|
|
Cette semaine, le Premier ministre Gabriel Attal a tenu un discours évoquant les mesures et les sanctions qui vont être prises contre les violences chez les jeunes. Ces mesures tenteront notamment de faire face aux violences à l’égard des contestations des valeurs républicaines et des atteintes à la laïcité. D’après lui, ces violences sont issues d’un séparatisme et d’un « entrisme islamiste ». L’école servirait de tremplin à la diffusion des lois de la charia. L'enseigne Geox s’est exprimée vis-à-vis de sa charte de neutralité sur les signes religieux en entreprise suite à une polémique il y a deux semaines dans l’un de ses magasins. Un gérant a refusé qu’une femme intérimaire travaille avec son voile, ce qui lui aura valu de recevoir des menaces de mort sur les réseaux sociaux. De plus en plus de Français musulmans souhaitent émigrer de France suite aux discriminations auxquelles ils font face. Ils évoquent une dégradation de la vision des musulmans de France suite à la banalisation des discours d’extrême droite dans les médias et les amalgames entre les musulmans et les attentats islamistes. L'islamologue Mustapha Chérif s’est exprimé sur l’islamophobie et la montée des discours d’extrême droite. Il appelle les intellectuels à « sonner l’alerte ».
Des marches contre les discriminations, le racisme, l’antisémitisme, les atteintes à la communauté LGBTQ+ et l’islamophobie se sont déroulées cette semaine. L’une d’entre elles a été interdite par la préfecture, mais l’interdiction a été suspendue par la justice pour « atteinte à la liberté de manifestation ». Après les nombreuses polémiques dans le débat public sur les atteintes à la laïcité et l’interdiction des signes religieux ostentatoires, le philosophe Jean-Fabien Spitz s’est exprimé dans une tribune. Il considère que la loi de 2004 porte atteinte à la liberté de conscience. De son côté, l’historien Charles Mercier revient sur le boom des baptêmes. Et pour finir, le politologue Philippe Portier poursuit son analyse sur la place de la religion dans la société contemporaine et l’intervention de l’État dans les affaires religieuses.
This week, Prime Minister Gabriel Attal delivered a speech discussing the measures and sanctions that will be taken against youth violence. These will notably aim to address violence towards challenges to republican values and attacks on secularism. According to him, these acts of violence stem from separatism and "islamist entryism". Schools are indeed seen as a platform for the spread of Sharia laws.
The Geox brand has addressed its neutrality policy regarding religious symbols in the workplace following a controversy two weeks ago at one of its stores. A manager refused to allow a temporary female worker to wear her veil, leading to death threats on social media.
More and more French Muslims wish to emigrate from France due to the discrimination they face. They cite a deterioration in the perception of Muslims in France due to the normalization of far-right discourse in the media and the conflation of Muslims with Islamist attacks. Islamologist Mustapha Chérif has spoken out about Islamophobia and the rise of far-right rhetoric. He urges intellectuals to "sound the alarm."
Marches against discrimination, racism, antisemitism, LGBTQ+ community rights violations, and Islamophobia took place this week. One of them was banned by the prefecture, but the ban was suspended by the courts for infringing on the freedom to protest.
Following numerous controversies in the public debate on secularism and the ban on ostentatious religious symbols, philosopher Jean-Fabien Spitz expressed his views in an opinion piece. He believes that the 2004 law infringes on freedom of conscience. Historian Charles Mercier discusses the boom in baptisms. Lastly, political scientist Philippe Portier continues his analysis on the role of religion in contemporary society and state intervention in religious affairs.
