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L'actualité de ces dernières semaines a été marquée par l'organisation des Assises des dérives sectaires, premier événement de ce genre, annoncé dans le dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) (voir veille du 17/11/2022). Dernièrement se tiennent également des Assises territoriales de l’islam de France (ATIF), dont celles de la région Île-de-France. Celles-ci s'organisent localement à la suite de la rencontre entre le gouvernement et le Forum de l’islam de France (FORIF) (voir veille du 17/03/2023). Dans le reste des actualités françaises, plusieurs rapports ont été publiés ce mois-ci, dont un sur les violences envers les étrangers (Cimade) et un autre sur les actes antireligieux, racistes et xénophobes (gouvernement). Du côté de la recherche, on peut noter la médiatisation d’une enquête qualitative sur le racisme éprouvé par les personnes perçues comme asiatiques en France. Par ailleurs, la tenue du premier colloque en France sur la question de la foi et de la pratique religieuse dans les camps de concentration du régime nazi est à signaler. Enfin, l’IFOP a rendu publique la deuxième partie de son enquête sur la laïcité et les croyances en milieu scolaire.
The news of the last few weeks has been marked by the organisation of the Assises des dérives sectaires (Sectarian aberrations conference), the first event of its kind, announced in the latest report by the Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) (see watch of 17/11/2022). Recently, the Assises territoriales de l'islam de France (ATIF) have also been held, including those of the Île-de-France region. These are being organised locally following the meeting between the government and the Forum de l'Islam de France (FORIF) (see watch of 17/03/2023). In other French news, several reports were published this month, including one on violence against foreigners (Cimade) and another on anti-religious, racist and xenophobic acts (government). On the research side, a qualitative survey on the racism experienced by people perceived as Asian in France received media coverage. In addition, the first colloquium in France on the issue of faith and religious practice in the concentration camps of the Nazi regime was held. Finally, IFOP released the second part of its survey on secularism and beliefs in schools.
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L'info phare - Source médiatique et institutionnelle
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Assises des dérives sectaires
Les 9 et 10 mars derniers se tenaient les premières Assises nationales des dérives sectaires et du complotisme, organisées à la suite du dernier rapport de la Miviludes (voir veille du 17/11/2022). Pour rappel, la Miviludes y rapportait « 4020 signalements en 2021, soit une hausse de 33 % par rapport à 2020 et de 86 % depuis 2015 ». La Croix revient sur la l'absence de définition juridique des concepts de « secte » et de « dérives sectaires » et la difficulté que cela représente pour parler de ces sujets : « Il n’existe pas dans le droit français de définition juridique de la secte. Cela résulte de la conception française de la notion de laïcité et du respect des libertés de conscience, d’opinion et de religion, garanties par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ». De plus, les critères utilisés pour faire entrer un groupe ou pratique dans la catégorie de « dérive sectaire » ont été élaborés par des élus à suite à plusieurs commissions d’enquête parlementaires : « la déstabilisation mentale, le caractère exorbitant des exigences financières, la rupture avec l’environnement d’origine, l’existence d’atteintes à l’intégrité physique et l’embrigadement des enfants ». C’est la loi de 2011, About-Picard, qui a le plus légiféré sur la question et a « renforcé la prévention et la répression des dérives sectaires ». Pour le gouvernement, l’objectif de ces Assises était de « redonner une impulsion à la politique publique de lutte contre ce fléau et de construire une feuille de route claire sur les dix prochaines années, avec des actions fortes et concrètes à mener ». 7 priorités ont été dégagées, qui devraient mener à un plan d’action interministériel présenté ces prochains mois ainsi qu’à une augmentation des effectifs au sein de la Miviludes. Parmi les pistes de travail élaborées, une collaboration accrue avec les plateformes numériques pour prévenir ces dérives et empêcher les personnes de tomber sous emprise, ainsi que la création de « référents sur les dérives sectaires […] dans les différents services déconcentrés de l’État ». De plus, le gouvernement souhaite généraliser une formation à ce sujet aux agents de l’État et appuyer une évolution du cadre juridique vers un « délit d’incitation à l’arrêt d’un traitement en cas de maladie grave ». La Croix propose plusieurs articles, notamment au sein d’une série « Dérives sectaires : les nouveaux gourous » détaillant le cas de différents personnages ou mouvances surveillées par la Miviludes.
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Sectarian aberrations conference
On 9 and 10 March, the first national conference on sectarian aberrations and conspiracy theories was held, organised following the latest Miviludes report (see 17/11/2022). As a reminder, Miviludes reported "4020 reports in 2021, an increase of 33% compared to 2020 and 86% since 2015". La Croix returns to the lack of legal definition of the concepts of "sect" and "sectarian aberrations" and the difficulty this represents in discussing these subjects: "There is no legal definition of a sect in French law. This results from the French conception of the notion of secularity and respect for freedom of conscience, opinion and religion, guaranteed by the 1789 Declaration of the Rights of Man and of the Citizen". Furthermore, the criteria used to classify a group or practice as a "sectarian aberration" were drawn up by elected representatives following several parliamentary commissions of enquiry: "mental destabilisation, the exorbitant nature of the financial demands, the break with the original environment, the existence of attacks on physical integrity and the recruitment of children". The About-Picard law of 2011 legislated the most on the issue and "reinforced the prevention and repression of sectarian aberrations". For the government, the objective of this conference was to "give new impetus to public policy in the fight against this scourge and to build a clear roadmap for the next ten years, with strong and concrete actions to be taken". Seven priorities were identified, which should lead to an interministerial action plan to be presented in the coming months, as well as an increase in the number of Miviludes staff. Among the avenues of work developed, increased collaboration with digital platforms to prevent these aberrations and prevent people from falling under their influence, as well as the creation of "referents on sectarian aberrations [...] in the various decentralised services of the State". In addition, the government would like to generalise training on this subject to state agents and support a change in the legal framework towards an "offence of inciting the cessation of treatment in the event of serious illness". La Croix offers several articles, notably in a series entitled "Sectarian aberrations: the new gurus", detailing the case of various individuals or movements monitored by Miviludes.
