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Le mouvement d’émigration initié en partie par l’explosion du port de Beyrouth et accentué par la crise économique que subit le Liban depuis près de deux ans, continue de s’amplifier. Ce mouvement migratoire, qui touche les élites diplômées du pays, fait aujourd’hui porter sur le pays le risque d’un affaiblissement des structures essentielles, comme celui de la qualité des soins ou de la qualité de l’enseignement. Pour ceux n’ayant pas les moyens de quitter le pays, les conditions de vie continuent de s’aggraver, le pays craignant que la crise ukrainienne ne mène à une pénurie de blé et d’hydrocarbures. Au niveau politique, l’électorat sunnite du Courant du futur, toujours majoritaire au sein de la communauté sunnite, continue d’osciller entre abstention et vote utile. La première option serait conforme à l’annonce faite par l’ex-Premier ministre Saad Hariri. En revanche, la seconde serait un moyen pour la communauté sunnite d’exprimer son opposition au Hezbollah par un vote au profit des Forces libanaises ou de personnalités politiques sunnites anciennement proches du Courant du futur.
The emigration movement initiated in part by the explosion of the port of Beirut and accentuated by the economic crisis that Lebanon has been undergoing for nearly two years, continues to grow. This migratory movement, which affects the country's educated elites, now poses the risk of a weakening of essential structures, such as the quality of health care or the quality of education. For those who cannot afford to leave the country, living conditions continue to worsen as the country fears that the Ukrainian crisis will lead to a shortage of wheat and oil. Politically, the Sunni electorate of the Future Movement, which still has a majority in the Sunni community, continues to oscillate between abstention and a useful vote. If the first option would be in line with the announcement made by former Prime Minister Saad Hariri, the second would be a way for the Sunni community to express its opposition to Hezbollah by voting in favour of the Lebanese Forces or Sunni political figures formerly close to the Future Movement.
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Info phare - Source médiatique
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L’électorat sunnite du Courant du futur, entre boycott et vote anti-Hezbollah
Après l’annonce du retrait de l’ex-Premier ministre, Saad Hariri et celle du boycott des élections législatives par sa formation, l’électorat du parti semble aujourd’hui tiraillé entre abstention et volonté de faire barrage au Hezbollah. L’enjeu du choix de cet électorat est aujourd’hui central dès lors que le Courant du futur est considéré comme étant le parti le plus représentatif au sein de la communauté sunnite. Si le parti chrétien maronite des Forces libanaises espérait attirer vers lui une partie de cet électorat, en usant d’un discours d’opposition frontal au Hezbollah, la détérioration des relations entres le Courant du futur et le parti des Forces libanaises semble avoir réduit la marge de manœuvre du parti chrétien au sein de la communauté sunnite. En effet, loin d’avoir altéré sa position au sein de la communauté sunnite, le retrait de l’ex-Premier ministre semble avoir renforcé sa position centrale. Cependant, la tentation de l’abstention pourrait céder face à l’hostilité importante de l’électorat sunnite envers le Hezbollah. Ainsi, malgré l’annonce du boycott, le mufti de la République a invité la communauté sunnite à ne pas boycotter le scrutin. Dans la même logique, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora a invité les sunnites à ne pas laisser le champ libre au “projet hégémonique du Hezbollah” par une participation massive aux élections.
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The Sunni electorate of the Future Movement, between boycott and anti-Hezbollah vote
After the announcement of the withdrawal of the former Prime Minister, Saad Hariri and that of the boycott of the legislative elections by his party, the electorate of the party seems to be torn between abstention and the desire to block Hezbollah. The issue of the choice of this electorate is now central since the Future Movement is considered as the most representative party within the Sunni community. If the Christian Maronite party of the Lebanese Forces hoped to attract a part of this electorate by using a discourse of frontal opposition to Hezbollah, the deterioration of relations between the Future Movement and the Lebanese Forces party seems to have reduced the margin of manoeuvre of the Christian party within the Sunni community. Indeed, far from having altered its position within the Sunni community, the withdrawal of the former Prime Minister seems to have reinforced its central position. However, the temptation to abstain could give way to the significant hostility of the Sunni electorate towards Hezbollah. Thus, despite the announcement of the boycott, the Mufti of the Republic invited the Sunni community not to boycott the election. In the same logic, the former Prime Minister Fouad Siniora invited the Sunnis not to leave the field open to the "hegemonic project of Hezbollah" by a massive participation in the elections.