|
|
|
|
|
L'info phare - Source médiatique
|
|
|
|
|
Gabriel Attal sur les mesures contre la violence chez les jeunes : atteintes à la laïcité, non-respect des valeurs républicaines et « entrisme islamiste »
Dans un discours à Viry-Châtillon (Essonne) le jeudi 18 avril, Gabriel Attal a fait état de plusieurs mesures pour lutter contre la violence chez les jeunes. Au cours des dernières semaines, les médias ont relaté plusieurs cas de violence chez les jeunes. L’affaire du voile à l’école au lycée Maurice Ravel (veille du 04/04/2024), l’affaire Samara rouée de coups à la sortie de son collège (veille du 19/04/2024), le meurtre de l’adolescent Shamseddine, ou encore des mineurs qui ont tué un homme de 22 ans à la suite d’un guet-apens. Ces violences et « dérives autoritaires » sont ramenées à des atteintes à la laïcité, au non-respect des valeurs de la République et à un mauvais encadrement de la jeunesse. Dans son discours, Gabriel Attal évoque un renforcement des cours d’éducation civique et morale (veille du 10/04/2024) pour faire de l’école un lieu de respect de l’autorité et de civisme. Pour lui, il y a une déviance et une forte délinquance chez les jeunes. Ces derniers doivent respecter l'autorité de la République par la transmission des valeurs républicaines. Des sanctions pour les mineurs et pour leurs parents vont être mises en place. Gabriel Attal évoque également le « séparatisme » et un « entrisme islamiste » comme cause des violences, notamment par la contestation de la laïcité et des valeurs républicaines. Selon lui, les lois de la charia seraient diffusées par le biais de l’école. Le Parisien revient sur ce terme d’« entrisme ». On peut aussi faire le lien avec la prétendue « islamisation de la société » qui a été évoquée ces dernières semaines face aux affaires de signes religieux à l’école, de risques d’attentats islamiques ou encore des convocations pour apologie du terrorisme (veille du 19/04/2024). Pour faire face à la violence, les dispositifs de sécurité dans les établissements scolaires, qui ont été mis en place suite au meurtre de professeur Dominique Bernard et aux menaces d’attentats envoyées sur les ENT de plusieurs élèves, vont être poursuivis. Pour finir, Gabriel Attal a déclaré que les agressions pour « non-respect de principes religieux » devront également être sanctionnées. Des responsables politiques ont pris la parole concernant les déclarations du Premier ministre. Jean-Luc Mélenchon déclare notamment que « l’entrisme islamiste » est une accusation islamophobe. L’UNICEF se dit préoccupé par ces annonces compromettant les « avancées de la justice pénale pour les mineurs » et risque d’aggraver les inégalités des chances dès le plus jeune âge au sein de familles déjà fragilisées. Enfin, des sociologues se sont exprimés sur ces déclarations. Coline Cardi dans Télérama déclare que le discours de Gabriel Attal est « dangereux et sociologiquement faux » et va dans la continuité des inégalités scolaires et sociales. Pour Sébastien Roché, les annonces autoritaires et « répressives » de Gabriel Attal pour rendre la jeunesse plus civique ne seront pas efficaces face à des jeunes qui se sentent traités de façon inégalitaire. Déjà, « obéir n’est pas un signe de respect de l’autorité, mais un simple consentement à obéir pour éviter une sanction ». Les cours d’EMC (éducation morale et civique) ne permettent pas de rendre les élèves plus civiques. Le civisme, c’est l’attitude de la jeunesse face à l’État, et selon ses études cela s’apprend par des « expériences sensibles » et non pas par l’école.
|
Gabriel Attal on measures against violence among young people : violations of secularism, disrespect for republican values, and "Islamist entryism"
In a speech in Viry-Châtillon (Essonne) on Thursday, April 18, Gabriel Attal outlined several measures to combat violence among young people. Over the past few weeks, the media has reported several cases of violence among young people. The case of the headscarf at Maurice Ravel High School (watch of 04/04/2024), the case of Samara being beaten up after leaving her middle school (watch of 19/04/2024), the murder of teenager Shamseddine, and minors who killed a 22-year-old man following an ambush. These acts of violence and "authoritarian deviations" are attributed to violations of secularism, disrespect for the values of the Republic, and inadequate supervision of youth.
In his speech, Gabriel Attal mentioned strengthening civics and moral education classes (watch of 10/04/2024) to make schools a place of respect for authority and civility. He believes there is a deviation and a strong delinquency among young people. They must respect the authority of the Republic by transmitting republican values. Sanctions for minors and their parents will be implemented.
Gabriel Attal also mentions "separatism" and "islamist entryism" as causes of violence, particularly through the challenge to secularism and republican values. According to him, Sharia laws would be disseminated through schools. Le Parisien revisits the term "entryism". One can also draw a connection with the alleged "Islamization of society" which has been mentioned in recent weeks in the face of incidents involving religious symbols at schools, risks of Islamic terrorism, or summonses for terrorist apologia (watch of 19/04/2024).
