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Cette semaine, le Figaro revient sur la question des djihadistes libanais qui souhaitent retourner au Liban et notamment sur les problématiques judiciaires, mais aussi confessionnelles que posent ces potentiels retours. Outre la problématique djihadiste, le pays voit les tentatives d’émigration clandestine augmenter ces dernières semaines à la faveur d’une sortie de crise qui peine à émerger et alors que le Liban semble se diriger vers un vide exécutif dangereux pour la stabilité politique déjà précaire. Enfin, le Monde revient sur l’histoire d’une photo prise durant le massacre du bidonville de la Quarantaine. Cette image a symbolisé le début des bains de sang de la guerre civile libanaise et hantera sa photographe durant de nombreuses années.
This week, Le Figaro returns to the issue of Lebanese jihadists who wish to return to Lebanon and particularly to the judicial but also confessional issues raised by these potential returns. In addition to the jihadist issue, the country has seen an increase in illegal emigration attempts in recent weeks as the crisis struggles to emerge and Lebanon seems to be heading towards an executive vacuum that is dangerous for the country's precarious political stability. Finally, Le Monde looks back at the story of a photo taken during the massacre in the Quarantine shantytown that symbolised the beginning of the bloodbaths of the Lebanese civil war and that haunted its author for many years
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Info phare - Source médiatique
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La problématique des djihadistes libanais
Près d’un millier de Libanais sunnites avaient rejoint la Syrie pour combattre au sein des factions islamistes syriennes. Si la plupart sont morts, l’administration libanaise estime que près de 300 anciens combattants souhaitent rejoindre leur terre natale. Ces derniers risquent cinq ans de prison si les exactions qui leur sont reprochées ont eu lieu en dehors du Liban et la prison à vie dans le cas contraire. Le retour est cependant préféré à un exil turc souvent incertain et à un passage en Europe devenu presque impossible. Cependant, les autorités libanaises semblent réticentes à tout retour potentiel de ces anciens djihadistes en raison du caractère sensible du traitement judiciaire de ces dossiers dans un pays partagé entre ses différentes confessions et où la communauté sunnite a développé, depuis l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafiq Hariri, un sentiment de persécution. Ainsi, un ressentiment se forme dans la communauté sunnite considérant que les djihadistes partis combattre en Syrie ne devraient pas être inquiétés tant que les combattants des autres confessions, partis combattre en Syrie, ne seront pas soumis au même traitement.
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The problem of Lebanese jihadists
Nearly a thousand Lebanese Sunnis had gone to Syria to fight with Syrian Islamist factions. If most of them are dead, the Lebanese administration estimates that nearly 300 former fighters wish to return to their native land. The latter risk five years in prison if the abuses they are accused of took place outside Lebanon and life imprisonment in the opposite case. However, return is preferred to an often uncertain Turkish exile and to a passage to Europe which has become almost impossible. However, the Lebanese authorities seem reluctant to any potential return of these former jihadists because of the sensitive nature of the judicial treatment of these cases in a country divided between its different confessions and where the Sunni community has developed, since the assassination of former Prime Minister Rafiq Hariri, a feeling of persecution. Thus, a resentment is forming in the Sunni community considering that jihadists who have left to fight in Syria should not be worried as long as fighters of other faiths, who have left to fight in Syria, are not subjected to the same treatment.
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Les tentatives d’émigration illégale se multiplient
L’armée libanaise et les Forces de sécurité intérieure ont annoncé ces derniers jours avoir déjoué plusieurs tentatives d’émigration illégale. Si l’ensemble de ces tentatives ont impliqué des réfugiés syriens, les citoyens libanais comptent de plus en plus parmi les émigrés clandestins. Symbole d’un pays en crise, les citoyens libanais et les réfugiés syriens seraient prêts à débourser près de 4 000 dollars par passager pour tenter d’échapper à un pays dont la situation ne semble toujours pas prête de s’améliorer.