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Rapport 2022 du gouvernement sur les actes antireligieux, racistes et xénophobes
Le 21 mars dernier, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) -organe du ministère de l’Intérieur- a rendu public un rapport en lien avec la religion. Celui-ci concernait l’analyse des « infractions à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux sur l’ensemble du territoire français » enregistrées en 2022. Le SSMSI se fonde sur les données émanant des services de police et de gendarmerie nationales dépendantes du ministère de l’Intérieur. Le rapport analyse les évolutions en quantité, selon le nombre d’habitants et en fonction du type d’infractions commises depuis l’année précédente et les années antérieures, en tenant également compte du contexte spécifique lié à la pandémie de covid-19. En 2022, « comme les années précédentes, la majorité des crimes et délits [6600] comme des contraventions [6000] de ce type [à caractère raciste, xénophobe ou antireligieux] enregistrés par les forces de sécurité sont des injures, provocations ou diffamations ». Ce rapport révèle une certaine augmentation de ces actes (5 %) et également des disparités territoriales. Ce service statistique tente également de dresser un profil type de la victime et de l’agresseur à partir des données actuelles. Le SSMSI relativise cependant l’ensemble des données présentées et renvoie pour cela à l’enquête Cadre de vie et sécurité du même ministère. Annuelle et dite de « victimation », elle cherche à connaître le vécu et les démarches réalisées ou non par les victimes d’infractions. La dernière édition de cette enquête montre que « seuls 14 % des victimes de menaces ou violences physiques racistes et 2 % des victimes d’injures racistes se sont déplacées pour porter plainte entre 2013 et 2018 ».
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Government 2022 report on anti-religious, racist and xenophobic acts
On 21 March, the Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) - an organisation of the Ministry of the Interior - published a report related to religion. This report concerned the analysis of "racist, xenophobic or anti-religious offences throughout France" recorded in 2022. The SSMSI is based on data from the national police and gendarmerie services under the Ministry of the Interior. The report analyses the changes in quantity, according to the number of inhabitants, and in the type of offences committed since the previous year and previous years, also taking into account the specific context linked to the 2019 Covid pandemic. In 2022, "as in previous years, the majority of crimes [6,600] as well as contraventions [6,000] of this type [of racist, xenophobic or anti-religious nature] recorded by the security forces are insults, provocations or defamations. This report reveals a certain increase in these acts (5%) and also territorial disparities. This statistical service also attempts to draw up a typical profile of the victim and the aggressor from the current data. However, the SSMSI puts all the data presented into perspective and refers to the same ministry's Living Environment and Security survey. This annual survey, known as the 'victimisation' survey, seeks to find out about the experiences and steps taken or not taken by victims of crime. The latest edition of this survey shows that 'only 14% of victims of racist threats or physical violence and 2% of victims of racist insults went to the police to lodge a complaint between 2013 and 2018'.
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Rencontre annuelle de l’Église catholique et de l’État français
L’instance annuelle de dialogue entre l'Église catholique et le gouvernement, instaurée en 2002, s’est tenue le 13 mars dernier à Matignon. C’est donc la Première ministre Élisabeth Borne qui l’organisait, avec plusieurs ministres, dont Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur. À l’ordre du jour de cette rencontre figurait tout d’abord les questions éthiques relatives à la fin de vie et la Convention citoyenne en cours, mais aussi l’inscription dans la Constitution française de la liberté d’interrompre une grossesse. Puis, c’est l’état du patrimoine religieux et du financement des réparations qui a été le centre de l’attention (voir veille du 02/02/2023). Enfin, cette réunion a également été l’occasion de préparer la future visite en France du Pape François en septembre prochain (Marseille), ainsi que d’évoquer avec les représentants catholiques quelques autres sujets d’actualité (loi sur l’immigration, Jeux olympiques, service civique,…). Au sujet du patrimoine religieux, La Croix rappelle à quel point c’est un « dossier très technique, mais politiquement sensible ». En effet, dans le cadre actuel de la loi 1905, l’État ne peut financer directement aucun culte ni ses bâtiments cultuels. D’après le quotidien, « le gouvernement envisage, au terme d’un "travail commun" déjà engagé depuis plusieurs mois, de déroger à ce principe pour permettre des subventions de la rénovation thermique des bâtiments ». Cela amènerait à une nouvelle évolution de cette loi majeure pour l'organisation des religions en France. Il y aurait deux justifications principales à cette possible réforme : « l’enjeu de la transition écologique et de l’urgence des économies d’énergie » et la nécessité d’apaiser les relations avec les cultes depuis le passage de la loi dite de Séparatisme (2021). En effet, celle-ci, au-delà des critiques de fond et sur son élaboration, a également entraîné une lourde refonte administrative des cultes qui « doivent présenter leurs nouveaux statuts » d’ici au mois de juin prochain. D’après le site du gouvernement, les deux parties se sont accordées sur deux points principaux. D’une part, poursuivre le classement des lieux catholiques « au titre des monuments historiques et l’amélioration de leur sécurisation […] mais également parfois par le développement d’usages mixtes, compatibles avec l’affectation cultuelle ». D’autre part, « faciliter l’accès aux dispositifs de soutien à la rénovation énergétique en faveur des organisations religieuses, au besoin en modifiant les règles applicables».
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Annual meeting of the Catholic Church and the French State
The annual dialogue between the Catholic Church and the government, established in 2002, was held on 13 March at Matignon. The meeting was organised by the Prime Minister, Elisabeth Borne, with several ministers, including Gérald Darmanin, the Minister of the Interior. On the agenda of this meeting were first of all the ethical questions relating to the end of life and the Citizens' Convention in progress (see previous news), but also the inclusion in the French Constitution of the freedom to terminate a pregnancy. Then, the state of the religious heritage and the financing of repairs was the focus of attention (see previous watch of 02/02/2023). Finally, this meeting was also an opportunity to prepare the future visit of Pope Francis to France next September (Marseille), as well as to discuss with the Catholic representatives some other current issues (immigration law, Olympic Games, civic service,...). On the subject of religious heritage, La Croix reminds us that this is a "very technical but politically sensitive issue". Indeed, under the current 1905 Law, the State cannot directly finance any religion or its religious buildings. According to the daily, "the government is considering, at the end of a "joint work" already engaged for several months, to derogate from this principle to allow subsidies for the thermal renovation of buildings". This would lead to a new evolution of this major law for the organisation of religions in France. There would be two main justifications for this possible reform: "the challenge of ecological transition and the urgency of energy savings" and the need to calm relations with religions since the passage of the so-called Separatism Law (2021). In fact, beyond the criticism of its content and its elaboration, this law has also led to a heavy administrative overhaul of the cults which "must present their new statutes" by next June. According to the government website, the two parties have agreed on two main points. On the one hand, to continue the classification of Catholic places "as historical monuments and the improvement of their security [...] but also sometimes by the development of mixed uses, compatible with the religious assignment". On the other hand, "facilitate access to energy renovation support schemes for religious organisations, if necessary by modifying the applicable rules".