To address violence, security measures in schools, which were implemented following the murder of teacher Dominique Bernard and threats of attacks sent to several students' digital learning environments (ENT), will be continued. Finally, Gabriel Attal stated that assaults for "non-compliance with religious principles" should also be penalized.
Political figures have spoken out regarding the Prime Minister's statements, including Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise - LFI France Unbowed), who declares that "islamist entryism" is an Islamophobic accusation. UNICEF expresses concern about these announcements compromising "progress in juvenile justice" and risking exacerbating inequalities of opportunity from a very young age within already vulnerable families.
Finally, sociologists have commented on these statements. Coline Cardi in Télérama declares that Gabriel Attal's speech is "dangerous and sociologically false" and perpetuates school and social inequalities. According to Sébastien Roché, Gabriel Attal's authoritarian and "repressive" announcements to make youth more civic-minded will not be effective against young people who feel treated unfairly. Already, "obeying is not a sign of respect for authority, but simply consenting to obey to avoid punishment." EMC (moral and civic education) classes do not make students more civic-minded. Civic-mindedness is the attitude of youth towards the state, and according to his studies, this is learned through "sensitive experiences" and not through school.
|
|
|
|
|
|
|
Une intérimaire s’est vu refuser de travailler dans une enseigne Geox à cause de son voile
La semaine dernière, une vidéo sur les réseaux sociaux montrant une femme se faire interdire de travailler à cause de son voile à l’enseigne Geox, à Strasbourg, a entraîné une polémique. Le gérant est accusé d’islamophobie sur les réseaux sociaux et il aurait reçu des menaces de mort. Il a porté plainte pour diffamation, injure publique et appels téléphoniques malveillants. Une cagnotte a été ouverte le 12 avril par Jean Messiah, ancien délégué national du Rassemblement National et soutien d’Eric Zemmour, afin de venir en aide au gérant du Geox. Il avait également ouvert une cagnotte en soutien au policier ayant tiré sur Nahel. Le magasin a rouvert, mais sous protection policière. Le Parisien revient sur la loi concernant le port de signes religieux en entreprise. L'interdiction est possible à condition que cela soit inscrit dans la charte de l’entreprise si la personne est amenée à être en contact avec des clients ou pour des raisons de sécurité. Dans un communiqué, l’enseigne Geox affirme qu’elle « autorise les employeurs à insérer une clause de neutralité ». Le magasin strasbourgeois affirme de son côté appliquer cette clause de neutralité « comme toutes les boutiques Geox » de France.
|
An interim worker was denied the opportunity to work at a Geox store because of her headscarf
Last week, a video on social media showing a woman being refused work due to her headscarf at the Geox store in Strasbourg sparked controversy. The manager is accused of Islamophobia on social media and allegedly received death threats. He filed a complaint for defamation, public insult, and malicious phone calls.
A fundraiser was opened on April 12 by Jean Messiah, former national delegate of the Rassemblement National (RN - National Rally) and supporter of Eric Zemmour, to assist the Geox store manager. He had also opened a fundraiser in support of the police officer who shot Nahel. The store has reopened but under police protection.
Le Parisien revisits the law regarding the wearing of religious symbols in the workplace. Prohibition is possible provided it is included in the company's charter if the person is likely to come into contact with clients or for security reasons. In a statement, Geox asserts that it "allows employers to include a neutrality clause." The Strasbourg store, on its part, claims to apply this neutrality clause "like all Geox stores" in France.
