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La Fondation Jean Jaurès en association avec l’Institut d’études d’opinion (Ifop) vient de publier le premier volet d’une grande enquête consacrée à la situation des enseignants en France. Cette première partie est consacrée à la manière dont les enseignants vivent les contestations par leurs élèves de la laïcité et les revendications religieuses. Les résultats de l’enquête mettent en avant une augmentation des faits de contestations de la laïcité et de la crainte des enseignants lorsque les des sujets relatifs au religieux sont abordés. Après le retrait de la Grande mosquée de Paris du projet de création du Conseil national des imams mené par le Conseil français du culte musulman (CFCM), l’avenir des projets de restructuration de l’islam de France est au point mort. Le CFCM ne semble pas parvenir à se départir des accusations de manque de représentativité pour assumer le leadership dans ce mouvement de restructuration. La commission spéciale dirigée par François de Rugy chargée d’étudier le projet de loi confortant les principes républicains a débuté cette semaine les auditions. Lundi et mardi, elle a reçu différents représentants des cultes et les obédiences de la franc-maçonnerie qui ont fait part de leurs inquiétudes face au projet, mercredi elle a reçu les élus locaux et des représentants du culte musulman. The Jean Jaurès Foundation in association with the Institute for Opinion Studies (Ifop) and Charlie Hebdo has just published the first part of a major survey devoted to the situation of teachers in France. This first part is devoted to how teachers live the contestation by their students of secularism and religious claims. The results of the survey highlight an increase in the number of cases of protests against secularism and teachers' fears when topics related to religion are discussed. After the withdrawal of the Grand Mosque of Paris from the project to create the National Council of Imams led by the French Council of Muslim Worship (CFCM), the future of projects to restructure Islam in France is at a standstill. The CFCM does not seem to be able to shake off accusations of a lack of representativeness to assume leadership in this restructuring movement. The special commission headed by François de Rugy charged with studying the draft law upholding republican principles began hearings this week. On Monday and Tuesday, it received various representatives of the cults and obediences of freemasonry who expressed their concerns about the project, on Wednesday it received local elected officials and representatives of the Muslim cult.
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L'info phare - source institutionnelle
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Les enseignants de France face aux contestations de la laïcité et au séparatisme
La Fondation Jean Jaurès en partenariat avec l’Ifop et Charlie Hebdo a conduit une grande enquête sur la situation des enseignants en France. Un premier volet a été rendu public portant sur la manière dont les enseignants vivent les contestations de la laïcité et les revendications religieuses, tandis qu’ils se retrouvent de plus en plus en première ligne face à ces faits. 49% des enseignants interrogés affirment ainsi s’être déjà autocensurés dans leur enseignement sur les questions religieuses dans le but d’éviter de provoquer des incidents, soit 13 points de plus qu’en 2018. La majorité des enseignants affirment avoir déjà assisté à une forme de contestation de la laïcité. Les enseignants apparaissent ainsi soumis à la pression du religieux sur l’ensemble du territoire, et non spécifiquement dans les banlieues, tandis qu’ils ressentent un manque global de soutien face à un phénomène s’accroissant.
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Teachers in France faced with the challenges of secularism and separatism
The Jean Jaurès Foundation in partnership with Ifop and Charlie Hebdo conducted a major survey on the situation of teachers in France. The first part was made public on how teachers live with the contestations against secularism and religious claims, while they are increasingly finding themselves on the front line in the face of these facts. 49% of the teachers surveyed thus affirmed that they have already self-censored themselves in their teaching on religious issues to avoid provoking incidents, 13 points more than in 2018. The majority of the teachers affirm that they have already witnessed some form of challenge to secularism. The teachers thus appear to be under pressure from religions throughout the country, and not specifically in the suburbs, while they feel an overall lack of support in the face of a growing phenomenon.
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Le conseil national des imams est-il déjà enterré ?
Le projet du gouvernement visant à lutter contre l’islamisme peine à se mettre en place. Pour y parvenir, le président de la République depuis le discours des Mureaux s’appuie sur le CFCM. Malgré les critiques autour de son manque de représentativité, il l’a missionné pour la rédaction d’une charte des valeurs républicaines et la création d’un conseil national des imams (CNI) chargé de réguler et labelliser les imams de France. Alors que ce volet est en discussion, Chams-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande mosquée de Paris, a, à la surprise générale, décidé de se retirer. Il entend ainsi dénoncer une charte des imams de France modifiée par les composantes islamistes du CFCM. Par ailleurs, d’autres parties prenantes soulignent une possible inféodation de certaines fédérations du CFCM au Maroc, à l’Algérie et à la Turquie. Face à ces accusations, le président du CFCM dément et affirme que rien du contenu du texte n’a encore été modifié et appelle à mettre en place au plus vite le conseil des imams de France.
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Is the National Council of Imams already buried?
