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La célébration de la Fête de la Jeunesse le 11 février dernier a été émaillée par un grave incident. Une bombe artisanale a explosé après la parade des élèves sur la place des fêtes de Nkambe, dans le Nord-Ouest, tuant une élève de 15 ans, et faisant plusieurs dizaines de blessés. Le journaliste Bruno Bidjang a été arrêté le 7 février dernier, après avoir fait un post sur sa page Facebook, incitant les Camerounais à « s’indigner » contre la vie chère. Cet événement a mis le monde de la presse en émoi, face à ce qui apparaît clairement comme une remise en cause de la liberté d’expression et du débat public. Youth Day celebrations on February 11 were marred by a serious incident. A homemade bomb exploded after the parade of pupils in the Nkambe festival square in the North-West region, killing a 15-year-old pupil and injuring several dozen others. Journalist Bruno Bidjang was arrested on February 7 after posting a message on his Facebook page urging Cameroonians to "take action" against the high cost of living. This event sent shockwaves through the press world, in the face of what clearly appears to be a challenge to freedom of expression and public debate.
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Info Phare - Source médiatique
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Attentat à la bombe contre la parade de la Fête de la Jeunesse à Nkambe
Après le défilé marquant la 58e édition de la Fête de la Jeunesse qui se tient tous les 11 février, l’explosion d’une bombe artisanale sur la place des fêtes de Nkambe (département du Donga-Mantung, région du Nord-Ouest) a fait un mort (Cherish Limnuyu, élève de 15 ans) et quarante à quatre-vingts blessés, selon les sources. Le gouverneur de la région, Adolphe Lele Lafrique, a indiqué que les auteurs de l’attaque ont été arrêtés par les forces de défense et de sécurité. StopBlaBlaCam rappelle que, Lucas Ayaba Cho, leader sécessionniste en exil, avait ordonné à ses partisans de « verrouiller » les deux régions du 10 au 12 février, afin d’empêcher le déroulement de cette célébration nationale. Quatre jours plutôt, le sous-préfet de Bamenda II avait été enlevé avec des membres de sa suite, alors qu’il se rendait à la cérémonie d’installation du nouveau préfet du Donga-Mantung. Cet événement tragique ciblant les tout jeunes a suscité une indignation générale dans l’opinion publique. Le président Paul Biya a condamné « fermement cette attaque » sur son compte Facebook, ainsi que le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, sur son compte X (ex-Twitter) qui promet « qu’ensemble nous vaincrons ces ennemis de la République ».
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Bomb attack on Youth Day parade in Nkambe
After the parade marking the 58th edition Youth Day, held every February 11, an improvised explosive device exploded in the festival square (Donga-Mantung division, North-West region), killing Cherish Limnuyu, a 15-year-old student, and injuring between forty and eighty others, depending on the source. The governor of the region, Adolphe Lele Lafrique, said the perpetrators of the attack had been arrested by the defence and security forces.
StopBlaBlaCam recalls that Lucas Ayaba Cho, the secessionist leader in exile, had ordered his supporters to "lock down" the two regions from February 10 to 12, in order to prevent this national celebration from taking place. Four days earlier, the Divisionnal Officer of Bamenda II had been kidnapped along with members of his retinue on his way to the installation ceremony of the Senior Divisionnal Officer of Donga-Mantung. This tragic event, targeting the very young, provoked widespread public indignation. President Paul Biya "firmly condemned this attack" on his Facebook account, as did Prime Minister Joseph Dion Ngute on his X account (formerly Twitter), promising that "together we will defeat these enemies of the Republic".