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Le Liban face à l’exode de sa jeunesse diplômée
Si le Liban jouit d’une tradition d’émigration, cette dernière s'accroît à chaque crise que le pays traverse, en témoigne la vague d’émigration massive lors de la guerre civile. Aujourd’hui, alors que le pays traverse la pire crise de son histoire, nombreux sont les libanais faisant le choix de l’exode pour échapper à des conditions de vie de plus en plus difficiles. Cette nouvelle émigration touche principalement deux catégories, à savoir des professionnels qualifiés et anciennement bien rémunérés et d’autre part, une jeunesse diplômée qui, faute de débouchés nationaux, pense déjà à s’assurer un avenir plus radieux à l’étranger. Loin d’être marginale, l’émigration aurait déjà fait perdre au Liban, selon l’OMS, 40% de ses médecins et 10 000 de ses enseignants. Portant atteinte à la qualité des soins et de l’enseignement, la fuite des citoyens qualifiés pourrait fragiliser la structure sociale même du Liban.
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Lebanon faces the exodus of its graduate youth
Although Lebanon has a tradition of emigration, it increases with each crisis that the country goes through, as witnessed by the massive wave of emigration during the civil war. Today, while the country is going through the worst crisis in its history, many Lebanese are choosing to leave the country to escape increasingly difficult living conditions. This new emigration mainly affects two categories, namely qualified and formerly well-paid professionals and, on the other hand, young graduates who, for lack of national opportunities, are already thinking of a brighter future abroad. Far from being marginal, emigration has already caused Lebanon to lose, according to the WHO, 40% of its doctors and 10,000 of its teachers. Undermining the quality of health care and education, the flight of qualified citizens could weaken the very social structure of Lebanon.
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Les réfugiés syriens et le calvaire de la saison hivernale
Frappés chaque année par les intempéries, les réfugiés syriens paient l’inaction volontaire de l’État libanais. En effet, ce dernier ne reconnaît pas officiellement les Syriens présents au Liban en tant que réfugiés et se contente de les qualifier de “déplacés”. Cette différence sémantique a des conséquences juridiques et humanitaires. Ainsi, les camps de réfugiés ne sont pas gérés par les Nations Unies ou une agence officielle mais installés généralement sur des terrains privés à la merci de propriétaires plus ou moins scrupuleux. Cette déconnection de la réalité, loin d’être involontaire, traduit la préoccupation de l’État libanais de ne pas laisser les réfugiés syriens s’installer dans la durée sur le territoire libanais. Cette volonté se traduit par l’interdiction faite à ces derniers de construire des habitations en matériaux durables. Réduits à vivre dans des habitations de fortune, nombreux sont les réfugiés qui pâtissent chaque année des aléas météorologiques. Pour pallier cette absence de prise en charge globale des réfugiés, des ONG locales tentent de coordonner des actions préventives afin de minimiser les effets néfastes de la météo libanaise, particulièrement hostile en hiver dans la plaine de la Bekaa. Cependant, les réfugiés sont nombreux à critiquer l’absence d’intervention en amont et la lenteur des réactions en aval, tant des ONG que du Haut Commissariat aux Réfugiés. Dans l’attente d’une résolution du conflit syrien qui peine à émerger, certaines ONG avancent l’idée d’un déplacement des réfugiés vers des logements plus permanents, moyennant un loyer qui serait payé pendant une durée maximale de 5 ans par les ONG. Cependant, la distribution de loyers pourrait créer des tensions avec les familles libanaises peinant elles aussi à payer le leur.