The government's project to fight Islamism is struggling to get off the ground. To achieve this, the President of the Republic since the Mureaux speech relies on the CFCM. In spite of the criticisms surrounding its lack of representativeness, he commissioned it to draft a charter of republican values and the creation of a National Council of Imams (CNI) responsible for regulating and labeling the imams of France. While this aspect is under discussion, Chams-Eddine Hafiz, the rector of the Grand Mosque of Paris, has, to everyone's surprise, decided to withdraw. He thus intends to denounce a charter of imams of France modified by the Islamist components of the CFCM. In addition, other stakeholders point out a possible subordination of certain federations of the CFCM in Morocco, Algeria and Turkey. In the face of these accusations, the president of the CFCM denies and asserts that nothing in the text has yet been modified and calls for the establishment of the Council of Imams of France as soon as possible.
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Séparatisme : les cultes s’inquiètent des effets du projet de loi
Le projet de loi confortant les principes républicains est actuellement analysé par une commission spéciale de l’Assemblée nationale dirigée par François de Rugy. Une série d’auditions est prévue du lundi 4 au mercredi 6 janvier. La commission a d’abord entendu les responsables des cultes juif, musulman, catholique, bouddhiste et orthodoxe, avant d’entendre les loges maçonniques et les élus locaux. Les cultes ont ainsi tenu à exprimer leurs inquiétudes et font part de propositions de changements tant sur les mots employés dans le texte que sur les mesures concrètes. Ils s’accordent néanmoins avec le gouvernement sur la nécessité de faire quelque chose contre le séparatisme islamiste. La commission entendra encore mercredi les élus et les responsables du culte musulman, dont les réactions au projet sont attendues.
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Separatism: cults are concerned about the effects of the bill
The draft law upholding republican principles is currently being analyzed by a special commission of the National Assembly headed by François de Rugy. A series of hearings is scheduled from Monday, January 4 to Wednesday, January 6. The commission first heard from leaders of the Jewish, Muslim, Catholic, Buddhist and Orthodox faiths, before hearing from Masonic lodges and local elected officials. The cults were keen to express their concerns and share proposals for changes both in the words used in the text and in the concrete measures. They nevertheless agree with the government on the need to do something against Islamist separatism. The commission will hear again on Wednesday from elected local representatives and leaders of the Muslim faith, whose reactions to the draft are expected.
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Le Conseil d’État autorise l’élargissement des fichiers de police
Les décrets publiés le 4 décembre 2020 portant sur l’élargissement des fichiers de police aux opinions politiques, religieuses et philosophiques avant le recrutement de fonctionnaire sur des postes sensibles ou pour les personnes morales (association, syndicats) ont été approuvés par le Conseil d’État. Pour ce dernier, cette collecte ne saurait porter atteinteaux droits fondamentaux : ces différentes informations alimenteront des fichiers distincts sans interconnexions et leur consultation ne sera possible qu’en cas de menace à la sécurité publique ou de l’État.
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The Council of State authorizes the expansion of police files
The decrees published on December 4, 2020 on the extension of police files to include political, religious and philosophical opinions before recruiting civil servants for sensitive positions or for legal entities (associations, unions) were approved by the Council of State. For the latter, this collection cannot infringe on fundamental rights: this different information will feed into separate files without interconnections and consultation will only be possible in the event of a threat to public or State security.
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L’Observatoire de la laïcité appelle à « faire bloc contre l’islamisme radical »
L’Observatoire de la laïcité a publié son rapport annuel 4 jours après l’annonce de l’intention de la ministre déléguée à la citoyenneté Marlène Schiappa de remodeler l’institution pour en faire une « structure qui porterait la parole de l’État ». Le rapport contient 20 propositions, dont certaines sont déjà en application pour lutter contre toutes formes de repli et de provocations contre la République. Parmi elles, la nécessité de mieux former les enseignants au fait laïque ou encore de renforcer la mixité sociale et scolaire. Enfin, le rapport dresse le tableau actuel des rapports des Français avec les religions et son histoire coloniale et démontre ainsi toute la pertinence du maintien d’une institution comme l’Observatoire de la laïcité.
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The Observatory of Secularism calls for a "blockade against radical Islamism".
The Observatory of Secularism published its annual report 4 days after the announcement of the intention of the Minister Delegate for Citizenship Marlene Schiappa to remodel the institution to make it a "structure that would carry the word of the State. The report contains 20 proposals, some of which are already in application to fight against all forms of separatism and provocation against the Republic. Among them, the need to better train teachers to the secular fact or to strengthen the social and school mix. Finally, the report provides a current picture of the French people's relationship with religions and its colonial history and thus demonstrates the relevance of maintaining an institution such as the Observatory of Secularism.
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La philosophe Julia de Funès appelle à "une laïcité plus combative"
Julia de Funès, philosophe, expose sa vision du problème actuel autour de la laïcité en France. Pour elle, plusieurs amalgames consécutifs ont porté atteinte à la notion de laïcité et obligent aujourd’hui à passer à une « laïcité combative » qui refuse toutes les injonctions qui vont à l’encontre du cadre républicain. Le premier amalgame a été de laisser la laïcité être confondue par le laïcisme qui est le fait d’être hostile à toute croyance. C’est cette première étape qui a permis un autre amalgame celui du laïcisme à l’islamophobie qui est un terme très critiquable. Pour elle, critiquer les religions est un droit, il s’agirait d’une imposture intellectuelle de réduire cela à une forme de racisme. Même si Julia de Funès prône l’idée d’une « laïcité combative », elle estime qu’un renversement est possible vers un fondamentalisme républicain. Pour elle, l’équilibre doit être trouvé dans le cadre républicain.
