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Cette semaine, les fidèles musulmans du Cameroun ont clôturé le mois sacré du Ramadan le 21 avril 2023 par la grande prière de l’Aïd El-Fitr. Durant ce temps de jeûne, les imams ont conduit un cycle de prières pour la paix durable, la prospérité et l’unité nationale. Les prédicateurs ont centré leurs prêches sur le vivre-ensemble et l’esprit de partage et de solidarité, dans un contexte marqué par l’inflation des produits de première nécessité. Les évêques du Cameroun ont tenu, du 16 au 22 avril 2023, leur 48e assemblée plénière. Cette session était consacrée à l’approfondissement de la réflexion sur le fonctionnement de l’institution. Les évêques, par la voix du président de la Conférence, Mgr Andrew Nkea, ont également exhorté les Camerounais à cesser de s’entretuer, alors que ces dernières semaines sont marquées par une recrudescence des meurtres, notamment de femmes. Des propos polémiques d’un enseignant de l’Université catholique d’Afrique centrale (UCAC) sur la question foncière ont agité l’opinion publique, au point de provoquer une sortie remarquée de la Commission des droits de l’homme du Cameroun (CDHC). Elle s’est insurgée contre « l’exacerbation de l’équation identitaire, de l’apologie du tribalisme, assortie d’un discours de haine et d’incitation à la violence ». This week, Muslims of Cameroon closed the holy month of Ramadan on April 21st, 2023 with the great prayer of Eid El-Fitr. During this time of fasting, the imams conducted a cycle of prayers for lasting peace, prosperity and national unity. The preachers focused their preaching on living together and the spirit of sharing and solidarity, in a context marked by the inflation of basic necessities. The Bishops of Cameroon held their 48th plenary assembly from April 16-22, 2023. This session was devoted to deepening the reflection on the functioning of the institution. The bishops, through the voice of the President of the Conference, Archbishop Andrew Nkea, also urged Cameroonians to stop killing each other, while recent weeks have been marked by an upsurge in murders, especially of women. A polemical comment by a lecturer at the Catholic University of Central Africa (UCAC) on the issue of land has stirred public opinion, to the point of provoking a remarked outburst from the Commission on Human Rights of Cameroon (CHRC). It protested against 'the exacerbation of the identity equation, the apology of tribalism, accompanied by a discourse of hate and incitement to violence'.
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Info Phare - Sourcereligieusemédiatique
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Les évêques appellent les Camerounais à cesser de s’entretuer
Du 16 au 22 avril 2023, la Conférence nationale épiscopale du Cameroun (CENC) s’est réunie à son siège à Mvolye (Yaoundé) pour sa 48e assemblée plénière. Les travaux ont essentiellement porté sur l’évaluation des 14 commissions épiscopales fonctionnelles de la Conférence, alors que les évêques ont entamé une réflexion approfondie sur le fonctionnement de l’institution. Durant son allocution d’ouverture, le président de la Conférence, Mgr Andrew Nkea, archevêque de Bamenda, est revenu sur un certain nombre d’événements récents ayant bouleversé la communauté nationale. Il a plaidé pour une véritable justice et la paix durable, dans un contexte marqué par une recrudescence de meurtres de femmes. En effet, selon un décompte du quotidien Le Jour, plus de 15 femmes ont été tuées en 52 jours dans le pays. « Nous lançons ici un appel très fort à tous les Camerounais pour qu’ils cessent de s’entretuer. […] Au cours des derniers mois, nous avons été très attristés par les diverses exécutions extrajudiciaires qui ont eu lieu dans notre société, au premier rang desquelles le meurtre du journaliste Martinez Zogo à Yaoundé. Les évêques du Cameroun et l’Église catholique universelle ont toujours appelé tous les peuples à respecter la vie humaine, qui est un don de Dieu depuis le moment de la conception jusqu’à sa mort naturelle. […] Nous espérons que les véritables assassins de nos concitoyens seront clairement identifiés et traduits en justice conformément aux lois de notre pays. »
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Bishops call on Cameroonians to stop killing each other
