Ouverture du procès sur le massacre de Ngarbuh / Élections à la tête des Conseils régionaux / L'influence des Chefs traditionnels / Évaluation de la promotion du multiculturalisme ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 24 décembre 2020
 
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Les premiers Présidents des Conseils régionaux sont connus depuis le 23 décembre 2020. D'anciens exécutifs municipaux et d’anciens délégués du Gouvernement ont pu se faire élire à la tête des Conseils régionaux dans les Régions de l’Ouest et du Centre. La mise sur pied des Conseils régionaux renforce la décentralisation consacrée par la loi constitutionnelle de 1996 mais demeure critiquée par les leaders politiques de l’opposition qui estiment qu’elle ne peut avoir un grand impact sur les crises en cours dans le pays. Pour les Régions anglophones, l’élection des Présidents des Conseils régionaux marquent un pas de plus vers l’application du régime de statut spécial accordé au Nord-Ouest et au Sud-Ouest par le code des collectivités territoriales décentralisées de 2019.  À l’annonce dudit statut spécial, des leaders politiques de l’opposition tels que ceux du Social Democratic Front (SDF) s’étaient montrés ouverts à un essai du modèle canadien de promotion du multiculturalisme.

Alors que les Chefs traditionnels prennent de plus en plus de place dans l’appareil de l’État camerounais, on note une certaine recrudescence des assassinats de ces « gardiens de la tradition » dans les Régions anglophones. Un autre Chef traditionnel a été assassiné après son enlèvement à son domicile par des hommes armés non identifiés. L’ouverture du procès de trois membres des forces de défense et de sécurité sonne comme une nouvelle étape vers l’impunité des bavures militaires dans l’Extrême-Nord où l’armée combat Boko Haram, et dans les Régions anglophones. Toutefois, des efforts sont à fournir pour établir la chaine de responsabilité dans l’ensemble des crimes commis par l’armée et les groupes armés séparatistes dans les Régions anglophones. De même la participation et la sécurité des membres des familles des victimes et des témoins devront être renforcées.


The first presidents of the regional councils have been elected since December 23, 2020. Former heads of municipal executives and former government delegates have been elected to head regional councils in the West and Centre regions. The establishment of regional councils reinforces the decentralization enshrined in the constitutional law of 1996 but remains criticized by opposition political leaders who believe that it cannot have a great impact on the ongoing crises in the country. For the Anglophone  regions, the election of the presidents of the regional councils marks a further step towards the implementation of the special status regime granted to the North-West and the South-West by the code of decentralized territorial communities enacted in 2019. After the announcement of the said Special Statute, opposition political leaders such as those of the Social Democratic Front (SDF) had shown their openness to an establishment of the Canadian model of promoting multiculturalism.

As traditional rulers gain more space in the Cameroonian state apparatus, there is a certain upsurge in assassinations of these "guardians of tradition" in the Anglophone regions. Another traditional chief was murdered after he was kidnapped from his home by unidentified gunmen. While the opening of the trial of three members of the defence and security forces sounds like a new step towards impunity for military blunders in the Far North where the army is fighting Boko Haram, and in the Anglophone regions, efforts are needed to identify all responsibilities by the military and armed separatist groups in the Anglophone regions. Likewise, the participation and safety of family members of victims and witnesses should be strengthened.

 
 

Source académique

 
 

Le Modus Vivendi entre Québec et Ottawa est-il une option pour le Cameroun ?

La crise sociopolitique dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun à suscité plusieurs réflexions sur les voies de sortie d’une crise née au lendemain de la réunification de 1961. Des regards se sont tournés vers le Canada, seul pays au monde partageant,  tout comme le Cameroun, le français et l’anglais comme langues officielles. Lydie C. Belporo propose une adaptation du modèle canadien pour résoudre la crise anglophone au Cameroun.

Is the Modus Vivendi between Quebec and Ottawa an option for Cameroon?

The socio-political crisis in the North-West and South-West regions of Cameroon has given rise to several reflections on the way out of a crisis born after the reunification of 1961. Eyes have been turned to Canada, the only country in the world, sharing with Cameroon, French and English as official languages. Lydie C. Belporo suggests a localization of the Canadian model to resolve the Anglophone crisis in Cameroon.