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The philosopher Julia de Funès calls for "a more combative secularism".
Julia de Funès, philosopher, explains her vision of the current problem around secularism in France. For her, several consecutive amalgams have undermined the notion of secularism and today force us to move to a "combative secularism" that refuses all injunctions that go against the republican framework. The first amalgam was to let secularism be confused whith is the fact of being hostile to all belief. It is this first step that allowed another amalgamation, that of secularism with Islamophobia, which is a very criticizable term. For her, criticizing religions is a right, it would be an intellectual imposture to reduce this to a form of racism. Even if Julia de Funès advocates the idea of a "combative secularism", she believes that a reversal towards a republican fundamentalism is possible. For her, the balance must be found within the republican framework.
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La charia, histoire et fantasmes
Jacqueline Chabbi, historienne et anthropologue, revient sur l’histoire de la législation islamique et surtout de la charia, terme au cœur de nombreuses craintes et controverses. Dans le Coran pourtant, le mot charia n’apparaît qu’une fois (sourate LXV, verset 18) pour signifier « s’engager » ou « commencer ». L’historienne insiste sur le fait qu’il n’existe pas de législation propre au Coran, il s’agit de la législation déjà existante dans la société dans laquelle a été écrit le texte. Le terme charia comme il est compris aujourd’hui apparaît seulement au IXe siècle lorsque l’intégration de populations juives et chrétiennes ont poussé à la traduction du texte. Le terme charia désigne d’abord indifféremment des religions la loi divine, puis la loi des prophètes. Ce n’est qu’au cours des derniers siècles avec l’idée d’un retour à un passé idéal que la charia devient une loi divine salutaire dont il convient de restaurer l’application.
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Sharia, history and fantasies
Jacqueline Chabbi, historian and anthropologist, looks back at the history of Islamic legislation and especially the Sharia, a term at the heart of many fears and controversies. In the Koran, however, the word sharia appears only once (Sura LXV, verse 18) to mean "to commit oneself" or "to begin". The historian insists that there is no legislation specific to the Qur'an; it is the legislation that already exists in the society in which the text was written. The term sharia as it is understood today only appeared in the ninth century when the integration of Jewish and Christian populations pushed for the translation of the text. The term sharia refers first of all, regardless of religion, to divine law, and then to the law of the prophets. It is only during the last centuries with the idea of a return to an ideal past that Sharia became a salutary divine law whose application should be restored.
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Déconstruire les discours de haine pour mieux les combattre
Beatrice Fracchiolla, professeure en sciences du langage, s’interroge sur la manière de décrypter et déconstruire les discours de haine dans la société surmédiatisée productrice de discours différentiels dans laquelle nous vivons. Elle prend comme point de départ de sa réflexion, la volonté du gouvernement de créer un nouveau délit de « mise en danger de la vie d’autrui par diffusion d’informations relatives à la vie privée, familiale ou professionnelle d’une personne permettant de l’identifier ou de la localiser ». Ces discours de haine qui attaquent un « autre » qu’il soit une personne, une entité ou un groupe, viseraient à l’exclusion totale voire à la destruction politique et sociale de cet « autre ». Actuellement, ces discours se démultiplient à l’aide d’internet et des réseaux sociaux qui les diffusent et les amplifient. Entre émotion de haine et système linguistique qui favorisent la tenue de ces discours, Beatrice Fracchiolla rappelle que les stéréotypes qui se forment dès le plus jeune âge permettent à l’enfant de comprendre le monde dans lequel il évolue. La diversification des approches d’autrui permettrait de réduire la formation de stéréotypes forts. Il conviendrait de porter une attention à la nature des mots que nous employons au quotidien pour éduquer à la diversité et contre la discrimination tout au long de la vie.
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Deconstructing hate speech to better combat it
Beatrice Fracchiolla, professor of language sciences, wonders how to decipher and deconstruct hate speech in the over-mediated, differential discourse-producing society in which we live. She takes as a starting point for her reflection the government's desire to create a new crime of "endangering the lives of others by disseminating information relating to the private, family or professional life of a person that makes it possible to identify or locate him or her". Such hate speech that attacks an "other" person, entity or group would aim at the total exclusion or even political and social destruction of this "other". Currently, these speeches are multiplying with the help of the Internet and the social networks that disseminate and amplify them. Between emotions of hatred and the linguistic system that encourages these discourses, Beatrice Fracchiolla reminds us that the stereotypes that are formed from a very young age allow children to understand the world in which they evolve. Diversifying the approaches of others would reduce the formation of strong stereotypes. Attention should be paid to the nature of the words we use every day to educate about diversity and against discrimination throughout life.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Centrafrique. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables. This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Central African Republic. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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