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Au Cameroun, la laïcité de l’Etat est mise à rude épreuve. Les religions réussissent de plus en plus à déplacer la neutralité de l’État à leur égard. Les religieux tentent même dans certaines circonstances, d'imposer leur point de vue face à celui de l’État. C’est d’ailleurs le cas dans le cadre de la fronde des leaders religieux catholiques au sujet d’un vaccin contre le cancer du col de l’utérus que l’État du Cameroun souhaite faire administrer aux jeunes filles. Dans une note diocésaine relayée par le site d’informations Sputnik, on peut lire : « Je viens par la présente, de façon formelle, vous demander de vous garder de soumettre nos enfants à ce vaccin en attendant que les évêques du Cameroun puissent donner leur accord de façon claire et officielle. Par conséquent, aucune équipe médicale pour la cause ne doit être admise dans nos structures diocésaines […] jusqu’à nouvel avis ». Cet extrait témoigne de la nature des rapports qui règnent entre l’Église catholique et les pouvoirs publics. À l’inverse des rapports peu cordiaux entretenus avec l’Église catholique, l’État semble avoir de très bonnes relations avec l’Église protestante qui traverse une crise depuis plusieurs années. L’État joue au sein de ce mouvement le rôle d’arbitre de la crise survenue au terme des élections de Ngaoundéré. Certains observateurs évoquent d’ailleurs un dualisme entre le pouvoir religieux et le pouvoir politique même si dans certaines circonstances il devient difficile d’opérer une démarcation entre les deux. Loin de la situation d’accalmie observée il y a quelques semaines dans les Régions anglophones, on note une reprise de la violence armée qui cible désormais les enseignants et les apprenants. Quelques heures à peine après le deuil national décrété à la suite du massacre d’écoliers à Kumba, entre six et onze enseignants ont été enlevés dans la Région du Nord-Ouest en début de semaine dernière. À ces enlèvements s’ajoute l’explosion survenue dans la capitale, Yaoundé, le week-end dernier. Alors qu’aucun de ces actes n’a été revendiqué, le Gouvernement pointe un doigt accusateur sur les groupes armés séparatistes. Les leaders de ces groupes se sont en effet opposés à la réouverture des écoles dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Dans le débat suscité par le massacre de Kumba, Human Rights Watch demande une enquête crédible et la protection du droit à l’éducation. Les organisations de la société civile s’alarment de la situation des populations déplacées internes de la crise anglophone et demandent un changement de stratégie de la part du Gouvernement.
In Cameroon, the secularism of the state is severely tested. Religions, through their investments, have increasingly succeeded in disrupting state neutrality towards them. Religious leaders try, in certain circumstances, to impose their point of view over that of the state. This is also the case in the context of the opposition of Catholic religious leaders over a vaccine against cervical cancer that the State of Cameroon wants to administer to young girls. In a diocesan note relayed by the Sputnik news site, a religious leader stated: "I hereby formally ask you to refrain from submitting our children to this vaccine while waiting for the bishops of Cameroon to give their clear and official agreement. Consequently, no medical team for the cause should be admitted to our diocesan structures [...] until further notice". This testifies the nature of the relations between the Catholic Church and the public authorities. On the contrary of the not very cordial relations with the Catholic Church, the State seems to maintain very good relations with the Protestant Church, which has been going through a crisis for several years. The state is acting as arbiter of the crisis that arose after the elections in Ngaoundéré. Some observers also present a dualism between religious power and political power even if in certain circumstances it becomes difficult to draw a line between both of them.
Far from the lull observed a few weeks ago in the Anglophone regions, there is a resumption of armed violence which now targets teachers and learners. Just hours after national mourning over the massacre of schoolchildren in Kumba, between 6 and 11 teachers were kidnapped in the North West region last week. In addition to these kidnappings, an explosion occurred in the capital Yaounde last weekend. While none of these acts has been claimed, the government is pointing an accusing the armed separatist groups whose leaders have opposed the reopening of schools in the North West and South West. In the debate sparked by the Kumba massacre, Human Rights Watch calls for a credible investigation and protection of the right to education. Civil society organizations are alarmed by the situation of internally displaced people in the Anglophone crisis and are calling for a change in strategy from the Government.
