans la ville de Bamenda depuis mercredi dernier.
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The Cameroonian army is intervening in an operation to secure the city of Bamenda.
In response to a new wave of violence that caused the death of two people, including a civilian and a member of the defence forces, the Cameroonian army launched the "Bamenda clean" operation to secure the city. This operation resulted in numerous arrests and the elimination of "Mad Dog", a separatist fighter who organized violent activities targeting civilians and soldiers. The population has been worried about the very tense situation in the city of Bamenda since last Wednesday.
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Lutte contre Boko Haram : un nouveau camp militaire érigé à la frontière avec le Nigéria.
Inauguré le 7 septembre 2020, ce camp est affecté au Bataillon d’Intervention Rapide (BIR) en première ligne dans le combat contre Boko Haram. Par la mise en place de ce camp, le Cameroun renforce ses capacités opérationnelles face à une remontée des attaques du groupe Boko Haram dans les villages frontaliers de l’Extême-Nord. Doté d’un effectif de 120 soldats, ce camp pourra-t-il renforcer la protection des populations civiles ciblées dans plusieurs attentats et combler les lacunes reconnues à la Force Multinationale Mixte ?
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Fight against Boko Haram: A new military camp built on the border with Nigeria.
Launched officially on September 7, 2020, this camp is assigned to the Rapid Intervention Battalion (BIR) on the frontline in the fight against Boko Haram. By setting up this camp, Cameroon is strengthening its operational capacities to curb the resurgence of attacks by the Boko Haram group in the border villages of the Far-North Region. With a staff of 120 soldiers, will this camp be able to strengthen the protection of the civilian populations targeted in several attacks and fill the gaps the existing gaps of the Multinational Joint Force ?
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Le Sénat américain se prononce contre le boycott scolaire dans les régions anglophones.
Le Sénat américain « exhorte les séparatistes armés anglophones à cesser le feu afin de permettre le retour en toute sécurité de tous les élèves en classe ». En 2019, l’UNICEF estimait à plus de 855 000 le nombre d’enfants privés d’éducation en raison de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. La rentrée scolaire prochaine est prévue dans trois semaines mais la crise se poursuit. Pire encore, les élèves, étudiants et enseignants sont ciblés par les groupes séparatistes qui imposent un boycott scolaire comme moyen de pression sur le Gouvernement depuis le début de la crise. Par cette décision, le Sénat américain joint sa voix à celle d’organisations de la société civile camerounaise et d'ONG internationales qui dénonçaient déjà l’impact négatif du boycott scolaire sur l’avenir des jeunes des régions anglophones.
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The US Senate speaks out against the schools boycotts in Anglophone regions.
According to SBBC, the US Senate "urges Anglophone armed separatist groups to cease fire in order to help the pupils and students get back to school safely." In 2019, UNICEF estimated at more than 855,000 the number of children deprived of education due to the crisis in the North-West and South-West Regions of Cameroon. The next school year is scheduled to start in 3 weeks but the crisis continues. Yet, students and teachers have been targeted by separatist groups who have imposed school boycott as a mean of pressure on the Government since the start of the crisis. With this decision, the US Senate joins its voice to Cameroonian civil society organizations' and international NGOs' ones, that have already denounced the negative impact of the school boycott on the future of young people in Anglophone regions.
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Des cadres dénoncent l’ethnicisme au sein de l’Union Démocratique du Cameroun (UDC).
Alors que l’UDC se prépare à participer aux élections régionales du mois de décembre, des cadres du parti claquent la porte et dénoncent l’ethnicisme autour de la succession d’Adamou Ndam Njoya à la tête du parti. Ces accusations rappellent d’autres démissions survenues par le passé au sein de ce parti et dans des circonstances similaires. La fibre culturelle et ethnique a souvent été agitée par des partis politiques pour attirer la sympathie de certains électeurs. Le code électoral camerounais prévoit une disposition sur la prise en compte de la composante sociologique dans l’établissement des listes électorales. Cette disposition jugée insuffisante, n’est pas accompagnée par une volonté de valoriser l’extrême diversité du Cameroun partagée par l'ensemble des partis politiques. L’UDC rassemble l’essentiel de ses militants dans le Département du Noun et principalement au sein de la communauté bamoun à laquelle son fondateur Adamou Ndam Njoya appartient. Aucun autre parti politique n’a vraiment réussi à s’implanter dans ce Département que l’UDC se partage avec le RDPC au pouvoir. Généralement identifié comme « parti départemental », un « parti des Bamoun », l’UDC ne s’est en réalité jamais imposée hors des frontières du département. En 2013, elle avait été battue aux élections sénatoriales par le Social Démocratic Front (SDF) qui bénéficiait d’un soutien du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir. Tomaino Ndam Njoya accusée de discrimination ethnique avait été élue à la fois au poste de Maire de la ville de Foumban pour remplacer son époux, et députée à l’Assemblée Nationale avant de prendre la tête du parti.