|
|
|
|
|
|
|
Des Français musulmans qui songent à émigrer en raison de discriminations religieuses
Le Monde a recueilli plusieurs témoignages de Français musulmans « bien installés » qui songent de plus en plus à partir de la France. Les témoignages relatent des discriminations auxquelles ces derniers font face. Aux yeux de la société, ils ont le sentiment d’être uniquement des « arabes » et des « musulmans ». Malgré leur « bonne intégration » dans le pays et un diplôme de master pour la majorité d’entre eux, ils sont constamment ramenés à leur origine. Ce qui revient dans les témoignages, c’est que la dégradation de la vision de la communauté musulmane concorde avec les attentats et les prises d’otages depuis 2015 par des personnes radicalisées. En prime, les attaques du Hamas le 7 octobre qui ne cessent de nuire à leur image. Tous dénoncent les discours politico-médiatiques qui accentuent le rejet de la communauté musulmane, notamment avec l’interdiction des signes ostentatoires tels que l’interdiction de l’abaya, la loi sur le séparatisme ou encore la montée des discours d’extrême droite sur les chaînes d'information en continu, et notamment avec la théorie du « Grand remplacement ». En 2001, les attaques des tours jumelles aux États-Unis avaient déjà changé le regard des Occidentaux sur les musulmans, d’après l’une des personnes interrogées. L’une d’entre elle dénonce et rejette également les analyses du politologue Gilles Kepel, à propos du « djihadisme d'atmosphère ». Abdelghani Benali, imam de la mosquée de Saint-Ouen et enseignant-chercheur à l'université Sorbonne-Nouvelle, évoque une « émigration silencieuse de cadres moyens et supérieurs musulmans ». D’après le sociologue Julien Talpin, les départs se comptent par milliers, voire en dizaines de milliers, d’après une enquête sociologique basée sur un échantillon quantitatif, avec une accélération depuis 2015. Selon lui, beaucoup de Français musulmans parlent d’une atmosphère et d’une ambiance dégradée qui les contraignent à faire attention à ce qu’ils disent et ce qu’ils font. Il parle d’une « montée du sentiment de stigmatisation post-attentats ».
|
French Muslims Considering Emigration Due to Religious Discrimination
Le Monde has collected numerous accounts from well-established French Muslims who are increasingly contemplating leaving France. These testimonies highlight the discrimination they encounter. In the eyes of society, they feel reduced to being merely "Arabs" and "Muslims". Despite their strong integration into the country and the majority holding master's degrees, they continually face reminders of their origins.
What becomes evident from these testimonies is that the deterioration in the perception of the Muslim community aligns with the series of attacks and hostage situations since 2015 perpetrated by radicalized individuals. Additionally, the ongoing attacks by Hamas since October 7 further tarnish their image. They all condemn the political and media narratives that fuel the rejection of the Muslim community, particularly with measures like the ban on conspicuous religious symbols such as the abaya, the separatism law, and the proliferation of far-right rhetoric on continuous news channels, including the "Great replacement" theory. The attacks on the Twin Towers in 2001 had already significantly altered the perception of Muslims among Westerners, according to one of the interviewees. One of them also criticizes and dismisses the analyses of political scientist Gilles Kepel regarding "atmospheric jihadism".
Abdelghani Benali, the Imam of the Saint-Ouen Mosque and a researcher-teacher at Sorbonne-Nouvelle University, refers to a "silent emigration of middle and upper-class Muslim professionals". According to sociologist Julien Talpin, departures number in the thousands, or even tens of thousands, based on a sociological survey with a quantitative sample, with an acceleration since 2015. He suggests that many French Muslims describe a deteriorating atmosphere that forces them to be cautious about their words and actions, reflecting a "heightened sense of post-attack stigmatization".
|
|
|
|
|
|
|
Le Vatican rejette la condamnation du cardinal Ouellet par le tribunal de Lorient
Le mercredi 3 avril, le cardinal canadien et membre éminent de la curie romaine, Marc Ouellet, a été condamné par la chambre civile du tribunal de Lorient (Morbihan) pour le renvoi abusif d’une religieuse de la communauté bretonne de Pontcallec. Une décision marquant la frontière délicate de l’implication du gouvernement français dans les affaires religieuses. De fait, dix jours plus tard, le Vatican a pris position sur la décision du tribunal français. Il qualifie le renvoi du cardinal comme une « grave violation » de la liberté de religion et d’association, un jugement d’ordre confessionnel qui s’appuie sur les droits humains et séculiers pour justifier sa décision. Ce lundi 15 avril, dans Le Monde, l’avocat, écrivain et académicien François Sureau a réagi à la déclaration officielle du Saint Siège. Il avait déjà interpellé le pape en 2021 dans une tribune du Monde à la suite du renvoi de cette religieuse. Il qualifie la note verbale transmise par le Vatican sur la décision du tribunal français de « surprenante » et rappelle que les responsables religieux sont soumis aux « obligations ordinaires de la loi civile » et que le respect de cette dernière ne s’applique pas uniquement lorsque « l’islam est en cause ». Pour lui, la position du Vatican serait une « charia romaine supérieure et intenable » marquant peut-être la voie d’un séparatisme. François Sureau déclare qu’il y a un « machisme clérical » et remarque ici une faiblesse quant à la protection des religieux au sein de leur propre administration. Dans cette affaire, il n’y a pour lui aucune atteinte à la liberté de conscience comme dénoncée par le Saint-Siège.