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Assises territoriales de l’islam de France (ATIF)
La quatrième édition des Assises parisiennes de l’islam de France s’est tenue le 16 mars dernier sous l'égide du préfet de la région d’Île-de-France et de Paris, Marc Guillaume. Quelques jours plus tard, c'est le préfet du Morbihan, Pascal Bolot, qui faisait de même. Compte tenu du contexte actuel de tensions et de changements dans les instances représentatives de l’islam à l’échelle nationale (voir veille du 17/03/23), des incertitudes persistent sur les modalités d’organisation du culte musulman à l’avenir. L’objectif de ces rencontres était de renforcer les structurations à l’échelle locale (notamment départementale) et de s’imprégner des premiers travaux exposés par les groupes de travail du Forum de l’islam de France (FORIF).
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Territorial Assizes of Islam in France (ATIF)
The fourth edition of the Assises parisiennes de l'islam de France was held on 16 March under the aegis of the prefect of the Île-de-France region and of Paris, Marc Guillaume. A few days later, it was the prefect of Morbihan, Pascal Bolot, who did the same. Given the current context of tensions and changes in the representative bodies of Islam at the national level (see previous watch 17/03/23), uncertainties persist on the modalities of organisation of Muslim worship in the future. The objective of these meetings was to reinforce the structuring at the local level (in particular at the departmental level) and to learn from the first works presented by the working groups of the Forum de l'Islam de France (FORIF).
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Racisme anti-asiatique
Ces derniers jours, plusieurs médias ont rapporté la publication d’une étude attendue sur le racisme anti-asiatique intitulée «L'expérience du racisme et des discriminations des personnes originaires d’Asie de l’Est et du Sud-Est en France» (REACTAsie). En effet, encore peu de travaux sont consacrés en France à cette forme de racisme que subissent les personnes perçues comme asiatiques. Cette enquête s’est construite en partenariat avec l’Association des Jeunes Chinois de France (AJCF), mais également grâce au Réseau de recherche pluridisciplinaire « Migrations de l’Asie de l’Est et du Sud-Est en France » (MAF, CERMES3, CNRS). De plus, ce travail et sa publication ont été soutenus par la Défenseure des droits qui met à disposition l’enquête directement sur son site internet. Interviewée sur France Inter, Simeng Wang, sociologue et membre du Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CNRS, INSERM, EHESS, Université de Paris) raconte en quelques mots l’origine de cette enquête qualitative jusqu’à sa publication et les principaux enseignements que les enquêteurs en ont tirés. Tout d’abord, cette enquête a confirmé la banalisation de ce racisme, et son caractère « positif », notamment par le biais de l’humour et de stéréotypes perçus comme valorisants (calme, discrétion, rigueur…). Ensuite, le faible taux de recours et de réactions, dans une mesure encore inférieure aux autres minorités ethno-raciales et ce pour plusieurs facteurs dont ils ont dressé les premières pistes. Enfin, les chercheurs ont noté une grande diversité des postures en réponse à ce racisme. En effet, cette enquête s’est construite auprès de personnes issues de 9 pays différents de la zone asiatique de l’est, mais également auprès de personnes socialement assez favorisées pour montrer que même l'ascension sociale et économique ne protège pas des discriminations et du racisme (jusque là des chercheurs avaient observé des situations de racisme anti-asiatique envers des personnes socialement et économiquement défavorisées). Dans tous les cas, ce qui a été commun à tous les profils c’est l’accélération de la conscientisation de ce racisme spécifique depuis la pandémie avec le « phénomène de racialisation du virus » dont l’origine chinoise a eu des conséquences sur le traitement des personnes perçues comme chinoises ou asiatiques. Et c’est peut-être là sa différence majeure avec d’autres formes de racisme, une prise de conscience, une prise de parole des victimes et une médiatisation très récente. Libération rapporte par ailleurs que «[ces] chercheurs ont noté une hiérarchisation des groupes d’Asiatiques en fonction de leur nationalité, qui s’explique notamment par les histoires de domination menées entre ces pays». Enfin, la Défenseure des droits appelle à «la création d’un observatoire des discriminations pour poursuivre ce travail ».
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Anti-Asian racism
In recent days, several media have reported the publication of a long-awaited study on anti-Asian racism entitled "The experience of racism and discrimination of people from East and Southeast Asia in France" (REACTAsie). Indeed, there is still little research in France on this form of racism experienced by people perceived as Asian. This survey was built in partnership with the Association des Jeunes Chinois de France (AJCF), but also thanks to the multidisciplinary research network "Migrations de l'Asie de l'Est et du Sud-Est en France" (MAF, CERMES3, CNRS). Moreover, this work and its publication were supported by the Défenseure des droits, which is making the survey available directly on its website. Interviewed on France Inter, Simeng Wang, sociologist and member of the Centre de recherche médecine, sciences, santé, santé mentale, société (CNRS, Inserm, EHESS, University of Paris), tells us in a few words about the origin of this qualitative survey up to its publication and the main lessons that the investigators drew from it. First of all, this survey confirmed the trivialisation of this racism, and its "positive" character, notably through humour and stereotypes that are thought to be valorising (calm, discretion, rigour...). Secondly, the low rate of recourse and reaction, to a lesser extent than other ethno-racial minorities, due to several factors for which they drew up the first tracks. Finally, the researchers noted a great diversity of postures in response to this racism. In fact, this survey was conducted among people from nine different countries in the East Asian region, but also among people who are socially advantaged enough to show that even social and economic advancement does not protect against discrimination and racism (until now, researchers had observed situations of anti-Asian racism towards socially and economically disadvantaged people). In all cases, what was common to all the profiles was the acceleration of the awareness of this specific racism since the pandemic with the "phenomenon of racialisation of the virus" whose Chinese origin had consequences for the treatment of people perceived as Chinese or Asian. And this is perhaps its major difference from other forms of racism, an awareness, a speaking out of the victims and a very recent media coverage. Libération also reports that "[these] researchers have noted a hierarchy of Asian groups according to their nationality, which can be explained by the history of domination between these countries". Finally, the Human Rights Defender calls for "the creation of a discrimination observatory to continue this work.