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L'info phare - Source médiatique
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Politique en soutane : la laïcité de l’État en question
La laïcité au Cameroun est encadrée par la Constitution du 18 janvier 1990. Mais la séparation entre l’État et la religion devient une tâche de plus en plus difficile au Cameroun. Grâce aux investissements que les mouvements religieux réalisent dans le développement social, ils ont fini par gagner de plus en plus de place dans l’espace public. « La laïcité de séparation prônée par la Loi fondamentale est plutôt remplacée par la laïcité de coopération » d'après cet article d'Actu Cameroun
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Politics in a cassock: the secularism of the state in question
Secularism in Cameroon is framed by the constitution of January 18, 1990. But the separation between state and religion is becoming an increasingly difficult task in Cameroon. Thanks to the investments that religious movements make in social development, they have ended up gaining more and more space in public space. "The secularism of separation advocated by the Basic Law is rather replaced by the secularism of cooperation".
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La presse camerounaise critique le « jeu politique » des leaders religieux.
« Pasteurs, prêtres et imams, se sentent plus à l’aise en politique qu’en religion ! » estime le média en ligne 237online. La présence de plus en marquée des leaders religieux dans l’espace public n’échappe pas à la critique de 237online qui estime qu’ils sont virulents à l’égard du pouvoir de Yaoundé.
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The Cameroonian press criticizes the “political game” of religious leaders.
“Pastors, priests and imams, feel more comfortable in politics than in religion! », estimates the online media 237online. The growing presence of religious leaders in public space has not escaped criticism from 237online, which considers them to be virulent towards Yaounde power.
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L’État, arbitre les querelles internes aux religions.
Dans la recherche de solutions aux querelles de pouvoir au sein de l’Église évangélique du Cameroun, l’État joue discrètement un rôle de facilitateur. Des hauts fonctionnaires du Gouvernement participent au dialogue organisé entre les principaux protagonistes à l’origine de la crise. Le Jeune Mbella Mbella, Ministre des Relations Extérieures et arbitre de la crise promettait aux hommes de Dieu lors d’une prière de réconciliation organisée à Yaoundé qu’il « rendrait compte au Chef de l'État de cette sortie de crise ».
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The state arbitrates religious internal disputes.
In the search for solutions to the power disputes within the ‘’Eglise Evangélique du Cameroun’’, the state discreetly plays a facilitating role. Senior government officials participate in the dialogue organized between the main protagonists at the origin of the crisis. Le Jeune Mbella Mbella, Minister of External Relations and arbiter of the crisis, promised religious leaders during a prayer of reconciliation organized in Yaounde that he "would report on this way out of the crisis to the Head of State ".
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Des leaders religieux poursuivent leur opposition au vaccin contre le cancer du col de l’utérus.
La contestation menée par les leaders religieux catholiques contre la campagne de vaccination lancée par le Gouvernement pour prévenir le cancer du col de l’utérus se poursuit. Malgré les missions d’information organisées auprès des prélats par le Ministère de la Santé Publique, le mot d’ordre de boycott du vaccin n’a pas été levé.
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Religious leaders continue to oppose the cervical cancer vaccine.
Protest by catholic religious leaders against the government’s cervical cancer vaccination campaign continues. Despite the fact-finding missions organized for the prelates by the Ministry of Public Health, the boycott of the vaccine has not been lifted.
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Élections régionales : les candidats binationaux interdits.
La loi interdisant l'accès des binationaux aux mandats électifs au Cameroun sera appliquée lors des élections régionales à venir. Cet argument qui avait déjà entrainé la disqualification de candidats aux élections législatives de février dernier a été agité pour disqualifier plusieurs binationaux dès les investitures.
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Regional elections: dual citizens candidates banned.
The law prohibiting access of dual citizens to elective mandates in Cameroon will be applied in the upcoming regional elections. This argument, which had already led to the disqualification of candidates in the legislative elections of last February, was agitated to disqualify several candidates for internal party nominations.