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Source institutionnelle - Institutional Source
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Discours à la Jeunesse
Respectant la tradition, le président Paul Biya s’est adressé à la Jeunesse le 10 février via la Cameroun Radio Television (CRTV), l’organe public national. Il y a abordé les « questions structurelles » que sont l’éducation, l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi ainsi que leur participation à la construction du pays. Mais le sujet brûlant est bien celui de l’émigration : « La volonté croissante d’une frange de notre jeunesse, d’émigrer vers d’autres cieux, est de plus en plus préoccupante. Surtout lorsqu’elle tourne à l’obsession et concerne même des personnes qui ont réussi localement leur insertion sociale », a-t-il déploré. « Certes, notre pays, comme bien d’autres dans le monde, connaît une conjoncture difficile. Cependant, la solution n’est pas toujours de s’en aller », a-t-il plaidé. Dans le même élan, il a également abordé la question des « valeurs civiques et morales qui sont le socle de la vie en société » pour regretter leur détérioration progressive. « La dépravation des mœurs, les comportements inciviques et déviants, la violence, l’indiscipline, la consommation de l’alcool et des stupéfiants, l’intolérance, progressent dans notre société. Le milieu scolaire n’y échappe pas. Les réseaux sociaux, qui sont désormais le terrain d’expression favori des jeunes, sont dévoyés et deviennent le théâtre de toutes sortes d’extrémismes. » Les invitant à une prise de conscience, il a également interpellé les parents et les éducateurs dans leur rôle d’encadrement, « pour qu’ils assument pleinement leurs responsabilités », tout en les encourageant à « ne pas baisser les bras » « malgré l’évolution inexorable des mentalités et des comportements ». Alors que le thème de cette 58e édition de la Fête de la Jeunesse est « Jeunesse, import-substitution et patriotisme économique pour le progrès du Cameroun », Paul Biya a appelé les jeunes à s’investir dans la production : « Je vous invite à saisir les opportunités qu’offre la mise en œuvre du Plan triennal intégré d’import-substitution 2024-2026, pour vous engager dans des activités de production. Elles vous permettront non seulement de vous rendre utiles à votre pays, mais aussi de trouver les moyens de subvenir à vos besoins ». La Fête de la Jeunesse a été instituée en 1966 par le premier Président du Cameroun, Ahmadou Ahidjo, qui affirmait en son temps que « les jeunes sont le fer de lance de la nation et qu’ils ont un rôle important à jouer dans le devenir socio-économique et politique du pays, et devraient activement participer à l’édification d’un Cameroun prospère ».
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Address to the Youth
In keeping with tradition, President Paul Biya addressed the country's youth on February 10 via Cameroon Radio Television (CRTV), the national public broadcaster. He addressed the "structural issues" of education, the integration of young people into the job market and their participation in the construction of the country. But the burning issue is emigration: "The growing desire of a fringe of our youth to emigrate to other climes is increasingly worrying. Especially when it becomes an obsession and even concerns people who have successfully integrated into local society", he deplored. "Admittedly, our country, like many others around the world, is experiencing difficult times. However, the solution is not always to leave", he pleaded. In the same vein, he also addressed the issue of "civic and moral values, which are the foundation of life in society", lamenting their gradual deterioration. "The depravity of morals, uncivil and deviant behaviour, violence, indiscipline, the consumption of alcohol and drugs, and intolerance are all on the rise in our society. Schools are no exception. Social networks, which are now young people's favourite means of expression, are being misused and are becoming the stage for all kinds of extremism". Inviting them to become more aware, he also called on parents and educators in their supervisory role "to fully assume their responsibilities", while encouraging them "not to give up" "despite the inexorable changes in attitudes and behaviour". While the theme of this 58th edition of the Youth Festival is "Youth, import-substitution and economic patriotism for the progress of Cameroon", Paul Biya called on young people to invest in production: "I invite you to seize the opportunities offered by the implementation of the Three-Year Integrated Import-Substitution Plan 2024-2026, to engage in production activities. They will not only enable you to be useful to your country, but also to find the means to support yourselves". The Youth Day was instituted in 1966 by the first President of Cameroon, Ahmadou Ahidjo, who said at the time that "young people are the spearhead of the nation and have an important role to play in the socio-economic and political future of the country, and should actively participate in building a prosperous Cameroon".