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Abus sexuels dans le judaïsme en France
La Croix relate une enquête inédite réalisée par deux journalistes indépendantes : Salomé Parent-Rachdi et Lila Berdugo. Elles ont mené l'enquête pendant plusieurs mois pour remonter le fil de plusieurs cas de violences sexuelles qui auraient été perpétrées par des rabbins en France, notamment « dans la communauté juive orthodoxe de France, sensibilité majoritaire en France », selon le journal. Leur enquête sera diffusée sous forme de podcast, dont les deux premiers sont déjà disponibles. Leurs recherches ont permis « [d’identifier] formellement trois rabbins français orthodoxes qui se seraient rendus coupables, ces dernières années, de violences sexuelles et d’emprise spirituelle sur des femmes juives ou en instance de conversion au judaïsme ». Ces études montrent que ces faits étaient connus et tus depuis longtemps. Comme l’explique La Croix : «Au-delà des récits individuels, les journalistes ont également eu à cœur de démontrer les mécanismes d’omerta communautaires et institutionnels à l’œuvre ». Les journalistes analysent plusieurs facteurs principaux de ce silence. D’une part, « La peur de faire le jeu de l’antisémitisme» en donnant une imagine négative de personnes juives. D’autre part, «l’absence de formation à l’affectivité dans les séminaires rabbiniques français ». Et enfin, « une aversion pour le "lachon hara" (langage du mal en français), un péché de commérage particulièrement honni dans le judaïsme, réprimant de parler négativement d’autrui, même si ce que l’on dit est vrai ». La parole serait en train de se libérer à ce sujet dans le judaïsme français puisqu'en 2022 le Consistoire israélite de France a ouvert pour la première fois une commission spéciale dédiée aux violences sexuelles. D’après Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, qui participe au podcast, cette initiative a notamment été inspirée par le travail interne réalisé par le catholicisme français, notamment l’œuvre de la Ciase (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église) : «Je me suis dit qu’il fallait que je crée quelque chose qui ressemble à la Ciase, pour que cette parole ne vienne pas trop tard, et pour envoyer un signal à la communauté juive de France».
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Sexual abuse in Judaism in France
La Croix reports on a groundbreaking investigation by two independent journalists: Salomé Parent-Rachdi and Lila Berdugo. They have been investigating for several months to trace several cases of sexual violence allegedly perpetrated by rabbis in France, particularly "in the Orthodox Jewish community of France, which is the majority in France", according to the newspaper. Their investigation will be broadcast as a podcast, the first two of which are already available. Their research has enabled them to "formally identify three French Orthodox rabbis who have been guilty, in recent years, of sexual violence and spiritual control over Jewish women or those in the process of converting to Judaism". And they show that these facts were known and kept quiet for a long time. As La Croix explains: "Beyond the individual accounts, the journalists were also keen to demonstrate the mechanisms of community and institutional omerta at work". The journalists analyse several main factors of this silence. On the one hand, "the fear of playing into the hands of antisemitism" by giving a negative image of Jewish people. On the other hand, "the absence of training in affectivity in French rabbinical seminaries". And finally, "an aversion to "lachon hara" ("language of evil" in French), a sin of gossip particularly hated in Judaism, repressing to speak negatively about others, even if what one says is true". The word is apparently getting out on this subject in French Judaism, since in 2022 the Consistoire Israélite de France opened a special commission dedicated to sexual violence for the first time. According to Haïm Korsia, Chief Rabbi of France, who participates in the podcast, this initiative was inspired by the internal work carried out by French Catholicism, in particular the work of Ciase (Independent Commission on Sexual Abuse in the Church): "I said to myself that I had to create something similar to Ciase, so that this word would not come too late, and to send a signal to the Jewish community of France.
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Rapport de La Cimade sur les violences envers les étrangers
Dans la continuité des récentes tribunes de la Défenseure des droits et de l'association Désinfox-Migrations (voir veille 17/03/2023), Le Monde publie ces jours-ci une tribune de la secrétaire générale de La Cimade, Fanélie Carrey-Conte, qui appelle à « un changement de paradigme des politiques migratoires, garantissant le respect des droits et libertés fondamentales ». La Cimade (Comité intermouvements auprès des évacués) est une association de solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière. Née dans les années 1930 sous l'impulsion de mouvements de jeunesse chrétiens qui s’engagent dans la Résistance, son existence se poursuit après guerre où ses membres se dédient à l'accueil et l’insertion des immigrés. Peu à peu l'association s’engage politiquement pour dénoncer les décisions des gouvernements successifs réduisant les droits des étrangers. Depuis les années 1980, elle est présente dans les établissements de rétention administrative des étrangers et cette présence permet à la fois d’accompagner les détenus et de témoigner de la réalité de leurs conditions d’enfermement. De nos jours, La Cimade est une association œcuménique membre de la Fédération protestante de France. Dans cet article de Fanélie Carrey-Conte, des violences multiples sont observées au sein des Centres de rétention administrative (CRA). Elle détaille et dénonce « les conditions d’enfermement des personnes étrangères que l’administration cherche à expulser, les violences et les mises à l’isolement répétées qui se multiplient». Par exemple : « Contrôles au faciès, procédures administratives irrégulières, absence de prise en compte de la vulnérabilité, expulsions violentes, chaque jour, des personnes sont enfermées malgré une violation manifeste de leurs droits fondamentaux, souvent avec l’assentiment des tribunaux ». Selon la secrétaire générale de La Cimade, « les personnes sont parfois expulsées illégalement avant même d’avoir vu un juge ou alors qu’elles ont demandé l’asile sur le territoire français » et elle rapporte de nombreux cas de démarches d'expulsion de personnes issues de pays étant dans une situation sécuritaire alarmante (Iran, Syrie, Irak, Somalie,…). Enfin, et tout comme les deux tribunes précédemment citées, Fanélie Carrey-Conte rappelle le danger de cet « amalgame systématique entre immigration et délinquance [qui] conduit l’administration à enfermer et expulser toute personne étrangère qui représenterait une “menace pour l’ordre public”».