|
The Vatican Rejects the Conviction of Cardinal Ouellet by the Lorient Court
On Wednesday, April 3, Canadian Cardinal and prominent member of the Roman Curia, Marc Ouellet, was convicted by the civil chamber of the Lorient Court (Morbihan) for the wrongful dismissal of a nun from the Breton community of Pontcallec. This decision marks the delicate boundary of the French government's involvement in religious affairs. Indeed, ten days later, the Vatican took a stance on the French court's decision. It described Cardinal's dismissal as a "serious violation" of freedom of religion and association, a verdict of a confessional nature that relies on human and secular rights to justify its decision.
On Monday, April 15, in Le Monde, lawyer, writer, and academician François Sureau reacted to the official statement from the Holy See. He had already addressed the Pope in 2021 in an opinion page of Le Monde following the dismissal of the nun. He described the Vatican's verbal note on the French court's decision as "surprising" and reminded that religious leaders are subject to "ordinary obligations of civil law" and that respect for the latter does not apply only when "Islam is involved". For him, the Vatican's position would be a "superior and untenable Roman Sharia" perhaps marking the way for separatism. François Sureau states that there is a "clerical machismo" and notes a weakness in protecting religious individuals within their own administration. In this case, he sees no infringement on freedom of conscience as denounced by the Holy See.
|
|
|
|
|
|
|
Mustapha Chérif, sur l’islamophobie et la banalisation des discours haineux
Le philosophe et islamologue Mustapha Chérif s’est exprimé sur Saphirnews, le média d'actualité des musulmans de France. Il dénonce la « banalisation des discours haineux », relative à la montée des discours d’extrême droite, qui se dressent contre les musulmans. Pour lui, nous sommes face à une « crise de civilisation » où le vivre-ensemble est menacé en raison du « choc des ignorances, de la désinformation et de la régression de la pensée » sous couvert de liberté d'expression et du droit à la critique des religions. Pour lui, l’islamophobie est le prolongement de l’antisémitisme puisque l’on fait face à une diabolisation et une essentialisation des musulmans de France, par une « politique du bouc émissaire ». Mustapha Chérif appelle les intellectuels à « sonner l’alerte » face à un Occident diversifié, ayant perdu le « sens de l’humanité » et où les attitudes réactionnaires et de repli prennent le dessus.
|
Mustapha Chérif on Islamophobia and the Normalization of Hate Speech
Philosopher and Islamologist Mustapha Chérif recently spoke on Saphirnews, the news media for Muslims in France. He denounces the "normalization of hate speech" in response to the rise of far-right discourses targeting Muslims.
He argues that we are facing a "civilizational crisis" where coexistence is threatened due to the "clash of ignorances, misinformation, and the regression of thought" under the guise of freedom of expression and the right to criticize religions. For him, Islamophobia is an extension of anti-Semitism since Muslims in France are being demonized and essentialized through a "scapegoat policy".
Mustapha Chérif calls on intellectuals to "sound the alarm" in the face of a diversified West that has lost the "sense of humanity", where reactionary and isolationist attitudes prevail.
|
|
|
|
|
|
|
Marche contre les discriminations à Lorient (Morbihan)
Des étudiants en 3e année de bachelor du centre de formation Lodima Ouest de Lanester (Morbihan) ont organisé une marche « zéro discrimination » le samedi 20 avril contre le racisme, l’antisémitisme, et la haine anti-LGBTQ+ réunissant 192 personnes. Cette marche fait suite à un appel à projets de la DILCRAH (Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT). Elle est soutenue entre autres par la Région Bretagne, Lorient Agglomération, et les villes de Lorient et Lanester. La DILCRAH a été instituée en 2012 et s’est étendue à la lutte contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ en 2016. On peut retrouver sur le site du gouvernement le plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées à l’origine et le plan national d’action pour l’égalité, contre la haine et les discriminations anti-LGBTQ+ pour 2023-2026.
|
March against Discrimination in Lorient (Morbihan)
Third-year bachelor students from the Lodima Ouest training center in Lanester (Morbihan) organized a "zero discrimination" march on Saturday, April 20, against racism, anti-Semitism, and anti-LGBTQ+ hate, bringing together 192 people.
