Le chef du Hezbollah sort du silence sur Gaza / L’armée israélienne bombarde un véhicule civil et fait quatre victimes / Le Hamas tire des missiles depuis le Sud Liban vers Israël ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­ ͏ ‌     ­
 
capture-decran-2020-04-09-a11-58-24

VEILLE PHAROS /
LIBAN – 16 novembre 2023

 
capture-decran-2020-04-09-a11-58-11
 

Le chef du Hezbollah a prononcé un discours attendu sur les évènements en cours dans la bande de Gaza et sur la stratégie du Hezbollah dans le Sud Liban. Rappelant que le Hezbollah n’avait pas été informé en amont des évènements du 7 octobre, le chef du Hezbollah a indiqué que son parti participait à la guerre en cours depuis le 8 octobre. Le chef du Hezbollah a par ailleurs indiqué que toutes les options restaient sur la table, sans écarter le risque d’une guerre totale en fonction de l’évolution de la situation dans la bande de Gaza et dans le Sud Liban.

Trois enfants et leur grand-mère ont été tués dans le Sud Liban après que l’armée israélienne a ciblé leur véhicule dans le Sud Liban.

L’Orient-le Jour revient sur l’histoire du Hamas au Liban, de sa naissance dans les années 80, à sa confrontation avec le Hezbollah durant la guerre civile syrienne et son rapprochement avec le parti chiite après la chute du pouvoir des Frères musulmans en Égypte en 2013.


The head of Hezbollah gave a long-awaited speech on events in the Gaza Strip and Hezbollah's strategy in southern Lebanon. Recalling that Hezbollah had not been informed in advance of the events of 7 October, the Hezbollah leader indicated that his party had been participating in the war underway since 8 October. The head of Hezbollah also indicated that all options remained on the table, without ruling out the risk of an all-out war depending on developments in the Gaza Strip and southern Lebanon.

Three children and their grandmother were killed in southern Lebanon after the Israeli army targeted their vehicle in southern Lebanon.

L'Orient le Jour looks back at the history of Hamas in Lebanon, from its birth in the 1980s, to its confrontation with Hezbollah during the Syrian civil war and its rapprochement with the Shiite party after the fall of the Muslim Brotherhood in Egypt in 2013.

 
 

Info phare - Source Société civile

 
 

Le chef du Hezbollah sort du silence sur Gaza

Depuis le 8 octobre, des escarmouches opposent le Hezbollah et l’armée israélienne dans le sud Liban. Dans ce contexte, le chef du Hezbollah a pour la première fois pris la parole pour donner la position de son parti sur les évènements  dans la bande de Gaza.

Dans un discours d’une heure et demie, le chef du Hezbollah a affirmé que les évènements du 7 octobre relevaient d’une décision du Hamas et que ni le Hezbollah, ni l’Iran, n’avaient été informés en amont.

Sur l’implication du Hezbollah, son secrétaire général a affirmé que le parti était lancé dans la bataille depuis le 8 octobre et que pour l’heure toutes les options demeuraient ouvertes. Il a ainsi laissé planer le risque d’une guerre totale en cas de mise en difficultés du Hamas et de l’évolution de la situation à la frontière libanaise, notamment en cas d’attaques d’Israël sur des cibles civiles libanaises. 

Pour l’heure, les combats se limitent à des bombardements réciproques sur des cibles militaires. Cependant, les zones frontalières des deux pays ont été évacuées.

Le Chef du Hezbollah a indiqué que ces opérations visaient à capter une partie des effectifs israéliens et de les détourner de la bande de Gaza. Il a qualifié le front libanais de « front de soutien ».

Cette  gestion du front sud laisse transparaître la volonté du Hezbollah de ménager son front interne. Une grande partie de la société libanaise a exprimé son soutien au peuple palestinien, mais la majorité reste opposée à une guerre totale avec Israël au regard de la situation économique du pays et du souvenir de la guerre de 2006 qui avait fait plus de 1 200 morts civiles du côté libanais.

The head of Hezbollah breaks his silence

While skirmishes have been raging between Hezbollah and the Israeli army in southern Lebanon since 8 October, the head of Hezbollah took the floor for the first time to give his party's position on the current events in the Gaza Strip.

In a lengthy speech lasting almost an hour and a half, the Hezbollah leader asserted that the events of 7 October were Hamas's own decision and that neither Hezbollah nor Iran had been informed beforehand.

On Hezbollah's involvement in the conflict, the Secretary General of Hezbollah stated that his party had been in the battle since 8 October and that for the time being all options remained open, leaving open the risk of all-out war if Hamas were to get into difficulties on the one hand, and if the situation on the Lebanese border were to evolve, particularly in the event of Israeli attacks on Lebanese civilian targets. 

For the time being, most of the fighting is limited to reciprocal bombardments of military targets. However, the border areas between the two countries have been evacuated for fear of further fighting.

The head of Hezbollah indicated that his operations were aimed at capturing some of the Israeli troops and diverting them from the Gaza Strip, thus describing the Lebanese front as a "support front".

