Attaque d'une église/DDR/Trafic illicite d'armes/Combat des autochtones pour la protection des forêts ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 31 août  2021
 
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Au Cameroun la circulation des armes issues du trafic illicite prend de l’ampleur et inquiète les pouvoirs publics.  Originaires de plusieurs foyers de tension sur le continent africain, ces armes servent d’une part, les groupes armés actifs dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et d’autre part, elles alimentent le banditisme dans les grandes villes du pays. Les initiatives prises par l’État pour combattre ce phénomène présentent des limites, mais la maîtrise des frontières et le renforcement de la coopération avec les pays voisins comme le Tchad, le Nigéria et la République centrafricaine pourront permettre d’améliorer les résultats.

Dans la lutte contre Boko Haram, on note une augmentation du nombre de désertions des principales factions du groupe.  Cependant, la stratégie de Désarmement, Démobilisation et de Réintégration (DDR) mise en place nourrit des interrogations. Non seulement elle est jugée inappropriée pour le contexte et le schéma de radicalisation en cours dans la région de l’Extrême Nord,  mais elle ne s’inspire pas des expériences passées et n’implique pas suffisamment les membres des communautés d’accueil et les acteurs sociaux.

Enfin, le débat sur le multiculturalisme se poursuit au Cameroun et sur le terrain, les peuples autochtones des forêts et les organisations de défense de leurs droits dénoncent leur marginalisation et continuent le combat contre l’exploitation des forêts, supports de leur patrimoine culturel.

In Cameroon, illicit arms traffic is on the rise and worries the public authorities. Originating from several hotspots of tension on the African continent, these weapons serve on the one hand the armed groups active in the Far-North, North-West and South-West regions and, on the other hand, they fuel banditry in the major cities of the country. The initiatives taken by the State to combat this phenomenon have their limits, but border control and strengthened cooperation with neighbouring countries such as Chad, Nigeria and the Central African Republic may help improve results.

In the fight against Boko Haram, there is an increase in the number of returnees from the main factions of the group but the Disarmament, Demobilization and Reintegration (DDR) strategy put in place raises questions. Not only is it deemed inappropriate for the context and the drivers of radicalization in the Far North region, it does not draw lessons on past experiences and does not sufficiently involve members of host communities and social actors.

The debate on multiculturalism continues in Cameroon and on the ground the indigenous peoples of the forests and the organizations defending their rights denounce their marginalization and continue the fight against the exploitation of forests, and their cultural heritage.


 
 

Info Phare - Source religieuse

 
 

Une église de la ‘’Presbytérian Church in Cameroon (PCC)’’ ciblée par des tirs dans la région du Nord-Ouest.

Dans un communiqué rendu public le 22 août 2021, la PCC dénonce l’attaque armée ayant ciblé une église de l’arrondissement de Bali dans la région du Nord-Ouest. Cette attaque non encore revendiquée témoigne du fait que les civils non armés continuent à être  la cible de tirs dans les régions anglophones. Le modérateur de la PCC qui s’indigne à la suite de cette nouvelle attaque contre des religieux lance un nouvel appel à un cessez-le-feu dans ces régions.

A church of the “Presbyterian Church in Cameroon (PCC)” targeted in the North West region.

In a statement released on August 8, 2021, the PCC denounces the armed attack targeting a church in Bali Sub division in the Northwest region. This attack, by unidentified persons testifies that unarmed civilians continue to be targeted in the Anglophone regions. The PCC moderator, who is outraged at this new attack on clerics, renews calls for a ceasefire in these regions.

 
 

Sources académiques

 
 

Des changements sont nécessaires pour améliorer l’impact du DDR au Cameroun.

Dans sa lutte contre Boko Haram et d’autres groupes armés actifs sur son territoire, l’État du Cameroun a créé des centres de DDR dans plusieurs régions du pays. Ces centres accueillent les anciens associés des groupes armés et les accompagnent vers la réintégration de leurs communautés. L’expérience de ces centres laisse apparaître plusieurs failles qui plombent le processus de réintégration et limitent l’impact du processus en place. Non seulement la stratégie DDR en place au Cameroun ne prend pas en compte les facteurs de l’enrôlement des jeunes dans les groupes armés, les stratégies de repérage et de recrutement employées par ces groupes, mais elle ne présente pas de  plan clair de réintégration. Par ailleurs les lenteurs du processus pourront générer des frustrations parmi les anciens associés et décourager d’éventuels candidats au retour.

Changes are needed to improve the impact of DDR in Cameroon.

In its fight against Boko Haram and other armed groups active on its territory, the State of Cameroon has created DDR centres in several regions of the country. These centres welcome ex-fighters and support them towards reintegration of their communities. The experience of these centres reveals several flaws that plague the reintegration process and limit the impact of the process in place. Not only does the DDR strategy in place in Cameroon not take into account the factors of enrolment of young people in armed groups, the identification and recruitment strategies employed by these groups, it does not present a clear reintegration plan. In addition, the delays of the process could generate frustration among the returnees and discourage potential candidates for return.

 
 

Le trafic illicite d'armes prend de l’ampleur au Cameroun et entretient les tensions dans le pays.