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The Cimade report on violence
In the continuity of the recent tribunes of the Défenseure des droits and the association Désinfox-Migrations (see watch 17/03/2023), Le Monde publishes these days an tribune of the general secretary of La Cimade, Fanélie Carrey-Conte, who calls for "a change of paradigm of the migratory policies, guaranteeing the respect of the rights and fundamental freedoms". La Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués) is an association of active solidarity and political support for migrants, refugees and displaced persons, asylum seekers and illegal aliens. Born in the 1930s under the impulse of Christian youth movements involved in the Resistance, its existence continued after the war when its members dedicated themselves to the reception and integration of immigrants. Little by little, the association became politically involved in denouncing the decisions of successive governments reducing the rights of foreigners. Since the 1980s, it has been present in the administrative detention centres for foreigners, and this presence allows it both to accompany the detainees and to bear witness to the reality of their conditions of confinement. Today, La Cimade is an ecumenical association and a member of the French Protestant Federation. In this article, Fanélie Carrey-Conte describes the multiple forms of violence observed in the administrative detention centres (CRA). She details and denounces "the conditions of confinement of foreigners that the administration is trying to expel, the repeated violence and isolation that are increasing". For example: "Facial checks, irregular administrative procedures, lack of consideration for vulnerability, violent expulsions, every day people are locked up despite a clear violation of their fundamental rights, often with the consent of the courts. According to the Secretary General of La Cimade, "people are sometimes illegally expelled before they have even seen a judge or even though they have applied for asylum on French territory" and she reports numerous cases of expulsion procedures for people from countries in an alarming security situation (Iran, Syria, Iraq, Somalia, etc.). Finally, and like the two previously mentioned tribunes, Fanélie Carrey-Conte reminds us of the danger of this "systematic amalgam between immigration and delinquency [which] leads the administration to lock up and expel any foreigner who represents a 'threat to public order'".
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Atteintes à la laïcité et intensification des violences en milieu scolaire
De nouveau en partenariat avec Écran de Veille, l’IFOP (Institut français d'opinion publique) publie la deuxième partie de son enquête sur la laïcité et le religieux à l’école (voir veille du 22/12/2022) : « Observatoire des enseignants face à l’expression du fait religieux (volet 2) : Les atteintes à la laïcité et les tensions religieuses à l’école ». La première partie de l'enquête s’était intéressée aux définitions de la laïcité dans le milieu scolaire, ainsi qu’à l'application réelle de ce principe et son apprentissage. Ce premier volet avait souligné l’autocensure pratiquée par de nombreux enseignants et personnels scolaires compte tenu du contexte de tensions voire de violences à leur encontre. Dans ce deuxième volet, c’est justement la question des violences qui est détaillée. En effet, il s’agissait pour les auteurs d’obtenir une « idée de l’ampleur d’un type précis d’agressions – celles liées à des tensions religieuses ou identitaires – mais aussi des différentes atteintes à la laïcité auxquelles les enseignants sont exposés dans l’enceinte de leur établissement ». Ce travail a été publié quelques jours après un nouveau drame touchant le milieu scolaire, le meurtre d’une enseignante à Saint-Jean-de-Luz, mais l’enquête avait été réalisée en amont. Indépendamment de cet événement donc, les auteurs notent que « les professeurs victimes d’agressions à la suite de tensions religieuses ou identitaires avec les élèves / parents sont loin d’être des cas isolés et que ces tensions s’inscrivent dans un contexte de poussée du fait religieux en milieu scolaire qui se manifeste par une hausse significative des atteintes à la laïcité dont nombre ne semblent pas recensées par le Ministère…».
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Attacks on secularism and increased violence in schools
Once again, in partnership with Écran de Veille, IFOP (French Institute of Public Opinion) publishes the second part of its survey on secularism and religion in schools (see watch of 22/12/2022): "Observatory of teachers faced with the expression of religion (part 2): Violations of secularism and religious tensions in schools". The first part of the survey looked at definitions of secularism in the school environment, as well as the actual application of this principle and its learning. This first part highlighted the self-censorship practised by many teachers and school staff in view of the context of tensions and even violence against them. In this second section, the issue of violence is examined in detail. Indeed, the authors wanted to obtain "an idea of the extent of a specific type of aggression - those linked to religious or identity-related tensions - but also of the various attacks on secularism to which teachers are exposed within their schools". This work was published a few days after a new tragedy affecting the school environment, the murder of a teacher in Saint-Jean de Luz, but the investigation had been carried out beforehand. Independently of this event, the authors note that "teachers who are victims of aggression following religious or identity-related tensions with pupils/parents are far from being isolated cases and that these tensions are part of a context of increasing religious sentiment in schools, which is reflected in a significant rise in attacks on secularism, many of which do not seem to be recorded by the Ministry...".