This march follows a call for projects from the DILCRAH (Interministerial Delegation for the Fight against Racism, Anti-Semitism, and Anti-LGBT Hate). It is supported, among others, by the Brittany Region, Lorient Agglomeration, and the cities of Lorient and Lanester.
DILCRAH was established in 2012 and expanded to combat hate and anti-LGBT+ discrimination in 2016. The government's website provides the national plan to combat racism, anti-Semitism, and discrimination related to origin, as well as the national action plan for equality, against hate, and anti-LGBTQ+ discrimination for 2023-2026.
|
|
|
|
|
|
|
Suspension de l’interdiction de la marche prévue contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants
La marche prévue contre le racisme, l’islamophobie et pour la protection des enfants a été annulée ce jeudi 18 avril par la préfecture de Paris par crainte de troubles à l’ordre public et de slogans antisémites. L’interdiction a finalement été suspendue. La justice a estimé qu’il s’agissait d’une « atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation ». La préfecture a déclaré qu’elle redoutait des affrontements avec les forces de l’ordre puisque la marche doit mobiliser des familles de victimes de violence policière. Elle craignait également des actes antisémites puisque l’appel à la marche fait une référence aux enfants de Gaza. Le préfet de Paris, Laurent Nuñez, a ajouté que des forces de l’ordre doivent déjà être mobilisées durant d’autres événements. Ces arguments ont été rejetés par le tribunal administratif. La manifestation, organisée entre autres par l’appel de l'Observatoire national des pratiques et des violences policières, La France Insoumise (LFI) et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), se tiendra finalement comme prévu à Paris le dimanche 21 avril. Elle est soutenue par des mouvements de gauche, des familles de victimes de violences policières et des militants antiracistes d’après Libération.
|
Suspension of the Ban on the Planned March Against Racism, Islamophobia, and for Child Protection
The march planned against racism, Islamophobia, and for child protection was canceled on Thursday, April 18, by the Paris Prefecture due to fears of public disorder and anti-Semitic slogans. The ban was ultimately suspended. The court deemed it a "serious and manifestly illegal infringement on the freedom to demonstrate."
The Prefecture stated that it feared clashes with law enforcement as the march was expected to mobilize families of victims of police violence. It also feared anti-Semitic acts since the call for the march made a reference to children in Gaza. Paris Prefect Laurent Nuñez added that law enforcement must already be mobilized for other events. These arguments were rejected by the administrative court.
The march, organized among others by the National Observatory of Police Practices and Violence, La France Insoumise (France Unbowed - LFI), and the New Anticapitalist Party (NPA), will finally take place in Paris as planned on Sunday, April 21. It is supported by left-wing movements, families of victims of police violence, and anti-racist activists according to Libération.
|
|
|
|
|
|
|
Tribune - L'historien Charles Mercier sur le boom des baptêmes
Dans une tribune du Monde, l’historien Charles Mercier revient sur le prétendu « boom des baptêmes » annoncé par l'Église catholique il y a quelques semaines, suite à une augmentation des baptêmes au cours de l’année (veille du 04/04/2024). Pour lui, le « boom des baptêmes » s'inscrit dans la mouvance séculaire et l’individualisation des valeurs. Ainsi, il constate un « retour du spirituel chez les jeunes adultes » qui est annoncé depuis les années 1970, mais fortement visible depuis 2020. La sécularisation traduit une perte de l’influence religieuse par les progrès de la modernité qui offrent « des solutions non religieuses aux problèmes de la vie humaine ». Il semblerait, selon Charles Mercier, que dans un contexte de crises multiples, « le progrès devenait une source de problèmes et d’angoisses, et rouvrait un espace possible pour l’expérience de la transcendance ». Néanmoins, cela se fait toujours à distance des institutions religieuses, marquant une continuité dans le mouvement d’ autonomisation des individus vis-à-vis des institutions.
|
Tribune - Historian Charles Mercier on the Boom in Baptisms
In a Tribune in Le Monde, historian Charles Mercier revisits the purported "boom in baptisms" announced by the Catholic Church a few weeks ago, following an increase in baptisms over the past year (watch of 04/04/2024). For him, the "boom in baptisms" aligns with secular trends and the individualization of values. He observes a "return of the spiritual among young adults" that has been forecasted since the 1970s but has become significantly noticeable since 2020.