 
 

Source médiatique

 
 

Promotion du bilinguisme : La commission évalue ses performances en 2020

La Commission Nationale de Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme (CNPBM) a tenu sa session biennale le 17 décembre dernier. Alors que nombreux défis fragilisent le vivre ensemble au Cameroun, la Commission a présenté ses activités en faveur de l’application de la loi sur les langues officielles et la promotion de la cohésion sociale. Des réflexions ont également été initiées avec les partenaires internationaux et des leaders politiques locaux sur l’amélioration de la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme au Cameroun. Des questions persistent en ce qui concerne l’impact des activités de la CNPBM sur les relations entre les groupes culturels et linguistiques qui peuplent le Cameroun.

Promotion of bilingualism: The commission assesses its performance in 2020

The National Commission for the Promotion of Bilingualism and Multiculturalism (NCPBM) held its biennial session on December 17th. While many challenges weaken living together in Cameroon, the Commission presented its activities in favour of the application of the law on official languages and the promotion of social cohesion. Discussions have also been initiated with international partners and local political leaders on improving the promotion of bilingualism and multiculturalism in Cameroon. Questions persist regarding the impact of the NCPBM's activities on the relations between the cultural and linguistic groups in Cameroon.

 
 

Nouvel assassinat d’un Chef traditionnel dans la Région du Sud-Ouest

Kidnappé le 13 décembre dernier par des hommes armés non identifiés lors d’une cérémonie organisée à son domicile, le Chef Ikome Emmanuel Ngale est décédé en captivité. Cet assassinat d’un Chef traditionnel intervient après ceux des Chefs Mbanda du village Lisoka, et  Molinga Francis Nangoh survenus en 2019 et début 2020. Depuis la résurgence de la crise anglophone en 2016, les Chefs traditionnels sont la cible de nombreux enlèvements dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. Plusieurs Chefs ont quitté leurs palais pour s’installer dans les villes de Douala et Yaoundé pour échapper à la violence des groupes armés. Souvent accusés de soutenir le régime de Yaoundé ou de ne pas apporter leur soutien à la lutte armée, les Chefs traditionnels reçoivent les menaces de groupes armés actifs dans les Régions anglophones. Lors de la conférence des Chefs traditionnels de la Région du Sud-Ouest, les « gardiens de la tradition » ont condamné le « meurtre sélectif » des Chefs traditionnels de la Région du Sud-Ouest.

Another assassination of a traditional Ruler in the South-West region

Kidnapped on December 13 by unidentified armed men during a ceremony at his home, Chief Ikome Emmanuel Ngale died in captivity. This assassination of a traditional ruler comes after those of Mbanda chiefs of Lisoka village, and Molinga Francis Nangoh in 2019 and early 2020. Since the resurgence of the Anglophone crisis in 2016, traditional rulers have been the target of numerous kidnappings in the North-West and South-West regions of Cameroon. Several leaders left their palaces to settle in the cities of Douala and Yaoundé to escape the violence of armed groups. Often accused of supporting the Yaoundé regime or of failing to support the armed struggle, traditional leaders receive threats from armed groups active in Anglophone regions. At the South-West Regional Traditional Leaders' Conference, the "tradition keepers" condemned the "selective killing" of traditional leaders in the South-West region.

 
 

Cameroun : les Chefs traditionnels sont en perte d’influence estime Jeune Afrique

Quelques jours avant les élections régionales organisées le 6 décembre dernier, le journal Jeune Afrique est revenu sur les forces et faiblesses de l’autorité traditionnelle au Cameroun. Alors que les Chefs traditionnels gagnent de plus en plus de place dans l’appareil de l’État, leur influence sur les populations qu’ils dirigent semble diminuer. 200 Chefs traditionnels siègeront au sein des dix Conseils régionaux. De nombreux autres Chefs traditionnels sont nommés parmi les sénateurs et les membres du Gouvernement. L’institution traditionnelle structure encore la vie d’un grand nombre de Camerounais et des conflits d’influence surgissent généralement entre le pouvoir traditionnel et les représentants de l’État. Alors que l’institution traditionnelle est souvent présentée comme neutre, la sympathie des  « gardiens de la tradition » est souvent sollicitée en période électorale et pour d’autres mobilisations populaires.

