Un comité d'experts non représentatif pour définir "la culture indienne" / Déclarations de l'Inde au Conseil des droits de l'homme / Poursuites judiciaires pour les émeutes de février ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
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VEILLE PHAROS / INDE – 22 septembre 2020
 
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La situation sanitaire en Inde est toujours aussi critique, avec plus de 50 millions de contaminations au Covid-19. La situation sociale dans le pays s’est par ailleurs tendue suite à l’adoption d’une loi permettant la vente directe des productions agricoles aux grands distributeurs, fragilisant les petits paysans déjà très affectés par les politiques libérales de ces dernières décennies. Des manifestations dans le Penjab et l’Hariyana ont éclaté, et certains analystes y voient un énième groupe de population victime des politiques unilatérales du gouvernement Modi. Sur le plan international, l’Inde intègre la Commission de la condition de la  femme du Conseil économique et social des Nations unies, et s’est fait remarquer au Conseil des droits de l’homme lors d’une déclaration qui dénonçait le traitement des minorités par son voisin pakistanais. Cette question des minorités semble préoccuper le gouvernement indien. Ce dernier va lancer une vaste étude visant à définir « la culture indienne » alors que le rejet de l’héritage musulman se fait de plus en plus flagrant.

The health situation in India is still critical, with more than 50 million Covid-19 contaminations. The social situation in the country has also become more tense following the adoption of a law allowing the direct sale of agricultural products to large distributors, weakening small farmers who have already been severely affected by liberal policies of past decades. Demonstrations in Punjab and Hariyana have broken out, and some analysts see this as yet another group of people who have fallen victim to the unilateral policies of the Modi government. At the international level, India has joined the Commission on the Status of Women of the United Nations Economic and Social Council (EcoSoc), and gave an oral statement at the Human Rights Council denouncing the treatment of minorities by its Pakistani neighbor. This issue of minorities seems to preoccupy the Indian government and will launch a large study to define "Indian culture" while the rejection of the Muslim heritage is becoming more and more flagrant.

 
 

L'info phare - Source Médiatique

 
 

Débat sur la composition du comité d’experts chargé d’étudier la « culture indienne »

Le Ministre de la Culture, Prahlad Patel, a annoncé à travers une réponse écrite au Lok Sabha qu’un comité de seize experts serait constitué afin de conduire « une étude exhaustive de l’origine et de l’évolution de la culture indienne depuis 12 000 ans avant notre ère et de son interaction avec les cultures du monde ». L’objectif affiché est de réfuter les idées reçues des académiques occidentaux à travers des preuves archéologiques, littéraires et astronomiques. Cependant, le dirigeant du Janata Dal, HD Kumaraswamy ainsi que la dirigeante du DMK, Kanimozhi, ont souligné l’absence de femmes, d’experts d’Inde du Sud, de membres issus des minorités religieuses ou de la communauté dalit, questionnant ainsi la validité scientifique de ce comité.


Debate on the composition of the committee of experts in charge of studying "Indian culture".

The Minister of Culture, Prahlad Patel, announced in a written response to the Lok Sabha that a committee of 16 experts would be formed to conduct "a comprehensive study of the origin and evolution of Indian culture since 12,000 BC and its interaction with the cultures of the world". The stated objective is to refute the preconceived ideas of Western academics through archaeological, literary and astronomical evidence. However, the leader of the Janata Dal, HD Kumaraswamy, and the leader of the DMK, Kanimozhi, pointed out the absence of women, experts from South India or from religious minorities or the Dalit community, thus questioning the scientific validity of this committee.

 
 

Source médiatique

 
 

Un procès-verbal de 17 000 pages dressé contre quinze personnes par la police de Delhi dans le cadre des émeutes de février

L’équipe spéciale de la police de Delhi a nommé quinze personnes dans son procès-verbal de 17 000 pages, en vertu du Code Pénal Indien et du Unlawful Activities Prevention Act. Les membres du Pinjra Tod, les étudiants de Jamia Millia Islamia et le co-fondateur de United Against Hate Khalid Saifi, figurent parmi la liste des accusés qui auraient planifié et coordonné des émeutes dans le contexte des manifestations contre la loi sur la citoyenneté indienne. Plus de 600 citoyens, activistes, journalistes, étudiants ont dénoncé ces chefs d’inculpations, les arrestations basées sur de fausses confessions et la protection par le gouvernement des individus ayant prononcé des discours incitant à la haine et la violence. Les leaders de l’opposition parlementaire ont demandé l’ouverture d’une enquête indépendante.