Le Cameroun, pays de départ, de transit et de destination des armes issues du trafic illicite voit le phénomène s’amplifier et nourrir les conflits sur son territoire. Malgré l’interdiction de la détention d’armes pour répondre à la prolifération des groupes armés dans le pays et au grand banditisme, plus de 120 000 armes circulent illégalement au Cameroun selon une source citée par l’« Institute for Security Studies ». Cette situation nourrit les inquiétudes des autorités camerounaises par le fait que certaines armes saisies viennent de plusieurs foyers de tensions en Afrique de l’Ouest et centrale. L’inefficacité des mesures de lutte contre le trafic illicite des armes au Cameroun résulte du manque de coordination et de coopération entre les États de la région sur cette question, mais aussi de la porosité des frontières avec le Nigeria, le Tchad et la République centrafricaine.

Illicit arms traffic is on the rise in Cameroon and fuels tension in the country.

Cameroon, a country of departure, transit and use of weapons from illicit traffic sees the phenomenon amplifying and fuelling conflicts on its territory. Despite the ban on the possession of weapons to respond to organized crime and the proliferation of armed groups in the country, more than 120,000 weapons are circulating illegally in Cameroon according to a source cited by the Institute for Security Studies. This situation feeds the concerns of the Cameroonian authorities as some of the weapons seized come from several hotbeds of tension in West and Central Africa. The ineffectiveness of measures to combat the illicit trafficking of weapons in Cameroon results from the lack of coordination and cooperation between the States of the region on this issue, but also from security challenges in the borders with Nigeria, Chad and the Central African Republic.

 
 

Sources médiatiques 

 
 

Un ouvrage sur les bienfaits du multiculturalisme présenté au Cameroun.

« Le multiculturalisme et sa praxis quotidienne » est un ouvrage qui retrace les fondements, l’encadrement juridique et la pratique du multiculturalisme au Cameroun. Il est préfacé par Paul Biya et sa postface est écrite par Peter Mafany Musunge, ancien Premier ministre du Cameroun et président de la Commission Nationale de Promotion du Bilingue et du Multiculturalisme (CNPBM), Alors que les dénonciations de discriminations fondées sur la religion, l’ethnie et la langue se multiplient, les autorités soutiennent que la « diversité religieuse, tribale et linguistique constitue non pas une source de division, mais une richesse ».  Les nouvelles lignes de fracture au sein de la société camerounaise replacent la promotion du multiculturalisme et du vivre-ensemble au cœur des débats actuels.

A book published on the assets of multiculturalism for Cameroon.

Prefaced by Paul Biya and Postfaced by Peter Mafany Musunge, former Prime Minister of Cameroon and President of the National Commission for the Promotion of Bilingualism and Multiculturalism, “Multiculturalism and its daily praxis” traces the foundations, legal framework and the practice of multiculturalism in Cameroon. As denunciations of discrimination based on religion, ethnicity and language multiply, authorities argue that "religious, tribal and linguistic diversity is not a source of division, but wealth". The new fault lines in Cameroonian society put the promotion of multiculturalism and life back at the heart of the present debates.

 
 

Le combat des peuples autochtones des forêts contre les entreprises d’exploitation du palmier à huile se poursuit.

La cohabitation entre les Bagyélis, une ethnie de la forêt du Sud du Cameroun, et les entreprises d’exploitation du palmier à huile est de plus en plus tendue. L’exploitation à grande échelle de la forêt a un impact négatif sur la survie de ce peuple et des ONG dénoncent des abus dans le processus d’implantation de certaines entreprises dans la zone forestière. Les autorités compétentes soutiennent que toutes les procédures ont été respectées, mais l’expansion des plantations dans la zone forestière menace l’héritage culturel et les savoirs autochtones largement tributaires de la forêt.

The struggle of indigenous peoples of the forest against oil palm companies continues.

The cohabitation between the Bagyélis, indigenous people of the forests of Southern Cameroon, and oil palm companies is increasingly strained. Large-scale logging has a negative impact on the survival of these people and NGOs denounce abuses in the process of establishing certain businesses in the forest area. The relevant authorities claim that all procedures have been followed, but the expansion of plantations in the forest area threatens the cultural heritage and indigenous knowledge largely dependent on the forest.

 
 

Les Pygmées misent sur l’éducation pour sauver leur patrimoine.

Selon « Global Forest Watch », le Cameroun a perdu 100 000 hectares de forêt en 2020. Les mécanismes en place pour atténuer les effets de cette diminution des ressources forestières sur les populations n’atteignent pas toutes les communautés voisines des zones exploitées. Certaines communautés estiment qu’investir dans leur éducation leur permettra de maîtriser les mécanismes de participation à la gouvernance forestière et de mieux s’adapter aux changements qui ont cours dans leur environnement.

Pygmies rely on education to save their heritage.

According to "Global Forest Watch", Cameroon lost 100,000 hectares of forest in 2020. The mechanisms in place to mitigate the effects of this decrease in forest resources on the populations do not reach all the communities neighbouring the exploited areas. Some communities believe that investing in their education will enable them to master the mechanisms of participation in forest governance and to better adapt to the changes taking place in their environment.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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