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Syrian refugees and the ordeal of the winter season
Hit by bad weather every year, Syrian refugees pay for the Lebanese state's voluntary inaction. Indeed, the Lebanese state does not officially recognise the Syrians present in Lebanon as refugees and is content to call them "displaced persons". This semantic difference has legal and humanitarian consequences, as the refugee camps are not managed by the United Nations or an official agency but are generally installed on private land at the mercy of more or less scrupulous owners. This disconnection from reality, far from being unintentional, reflects the concern of the Lebanese state not to let Syrian refugees settle on Lebanese territory for long. This desire is reflected in the ban on the construction of houses made of durable materials. Reduced to makeshift dwellings, many refugees suffer from the vagaries of the weather every year. To compensate for this lack of comprehensive care for the refugees, local NGOs try to coordinate preventive actions in order to minimise the harmful effects of the Lebanese weather, which is particularly hostile in winter in the Bekaa plain. However, many refugees criticise the lack of upstream intervention and the slow downstream response of both NGOs and the UNHCR. While waiting for a resolution of the Syrian conflict, which is still difficult to emerge, some NGOs are putting forward the idea of moving refugees to more permanent accommodation, in return for a rent that would be paid for a maximum of 5 years by the NGOs. However, the distribution of rents could create tensions with Lebanese families who are also struggling to pay theirs.
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Les figures de l’opposition face aux difficultés des candidatures
Le dépôt des candidatures pour les législatives de mai a été clôturé le 15 mars, l’occasion de revenir sur les nombreuses difficultés rencontrées par les candidats de l’opposition. Véritable parcours du combattant, les candidats de l’opposition ont dû faire face à de nombreux obstacles avant de pouvoir proposer leur alternative aux électeurs libanais. Au premier chef de ces contraintes on retrouve la difficulté de former une liste commune avec les différentes figures et mouvements de l’opposition. Ainsi, si les partis traditionnels semblent affaiblis par la crise que traverse le Liban, et dont ils sont considérés responsables par la population libanaise, les partis de l’opposition peinent à former des listes unies pour proposer une alternative claire aux libanais. Outre les difficultés politiques, de nombreux candidats potentiels ont dû faire face à des contraintes administratives. Ainsi, pour tout dépôt de candidature, outre le paiement d’une somme non-remboursable, tout candidat doit détenir un compte en banque spécialement dédié à la campagne électorale. Or, certains candidats se seraient vu refuser l’ouverture d’un compte par des directeurs de succursales proches des partis traditionnels. Selon les candidats de l’opposition, ces refus découlent des liens existant entre les établissements bancaires et les partis au pouvoir. Ils s’expliquent également par le souhait de ces derniers d'empêcher les candidatures de nouvelles personnalités politiques prônant le changement.
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Opposition figures face bidding challenges
The filing of candidacies for the May legislative elections was closed on 15 March, an opportunity to look back at the many difficulties encountered by opposition candidates. A real obstacle course, the opposition candidates had to face many obstacles before being able to propose their alternative to the Lebanese voters. At the forefront of these constraints, the difficulties of forming a common list with the various opposition figures and movements. Thus, if the traditional parties seem weakened by the crisis that Lebanon is going through, and for which they are considered responsible by the Lebanese population, the opposition parties are struggling to form united lists to propose a clear alternative to the Lebanese. In addition to the political difficulties, many potential candidates had to face administrative constraints. For example, in order to file a candidacy, in addition to the payment of a non-refundable sum, every candidate must have a bank account specially dedicated to the electoral campaign, but some candidates were refused the opening of an account by branch managers close to the traditional parties. According to the opposition candidates, these refusals stem from the links between the banking institutions and the ruling parties and the latter's wish to prevent the candidacies of new political figures advocating change.
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Selon Sayyed Fadlallah : l’État libanais doit prendre ses responsabilités face à la situation critique du peuple libanais
Dans le cadre de son sermon du vendredi, Sayyed Ali Fadlallah a affirmé que la guerre ukrainienne avait aggravé la situation globale du peuple libanais. En effet, le Liban importait 66% de son blé d’Ukraine et 12% de Russie. Or, le conflit actuel entre ces deux pays fait craindre une pénurie de blé. Par ailleurs, la guerre entre la Russie et l’Ukraine ayant entraîné une augmentation des prix du pétrole au niveau mondial, le Liban qui peinait déjà à fournir quelques heures d'électricité par jour, risque de perdre toute capacité de production en la matière. Face à cette situation, Sayyed Fadlallah a appelé l’État libanais à prendre ses responsabilités afin d’apporter aux citoyens libanais des solutions durables.