A 17,000-page charge sheet against 15 people drawn up by Delhi police in connection with the February riots.


The Special Unit of the Delhi Police named 15 people in its 17,000-page charge sheet under the Indian Penal Code and the Unlawful Activities Prevention Act. Members of Pinjra Tod, students of Jamia Millia Islamia and co-founder of United Against Hate Khalid Saifi, are among the list of defendants who allegedly planned and coordinated the riots in the context of the protests against the Indian Citizenship Act. More than 600 citizens, activists, journalists, and students denounced the charges, the arrests based on false confessions, and the government's protection of individuals who made speeches inciting hatred and violence. Parliamentary opposition leaders called for an independent investigation.

 
 

Yogi Adityanath veut renommer le musée moghol d’Agra

Le chef du gouvernement de l’Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, a demandé de renommer le musée dédié à l’art et à la culture moghole et braj d'après le nom du général marathe Chhatrapati Shivaji, en affirmant que les Moghols ne peuvent pas être les héros de l’Inde. 

Yogi Adityanath wants to rename the Mughal Museum of Agra

The head of the government of Uttar Pradesh, Yogi Adityanath, requested to rename the museum dedicated to the art of Mughal and Braj culture after the name of Marathe General Chhatrapati Shivaji, saying that Mughals cannot be the heroes of India. 

 
 

La Cour Suprême interdit la diffusion de l’émission « UPSC Jihad »

Après la diffusion du premier épisode de l’émission « UPSC Jihad » par la chaîne Sudharshan News qui avait pour objectif de révéler « l’infiltration des musulmans » dans la fonction publique, la Cour suprême a interdit la diffusion de cette émission diabolisant la communauté musulmane sur la base d'éléments douteux.

The Supreme Court bans the broadcasting of "UPSC Jihad show".

After the broadcast of the first episode of "UPSC Jihad" by Sudharshan News channel, which aimed at revealing the "infiltration of Muslims" in the civil service, the Supreme Court banned the broadcast of the program demonizing the Muslim community on the basis of questionable elements.

 
 

L’Uttar Pradesh promulguera prochainement une ordonnance contre les conversions religieuses

Après les États du Arunachal Pradesh, Odisha, Madhya Pradesh, Chhattisgarh, Gujarat, Himachal Pradesh, Jharkand et Uttarakhand, l’Uttar Pradesh souhaite promulguer une ordonnance qui interdirait les conversions religieuses, Cette décision est justifiée par l'augmentation du nombre de conversions au nom du « Love Jihad ».

Uttar Pradesh will soon promulgate an ordinance against religious conversions.


After the states of Arunachal Pradesh, Odisha, Madhya Pradesh, Chhattisgarh, Gujarat, Himachal Pradesh, Jharkand and Uttarakhand, Uttar Pradesh wishes to promulgate an ordinance prohibiting religious conversions, justifying this decision by the increase of conversions in the name of "Love Jihad".

 
 

Le jugement dans l’affaire de la destruction de la mosquée de Babri sera rendu le 30 septembre

La cour spéciale d’enquête de Lucknow a annoncé qu’elle prononcera, ce 30 septembre, son jugement sur la destruction de la mosquée de Babri en 1992. Trente-deux accusés ont été entendus dans cette affaire, dont l’ancien Premier ministre député du BJP, L.K. Advani.

Judgment in the case of the destruction of the Babri Mosque will be handed down on September 30.

The Special Court of Inquiry of Lucknow announced that it would pronounce its judgment on the destruction of the Babri Mosque in 1992 on September 30. 32 defendants were heard in the case, including former BJP Deputy Prime Minister L.K. Advani.

 
 

Les violences sexuelles envers les femmes utilisées comme outil d’oppression contre les basses castes

Les récents décès de jeunes filles violées dans l’Uttar Pradesh ont révélé l’ampleur des violences sexuelles dans cet État et l’impunité dont bénéficient les coupables, souvent issus de haute caste. Les activistes dénoncent l’utilisation de violences sexuelles contre les personnes de basses castes. Les enquêtes sont souvent empêchées et ne mènent que très rarement à des arrestations.

Sexual violence against women used as a tool of oppression against low castes


The recent deaths of young girls who have been raped in Uttar Pradesh revealed the extent of sexual violence in the state and the impunity enjoyed by perpetrators, often of high caste. Activists denounced the use of sexual violence to target lower castes, and the fact that investigations were often prevented and rarely led to arrests.