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Mutilations génitales féminines
À l’occasion de la 17e édition de la Journée internationale de Tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines qui se tient tous les 6 février, la Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC) a rendu publique une déclaration marquant l’événement le 5 février dernier. On y prend connaissance des statistiques qui démontrent la persistance de la pratique, qui a connu un regain durant la pandémie de Covid-19 avec la fermeture des écoles. Les chiffres du ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) indiquent une prévalence nationale de 1,4 % de femmes ayant subi des mutilations génitales féminines (MGF) avec un pic dans les régions de l’Extrême-Nord (5,4 %), du Sud-Ouest (2,4 %), du Nord (2,2 %) et de l’Est (1,6 %). Les femmes des ethnies arabes Choa, peuls, haoussas et kanuri présentent un taux de 13 %. Pour conclure, la Commission recommande aux pouvoirs publics d’accroître la sensibilisation du public sur les conséquences néfastes des MGF, en particulier auprès des communautés où la pratique perdure. La CDHC réitère sa recommandation aux chefs traditionnels et aux leaders communautaires de modifier les pratiques coutumières qui soutiennent ou tolèrent les MGF et d’éliminer les stéréotypes qui légitiment la violence à l’égard des femmes.
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Female genital mutilation
To mark the 17th International Day of Zero Tolerance to Female Genital Mutilation, held every February 6, the Human Rights Commission of Cameroon (HRCC) issued a statement on February 5. It gives statistics showing the persistence of the practice, which increased during the Covid-19 pandemic when schools were closed. Figures from the Ministry for the Promotion of Women and the Family (MINPROFF) show a national prevalence rate of 1.4% of women having undergone female genital mutilation (FGM), with a peak in the Far-North (5.4%), South-West (2.4%), North (2.2%) and East (1.6%) regions. Women of the Arab Choa, Peuls, Haoussas and Kanuri ethnic groups had a rate of 13%. In conclusion, the Commission recommends that the public authorities increase public awareness of the harmful consequences of FGM, particularly in communities where the practice persists. The HRCC reiterates its recommendation to traditional chiefs and community leaders to change customary practices that support or condone FGM and to eliminate stereotypes that legitimise violence against women.
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Le MINCOM fait une mise au point sur le mauvais usage de la liberté d’expression
Dans une mise au point rendue publique le 9 février dernier, le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, « déplore et condamne avec force les nombreux écarts de langage, les dérives comportementales, les discours haineux, et les propos indécents enregistrés ces derniers temps à travers les médias, et particulièrement sur les réseaux sociaux, et émanant de Camerounais et Camerounaises vivant au Cameroun et à l’étranger ». Bien que ne mentionnant pas explicitement les raisons de cette sortie, StopBlaBlaCam rapporte qu’il s’agit d’une réponse à une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, dénigrant la Première dame, Chantal Biya. « La Première dame est un patrimoine », et avec ces propos injurieux, « c’est le Rubicon qui a été franchi », s’est insurgé le directeur de l’Observatoire des médias du MINCOM, Denis Ombga. « Les traditions et les valeurs qui sont les nôtres nous imposent à tous, le respect et la considération dus à autrui, quel qu’il soit, le respect des aînés, le respect des autorités et singulièrement, le respect scrupuleux de celles et ceux qui président aux destinées de notre pays », renchérit le Porte-parole du Gouvernement dans sa mise au point. Pour conclure que « des actions appropriées seront engagées à l’encontre de leurs auteurs, qui qu’ils soient, et où qu’ils se trouvent ».
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MINCOM sets the record straight on the misuse of freedom of expression
In a statement made public on 9 February, the Minister of Communication, René Emmanuel Sadi, "strongly deplores and condemns the numerous instances of bad language, behavioural abuses, hate speech and indecent comments made recently in the media, particularly on social networks, by Cameroonians living in Cameroon and abroad". Although it does not explicitly mention the reasons for this outburst, StopBlaBlaCam reports that it is a response to a video that has gone viral on social networks, denigrating the First Lady, Chantal Biya. "The First Lady is a part of our heritage", said Denis Ombga, Director of MINCOM's Media Observatory, and with these insulting remarks, "the Rubicon has been crossed". "Our traditions and values demand that we all show respect and consideration for others, whoever they may be, respect for our elders, respect for the authorities and, in particular, scrupulous respect for those who preside over the destiny of our country", added the Government Spokesman in his clarification. He concluded that "appropriate action will be taken against the perpetrators, whoever they are and wherever they may be".