In addition to the strategic objectives of Hezbollah's operations in southern Lebanon, the management of the southern front also reveals Hezbollah's desire to protect its internal front. While a large part of Lebanese society has expressed its support for the Palestinian people, the majority remains opposed to an all-out war with Israel, given the country's economic situation and the painful memory of the 2006 war, which left more than 1,200 civilians dead on the Lebanese side.

 
 

Source médiatique

 
 

L’armée israélienne bombarde un véhicule civil et fait quatre victimes

Le dimanche 5 novembre entre Aitaroun et Ainata, l’armée israélienne a, au moyen d’un drone, bombardé un véhicule civil tuant trois enfants et leur grand-mère. La mère des enfants est actuellement admise dans un hôpital de Nabatieh.

Selon le quotidien israélien Haaretz, cette frappe faisait suite au tir d’un missile anti-char en provenance du Liban vers le kibboutz Yiftach, qui avait coûté la vie à un civil conduisant un camion-citerne d’eau.

Le Liban a déposé plainte au Conseil de sécurité de l’ONU concernant le « le meurtre d’enfants et de civils » par Israël dans le Sud Liban.

Contacté par l’Orient-le Jour, le porte-parole de la Finul a déclaré que le risque d’escalade et de perte de contrôle de la situation est clair et doit être arrêté. En effet, dans la nuit de dimanche et conformément à la stratégie du Hezbollah dite « civil contre civil », le parti chiite a annoncé le tir d’une salve de roquettes sur Kiriyat Shmona en représailles.

Israeli army bombs civilian vehicle, killing three children and their grandmother

On Sunday 5 November, between Aitaroun and Ainata, the Israeli army used a drone to bomb a civilian vehicle, killing three children and their grandmother. The children's mother is currently admitted to a hospital in Nabatieh.

According to the Israeli daily Haaretz, this strike followed the firing of an anti-tank missile from Lebanon towards Kibbutz Yiftach, which killed a civilian driving a water tanker.

In response, Lebanon lodged a complaint with the UN Security Council concerning the "killing of children and civilians" by Israel in southern Lebanon.

Contacted by L'Orient le Jour, the UNIFIL spokesman said that the risk of escalation and loss of control of the situation is clear and must be stopped. Indeed, on Sunday night, in line with Hezbollah's "civilian against civilian" strategy, the Shiite party announced that it would fire a volley of rockets at Kiriyat Shmona in retaliation for the Israeli strike.

 
 

Le Hamas tire des missiles depuis le Sud Liban vers Israël

Le 6 novembre 2023, le Hamas a annoncé avoir tiré 16 roquettes sur le nord d'Israël, plus précisément au sud d’Haïfa. 

L’armée israélienne a annoncé qu’environ 30 tirs de projectiles avaient été tirés depuis le Liban vers le nord d'Israël.

Cette nouvelle opération démontre une coordination entre le Hezbollah et le Hamas.

Depuis le 7 octobre 2023, 80 personnes ont perdu la vie dans le Sud Liban, parmi lesquels 59 combattants du Hezbollah, du Hamas et du Djihad islamique et au moins 11 civils.

Hamas fires missiles from southern Lebanon towards Israel

On 6 November 2023, Hamas announced that it had fired 16 rockets into northern Israel, to the south of the town of Haifa. 

The Israeli army announced that around 30 projectiles had been fired from Lebanon towards northern Israel.

This latest operation demonstrates a degree of coordination between Hezbollah, hegemonic in southern Lebanon, and Hamas.

Since 7 October 2023, 80 people have lost their lives in southern Lebanon, including 59 Hezbollah, Hamas and Islamic Jihad fighters and at least 11 civilians.

 
 

Histoire du Hamas au Liban

L’Orient Le Jour retrace l’histoire du Hamas. Créé en 1987 après le déclenchement de la première intifada, il est issu de l’organisation Mujama al-Islamiya créée à Gaza en 1973.

Le mouvement gagne de l’importance sur la scène palestinienne après le début des négociations de paix entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) dirigée à l’époque par Yasser Arafat. Le Hamas rallie les déçus des accords d’Oslo signés par l’OLP en 1993 et reconnaissant le droit à l’existence d'Israël, ce qui est perçu par certains Palestiniens comme une trahison. 

Ces évolutions politiques palestiniennes ont eu une influence au Liban où plusieurs milliers de Palestiniens s’étaient installés après l’expulsion de plus de 700 000 Palestiniens de leurs terres durant la Nakba.

L’OLP est devenue hégémonique au Liban après la signature des accords du Caire en 1969, l’État libanais accordant aux camps de réfugiés palestiniens une autonomie quasi totale vis-à-vis de l’armée libanaise, ce qui a permis à l’OLP de développer d’importantes structures militaires sur le sol libanais.

Après l’expulsion de l’OLP du Liban en 1982 et son transfert en Tunisie, l’organisation perd de son influence au Liban et en Palestine. Cette perte d’influence se fait au profit du Hamas qui monte rapidement en puissance dans la bande de Gaza et plus timidement au Liban en raison de la présence du Hezbollah qui veille à une croissance contrôlée du Hamas sur le territoire libanais.