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Executives denounce ethnicism within the Democratic Union of Cameroon (CDU).
As the CDU prepares to take part in the regional elections in December, some leaders of the party resign and denounce ethicism around the succession of the former party leader Adamou Ndam Njoya. These accusations recall other resignations recorded under similar circumstances in the past. The cultural and ethnic identity has often been stirred up by political parties to attract voters. The Cameroonian electoral code includes a provision on taking into account the sociological component in the establishment of electoral lists. This provision, deemed insufficient, is not accompanied by a desire of all political parties to promote Cameroon's extreme diversity. The CDU concentrates most of its activists in the Noun Division and mainly within the Bamoun community to which its Founder Adamou Ndam Njoya belongs. No other political party has really succeeded in gaining a foothold in this Division which the CDU shares with the ruling RPDC. Usually identified as a "divisional party" or a "Bamoun party", the CDU has never really established itself outside the Noun Division. In 2013, it was defeated in the senatorial elections by the Social Democratic Front (SDF), which had been supported by the ruling Cameroon People’s Démocratic Movement (RDPC). Tomaino Ndam Njoya, accused of ethnic discrimination, had been elected both as Mayor of the town of Foumban to replace her husband, and as a Member of the National Assembly before taking the lead of the party.
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Des courts métrages pour contrer les mariages forcés et la radicalisation dans l'Extrême-Nord.
Deux courts métrages sont produits pour renforcer la résilience des jeunes des départements du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga dans la Région de l’Extrême-Nord et faciliter leur participation au processus de prise de décision et de prévention de la violence. Ces réalisations de la Compagnie théâtrale et cinématographique Mbagoutolom (COTHECIM) interviennent dans un contexte où la stratégie fortement militaire tarde à produire les effets escomptés dans la lutte contre Boko Haram autour du Lac Tchad.
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Short films to counter forced marriages and radicalization in the Far-North.
Two short films are produced to strengthen the resilience of young people and to facilitate their participation in the decision-making process and the prevention of violence in the Mayo-Sava and Mayo-Tsanaga Divisions in the Far-North Region. These achievements of the Mbagoutolom Theatrical and Cinematographic Company (COTHECIM) occur in a context when the strongly militarised strategy in the fight against Boko Haram around Lake Chad is proven less productive than expected.
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Des médiateurs de la paix formés pour lutter contre les violences intercommunautaires dans le Nord-Ouest du Cameroun.
Pour faciliter la participation des femmes et des jeunes aux initiatives de construction de la paix et pour soutenir les mécanismes de cohésion sociale et de vivre-ensemble au Cameroun, une formation de médiateurs communautaires a été organisée du 14 au 28 août 2020 dans la Région du Nord-Ouest. Plus de 100 personnes incluant des membres de la communauté mbororo ont participé à cette formation organisée par l’organisation dénommée Association for the Welfare of Women and Indigenous People (ASOWWIP). La crise anglophone a dégradé les relations entre la communauté mbororo et d’autres communautés du Nord-Ouest en raison de leur ciblage par des combattants séparatistes.
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Peace mediators trained to curb inter-communal violence in the North-West of Cameroon.
To facilitate the participation of women and young people in peace building initiatives and support mechanisms for social cohesion and living together in Cameroon, a training for community mediators was organized in the North-West Region from 14 to 28 August 2020. More than 100 people including members of the Mbororo community participated in this training organized by the Association for the Welfare of Women and Indigenous People (ASOWWIP). The Anglophone crisis has degraded the relations between the Bororo community and other communities in the North-West as they have been targeted by separatist fighters.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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