Secularization reflects a decline in religious influence due to the advancements of modernity, which provide "non-religious solutions to human life problems." According to Charles Mercier, it seems that in a context of multiple crises, "progress became a source of problems and anxieties, reopening a possible space for the experience of transcendence." However, this occurs still at a distance from religious institutions, marking a continuity in the movement towards individual empowerment towards institutions.
|
|
|
|
|
|
|
Tribune - Jean-Fabien Spitz sur la laïcité et les signes religieux ostentatoires à l’école
Cette semaine, Le Monde a publié une seconde tribune du philosophe Jean-Fabien Spitz à propos de la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires à l’école. Il considère que cette interdiction va à l’encontre du principe de laïcité. La laïcité, issue de la loi de 1905, reconnaît en toute neutralité l’ensemble des convictions religieuses dans une société qui se veut aujourd’hui plurielle. Elle assure alors la liberté de conscience, de croyances, et de culte permettant de faire vivre ensemble des individus différents. Cependant, pour Jean-Fabien Spitz, la loi de 2004 contredit le principe de laïcité. La neutralité de l’État a pour but de permettre aux individus la manifestation de leurs différences religieuses. L’interdiction du port de signes religieux à l’école porte alors atteinte à la laïcité puisque cela va à l’encontre de la liberté de conscience de chacun. L’école devient un « sanctuaire tenu à l’abri de la diversité » alors même que la socialisation des enfants leur permet de prendre conscience des différentes croyances religieuses de chacun. Cela contribue ainsi au vivre-ensemble. En interdisant le port de tenues religieuses à l’école, l’État fait fausse route car en plus d’être discriminante, elle est le « sanctuaire de la ségrégation sociale ». Pour Jean-Fabien Spitz, l'État ne doit pas chercher à faire disparaître la multiconfessionnalité par une assimilation forcée, mais plutôt de « reconnaître les différences et de les intégrer [...] dans notre tissu républicain ».
|
Tribune - Jean-Fabien Spitz on Secularism and Ostentatious Religious Symbols in Schools
This week, Le Monde published a second Tribune by philosopher Jean-Fabien Spitz regarding the 2004 law prohibiting the wearing of ostentatious religious symbols in schools. He argues that this prohibition goes against the principle of secularism.
Secularism, stemming from the 1905 law, neutrally acknowledges all religious convictions in a society that today embraces pluralism. It ensures freedom of conscience, belief, and worship, allowing individuals of diverse backgrounds to coexist. However, according to Jean-Fabien Spitz, the 2004 law contradicts the principle of secularism. The state's neutrality aims to allow individuals to express their religious differences. Prohibiting the wearing of religious symbols in schools thus undermines secularism, as it goes against each individual's freedom of conscience.
School becomes a "sanctuary sheltered from diversity," even though children's socialization allows them to become aware of each other's religious beliefs, contributing to coexistence. By banning the wearing of religious attire in schools, the state is on the wrong path, as it is not only discriminatory but also a "sanctuary of social segregation." According to Jean-Fabien Spitz, the state should not seek to eliminate multi-denominationalism through forced assimilation, but rather "recognize differences and integrate them [...] into our republican fabric."