The National Episcopal Conference of Cameroon (NECC) met at its headquarters in Mvolye (Yaoundé) April 16-22, 2023 for its 48th plenary assembly. The work focused mainly on the evaluation of the 14 functional episcopal commissions of the Conference, while the bishops began an in-depth reflection on the functioning of the institution. During his opening address, the President of the Conference, Archbishop Andrew Nkea of Bamenda, reviewed a number of recent events that have shaken the national community. He pleaded for true justice and lasting peace, in a context marked by an upsurge in the murder of women. Indeed, according to a count by the daily Le Jour, more than 15 women have been killed in 52 days in the country. "We are making a very strong appeal to all Cameroonians to stop killing each other. […] In recent months, we have been very saddened by the various extrajudicial executions that have taken place in our society, most notably the murder of journalist Martinez Zogo in Yaoundé. The Bishops of Cameroon and the Universal Catholic Church have always called on all people to respect human life, which is a gift of God from the moment of conception until natural death. […] We hope that the real killers of our fellow citizens will be clearly identified and brought to justice according to the laws of our country. "
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Célébrations de la fin du Ramadan : prière, pardon et paix au cœur des prêches
Entamé le 23 mars dernier, le mois sacré du Ramadan a pris fin le 21 avril 2023. « Au regard des menaces sécuritaires, économiques et alimentaires qui secouent le monde entier », le Conseil des imams et dignitaires musulmans du Cameroun (CIDIMUC) a conduit, pour la durée du jeûne, un cycle de prières pour la paix durable, la prospérité du pays et l’union nationale. Ces préoccupations ont naturellement teinté les différents messages délivrés par les imams à l’occasion de la grande prière de l’Aïd El-Fitr. À Yaoundé, la grande prière au Complexe islamique de Tsinga a été présidée par l’imam Mufleh Ben Fahad Adawsari. Son prêche a exalté le vivre-ensemble, tout en invitant les musulmans à vivre en harmonie et de manière conviviale avec leur entourage, dans l’acceptation des différences. Au Palais des sports de Warda, la vie chère a été au cœur du prêche de l’imam Mohamed Moustapha Nsangou. Il a invité à l’altruisme, face au contexte social actuel. « Vie chère, partage, solidarité, abstraction faite de toute coloration confessionnelle, nous pouvons endiguer et remédier à pas mal de maux dans notre pays. » Cette année, comme à l’accoutumée, de nombreuses autorités publiques ont pris part aux célébrations. C’est par exemple le cas du gouverneur de la région du Centre, Naseri Paul Bea à Yaoundé, ou encore du ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Joseph Le, convié à Foumban par le sultan des Bamoun, Mouhamad-Nabil Mbombo Njoya.
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End of Ramadan celebrations: prayer, forgiveness and peace at the heart of preaching
The holy month of Ramadan began on March 23rd and ended on April 21st 2023. "In view of the security, economic and food threats that are shaking the whole world", the Council of Imams and Muslim Dignitaries of Cameroon (CIDIMUC) conducted, for the duration of the fast, a cycle of prayers for lasting peace, prosperity of the country and national unity. These concerns naturally coloured the different messages delivered by the imams on the occasion of the great Eid El-Fitr prayer. In Yaounde, the great prayer at the Islamic Complex of Tsinga was presided over by Imam Mufleh Ben Fahad Adawsari. His preaching exalted living together, while inviting Muslims to live in harmony and conviviality with their entourage, in the acceptance of differences. At the Warda Sports Palace, the cost of living was at the heart of Imam Mohamed Moustapha Nsangou's preaching. He called for altruism in the face of the current social context: "High prices, sharing and solidarity, regardless of religious affiliation, we can stem and remedy many of the ills in our country". This year, as usual, many public authorities took part in the celebrations. This is for example the case of the Governor of the Centre region, Naseri Paul Bea in Yaoundé, or the Minister of Public Service and Administrative Reforms, Joseph Le, invited to Foumban by the Sultan of Bamoun, Mouhamad-Nabil Mbombo Njoya.