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Des ONG appellent l’Allemagne à intervenir dans la résolution de la crise au Cameroun.
Des ONG allemandes se sont prononcées en faveur d’une intervention de leur Gouvernement dans la recherche de solutions à la crise anglophone. Réagissant au sujet de cet appel, des spécialistes et hommes politiques allemands cités par DW estiment que toute initiative allemande devra se faire en accord avec la France et dans un cadre multilatéral avec la possibilité d'une direction par l’Union Africaine.
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NGOs call on Germany to intervene in resolving the crisis in Cameroon.
German NGOs have spoken out in favour of their government intervention to solve the Anglophone crisis. Responding to this call, German specialists and politicians quoted by DW believe that any German initiative should be done in agreement with France and in a multilateral framework with possible leadership of the African Union.
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Des enseignants enlevés dans un autre établissement privé confessionnel en zone anglophone.
Au moins six enseignants ont été enlevés à Kumbo dans la Région du Nord-Ouest selon le syndicat des enseignants de l’Église presbytérienne. Ces enlèvements interviennent dix jours seulement après l’attaque de Kumba et s’inscrivent dans la continuité de la bataille pour le contrôle de l’éducation érigée en « arme de guerre ». Si le nombre exact d’enseignants enlevés le 3 novembre ne fait pas l’unanimité, l’école ciblée dans cette attaque est un autre établissement privé, appartenant cette fois à l’Église protestante. Cette attaque contre les établissements confessionnels montre le lourd tribut que payent les mouvements religieux dans cette crise.
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Teachers kidnapped in another denominational private establishment in the English-speaking area.
At least six teachers have been kidnapped in Kumbo in the Northwest region, according to the Presbyterian Church Teachers Union. These kidnappings come just ten days after the attack on Kumba and are part of the ongoing battle for the control of education, a "war weapon". While the exact number of teachers kidnapped on November 3 is not unanimous, the school targeted in the attack is another private institution, this time belonging to the Protestant Church. This attack on faith-based schools exposes the heavy price that religious movements are paying in this crisis.
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Une nouvelle explosion fait neuf blessés dans la ville de Yaoundé.
La ville de Yaoundé a connu une nouvelle explosion à la bombe artisanale le dimanche 2 novembre dernier. L’explosion qui s’est produite dans le quartier de Nsam a fait plusieurs blessés mais pas de perte de vie humaine. Cette attaque n’a toujours pas été revendiquée mais le Gouvernement estime en savoir un peu plus sur le mode opératoire de ces attaques qui se multiplient dans la capitale camerounaise depuis le mois de juin. Les résultats des enquêtes annoncées par le Gouvernement depuis les dernières attaques sont toujours attendus.
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A new explosion leaves nine injured in the city of Yaounde.
The city of Yaounde experienced a new explosion with a homemade bomb on Sunday, November 2. The explosion in the Nsam neighborhood left several people injured but no dead recorded. This attack has not been claimed yet, but the Government considers that it knows a little more about the modus operandi of these attacks which have been increasing in number in the Cameroonian capital since June. The results of the investigations announced by the Government since the last attacks are still awaited.
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Le Directeur du think thank CEIDES se prononce pour une meilleure participation communautaire dans la recherche de solutions à la crise anglophone.
Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le Dr. Christian Pout, Directeur du Centre Africain d’Études Internationales, Diplomatiques, Économiques et Stratégiques (CEIDES) estime que l’État devrait changer sa stratégie dans la résolution de la crise anglophone. Alors que la violence atteint de nouvelles proportions, le Ministre plénipotentiaire estime que l’option militaire ne peut pas permettre une résolution de la crise.
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The Director of the CEIDES think tank speaks out for better community participation in the search for solutions to the Anglophone crisis.
In an interview with Jeune Afrique, Dr. Christian Pout, the Director of the African Centre for International, Diplomatic, Economic and Strategic Studies (CEIDES) believes that the state should change its strategy in resolving the Anglophone crisis. As the violence reaches new proportions, the Minister Plenipotentiary believes that the military option cannot resolve the crisis.