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Sayyed Fadlallah: the Lebanese state must take responsibility for the plight of the Lebanese people
In his Friday sermon, Sayyed Ali Fadlallah said that the Ukrainian war had worsened the overall situation of the Lebanese people. Indeed, Lebanon used to import 66% of its wheat from Ukraine and 12% from Russia, but the current conflict between these two countries has led to fears of a wheat shortage. Moreover, the war between Russia and Ukraine has led to an increase in the price of oil at the global level, and Lebanon, which was already struggling to provide a few hours of electricity per day, risks losing all production capacity in this area. Faced with this situation, Sayyed Fadlallah called on the Lebanese State to take its responsibilities in order to provide sustainable solutions for the Lebanese citizens.
يستورد لبنان 66٪ من قمحه من أوكرانيا و 12٪ من روسيا. وبالتالي ، فإن الحرب الحالية تغرق البلاد في خطر النقص. النتيجة الأخرى للحرب في أوكرانيا ، والمتعلقة بزيادة أسعار النفط ، تثير مخاوف من نقص الهيدروكربونات اللازمة لإنتاج الكهرباء. وتعليقا على هذا الوضع ومخاطره أكد السيد فضل الله خلال خطبة الجمعة : "جاءت الحرب في أوكرانيا لتزيد من معاناته على الصعيد الاقتصادي والمعيشي، وإننا أمام هذا الواقع، ندعو الدولة إلى تحمل مسؤوليتها تجاه مواطنيها الذين يعانون من الواقع الاقتصادي الصعب ولا طاقة لهم على تحمل المزيد، وعدم الاستمرار في إدارة الظهر أو بمعالجات لا تسمن ولا تغني من جوع، أو إلى تطمينات لا تستند إلى وقائع".
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Le Patriarche Raï appelle au retour des réfugiés syriens en Syrie
Dans le cadre de son sermon dominical, Mgr Raï a appelé les banques libanaises et la Banque du Liban à assurer la possibilité aux libanais de payer les frais de scolarité de leurs enfants. Par ailleurs, commentant la situation économique et sociale du pays, Mgr Raï a affirmé que l’État libanais ne pourra apporter de solutions concrètes qu’en cherchant activement à rétablir l’ordre tant au niveau financier qu’au niveau de la maîtrise des flux extérieurs de personnes et de marchandises. Enfin, et prenant appui sur le principe de neutralité, Mgr Raï a appelé au retour des réfugiés syriens sur leur terre natale afin de permettre à ces derniers de participer à la préservation de leur culture et à l’écriture de leur histoire nationale.
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Patriarch Rai calls for the return of Syrian refugees to Syria
In his Sunday sermon, Archbishop Raï called on the Lebanese banks and the Banque du Liban to ensure that the Lebanese are able to pay the school fees of their children. Commenting on the economic and social situation of the country, Bishop Raï said that the Lebanese state can only provide concrete solutions by actively seeking to restore order both financially and in terms of controlling the external flow of people and goods. Finally, and based on the principle of neutrality, Mgr Raï called for the return of Syrian refugees to their native land in order to allow them to participate in the preservation of their culture and the writing of their national history.
اعتبر البطريرك الماروني مار بشار بطرس الراعي خلال عظة الأحد، أن "المطلوب من المصارف ومن مصرف لبنان اعتبار الأقساط المدرسية أولوية مطلقة لكونها تؤثر على المجتمع ومستقبل وطننا والتعليم". من جهة اخرى، شدد الراعي على أن "الحكومة لا تستطيع معالجة هذا الوضع العشوائي إلا بإحياء الحد الأدنى من النظام المالي وضبط مداخيل المطار وضبط التهريب". أخيرًا ، واعتمادًا على مبدأ الحياد ، دعا البطريرك الراعي إلى عودة اللاجئين السوريين إلى وطنهم للسماح لهم بالمشاركة في الحفاظ على ثقافتهم وكتابة تاريخهم الوطني.
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print. Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
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