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Source médiatique - Media Source
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Arrestation Bruno Bidjang
Le journaliste Bruno Bidjang, figure emblématique de la chaîne de télévision Vision4 et par ailleurs directeur des médias du Groupe l’Anecdote, est détenu depuis le 7 février dans une cellule du Secrétariat d’État à la Défense. Bien qu’aucun motif n’ait été officiellement communiqué, son interpellation survient quelques jours après la publication sur sa page Facebook d’une vidéo incitant les Camerounais à « s’indigner », au regard de la conjoncture économique, en particulier la hausse des prix du carburant et l’inflation. Il serait ainsi accusé « d’incitation au soulèvement, atteinte à la sûreté de l’État et incitation à l’insurrection » et pourrait comparaître devant le tribunal militaire, selon Jeune Afrique. Peu de temps après son arrestation, le Groupe qui l’emploie a émis un communiqué à l’attention de l’opinion publique, et une note à ses salariés, se dissociant de « tout discours contraire à cet état » et mettant en garde son personnel contre des sorties qui portent atteinte « aux institutions républicaines » tout en leur interdisant au passage « de donner leur avis sur les sujets d’actualité sur leurs réseaux sociaux ». Le contexte de cette arrestation met les milieux de la presse en émoi, qui y voient une atteinte à la liberté d’expression et au débat public dans un contexte de défis sociaux et économiques d’une particulière acuité. Bruno Bidjang avait été brièvement détenu l’année dernière aux côtés de son patron, l’homme d’affaires et homme de média, Jean-Pierre Amougou Belinga, dans le cadre de l’affaire dite Martinez Zogo.
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Bruno Bidjang arrested
Journalist Bruno Bidjang, a leading figure on the Vision4 television channel and media director of Groupe l'Anecdote, has been held since February 7 in a cell in the Secretariat of State for Defence. Although no reason has been officially given for his arrest, it comes just a few days after he posted a video on his Facebook page urging Cameroonians to "be indignant" at the current economic situation, in particular the rise in fuel prices and inflation. He has been charged with "inciting an uprising, undermining state security and inciting insurrection" and could be brought before the military court, according to Jeune Afrique. Shortly after his arrest, the Group that employs him issued a statement to the public and a memo to its employees, dissociating itself from "any discourse contrary to this state" and warning its staff against statements that undermine "republican institutions", while forbidding them "to give their opinion on current affairs on their social networks". The context of this arrest is causing uproar in the press community, which sees it as an attack on freedom of expression and public debate in a context of particularly acute social and economic challenges. Bruno Bidjang was briefly detained last year alongside his boss, businessman and media personality Jean-Pierre Amougou Belinga, in connection with the Martinez Zogo affair.
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Des chefs du Lebialem retournent dans leurs terroirs
Au début du mois de février, une dizaine d’autorités traditionnelles du département du Lebialem (région du Sud-Ouest), déplacés en raison du conflit, ont effectué un retour acclamé dans leurs terroirs. Il s’agit notamment de Fon Asabaton Fontem Njifua de Lebang (arrondissement de Fontem), et de Fon Nkemtaji Jerry Jong de Bechati (arrondissement de Wabani). Le département du Lebialem est depuis le déclenchement armé du conflit avec les séparatistes, l’un des plus violents. Olivier Lekeaka, plus connu sous le nom de "Field Marshall", leader séparatiste d’une branche armée du mouvement, les "Red Dragons", tué en juillet 2022, en était originaire. Ces retours laissent croire à une certaine normalisation sécuritaire, comme le proclame le gouverneur du Sud-Ouest, Bernard Okalla Bilaï.
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Chiefs from Lebialem return to their homelands
At the beginning of February, a dozen traditional authorities from the Lebialem division (South-West region), displaced as a result of the conflict, made an acclaimed return to their homelands. They include Fon Asabaton Fontem Njifua from Lebang (Fontem district), and Fon Nkemtaji Jerry Jong from Bechati (Wabani district). The division of Lebialem has been one of the most violent since the outbreak of armed conflict with the separatists. Olivier Lekeaka, better known as "Field Marshall", the separatist leader of an armed wing of the movement, the "Red Dragons", who was killed in July 2022, was originally from Lebialem. These returns suggest a degree of security normalisation, as proclaimed by the governor of the South-West, Bernard Okalla Bilaï.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission de veille de l'actualité du pluralisme culturel et religieux. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism as part of its mission of watch of cultural and religious pluralism news. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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