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Difficile intégration des populations déplacées internes au Cameroun.
La crise Boko Haram et la crise anglophone ont déraciné une bonne partie de la population camerounaise de son lieu de résidence habituelle. La Présidente de l’organisation dénommée Avocats Sans Frontières Humanitaires du Cameroun estime que les déplacés internes de la crise anglophone « ne sont pas pleinement intégrés dans les villes et villages d’accueil pour mener leurs activités de production ». Pour cause, l'accès à la terre, première ressource pour leur activité principale, leur est difficile au sein des communautés d’accueil.
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Difficult integration of internally displaced populations in Cameroon.
The Boko Haram Crisis and the Anglophone crisis uprooted a large part of the Cameroonian population from their usual place of residence. The president of the organization called ‘’Avocats Sans Frontières et Humanitaires du Cameroun’’ believes that the internally displaced persons of the Anglophone crisis "are not fully integrated in the host towns and villages to carry out their production activities". Their access to land, the main resource for their activities, is difficult within the host communities.
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Human Rights Watch réclame une enquête et la protection du droit à l’éducation après le massacre des écoliers à Kumba.
Après l’assaut sur une école de Kumba qui a fait sept morts et treize blessés parmi les apprenants, l’ONG Human Rights Watch demande de « protéger le site, préserver les preuves, mener une enquête crédible et efficace, et veiller à ce que les responsables de l’attaque répondent de leurs actes ». Elle invite par ailleurs le Gouvernement du Cameroun à collaborer avec l’ONU et l’Union Africaine dans cette entreprise.
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Human Rights Watch calls for an investigation and protection of the right to education after the massacre of schoolchildren in Kumba.
After the assault on a school in Kumba that left 7 dead among the learners and injured 13, the NGO Human Rights Watch calls for actions "to protect the site, preserve the evidence, conduct a credible and effective investigation, and ensure that those responsible for the attack answer for their actions. ". The NGO also invites the Government of Cameroon to collaborate with the UN and the African Union in this endeavor.
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Libéré par ses ravisseurs, le cardinal Christian Tumi demande une amnistie générale.
Défenseur de l’importance du dialogue dans la résolution de la crise anglophone, le cardinal Christian Tumi a été enlevé par un groupe armé séparatiste dans la région du Nord-Ouest au début du mois de novembre, puis libéré quelques jours plus tard. Après sa libération, le cardinal a lancé un appel à l’amnistie totale pour résoudre la crise.
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Freed by his captors, Cardinal Christian Tumi requests a general amnesty.
Advocate of the importance of dialogue in resolving the Anglophone crisis, Cardinal Christian Tumi was kidnapped by separatist groups in the North West region in early November and released a few days later. After his release, he called for full amnesty to resolve the crisis.
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62 écoles fermées suite aux attentats au Cameroun.
Les attentats perpétrés dans les Régions anglophones et dans la Région de l’Extrême-Nord ont entrainé la fermeture de plusieurs écoles quelques semaines après la réouverture. Pour éviter le décrochage scolaire, les élèves de ces écoles sont contraints de s’inscrire dans des écoles plus éloignées de leurs villages.
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62 schools closed following the attacks in Cameroon.
The attacks perpetrated in the Anglophone regions and in the Far North region resulted in the closure of several schools a few weeks after the reopening. To avoid dropping out of school, students in these schools are forced to enrol in schools further away from their villages.
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Un forum confessionnel appelle d'urgence à une résolution pacifique de la crise au Cameroun
Dans une lettre envoyée le 30 octobre, le Forum œcuménique sur la crise anglophone au Cameroun a lancé « Un appel passionné » au président de la République du Cameroun, Paul Biya, pour relever les défis actuels en matière de sécurité, d'humanitaire et de droits de l'homme au Cameroun.
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Faith-based forum urgently calls for peaceful resolution of crisis in Cameroon.
In a letter sent on 30 October, the Ecumenical Forum on the Anglophone Crisis in Cameroon issued “A Passionate Call” to the president of the Republic of Cameroon, Paul Biya, to address current security, humanitarian, and human rights challenges in Cameroon.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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