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Les 40 ans du Comité consultatif national d’éthique (CCNE)
À l’occasion des 40 ans du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), La Croix revient sur l’histoire de cette institution, ses évolutions et son actualité. Créée par le président Mitterrand en 1983, la nécessité de cette institution publique a émergé en parallèle de grands progrès techniques et médicaux, qui posaient beaucoup de questions sur les limites morales et éthiques de certaines pratiques. Or jusque là c’était l’éthique chrétienne et surtout catholique qui guidait les normes morales. Avec les évolutions sociétales, la perte d'influence des religions traditionnelles et l’individualisation de la religion, il fallait trouver une autre façon de répondre à ces questions. D’après le quotidien, le CCNE était une institution réellement innovante à l’époque de sa création : « Sa composition pluridisciplinaire, sa méthode de travail basée sur la confrontation des points de vue et sa dynamique, entre défense des valeurs fondamentales et voie de progrès, en font un modèle alors unique au monde ». Du côté de son organisation, le président du CCNE est directement nommé par le président de la République alors que la vice-présidente est élue par ses pairs. Depuis 2016 il s’agit de Jean-François Delfraissy et Karine Lefeuvre. Les membres du CCNE sont au nombre de 45. Ces bénévoles membres pour une durée de 4 ans sont issus de diverses institutions (académiques, société civile, représentants religieux ou philosophiques…). De nos jours, plusieurs critiques surgissent et posent la question de son utilité et de sa légitimité. Cela a notamment été le cas lors de la publication de l’avis sur la fin de vie publié en septembre, dont l'orientation est totalement différente de tous les précédents avis sur ce sujet. Cet avis comportait également l'idée d’ouvrir le débat à l’échelle nationale : « [cette recommandation] s’est traduite par la mise en place d’une Convention citoyenne et l’organisation de plus de 200 débats en région ». Selon certains, tel que Pierre Le Coz -ancien vice président de CCNE- cité par La Croix, c’est « la logique libérale » et « le rouleau compresseur de l'individualisme » qui ont modifié le sens de cette institution. Tout comme celui-ci, Emmanuel Hirsch, professeur émérite d’éthique médicale et directeur de l’éthique du groupe Orpea, émet de nombreuses critiques et ils invitent tous deux à la réforme du CCNE.
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40 years of the National Consultative Ethics Committee (CCNE)
On the occasion of the 40th anniversary of the National Consultative Ethics Committee (CCNE), La Croix looks back at the history of this institution, its evolution and its current status. Created by President Mitterrand in 1983, the need for this public institution emerged at the same time as major technical and medical progress, which raised many questions about the moral and ethical limits of certain practices. Until then, it was Christian and especially Catholic ethics that guided moral standards. With societal developments, the loss of influence of traditional religions and the individualisation of religion, another way of answering these questions had to be found. According to the daily, the CCNE was a truly innovative institution at the time of its creation: "Its multidisciplinary composition, its working method based on the confrontation of points of view and its dynamic, between the defence of fundamental values and the path to progress, make it a unique model in the world at the time". In terms of its organisation, the president of the CCNE is directly appointed by the President of the Republic, while the vice-president is elected by her peers. Since 2016 it has been Jean-François Delfraissy and Karine Lefeuvre. There are 45 members of the CCNE. These voluntary members, who serve for a period of 4 years, come from various institutions (academics, civil society, religious or philosophical representatives, etc.). Nowadays, several criticisms arise and raise the question of its usefulness and legitimacy. This was particularly the case with the publication of the opinion on the end of life in September, the orientation of which is totally different from all previous opinions on this subject. This opinion also included the idea of opening up the debate on a national scale: "[this recommendation] resulted in the setting up of a Citizens' Convention and the organisation of more than 200 debates in the regions". According to some, such as Pierre Le Coz - former vice-president of the CCNE - quoted by La Croix, it is "the liberal logic" and "the steamroller of individualism" that have changed the meaning of this institution. Like him, Emmanuel Hirsch, professor emeritus of medical ethics and director of ethics for the Orpea group, has a number of criticisms to make, and they both call for reform of the CCNE.
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Foi et déportation
Un colloque intitulé « Rencontres Foi et déportation », organisé par le Centre européen du résistant déporté (CERD) s’est tenu les 16 et 17 mars dernier à Strasbourg. Partenaire de cet événement, La Croix relate en longueur le contenu de ces deux journées qui ont rassemblé « historiens, théologiens et responsables religieux autour de la pratique de la foi dans les camps de concentration ». D’après le journal, cette relation entre foi, pratique religieuse et déportation est un « sujet peu étudié en France» mais il existe ailleurs des travaux sur «les pratiques religieuses dans les camps de concentration ». L’article cite notamment deux exemples de travaux marquants. Tout d’abord, la recherche de Guillaume Zeller sur les prêtres catholiques à Dachau (2700) « internés pour des raisons politiques ou de race ». Comme le rapporte le journal : « Emprisonnés à l’écart pour être mieux surveillés, les prêtres étaient toutefois autorisés à célébrer la messe dans une chapelle, grâce à une dérogation prévue par un accord en 1940 entre la nonciature apostolique en Allemagne et le ministère du Reich pour les affaires ecclésiastiques ». Par ailleurs, le travail de « chercheurs du musée d’Auschwitz-Birkenau [qui] ont, eux aussi recensé, plusieurs témoins matériels de pratiques religieuses juives, telles que des châles de prière, des phylactères ou des Torahs dans le camp ».
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Faith and deportation
A colloquium entitled "Meetings on Faith and Deportation", organised by the European Centre of Deported Resistance Members (CERD), was held on 16 and 17 March in Strasbourg. As a partner of this event, La Croix reports at length on the content of these two days which brought together "historians, theologians and religious leaders to discuss the practice of faith in the concentration camps". According to the newspaper, this relationship between faith, religious practice and deportation is a "subject that is little studied in France" but there are works elsewhere on "religious practices in concentration camps". The article cites two examples of significant work. Firstly, Guillaume Zeller's research on the Catholic priests in Dachau (2700) "interned for political or racial reasons". As the newspaper reports: "Imprisoned in a secluded place to be better supervised, the priests were nevertheless authorised to celebrate mass in a chapel, thanks to an exemption provided for by an agreement in 1940 between the apostolic nunciature in Germany and the Reich ministry for ecclesiastical affairs". Furthermore, the work of "researchers from the Auschwitz-Birkenau Museum [who] have also identified several material witnesses to Jewish religious practices, such as prayer shawls, phylacteries or torahs in the camp".