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Discours tribaliste : la Commission nationale des droits de l’Homme tire la sonnette d’alarme
Le 21 avril 2023, le président de la Commission des droits de l’Homme du Cameroun (CDHC), James Mouangue Kobila, a publié un communiqué condamnant la banalisation des discours de haine dans les médias. Elle fait ainsi référence aux propos jugés ethnicistes tenus le 16 avril 2023 par Claude Abé, professeur de sociologie à l’Université catholique d’Afrique centrale, dans l’émission télévisée Club d’élites sur la chaîne privée Vision4 TV. S’exprimant sur l’affaire Dikolo, il a estimé que « la République devrait passer par une réforme foncière » et que « chacun devrait rentrer chez lui », ajoutant par la suite « qu’il ne faut pas s’arrêter sur le principe de la République pour envahir les gens dans leurs villages ». L’opinion est partagée entre ceux qui soulignent à grands traits les relents tribalistes, et ceux qui pensent qu’il a le mérite de mettre le sujet du foncier, particulièrement problématique, sur la table. La Commission « condamne fermement et sans réserve » des propos favorisant « l’exacerbation de l’équation identitaire, de l’apologie du tribalisme, assortie d’un discours de haine et d’incitation à la violence ». « Les propos de Claude ABE […] blessent le sentiment d’appartenance à une seule nation. Ils résonnent comme un appel à des règlements de comptes ethniques et portent atteinte à la diversité culturelle, linguistique et religieuse. […] Il s’agit d’un ressassement malveillant stigmatisant une communauté précise, dans un contexte d’ethnodiversité. […] Il s’agit aussi de l’exacerbation de l’équation identitaire, de l’apologie du tribalisme, assortie d’un discours de haine et d’incitation à la violence. » Le président du Conseil national de la Communication (CNC), Joseph Chebongkeng Kalabubsu a indiqué avoir convoqué Bruno Bidjang, l’hôte de l’émission et directeur des Médias du Groupe L’Anecdote, propriétaire de la chaîne. Il a également rédigé un communiqué de portée générale à l’attention des médias publics et privés, leur rappelant leurs obligations professionnelles, alors que l’on assiste à une nouvelle poussée des discours de haine.
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Tribalist discourse: the Cameroon Human Rights Commission sounds the alarm
On April 21st 2023, the president of the Cameroon Human Rights Commission (CHRC), James Mouangue Kobila, issued a communiqué condemning the trivialisation of hate speech in the media. It was referring to the remarks deemed ethnicist made on April 16, 2023 by Claude Abé, professor of sociology at the Catholic University of Central Africa, on the television programme Club d'élites, on the private channel Vision4 TV. Speaking on the Dikolo affair, he said that 'the Republic should go through a land reform' and that 'everyone should go home', adding later that 'we should not stop at the principle of the Republic to invade people in their villages'. Opinion is divided between those who point out the tribalist overtones, and those who think that it has the merit of putting the particularly problematic issue of land on the table. The Commission "firmly and unreservedly condemns" comments that promote "the exacerbation of the identity equation, the apology of tribalism, accompanied by hate speech and incitement to violence". "Mr Claude ABE's comments [...] hurt the feeling of belonging to one nation. They resonate like a call for ethnic score-settling and undermine the cultural, linguistic and religious diversity. [...] It is undoubtedly a malicious rehashing of the stigma of a specific community, in an etnic-diverse context. […] It is also an exacerbation of the identity equation, the apology of tribalism, accompanied by hate speech and incitement to violence." The president of the National Communication Council (NCC), Joseph Chebongkeng Kalabubsu indicated he had summoned Bruno Bidjang, the host of the programme and director of the Media Department of Le Groupe L'Anecdote, which owns the channel. He also issued a communiqué to the attention of the public and private media, reminding them of their professional obligations at a time when hate speech is on the rise.
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L’Église évangélique du Cameroun en quête d’unité
Du 14 au 16 avril 2023, l’Église évangélique du Cameroun (EEC) a tenu son 60e synode ordinaire au temple de Nda’mbansié à Foumban, sous le thème « Pour une église réconciliée et servante ». Près de 500 pasteurs et délégués synodaux ont pris part à ce grand rassemblement, qui se veut celui de la refondation, en présence d’autorités publiques dont le préfet du Noun, Donnacien Um, et le sultan des Bamoun, Mouhamad-Nabil Mbombo Njoya. Depuis 6 ans, cette église traverse une grave crise à son sommet, consécutive au 59e synode général électif d’avril 2017. Cette fois, après quelques tentatives avortées, la page de la confrontation semble avoir été définitivement tournée. Le révérend Billa Mbengua, président de l’EEC, a salué le retour progressif à la norme à travers les nouveaux mécanismes de gouvernance interne et le fonctionnement des organes nouvellement créés.