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Illegal emigration attempts increase
The Lebanese army and the Internal Security Forces have announced in recent days that they have foiled several attempts at illegal emigration. While all these attempts have involved Syrian refugees, Lebanese citizens are increasingly among the illegal emigrants. Symbolising a country in crisis, Lebanese citizens and Syrian refugees are reportedly prepared to pay almost 4,000 dollars per passenger in an attempt to escape a country whose situation still does not seem ready to improve.
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La photo de la Quarantaine pour Tell-el-Zaatar
C’est l’histoire d’une photo qui ne devait pas être dévoilée, car jugée trop complexe. Cette photographie représente une femme palestinienne implorant un milicien chrétien phalangiste pendant le massacre du bidonville de la Quarantaine de 1976. Ce massacre coûta la vie à 600 à mille civils musulmans palestiniens, kurdes et libanais compagnons d’infortune. Pourtant cette image deviendra le symbole d’un autre massacre perpétré par les forces phalangistes quelques semaines plus tard, lorsque les miliciens prendront d’assaut le camp de réfugiés de Tell-el-Zaatar tenu par l’Organisation de libération de la Palestine. Celui-ci entraîna la mort de près d’un millier de civils palestiniens. Ces événements marquent le début des massacres qui jalonnèrent la guerre civile libanaise pendant 15 ans, ainsi que le début de la démarcation des quartiers libanais en fonction des appartenances confessionnelles. L’histoire d’une image qui hantera son autrice, Françoise Demulder, qui confiera plus tard avoir été hantée par la « haine démentielle » du tueur cagoulé présent sur la photo.
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The Quarantine photo for Tell-el-Zaatar
This is the story of a photo that was not to be revealed because it was considered too complex. It is a photograph of a Palestinian woman pleading with a Christian Phalangist militiaman during the 1976 Quarantine slum massacre that cost the lives of 600 to 1,000 Palestinian, Kurdish and Lebanese Muslim civilians who were fellow victims. However, this image will become the symbol of another massacre perpetrated by the Phalangist forces a few weeks later, when the militiamen storm the refugee camp of Tell-el-Zaatar held by the Palestine Liberation Organisation and which will cost the lives of nearly a thousand Palestinian civilians. These events mark the beginning of the massacres that marked the Lebanese civil war for 15 years, the beginning of the demarcation of Lebanese neighbourhoods according to confessional affiliations. The story of an image that haunted its author, Françoise Demulder, who later confessed to being haunted by the "demented hatred" of the hooded killer in the photo.
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Le vide institutionnel comme perspective plausible
Depuis le 31 août dernier, le Parlement libanais dispose de deux mois pour élire un nouveau président de la République. En effet, en application de la Constitution libanaise, le Président de la République doit être élu avant la fin du mandat du Président sortant, Michel Aoun, dont le mandat prendra fin le 31 octobre 2022. Cependant, loin de constituer une affaire aisée, l’élection d’un nouveau président de la République semble largement compromise et le pays risque selon les observateurs de basculer vers un vide institutionnel dangereux pour la stabilité du Liban. En effet et comme le rappelle la presse locale, aucun des prétendants maronites informels à l’échéance présidentielle ne dispose d’un bloc parlementaire suffisant pour s’assurer une victoire dès le premier tour, avec deux tiers des voix du Parlement. Par ailleurs, si le second tour ne nécessite qu’une majorité simple, la question du quorum complexifie un peu plus une situation politique totalement grippée. Les députés opposés à tel ou tel candidat seraient tentés de quitter l’Assemblée nationale afin d’assurer la non-élection du candidat visé. Enfin, s’ajoute au risque de vacance présidentielle un risque de vacance gouvernementale alors que le pays peine à se doter d’un gouvernement depuis les élections législatives de mai. En outre, le gouvernement actuel ne constitue qu’un gouvernement de gestion des affaires courantes largement impuissant à régler les problématiques du pays. Or, la Constitution libanaise prévoit qu’en cas de vacance présidentielle, c’est le Conseil des ministres qui exerce à titre intérimaire les fonctions du Président de la République. À ce risque, le député Gebran Bassil, président du parti présidentiel, a déjà affirmé que son parti n’accepterait pas qu’un gouvernement de gestion des affaires courantes endosse les fonctions présidentielles, allant jusqu’à prévoir le maintien exceptionnel du Président Aoun pour éviter cette éventualité.