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Étude franco-américaine sur les « croyances occultes »
Début 2023 l’IFOP a réalisé pour l’agence AMB-USA (janvier 2023), spécialisée dans le tourisme aux États-Unis, une enquête intitulée « Américains vs Français : qui croit le plus en quoi ? ». Celle-ci avait pour but de montrer l’évolution des croyances sur plusieurs années et de comparer ces degrés entre les deux pays. Elle conforte les résultats d’une autre étude réalisée il y a peu de temps par l’IFOP pour les fondations Reboot et Jean-Jaurès (voir veille 02/02/2023). S’intéressant particulièrement aux croyances non institutionnalisées ou aux « phénomènes irrationnels », regroupés sous l'appellation « croyances occultes », ce sondage montre que « ces croyances "occultes" resteraient toutefois bien plus ancrées aux États-Unis ». Louise Jussian, chargée d’études senior au pôle politique et actualités de l’IFOP, a commenté pour La Croix ces résultats : « Aux États-Unis, les habitants ont une approche moins complexée sur ces sujets-là : ils osent beaucoup plus afficher leurs opinions politiques et religieuses. La défiance envers les institutions – politiques, médiatiques… – est aussi plus affirmée : or on note une forte corrélation entre ceux qui croient le plus à l’occultisme et au paranormal et les adeptes des théories du complot ». Le détail des croyances étudiées est à retrouver sur le site de l’agence américaine, et en effet, seule la croyance dans la « transmission de pensée » est plus élevée en France qu’aux États-Unis chez ces sondés. Pour finir, La Croix souligne quelques défauts à cette enquête. D’une part, « l’étude ne décline pas, du côté de la France, l’affiliation religieuse des répondants » et englobe tous les chrétiens dans une seule catégorie. D’autre part, « des items autour des croyances aux miracles et au diable » – sujet qui divise parfois les chrétiens – peuvent interroger, voire heurter. Au même titre que « la réincarnation » (à laquelle croient 31 % d’Américains et 28 % de Français), elles s’inscrivent dans une sous-catégorie dédiée aux « croyances religieuses », qui est critiquable selon le journal.
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Franco-American study on "occult beliefs"
At the beginning of 2023, IFOP carried out a survey for the AMB-USA agency (January 2023), which specialises in tourism in the United States, entitled "Americans vs. the French: who believes in what more? The aim was to show the evolution of beliefs over several years and to compare these degrees between the two countries. It confirms the results of another study carried out recently by IFOP for the Reboot and Jean-Jaurès foundations (see watch 02/02/2023). This survey, which was particularly interested in non-institutionalized beliefs or "irrational phenomena", grouped together under the term "occult beliefs", shows that "these 'occult' beliefs are much more deeply rooted in the United States". Louise Jussian, senior researcher at IFOP's politics and current affairs unit, commented on these results for La Croix: "In the United States, people have a less complex approach to these subjects: they dare to display their political and religious opinions much more. The distrust of institutions - political, media, etc. - is also more assertive, and there is a strong correlation between those who believe most in the occult and the paranormal and those who follow conspiracy theories." Details of the beliefs studied can be found on the American agency's website, and indeed, only belief in "thought transmission" is higher in France than in the United States among those surveyed. Finally, La Croix points out a few flaws in the survey. On the one hand, "the study does not break down the religious affiliation of respondents in France" and includes all Christians in a single category. On the other hand, "items concerning beliefs in miracles and the devil" - a subject that sometimes divides Christians - may raise questions and even offend. In the same way as "reincarnation" (in which 31% of Americans and 28% of French people believe), they are included in a sub-category dedicated to "religious beliefs", which is open to criticism according to the newspaper.
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Mouvement du « réveil » : histoire et actualités
S'appuyant sur les travaux connus des historiens Jean Baubérot et Yannick Fer, La Croix propose un exposé sur le mouvement du « réveil » ou plutôt des réveils dans l’histoire du protestantisme moderne et contemporain. Sont aussi interrogés des acteurs français de ce mouvement qui donnent leur perception actuelle. Connue sous le terme « awakening » en anglais et originaire des États-Unis, cette notion renvoie à un renouveau du protestantisme au XVIIIe siècle, le premier « Grand Réveil », qui a grandement marqué l'histoire locale. S’en sont suivies d’autres évolutions du protestantisme dans le monde anglo-saxon puis à l’échelle mondiale, que les historiens catégorisent selon des vagues successives et délimitées dans le temps. Pour Jean Baubérot il y a un lien entre la première vague du réveil protestant et « la lutte contre l’esprit des Lumières et le mouvement de sécularisation de la société ». Yannick Fer lui décline trois dimensions spécifiques de ces réveils : « l’aspect individuel de la remobilisation militante, la dimension ecclésiale avec la relativisation -voire dans certains cas la disparition - de toute forme de clergé, et enfin l’impact sociétal et caritatif ». En effet, les partisans du réveil font à la fois preuve d’une grande intensité dans l’étude et la prière, mais sont aussi très actifs dans la société et développent un fort sens de la mission. Ces réveils entraîneraient un « renouveau des réalités ecclésiales », c’est-à-dire une évolution des paroisses qui deviennent moins institutionnalisées. Chez les protestants ce sont les dénominations méthodistes et pentecôtistes qui représentent le mieux ce mouvement. Du côté catholique, le réveil a aussi eu une influence, bien que différente. Surtout depuis Vatican II, on voit se développer des groupes du « Renouveau charismatique » qui ne s'éloignent pas tant de l’institution ecclésiale mais qui transforment les façons de pratiquer la religion catholique.
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The "revival" movement: history and current events
Based on the well-known works of historians Jean Baubérot and Yannick Fer, La Croix offers a presentation on the "revival" movement, or rather revivals in the history of modern and contemporary Protestantism. French actors of this movement are also interviewed and give their current perception. Known as "awakening" in English and originating in the United States, this notion refers to a revival of Protestantism in the 18th century, the first "Great Awakening", which greatly marked local history. This was followed by other developments in Protestantism in the Anglo-Saxon world and then on a global scale, which historians categorise according to successive waves delimited in time. For Jean Baubérot, there is a link between the first wave of the Protestant revival and "the struggle against the spirit of the Enlightenment and the movement to secularise society". Yannick Fer identifies three specific dimensions of these revivals: "the individual aspect of militant remobilisation, the ecclesial dimension with the relativisation - and in some cases the disappearance - of all forms of clergy, and finally the societal and charitable impact". Indeed, revivalists are both very intense in study and prayer, but also very active in society and develop a strong sense of mission. These revivals are said to lead to a "renewal of ecclesial realities", i.e. to a change in the parishes which become less institutionalised. Among Protestants, the Methodist and Pentecostal denominations best represent this movement. On the Catholic side, the revival has also had an influence, albeit a different one. Especially since Vatican II, we have seen the development of "Charismatic Renewal" groups which do not so much distance themselves from the ecclesial institution as transform the ways of practising the Catholic religion.