 
 

L’Odisha appelé à dévoiler un protocole sanitaire pour les tribus protégées

La Commission nationale chargée des affaires des Scheduled Tribes a adressé un courrier aux gouvernants de l’Odisha afin de s’enquérir des mesures de protection prises à l’égard de ces groupes vulnérables à la propagation de la Covid-19. Des membres de la tribu didayi et bonda ont en effet été contaminés par le virus, et sont à risque compte tenu de l’absence de communication à ce sujet dans ces communautés.

Odisha called to unveil health protocol for protected tribes


The National Commission for Scheduled Tribes sent a letter to the State of Odisha to inquire about the protection measures taken for these groups vulnerable to the spread of Covid-19. Members of the Didayi and Bonda tribes have indeed been contaminated by the virus and are at risk given the lack of communication on this subject in these communities.

 
 

Une nouvelle version du récit des émeutes de Bangalore nuance la nature intercommunautaire des violences

Un second rapport émanant de la société civile de Bangalore contredit la version du rapport du comité Citizens for Democracy, crée par un ministre de l’État du Karnataka. Ces ONG soulignent que les violences durant ces émeutes n’étaient pas de nature intercommunautaire, et que des exemples de musulmans et de chrétiens protégeant des temples hindous ont été reportés par la presse. Ce rapport appelle la police à ne pas inculper des personnes innocentes et à mener une enquête impartiale.

A new version of the Bangalore riot narrative nuances the inter-communal nature of the violence.

A second report from civil society in Bangalore contradicts the report of the Citizens for Democracy Committee, created by a Karnataka state minister. These NGOs emphasize that the violence during the riots was not of an inter-communal nature, and that examples of Muslims and Christians protecting Hindu temples were reported in the press. The report called on the police not to charge innocent people and to conduct an impartial investigation.

 

 
 

Source institutionnelle

 
 

L’Inde répond à la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme au sujet du Jammu-Cachemire

Michelle Bachelet a évoqué son inquiétude par rapport au Jammu-Cachemire lors de sa déclaration sur la situation des droits humains dans le monde au Conseil des droits de l’homme.  L’Inde lui a répondu dans une de ses déclarations, affirmant que les droits fondamentaux y étaient respectés, comme dans le reste de l’Inde, en dépit de la Covid-19 et du terrorisme.

India responds to High Commissioner for Human Rights on Jammu and Kashmir

Michelle Bachelet raised concerns about Jammu and Kashmir in her statement on the situation of human rights in the world at the Human Rights Council and India responded in a statement, affirming that fundamental rights were respected there, as in the rest of India, despite Covid-19 and terrorism.

 
 

L’Inde critique le Pakistan pour le traitement de ses minorités

Lors de la 45ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’Inde a affirmé que le Pakistan était « l’épicentre du terrorisme », et qu’elle n’avait aucune leçon à recevoir de ce pays en matière de politique intérieure. Le Premier Secrétaire de la Représentation Permanente de l’Inde a notamment souligné la persécution des minorités religieuses et ethniques au Pakistan, notamment des Hindous, des Sikhs et des Chrétiens.

India criticizes Pakistan for its treatment of minorities

During the 45th session of the Human Rights Council, India affirmed that Pakistan was "the epicenter of terrorism" and that India had no lessons to learn from this country in terms of domestic policy. The First Secretary of India's Permanent Representation underlined the persecution of religious and ethnic minorities in Pakistan, including Hindus, Sikhs and Christians.

 
 

Source académique

 
 

Les racines de la polarisation des démocraties asiatiques

Le renforcement des tendances autoritaires des pays en Asie – dont l’Inde - est souvent analysé comme une conséquence de la gestion de la pandémie de la Covid-19. Andrew O’Donohue et Thomas Carothers remettent en question ce point de vue en revenant sur les origines de la polarisation progressive des régimes asiatiques.

The roots of polarization of Asian democracies

The strengthening of authoritarian tendencies of countries in Asia - including India - is often analyzed as a consequence of the management of the Covid-19 pandemic. Andrew O’Donohue and Thomas Carothers question this point of view by returning to the origins of the progressive polarization of Asian regimes.

 
 

Pour aller plus loin 

 
 

Infographie - Religion, Citizenship, and the State - 16/09/2020

 

Sélection de caricatures par The Print - 17/09/2020

 

 
 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Inde. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in India. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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