Si dans les premières années suivant la création du Hamas, ce dernier entretient de bonnes relations avec le Hezbollah, des dissensions apparaissent en raison du rapprochement du Hamas avec la Turquie, alors en froid avec la République islamique iranienne alliée du Hezbollah. Les dissensions entre le Hezbollah et le Hamas parviennent à leur paroxysme lors de la guerre civile syrienne. Le Hamas prend fait et cause pour l’opposition syrienne et se tourne vers l’Égypte, la Turquie et le Qatar, principaux pays où les Frères musulmans sont au pouvoir et partagent avec le Hamas une idéologie commune. Durant cette guerre civile, le Hezbollah qui se tient au côté du régime syrien, a eu à combattre le Hamas présent dans les camps palestiniens du territoire syrien.

Il faut attendre la chute du président égyptien Mohammad al-Morsi en 2013 pour que soit amorcé un rapprochement entre les deux formations. En 2022, Yahya al-Sinwar affirmait qu’il existait une coopération conjointe entre les différents éléments « de l’axe de la résistance » (impliquant le Hezbollah et l’Iran) par le biais d’une chambre d’opération commune.

Aujourd’hui, les relations entre les deux formations semblent suffisamment fortes pour permettre au Hamas de disposer d’une présence militaire au Liban et de mener des tirs de roquettes depuis le territoire libanais.

History of Hamas in Lebanon

L'Orient Le Jour traces the history of Hamas. Created in 1987 after the outbreak of the first intifada, it grew out of the Mujama al-Islamiya organisation created in Gaza in 1973.

The movement gained prominence on the Palestinian scene after the start of peace negotiations between Israel and the Palestine Liberation Organisation (PLO), led at the time by Yasser Arafat. Hamas rallied those disappointed by the Oslo Accords signed by the PLO in 1993 and recognising Israel's right to exist, which was seen by some Palestinians as a betrayal. 

These Palestinian political developments had an influence in Lebanon, where several thousand Palestinians had settled after the expulsion of more than 700,000 Palestinians from their land during the Nakba.

The PLO became hegemonic in Lebanon after the signing of the Cairo agreements in 1969, with the Lebanese state granting the Palestinian refugee camps almost total autonomy from the Lebanese army, which enabled the PLO to develop major military structures on Lebanese soil.

Following the expulsion of the PLO from Lebanon in 1982 and its transfer to Tunisia, the organisation lost its influence in Lebanon and Palestine. This loss of influence was to the benefit of Hamas, which rapidly gained power in the Gaza Strip and more timidly in Lebanon due to the presence of Hezbollah, which ensured the controlled growth of Hamas on Lebanese territory.

Although in the early years following the creation of Hamas, the latter maintained good relations with Hezbollah, dissension arose as a result of Hamas's rapprochement with Turkey, which was at odds with the Iranian Islamic Republic, an ally of Hezbollah. The dissensions between Hezbollah and Hamas came to a head during the Syrian civil war. Hamas took up the cause of the Syrian opposition and turned towards Egypt, Turkey and Qatar, the main countries where the Muslim Brotherhood is in power and shares a common ideology with Hamas. During this civil war, Hezbollah, which is on the side of the Syrian regime, had to fight Hamas, which was present in the Palestinian camps on Syrian territory.

It was not until the fall of Egyptian President Mohammad al-Morsi in 2013 that a rapprochement between the two groups began. In 2022, Yahya al-Sinwar stated that there was joint cooperation between the various elements of the "axis of resistance" (involving Hezbollah and Iran) through a joint operations room.

Today, relations between the two groups seem strong enough to allow Hamas to have a military presence in Lebanon and to fire rockets from Lebanese territory.

 
 

Source confessionnelle

 
 

Le patriarche Raï pour l’élection d’un nouveau président à tout prix

Dans le cadre de son homélie dominicale, le patriarche maronite Rai a rappelé que le Liban entamait sa deuxième année de vacance présidentielle et que pour l’heure aucune discussion sérieuse sur la tenue de l’échéance n'avait été entamée.

Le prélat maronite a indiqué qu’il était nécessaire d’élire un président à n’importe quel prix et de protéger les institutions. 

Sur le conflit actuel entre le Hamas et Israël, le prélat maronite a dénoncé la guerre destructrice en cours à Gaza et a estimé qu’il était temps de donner aux Palestiniens leur droit.

Patriarch Rai in favour of electing a new president at any cost

During his Sunday homily, Maronite Patriarch Rai recalled that Lebanon was entering its second year of presidential vacancy and that for the time being there was no serious talk of the elections taking place.

The Maronite prelate indicated that it was necessary to elect a president at any cost and to protect the institutions. 

On the current conflict between Hamas and Israel, the Maronite prelate denounced the destructive war underway in Gaza and said it was time to give the Palestinians their rights.

 
banderole-veille
soutien-veilles-observatoire-pharos-banniere
 

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.