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The Evangelical Church of Cameroon in search of unity
From April 14-16, 2023, the Evangelical Church of Cameroon (EEC) held its 60th ordinary synod at the Nda'mbansié temple in Foumban, under the theme "For a reconciled and serving church". Nearly 500 pastors and synod delegates took part in this great gathering, which is meant to be the re-foundation, in the presence of public authorities including the Senior Divisional Officer of the Noun, Donnacien Um, and the sultan of the Bamoun, Mouhamad-Nabil Mbombo Njoya. For the past 6 years, this church has been going through a serious crisis at the top, following the 59th elective general synod of April 2017. But this time, after a few aborted attempts, the page of confrontation seems to have been definitively turned. Reverend Billa Mbengua, president of the EEC, welcomed the gradual return to normality through the new internal governance mechanisms and the functioning of the newly created organs.
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Le Gouverneur du Nord-Ouest accuse les Fons de fortifier les combattants séparatistes
En ouverture de la 10e session de l’Assemblée régionale du Nord-Ouest, Adolphe Lele L’Afrique Tchoffo Deben dans son allocution, tout en félicitant certains Fons et maires de la région pour leurs efforts dans le processus de consolidation de la paix dans certains départements (Mezam, Momo, Bui notamment), a regretté l’abandon d’autres chefs traditionnels de leurs territoires, allant même jusqu’à en accuser de soutenir les combattants séparatistes. « Ces atrocités ont poussé de nombreux chefs traditionnels à se réfugier en dehors de leurs circonscriptions traditionnelles, au grand dam des populations. […] Certains vont même jusqu’à accompagner les séparatistes dans l’accomplissement de rites traditionnels de fortification. » Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en proie à une insurrection séparatiste depuis 2017. Si certaines autorités traditionnelles sont soupçonnées d’être proches du mouvement sécessionniste, d’autres ont quant à elles été la cible d’attaques parfois meurtrières par ces mêmes séparatistes, parce que jugées proches du pouvoir.
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North-West Governor accuses Fons of fortifying separatist fighters
At the opening of the 10th session of the North West Regional Assembly, Adolphe Lele L'Afrique Tchoffo Deben in his address,, while congratulating some Fons and mayors of the region for their efforts in the peace building process in some divisions (Mezam, Momo, Bui in particular), regretted the abandonment of other traditional leaders from their territories, even going as far as accusing them of supporting separatist fighters. "These atrocities have pushed many traditional leaders to take refuge outside their traditional constituencies, to the chagrin of the population. [...] Some even go as far accompanying the separatists in performing traditional empowerment rites." The North-West and South-West regions have been plagued by a separatist insurgency since 2017. While some traditional authorities are suspected of being close to the secessionist movement, others have been the target of sometimes deadly attacks by the same separatists, because they are considered close to the government.
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Les pygmées Bagyeli chassés de leurs terres à Lokoundje
Depuis le mois de février, les pygmées Bagyeli de Lokoundje (département de l’Océan dans la région du Sud) se plaignent de l’accaparement de leurs terres. Il s’agit en particulier des campements Mabii et Bityima. Ils ont saisi l’association Bagyeli Cultural and Development Association (BACUDA) ainsi que l’antenne régionale de la Commission des droits de l’Homme du Cameroun (CDHC). Ce groupe a été déplacé de ses terres ancestrales sans véritables mesures d’accompagnement, au profit d’entreprises agro-industrielles, en l’occurrence la Société camerounaise de Palmeraies (SOCAPALM), qui ne cessent d’étendre leur surface d’exploitation. La spéculation foncière contribue à fragiliser chaque année un peu plus ces communautés autochtones. La loi dispose que chaque citoyen qui procède à la mise en valeur d’une terre peut en demander un titre foncier. Malheureusement, leur façon de mettre la terre en valeur (pas de construction en matériel définitif, absence de plantation, etc.) n’est pas prise en compte.
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Bagyeli pygmies driven off their land in Lokoundje
Since February, the Bagyeli pygmies of Lokoundje (Ocean division in the South region) have been complaining about their land being taken over. This concerns in particular the Mabii and Bityima camps. They have contacted the Bagyeli Cultural and Development Association (BACUDA) and the regional branch of the Cameroon Human Rights Commission (CHRC). This group was displaced from its ancestral lands without any real accompanying measures, to the benefit of agro-industrial companies, in this case the Société camerounaise de Palmeraies (SOCAPALM), which are constantly expanding their operating area. Land speculation contributes to the fragility of these indigenous communities every year. The law states that any citizen who develops land can apply for a land certificate. Unfortunately, their way of developing the land (no construction in permanent material, no planting, etc.) is not taken into account.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission de veille de l'actualité du pluralisme culturel et religieux. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism as part of its mission of watch of cultural and religious pluralism news. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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