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Littérature - Rémi Brague : « Sur l'islam » (Gallimard)
Le philosophe et historien Rémi Brague, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, a publié un nouveau livre début février. À l’occasion de cette sortie littéraire, plusieurs médias se sont intéressés à son analyse de l’islam. Brague appelle à faire preuve de prudence et à s’efforcer de se détacher de notre anthropocentrisme, qui colore nos analyses de l’islam selon un prisme chrétien. Il revient par ailleurs sur la distinction faite actuellement entre islam et islamisme et argumente son choix de ne pas séparer ces deux termes.
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Literature - Rémi Brague: "On Islam" (Gallimard)
The philosopher and historian Rémi Brague, a specialist in medieval Arab and Jewish philosophy, published a new book in early February. On the occasion of this literary release, several media outlets were interested in his analysis of Islam. Brague calls for caution and an effort to detach ourselves from our anthropocentrism, which colours our analyses of Islam according to a Christian prism. He also discusses the current distinction between Islam and Islamism and argues for not separating these two terms.
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Littérature - « Dictionnaire du droit des religions de A à Z » de Francis Messner (Éditions CNRS)
Dans son édition de mi-mars, le journal local L’Alsace rapporte la parution il y a quelques semaines (décembre 2022) d’une nouvelle édition du Dictionnaire du droit des religions, sous la direction de Francis Messner, chercheur spécialiste du droit des religions (CNRS, Université de Strasbourg). Comme le précisent les Éditions du CNRS, « entièrement revu et actualisé, ce volume sans équivalent est un guide indispensable pour comprendre l’évolution des activités et des institutions religieuses ainsi que leur prise en compte par les pouvoirs publics dans le cadre du pluralisme normatif contemporain ».
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Literature - "Dictionnaire du droit des religions de A à Z" by Francis Messner (Éditions CNRS)
In its mid-March edition, the local newspaper L'Alsace reported the publication a few weeks ago (December 2022) of a new edition of the Dictionnaire du droit des religions, edited by Francis Messner, a researcher specialising in religious law (CNRS, University of Strasbourg). As stated by the CNRS, "entirely revised and updated, this unique volume is an indispensable guide to understanding the evolution of religious activities and institutions and their consideration by public authorities in the context of contemporary normative pluralism".
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Colloque - « Sport et laïcité, mise en œuvre des valeurs universalistes dans le sport »
Le 24 mars dernier a eu lieu un colloque intitulé « Sport et laïcité, mise en œuvre des valeurs universalistes dans le sport » et organisé par l'association ÉGALE (Égalité, Laïcité, Europe) en collaboration avec le Comité Laïcité République (CLR). Ces deux associations françaises sont engagées sur le thème de la laïcité, ÉGALE avec cette perspective européenne et le CLR plutôt française. Le détail du programme est à retrouver sur le site de l’association.
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Colloquium - " Sport and secularity, implementation of universalist values in sport"
On 24 March, a colloquium entitled "Sport and secularism, implementation of universalist values in sport" was held, organised by the association EGALE (Equality, Secularism, Europe) in collaboration with the Comité Laïcité République (CLR). These two French associations are committed to the theme of secularism, EGALE with a European perspective and CLR with a French one. Details of the programme can be found on the association's website.
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Podcast - La vie du Pape Benoît XVI (La Croix)
La Croix propose une série de 5 épisodes sur la vie du Pape Benoît XVI, autrefois connu sous le nom de Joseph Ratzinger. C’est à l’occasion des dix ans de sa « renonciation » le 28 février 2013, mais aussi quelques semaines après son décès, que le journal lui consacre cette série audio (voir veille du 13/01/23). On peut noter la participation de Frédéric Mounier envoyé spécial permanent de La Croix à Rome et « l’un des rares journalistes à suivre en direct l’annonce de la renonciation du pape Benoît XVI », situation inédite dans l’histoire contemporaine.
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Podcast - The life of Pope Benedict XVI
La Croix offers a series of 5 episodes on the life of Pope Benedict XVI, formerly known as Joseph Ratzinger. It is on the occasion of the tenth anniversary of his "renunciation" on 28 February 2013, but also a few weeks after his death, that the newspaper is dedicating this audio series to him (see previous watch 13/01/23). The participation of Frédéric Mounier, permanent special envoy of La Croix in Rome and "one of the few journalists to follow live the announcement of the renunciation of Pope Benedict XVI", an unprecedented situation in contemporary history, is noteworthy.
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Dessin animé et jeu vidéo contre les discriminations religieuses
Depuis peu, France Télévision propose un programme à destination des plus jeunes intitulé « Les Voyages de Lina ». D’après SaphirNews ce dessin animé en plusieurs épisodes retrace l’histoire des trois grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam) et évoque également de nombreux sujets d’actualité. Le journal raconte également le parcours d’un autre support à destination des enfants pour les sensibiliser au sujet des discriminations, notamment religieuses : un jeu vidéo nommé Discriminator. Conçu par et pour des enfants, il a été développé au sein d’un centre socio-culturel de Strasbourg et avec l’appui de « La trousse à Pixels», un kit numérique adapté.
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Cartoon and video game on religious discrimination
Recently, France Télévision has been offering a programme for young people called "Les Voyages de Lina". According to SaphirNews, this cartoon in several episodes retraces the history of the three great monotheistic religions (Judaism, Christianity, Islam) and also evokes numerous current affairs topics. The newspaper also tells the story of another medium aimed at children to raise their awareness of discrimination, particularly religious discrimination: a video game called Discriminator. Designed by and for children, it was developed in a socio-cultural centre in Strasbourg with the support of "La trousse à Pixels", an adapted digital kit.
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Centrafrique. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables. This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Central African Republic. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.
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