|
|
|
|
|
|
|
L’évolution de la religion dans la société contemporaine par Philippe Portier
Philippe Portier, spécialiste de la laïcité et de la relation religion/État, a publié un article dans Le Temps ce lundi 15 avril. Il revient sur l’évolution de la religion en Europe, et en particulier en France. En partant de la religion au Moyen-Âge, ou politique et religion s’entremêlent, entre affaires spirituelles et affaires temporelles, distinguées mais non séparées, il fait un état des lieux de la religion dans la société contemporaine et de son rapport à l’État. Du Moyen-Âge à la modernité, période où religion et État commencent à se séparer, il revient sur le phénomène de sécularisation et de l'incertitude qui touche les sociétés de la seconde modernité. À partir des années 1960, l’État n’a plus la même emprise sur des sociétés désormais soumises à la mondialisation. On note alors un retour du religieux dans les sociétés contemporaines, marqué par une « désaffiliation » et un « réinvestissement ». Ainsi, Philippe Portier évoque le pluralisme religieux. Celui-ci est principalement externe à nos sociétés puisque issu des processus de migration. Il y aurait une « spiritualisation de la sphère politique », contrainte à s'adapter au renouvellement de la religion. On observe alors une « réarticulation des deux espaces jusqu’alors différenciés ». Le religieux est appréhendé et doit être stabilisé. Il est perçu comme un facteur de perturbation, de fractures, voire de « violences extrêmes » en ce qui concerne les attentats islamiques, menant à des « dispositifs de sécurisation » en Europe. Les mouvements sectaires sont visés, et l’islam devient l’objet central. L'État s’attache à réguler et sécuriser les espaces touchés par du religieux, parfois de façon autoritaire, jusqu’à recomposer le droit des religions. En France notamment, avec une succession de lois pour contrôler l'exhibition des signes religieux, ou encore par la régulation des imams étrangers (veille du 10/04/2024). On chercherait à « unifier les imaginaires sociaux » par des « valeurs partagées » transmises dans tous les pays de l’Ouest européen, notamment durant les cours d’éducation morale et civique (veille du 10/04/2024). Ces derniers rappellent parfois « leur enracinement dans le socle de la culture chrétienne ». Quant aux questions sur les politiques de la vie, du genre et de la sexualité, elles sont sur la voie déjà bien entamée d’un détachement des idéaux confessionnels.
|
Evolution of Religion in Contemporary Society by Philippe Portier
Philippe Portier, a specialist in secularism and the relationship between religion and the state, published an article in Le Temps on Monday, April 15. He reflects on the evolution of religion in Europe, particularly in France. Starting from religion in the Middle Ages, where politics and religion intertwine, with spiritual and temporal affairs distinguished but not separated, he provides an overview of religion in contemporary society and its relationship with the state.
From the Middle Ages to modernity, a period when the state begins to separate, he discusses the phenomenon of secularization and the uncertainty affecting second modernity societies. Since the 1960s, the state no longer has the same control over societies now subject to globalization. There is then a resurgence of religion in contemporary societies, marked by "disaffiliation" and "reinvestment".
Philippe Portier also discusses religious pluralism. This is primarily external to our societies, stemming from migration processes. There is a "spiritualization of the political sphere," forced to adapt to the renewal of religion. There is then an "rearticulation of the two previously differentiated spaces". Religion is apprehended and must be stabilized. It is perceived as a factor of disruption, fractures, and even "extreme violence" regarding Islamic attacks, leading to "securitization measures" in Europe.
Sectarian movements are targeted, and Islam becomes the central focus. The state seeks to regulate and secure areas affected by religion, sometimes in an authoritarian manner, to the point of recomposing the rights of religions. In France, for example, this is seen through a succession of laws to control the display of religious symbols, or through the regulation of foreign imams (watch of 10/04/2024). There is an attempt to "unify social imaginaries" through "shared values" transmitted in all Western European countries, especially during moral and civic education classes (watch of 10/04/2024). These sometimes recall "their roots in the foundation of Christian culture". As for questions about life, gender, and sexuality policies, they are already well on their way to detachment from confessional ideals.
|
|
|
|
|
|
|
Livre - Les sœurs Nardal. À l’avant-garde de la cause noire, Léa Mormin-Chauvac. Paru le 17/04/2024
|
|
|
|
|
|
|
Livre - Écrire le monde noir : Premiers textes, 1928-1939, Paulette Nardal. Paru le 19/04/2024
|
|
|
|
|
|
|
A venir - Conférence - Science Po Paris - L’ANTISÉMITISME EST-IL UN RACISME GÉNÉRIQUE OU SPÉCIFIQUE ? - Jean-Frédéric Schaub, spécialiste d’histoire de la race et de la colonisation, Frédérique Leichter-Flack, Professeure des Universités en Littérature et Humanités politiques au Centre d’Histoire de Sciences Po. Organisée par le Centre d'Histoire et l'École d'affaires publiques de Sciences Po - 25/04/2024
|
|
|
|
|
|
|
Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Centrafrique. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables. This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Central African Republic. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
|
|
|
|