Cameroon: traditional leaders are losing influence, says ‘’Jeune Afrique’’

A few days before the regional elections held on December 6, ‘’Jeune Afrique’’ reviewed the strengths and weaknesses of traditional authority in Cameroon. As traditional rulers gain more space in the state apparatus, their influence over the populations they lead appears to be diminishing. 200 traditional leaders are elected in the 10 regional councils. Many other traditional chiefs are appointed senators and members of Government. The traditional institution still structures the life of a large number of Cameroonians and conflicts of influence generally arise between traditional power and representatives of the state. While the traditional institution is often presented as neutral, the sympathy of the "guardians of tradition" is often solicited during elections and for other popular mobilizations.

 
 

Source société civile

 
 

L’ONG Human Rights Watch invoque le non-refoulement pour les Camerounais se trouvant à l’étranger.

Dénonçant des abus qui seraient commis contre les Camerounais demandeurs d’asile aux États-Unis, Human Rights Watch rappelle que la situation sécuritaire du pays les met en danger en cas d’expulsion vers le Cameroun. Human Rights Watch réclame des enquêtes sur les allégations de coercition et de violence physique du personnel de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) sur des ressortissants camerounais. l’ONG réclame l’application des dispositions internationales pertinentes en matière d’immigration et de demande d’asile pour les ressortissants camerounais.

The NGO Human Rights Watch invokes non-refoulement for Cameroonians living abroad.

Denouncing abuses allegedly committed against Cameroonian asylum seekers in the United States, Human Rights Watch recalls that the country's security situation puts them at risk in the event of deportation to Cameroon. The NGO calls for investigations into allegations of coercion, physical violence by “Immigration and Customs Enforcement (ICE)” staff on Cameroonian nationals. HRW also calls for the respect of the relevant international provisions on immigration and asylum applications for Cameroonian nationals.

 
 

Cameroun : un pas vers la justice pour les victimes du massacre de Ngarbuh.

Pour L’ONG internationale Human Rights Watch, l’ouverture le 17 décembre du procès de plusieurs membres des forces de défense et de sécurité marque un nouveau pas vers la justice pour les victimes d’atrocités dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Si cet autre procès contre les abus militaires dans les zones en crise au Cameroun est salué par les défenseurs des droits humains, des efforts restent à fournir pour d’une part, faciliter la participation des témoins et des familles des victimes et d’autre part, assurer leur sécurité. Par ailleurs, ce procès concerne uniquement des soldats de rang sans toutefois inquiéter les responsables militaires qui pourraient aussi se retrouver dans la chaine de responsabilité des crimes.

Cameroon: a step towards justice for the victims of the Ngarbuh massacre.

For the international NGO Human Rights Watch, the opening on December 17 of the trial of several members of the defence and security forces marks a new step towards justice for the victims of atrocities in the North-West and South-West regions. If this other trial against military abuses in crisis areas in Cameroon is hailed by human rights defenders, efforts are still needed to facilitate the participation of witnesses and families of victims and to ensure their safety. Also, this trial concerns only feild soldiers without however worrying the military officials who could also find themselves in the chain of responsibility for the crimes.

 
 

Source religieuse 

 
 

L’évêque de Sangmélima se défend après des accusations de tribalisme

La mention de l’ethnie d’origine d’un présumé imposteur se faisant passer pour son émissaire a valu à l’évêque de Sangmélima les foudres de certains Camerounais. Quelques jours après la publication de la lettre diocésaine critiquée, l’évêque s’est excusé dans une seconde lettre pour avoir qualifié l’escroc d’« individu d’origine Bassa » avant de rappeler que ses collaborateurs se recrutent dans plusieurs ethnies du Cameroun.

The Bishop of Sangmelima defends himself after accusations of tribalism.

The mention of the ethnic origin of an alleged swindler posing as his emissary earned the Bishop of Sangmelima the wrath of some Cameroonians. A few days after the publication of the criticized diocesan letter, the bishop apologized in a second letter for qualifying the swindler as “an individual of Bassa origin” before recalling that his collaborators were recruited from several ethnic groups in Cameroon.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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