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The institutional vacuum as a plausible perspective
Since 31 August, the Lebanese Parliament has had two months to elect a new President of the Republic. Indeed, according to the Lebanese constitution, the President of the Republic must be elected before the end of the mandate of the outgoing President, Michel Aoun, whose term will end on 31 October 2022.
However, far from being an easy matter, the election of a new President of the Republic seems largely compromised and the country risks, according to observers, to fall into an institutional vacuum dangerous for the stability of Lebanon.
Indeed, as the local press reminds us, none of the informal Maronite contenders for the presidential election has a parliamentary bloc sufficient to ensure a victory in the first round, with two thirds of the votes in Parliament. Moreover, if the second round requires only a simple majority, the question of the quorum complicates a political situation that is totally seized. Members of Parliament opposed to a particular candidate would be tempted to leave the National Assembly in order to ensure the non-election of the candidate concerned.
Finally, in addition to the risk of a presidential vacancy, there is also the risk of a governmental vacancy, as the country has been struggling to form a government since the legislative elections in May. Moreover, the current government is only a current affairs management government largely unable to solve the country's problems. However, the Lebanese constitution provides that in the event of a presidential vacancy, the Council of Ministers exercises the functions of the President of the Republic on an interim basis. At this risk, MP Gebran Bassil, president of the presidential party, has already stated that his party would not accept that a government of current affairs takes over the presidential functions, going so far as to provide for the exceptional maintenance of President Aoun to avoid this eventuality.
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Le patriarche Raï se place à équidistance des partis politiques
Dans le cadre de son homélie dominicale, le patriarche maronite Raï a apporté de nouveaux éléments sur les caractéristiques attendues du futur président de la République libanaise. Se plaçant à équidistance des partis politiques libanais, le prélat maronite a d’une part appelé à l’élection d’un président de la République capable de délimiter les frontières de l’État libanais tant vis-à-vis des voisins géographiques du Liban que vis-à-vis de certaines de ses composantes internes qui selon le patriarche, agissent comme s’il n’y avait ni frontières, ni État, ni armée au Liban. Par ces mots, Mgr Raï réitère ses critiques à l’égard du Hezbollah accusé de porter atteinte à la souveraineté du Liban. Cependant, le prélat maronite a affirmé que le patriarcat ne souhaitait pas l’élection d’un président provocateur, mais plutôt l’arrivée au pouvoir d’un président hors des alignements politiques et partisans. Cette nouvelle caractéristique vient en réponse à la déclaration du Président du parti maronite des Forces libanaises qui a appelé à l’élection d’un Président «de défi » capable de s’opposer au Hezbollah.
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Patriarch Rai at equal distance from Lebanese political parties
In his Sunday homily, the Maronite Patriarch Rai brought new elements on the characteristics expected from the future president of the Lebanese Republic.
Placing himself at the equidistance of the Lebanese political parties, the Maronite prelate called for the election of a president of the Republic capable of delimiting the borders of the Lebanese state both vis-à-vis Lebanon's geographical neighbours and vis-à-vis some of its internal components which, according to the patriarch, act as if there were no borders, no state and no army in Lebanon. With these words, Archbishop Rai reiterates his criticism of Hezbollah accused of undermining the sovereignty of Lebanon.
However, the Maronite prelate said that the patriarchate did not want the election of a provocative president but rather the arrival in power of a president outside political and partisan alignments. This new feature comes in response to the statement of the President of the Lebanese Forces Maronite party who called for the election of a "defiant" President capable of opposing Hezbollah.
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print. Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.
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